Grenadier (militaire)

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Grenadier de la garde impérialeà Eylau. Tableau d'Édouard Detaille.
Grenadier de la garde impériale
à Eylau. Tableau d'Édouard Detaille.

Les grenadiers sont des soldats se distinguant par l’utilisation de la grenade. Ils forment des unités spécialisées dans l’assaut pendant la guerre de siège à partir du XVIIe siècle, créant le choc et exploitant les brèches. Par la suite, ils forment des unités d’élite, qui conservent le nom de grenadier, même si ces unités ne font qu’un usage secondaire des grenades, ou même ne s’en servent plus (comme pendant les guerres de la Révolution).

Sommaire

[modifier] Historique

[modifier] Apparition au XVIIe siècle

Les premiers soldats spécialisés dans l’utilisation de la grenade apparaissent en Autriche et en Espagne, puis en Angleterre durant la première révolution anglaise. En France, le grenadier devient officiellement un soldat à part à la fin du XVIIe siècle : une compagnie de grenadiers est formée en 1667 dans le régiment du Roi.

Les premières grenades étaient de simples sphères remplies de poudre munie d'une mèche pour déclencher la mise à feu.

  • Les grenadiers devaient être grands et forts afin de pouvoir lancer assez loin les grenades, sans risque d'être blessés, eux-mêmes ou leurs camarades, par l'explosion de leurs projectiles.
  • Ils devaient également être fort disciplinés pour rester, sans fuir sous le feu de l’ennemi jusqu’au moment opportun d’allumer les mèches, encore attendre que la mèche soit assez entamée avant de lancer la grenade afin que l’ennemi n'ai pas le temps de la relancer. Pour toutes ces raisons (discipline et force physique), les grenadiers ont tout de suite été considérés comme des soldats d’élite.

Les chapeaux à larges bords que portaient les soldats au XVIIe siècle ont été remplacés par des bonnets, ce qui permettait au grenadier de rejeter plus facilement son mousquet en arrière lorsqu’il lançait une grenade. D’ailleurs, les grenadiers ont été les premiers soldats à être équipés d’un couvre-chef muni d’une bride. Vers 1700, de nombreux régiments de grenadiers avaient adopté un chapeau ou un bonnet très haut, orné des insignes de l’unité. L’uniforme incluait également un tube étanche à la ceinture pour conserver les allumettes au sec, dispositif qui a été retenu depuis dans plusieurs uniformes de grenadiers.

[modifier] Transformation en unités d’élite

Au XVIIIe siècle, l’utilisation de grenades diminue significativement, probablement à cause de l’amélioration de la tactique de combat de l’infanterie en ligne, et de la technique de feu roulant. Le besoin de troupes d’assaut a probablement seul justifié le maintien d’unités de grenadiers.

Diverses unités d’élite ont dès lors été nommées grenadiers, comme les Grenadiers de Potsdam, la garde impériale de Napoléon, le régiment des grenadiers de Leib de la garde impériale russe, des grenadiers gardes et du 101e régiment de grenadiers, unité de l’armée des Indes du Royaume-Uni, la plus ancienne unité de grenadiers de l’Empire britannique.

Pendant la guerre d’indépendance américaine, la 1re compagnie de gardes à pied du gouverneur du Connecticut était formée de grenadiers, et le 11e régiment du Connecticut Milita possédait également une unité de grenadiers.

Durant les guerres napoléoniennes, tous les régiments d’infanterie comportaient une compagnie d’élite, la compagnie de grenadiers. On forma également des unités de grenadiers à cheval.

[modifier] Actuellement

De nos jours, les régiments de grenadiers sont strictement similaires aux autres unités d’infanterie, les grenades à main, roquettes et autres explosifs étant devenus des armements standards. Toutefois, ces régiments gardent une tradition d’unité d’élite. Le terme grenadier peut aussi désigner des soldats utilisant des lance-grenades, spécialement ceux montés sur des fusils. En Suisse, les grenadiers forment une troupe d’élite (voir plus bas).

[modifier] En France

Pendant la révolution française et le Premier Empire, les grenadiers formaient des compagnies d'élite au sein des régiments d'infanterie de ligne, à raison d'une par bataillon. La mutation dans une compagnie de grenadier était une récompense et la solde et l'équipement y était supérieurs, les grenadiers continuant à porter des sabres, alors que les fusiliers devaient se contenter de la baïonnette.

De grandes unités d'élite furent aussi formées, comme la division de grenadiers d'Oudinot surnommée la colonne infernale, par l'amalgame de compagnies de plusieurs régiments et des régiments de grenadiers de la Garde impériale par sélection des meilleurs soldats.

En France, l'infanterie aborde un insigne constitué d'une grenade à 5 flammes mais qui n'est pas représentative des troupes d'élite. La grenade des troupes d'élite comporte elle 7 flammes. Trois armes portent cette grenade à 7 flammes : la légion étrangère, la gendarmerie et la douane (redevenue depuis une administration civile).

[modifier] En Suisse

A gauche, un manequin portant la tenue d'assaut complète d'un grenadier sous "Armée XXI" avec SIG-552 Commando.
A gauche, un manequin portant la tenue d'assaut complète d'un grenadier sous "Armée XXI" avec SIG-552 Commando.

Le corps des grenadiers suisses (abréviation gren) a été créé durant la deuxième Guerre mondiale, en mars 1943, sur ordre du général Guisan. L'objectif de la constitution de cette troupe d'élite, une par compagnie, vise le harcèlement des troupes ennemis et de leurs blindés, principalement dans les Alpes, intégré dans le développement du réduit national.[1]

Ces soldats ont d'emblée reçu une formation plus poussée et plus rigoureuse que les fantassins. À l'origine, on voulait disposer d'un élément de choc tant pour la défense que pour l'attaque. De nombreux principes appliqués dans l'instruction des années 1950 sont toujours valables, mais sous une forme adaptée aux exigences actuelles.

Le recrutement dans ce corps de troupe a lieu selon les règles du volontariat uniquement. Aujourd'hui encore, vouloir, pouvoir et faire preuve d'endurance sont les exigences des jeunes grenadiers. Ceux-ci suivent leur école de recrues à Isone, au Tessin, une formation diversifiée portant sur l'attaque, la défense, l'infiltration, la guerre de chasse ainsi que le franchissement des obstacles que sont les cours d'eau, les gorges ou les passages alpins. En outre, une grande importance est vouée depuis le début de l'instruction au combat de localité, maison par maison. Avec le concept "Armée XXI", les grenadiers ont passée de statut de troupes de choc à celui de forces spéciales.

Mais les grenadiers sont aussi une troupe populaire, fière et respectueuse des traditions dont l'estime n'a pas faibli depuis sa création en 1943. Elle reste animée d'un bel esprit de corps et d'une précieuse camaraderie.

Il existe deux autres unités de grenadiers dans l'armée suisse :

  • Les grenadiers de chars (gren chars),qui sont embarqués dans des véhicules blindés de transport. Ils assurent de rapides coups de force contre l'infanterie anti-char et autres blindés ennemis afin de sécuriser le passage des chars d'assaut et officient également dans le nettoyage et la sécurisation de localités. Leur entrainement est principalement axé sur la lutte anti-char, le feu et mouvement et le nettoyage de bâtiment. Anciennement véhiculé par le M113, ils sont depuis 2002 passés sur le char suédois CV 90. Leur entraînement de base a lieu à Thoune puis ensuite sur diverses places de tir et de manœuvres dans toute la Suisse.
  • Les grenadiers de la police militaire ont pour tâche la sécurité militaire. Leur formation en école de recrues a lieu à Aarau, ensuite ils sont également dispersés à travers différentes places d'armes. Quelques années auparavant, les "Gren PM" étaient formés sur la place d'armes d'Isone.

Le symbole du corps des grenadiers est une Grenade à cinq flammes, signe d'appartenance à l'élite de l'armée désignant également la fonction. La couleur de troupe du béret et des insignes est le vert pour les grenadiers d'infanterie (Isone); béret noir et insignes jaunes pour les grenadiers de chars; béret et insignes gris-bleu pour les grenadiers de police militaire (appartenance à la sécurité militaire).

[modifier] Voir aussi

[modifier] Notes et références

  1. (fr) Jean-Jacques Langendorf et Pierre Streit, Face à la guerre : L'armée et le peuple suisses, 1914-1918 / 1939-1945, préf. de Jean Abt, Infolio, Dijon-Quetigny (impression), novembre 2007, 330 p. (ISBN 978-2-88474-033-3), « Des progrès », p. 279