Bataille de l'Ochsenfeld

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Bataille de l'Ochsenfeld
Date : 58 av. J.-C.
Lieu : Plaine de l'Ochsenfeld, Haut-Rhin
Issue : Victoire romaine
Bélligérants
République romaine
Celtes (Éduens)
Germains (Suèves)
Commandants
Jules César Arioviste
Forces en présence
6 Légions:
30 à 40 000 hommes
70 000 hommes
Pertes
inconnues inconnues
Guerre des Gaules
Bibracte — Ochsenfeld — Octodure — L'Aisne — La Sambre — Morbihan (navale) — Aduatuca — Genabum — Avaricum — Gergovie — Lutèce — Alésia — Lémonum — Uxellodunum
Liste des guerres et des batailles de la République romaine
Série Rome antique

La bataille de l'Ochsenfeld vit la victoire des Romains commandés par Jules César, général et Proconsul des Gaules, sur le chef suève Arioviste dans le sud de l'Alsace, chassant les Germains de l'autre côté du Rhin. C'est la troisième bataille majeure de la Guerre des Gaules (César, De Bello Gallico -abrégé B.G.- Livre I, 51-53).

Des fouilles entreprises entre Cernay et Wittelsheim ont permis dans les années 1970 de mettre à jour les vestiges d'un camp romain sur la plaine de l'Ochsenfeld[1]. Mais la localisation précise de la bataille reste indéterminée.[2]

Sommaire

[modifier] Prolégomènes

Les Séquanes, peuple celte habitant la Haute Alsace et la Franche-Comté actuelles, étaient alors attaqués par les Éduens, leurs voisins de l'ouest (Bourgogne actuelle). Ceux-ci furent repoussés par l'alliance passée avec Arioviste, chef germain du peuple des Suèves qui passa le Rhin avec une puissante armée de tribus coalisées. Mais Arioviste décide de rester en Alsace et vers 62 av. JC conquiert un territoire s'étendant de Strasbourg à Bâle ; les Séquanes se battent contre leur ancien allié mais sont défaits et leur territoire amputé de leurs terres alsaciennes (B.G. I, 31).

En gratifiant Arioviste du titre d'« ami du peuple romain » (amicus populi romani) en 59 av JC et en reconnaissant sa qualité de roi, Jules César en fait tout d'abord un allié. Mais Arioviste est un allié menaçant avec de sérieuses visées à l'ouest, augmentant constamment son emprise sur la région en attirant de plus en plus de tribus germaniques sous ses ordres.

En 58 av JC, il marche sur Vesontio (Besançon), capitale Séquane. César, qui vient de battre les Helvètes et d'être fait Proconsul des Gaules, le devance et s'installe dans la ville avec 6 légions (dont la glorieuse Xè Légion), soit 40 000 fantassins, parmi lesquels des auxiliaires gaulois (celtes de Gaule), et 8000 cavaliers. Puis il marche sur l'Alsace à la rencontre du chef suève, qu'il rejoint sur la plaine de l'Ochsenfeld.

[modifier] La bataille

Selon César[3], les deux chefs eurent avant l'affrontement un entretien qui se révéla infructueux. Arioviste chercha à s'attirer le Proconsul, affirmant non sans raison que la mort de César ferait plaisir « à bien des nobles et chefs politiques de Rome ». Il était temps d'agir :

Quand on sut dans les rangs de l'armée quelle arrogance avait montrée Arioviste au cours de l'entretien, prétendant interdire aux Romains toute la Gaule, comment ses cavaliers avaient attaqué les nôtres et comment cet incident avait rompu les pourparlers, l'impatience de nos soldats en fut accrue et ils éprouvèrent un plus vif désir de combattre (César)[4].

Après quelques jours d'observation et d'escarmouches[5], les armées sortent de leurs campements. Aux trois lignes des Légions romaines font face les Germains, groupés par peuplades à intervalles égaux : Harudes, Marcomans, Triboques, Vangions, Némètes, Sédusiens et Suèves.

Peter Becker - Fondation légendaire de Mulhouse - Soldat d'Arioviste blessé recueilli par la fille d'un meunier.
Peter Becker - Fondation légendaire de Mulhouse - Soldat d'Arioviste blessé recueilli par la fille d'un meunier.

Selon César (B.G. I, 48) : "Le genre de combat auquel les Germains étaient entraînés était le suivant. Ils étaient six mille cavaliers, et autant de fantassins, les plus agiles et les plus braves de tous chaque cavalier en avait choisi un sur l’ensemble des troupes, avec la préoccupation de sa sûreté personnelle : car ces fantassins étaient leurs compagnons de combat. C’était sur eux qu’ils se repliaient ; ils entraient en ligne si la situation devenait critique ; ils entouraient et protégeaient celui qui, grièvement blessé, était tombé de cheval ; s’il fallait avancer à quelque distance ou faire une retraite rapide, ils avaient, grâce à leur entraînement, une telle agilité, qu’en se tenant aux crinières des chevaux ils les suivaient à la course."

À l'initiative de César, le combat s'engage sur l'aile droite romaine et tourne immédiatement à un furieux corps-à-corps, les soldats n'ayant pas eu le temps d'envoyer leurs armes de jet avant le contact. Les Germains se regroupent alors en phalanges. Ils sont enfoncés sur leur aile droite, mais se renforcent à gauche et sous le nombre, les Romains plient. L'intervention de la cavalerie sous les ordres de Publius Crassus[6] rétablit la situation.

La bataille tourne alors à la déroute pour les Germains dont les pertes sont très nombreuses ; c'est le sauve-qui-peut général vers le Rhin, qui d'après César se trouve « à environ 5 milles » (B.G. I, 53). Dans leur fuite, les malheureux Germains perdent chariots et famille, qu'ils avaient disposés sur leurs arrières pour s'interdire toute retraite. Arioviste perd ainsi ses deux épouses et une fille. Tous ceux qui ne trouvent pas d'embarcation pour franchir le fleuve « furent rejoints par notre cavalerie et massacrés (César)[7]». D'autres furent tués par "les peuples qui habitent près du Rhin". Arioviste réussit à fuir.

La riche Alsace, terre céréalière bordée par le Rhin, frontière naturelle et voie de communication commerciale, est annexée à l'Empire romain pour près de cinq siècles.

Selon la légende, à l'issue de cette bataille, un guerrier suève blessé recueilli par la fille d'un meunier aurait fondé la ville de Mulhouse.

[modifier] Références et notes

  1. Signifie le champs aux bœufs en allemand, terme du Moyen-Âge désignant cette terre propice aux pâtures des bêtes destinées aux foires. La plaine de l'Ochsenfeld s'étend de Thann à Mulhouse.
  2. Localisation possible, selon H. Christ (site de la mairie de Reiningue)
  3. Commentaires sur la Guerre des Gaules, Livre I. Texte complet sur Wikisource.
  4. César, La Guerre des Gaules, Livre I - 46
  5. César apprit par des prisonniers que les oracles germains, faits par les femmes, leur conseillaient d'attendre la nouvelle lune. - La Guerre des Gaules Livre I - 50
  6. Second fils du riche triumvir Marcus Crassus.
  7. César, La Guerre des Gaules,Livre I - 53

[modifier] Sources

  • De Bello Gallico - la Guerre des Gaules, Livre premier, de Jules César. Texte intégral sur Wikisource.
  • Idem. Texte intégral et commentaires sur la bibliothèque enligne de l'Université catholique de Louvain.

[modifier] Voir aussi