Rome antique

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Monarchie romaine
753509 av. J.-C.
République romaine
50927 av. J.-C.
Empire romain
-27476 ap. J.-C.

Principat
Empire d'Occident
Dominat
Empire d'Orient
Magistratures ordinaires
Consul
Proconsul
Préteur
Propréteur
Censeur
Tribun
Édile
Questeur
Magistratures extraordinaires
Dictateur
Maître de cavalerie
Tribun consulaire
Interroi
Décemvir
Triumvir
Titres et Honneurs
Empereur romain
Auguste
César
Préfet du prétoire
Tétrarque
Dux
Magister militum
Princeps senatus
Pontifex maximus
Préfet de Rome
Imperator
Légat
Licteur
Institutions et Lois
Sénat romain
Comices
Cursus honorum
Auctoritas
Droit romain
Lois romaines
Citoyenneté romaine
Imperium
Série Rome antique

La Rome antique désigne à la fois la ville de Rome et l'empire qu'elle a fondé dans l'Antiquité. L'idée de Rome antique est inséparable de celle de civilisation romaine. Le destin extraordinaire de ce regroupement de villages au VIIe siècle av. J.-C., qui parvient à dominer l'ensemble du monde méditerranéen et ouest-européen du Ier au Ve siècle a engendré de la part des contemporains des récits mythologiques exaltant la grandeur nationale. La légende de Romulus et Rémus, les récits de Tite-Live en témoignent. Mais le tableau d'une ville progressant de manière continue et par ses propres forces depuis d'humbles débuts jusqu'à la maîtrise de l'Italie, puis de l'ensemble du monde méditerranéen est un tableau tout à fait artificiel, ne correspondant absolument pas à la complexité des faits. Son histoire n'a pas été celle d'une croissance continue : aux progrès ont succédé des reculs et des replis. Mais les Romains sont parvenus à résoudre les difficultés internes nées de la conquête en transformant leurs institutions républicaines. La fondation de l'Empire par Auguste marque le début d'une période où la civilisation romaine, en partie héritée des Grecs, influence durablement les régions conquises. À partir du IIIe siècle, le monde romain subit l'assaut des Barbares venus de l'Europe du Nord et de l'Asie, et pour leur résister s'est donné une structure bureaucratique et militaire, ce qui n'a pas empêché le brillant renouveau du IVe siècle ainsi que l'établissement du christianisme comme religion d'État. Après la séparation entre l'Orient et l'Occident en 395, de nouvelles invasions mettent fin à l'empire en Occident, tandis que l'empire d'Orient se transforme et devient l'Empire byzantin, à bien des égards héritier de l'Empire romain.

Évolution de l'empire romain (animation GIF) ██ République romaine 509 av. J.-C. - 27 av. J.-C. ██ Empire romain 27 av. J.-C. - 360 ██ Empire romain d'Occident 395 - 480 ██ Empire byzantin 405 - 480
Évolution de l'empire romain (animation GIF) ██ République romaine 509 av. J.-C. - 27 av. J.-C. ██ Empire romain 27 av. J.-C. - 360 ██ Empire romain d'Occident 395 - 480 ██ Empire byzantin 405 - 480

Sommaire

[modifier] Les débuts de la cité romaine

[modifier] Fondation (-753)

Énée portant Anchise, œnochoé à figures noires, vers 520-510 av. J.-C., musée du Louvre (F 118)
Énée portant Anchise, œnochoé à figures noires, vers 520-510 av. J.-C., musée du Louvre (F 118)
Les peuples dans la péninsule italienne au début de l'âge du fer ██ Ligures ██ Vénètes ██ Étrusques ██ Picènes ██ Ombriens ██ Latins ██ Osques ██ Messapes ██ Grecs
Les peuples dans la péninsule italienne au début de l'âge du fer ██ Ligures ██ Vénètes ██ Étrusques ██ Picènes ██ Ombriens ██ Latins ██ Osques ██ Messapes ██ Grecs
Icône de détail Article détaillé : Fondation de Rome.

La ville de Rome est située au centre de la péninsule italienne, dans le sud-ouest de l'Europe et au nord du bassin méditerranéen. Le site même de la ville, avec ses sept collines et un espace marécageux au bord du Tibre, dans la plaine du Latium, est propice aux échanges commerciaux.

Les recherches archéologiques ont permis de trouver sur le mont Palatin, des cabanes de bergers datant du milieu de VIIIe siècle av. J.-C., ce qui correspond à la date légendaire de la naissance de Rome. Les vestiges trouvés montrent qu'à partir de ce moment, la cité connaît un développement continu.

[modifier] La légende

La naissance de Rome est évoquée dans des récits légendaires racontés par Virgile et Tite-Live, entre autres. Dans L'Énéide, long poème à la gloire de l'empereur Auguste, Virgile raconte les aventures du troyen Énée, fils de Vénus. Celui-ci parvient à s'enfuir de Troie quand celle-ci est saccagée par les Achéens avec son fils Ascagne (ou Iule), un groupe de Troyens et en portant son père Anchise sur ses épaules[1]. Après de nombreuses aventures[1][2] et des amours contrariées avec Didon, la reine de Carthage[3], il débarque dans le Latium où il fonde la ville de Lavinium[4][5][6]. Son fils Ascagne fonde Albe-la-Longue[7][8]. Cette légende permet de donner à Jules César et son héritier Auguste une origine divine puisqu'ils se présentent comme les descendants d'Ascagne (Iule).

Selon la légende, Rome est fondée par Romulus et Rémus, qui, dans leur enfance, auraient été nourris par une louve.
Selon la légende, Rome est fondée par Romulus et Rémus, qui, dans leur enfance, auraient été nourris par une louve.

Après Ascagne, douze rois se succèdent à Albe[9]. Le treizième, Numitor, est détrôné par son frère Amulius[7][9]. Pour écarter tout futur rival, celui-ci fait de sa nièce, Rhéa Silvia, une vestale, c'est-à-dire une prêtresse de Vesta ayant l'obligation de rester vierge[7]. Mais le dieu Mars tombe amoureux d'elle et de leur union naissent deux jumeaux, Romulus et Rémus. La jeune vestale est emmurée vivante et ses fils sont exposés sur le Tibre (selon Denys d'Halicarnasse[10] de nombreuses versions existent, tout aussi bien sur le viol que sur la peine infligée). Ils sont d'abord recueillis par une louve[11] qui les allaite puis par un couple de bergers qui les élève[12][13].

Devenus adultes, ils restaurent le trône de leur grand-père Numitor[9][14] et décident de fonder une nouvelle ville[15]. Ils s'en remettent aux auspices pour savoir lequel d'entre eux régnera sur la ville, mais une dispute éclate entre les deux frères. Au cours de la bagarre, Romulus tue Remus[16][17][18]. Cette légende a pris sa forme définitive à la fin du IVe siècle av. J.-C. Selon la tradition, la fondation de Rome remonte à 753 av. J.-C. Les Romains comptent les années à partir de la date supposée de la naissance de leur cité (Ab Urbe condita).

[modifier] La royauté (-753 à -509)

509 av. J.-C. : la monarchie romaine à son apogée, correspondant aussi au territoire du début de la République romaine
509 av. J.-C. : la monarchie romaine à son apogée, correspondant aussi au territoire du début de la République romaine
Icône de détail Article détaillé : Monarchie romaine.

Les recherches archéologiques montrent que la petite cité subit la domination étrusque pendant plus de deux cents ans. La tradition romaine racontée par Tite-Live prétend qu'après la mort de Romulus, fondateur du sénat romain[19], trois rois latins puis trois rois étrusques gouvernent la petite cité : Numa Pompilius (715-673)[20], Tullus Hostilius (672-640)[21], Ancus Marcius (640-616)[22], Tarquin l'Ancien (616-575)[23], Servius Tullius (575-535)[24], Tarquin le Superbe (535-509)[25]. Ce sont les Étrusques qui font de Rome une véritable ville vers 600 av. J.-C.[26][27], en la dotant d'une muraille[26][28] (Mur de Servius Tullius), en asséchant le champ de Mars qui était jusqu'alors une zone marécageuse[26], en construisant des égouts[26] (cloaca maxima) et en bâtissant le sanctuaire du Capitole[26][29] : le temple de Jupiter Capitolin Optimus Maximus.

Tarquin le Superbe est le dernier roi de Rome[30]. Il est présenté par la tradition comme un souverain tyrannique et autoritaire[31]. La légende raconte que son fils, Sextus Tarquin, viole une riche romaine,[32]Lucrèce, qui se suicide[33]. Son cousin Brutus ameute la foule qui chasse le tyran et instaure la République[34][35]. Les Romains situent cet événement en 509 av. J.-C., ce qui correspond à la date de la dédicace du temple de Jupiter Capitolin[36]. Il semble cependant que la République a été instaurée plus tard entre 480 et 470 av. J.-C.[37]. Malgré quelques emprunts à la civilisation étrusque, celle-ci a peu marqué la culture romaine[38].

[modifier] La société et les institutions de la monarchie romaine

Le fondement de la société romaine de l'époque royale est constitué par les gentes, ensemble des familles possédant, ou prétendant posséder, le même ancêtre commun. À la tête de chaque famille, on retrouve le paterfamilias qui a un pouvoir absolu sur chaque membre de sa famille.

Les citoyens sont organisés en tribus par Romulus (les Tities, les Ramnes et les Luceres)[39], elles-mêmes divisées en 10 curies, avec à sa tête un curio[40]. Tous les membres d'une curie sont unis par des cultes et des sacrifices pratiqués en commun. Chaque curie fournit cent fantassins, soit une centurie[39], et chaque tribu cent cavaliers. Les curies sont elles-mêmes divisées en dix parties, mené par un decurio[40]. Romulus divisa en trente parties égales le territoire romain et chaque curie en reçut une partie. Une partie de la ville de Rome fut réservée à l’édification des temples et sanctuaires et à l'usage public[40] (ager publicus).

Les comices curiates sont l’assemblée des curies convoquées et présidées par le roi, la plus ancienne assemblée politique de Rome. Cette assemblée choisit les magistrats, ratifie les lois, et décide de la guerre quand le roi fait appel à leur décision[41].

Le Sénat serait une invention de Romulus[19][42], comprenant à l'origine cent membres, pour parvenir à trois cents avec l'extension du territoire de Rome. Il rassemble les patres des familles plus influentes. Le Sénat joue un rôle clé lors de interrègne[43], lorsqu'il faut nommer un nouveau roi. Ce dernier n'a pas obligation de consulter le Sénat, mais ne pas le faire est agir en tyran, tel Tarquin le Superbe[31].

Romulus distingua les citoyens de rang supérieur, les patriciens, qui devaient l'aider à gérer la ville naissante (en occupant les fonctions de prêtres et magistrats), et plaça le reste du peuple sous leurs responsabilités, chaque patricien devant protéger ceux dont il est responsable : ses clients[44].

Le roi a le pouvoir absolu[45]. Il serait élu par l'assemblée du peuple, et ce choix serait ratifié par le Sénat[43]. L'origine étrangère des derniers rois de Rome, étrusques et corinthiens, montre l'ouverture déjà remarquable de l'aristocratie romaine sur une vaste zone du monde méditerranéen.

[modifier] La République romaine (-509 à -27)

Vue romantique de Rome, avec le Tibre, le mur servien et le pont Sublicius, dominé par le Capitole et le temple dédié à la triade de Jupiter, Junon et Minerve
Vue romantique de Rome, avec le Tibre, le mur servien et le pont Sublicius, dominé par le Capitole et le temple dédié à la triade de Jupiter, Junon et Minerve

Le mot république vient du latin res publica, ce qui signifie « la chose publique ». Gouverner la cité est donc une affaire publique et collective. La devise de la république est Senatus Populusque Romanus, le sénat et le peuple romain. Elle symbolise l'union du Sénat romain, où siègent à l'origine les familles patriciennes, et de l'ensemble des citoyens romains. En effet, les Romains sont divisés en deux groupes, les patriciens et les plébéiens. Les plébéiens forment la masse des artisans et paysans. Ils vivent en dehors de l'organisation patricienne et n'honorent aucun ancêtre particulier. Les patriciens sont souvent propriétaires de vastes domaines cultivés. Ils appartiennent à de célèbres familles, les gentes. Chaque gens a ses propres cultes dont celui des ancêtres et ses traditions. Elle comprend un nombre plus ou moins grand de clients qui doivent obéissance à leur « patron » et reçoivent en échange aide et assistance en cas de besoin.

Cette aristocratie, après l'avènement de la République, finit peu à peu par perdre ses privilèges au profit de la nobilitas. Elle s'acquiert sous l'Empire comme sous la République par la naissance, soit dans une lignée patricienne, soit pour les plébéiens, dans une famille ayant au moins un consul dans ses ancêtres[46]. La nobilitas est très attachée à ses symboles. Les portraits d'ancêtres sont conservés dans l'atrium de la domus familiale et font partie du cortège lors des funérailles. Les ancêtres reçoivent des éloges publics. Ceci permet à l'individu de montrer à la fois sa propre noblesse et son appartenance à un groupe privilégié[47].

[modifier] Les débuts de la République

L'histoire des débuts de la république est très obscure : en dehors des découvertes archéologiques, qui ne permettent qu'exceptionnellement une narration des événements, nous ne possédons pas de sources contemporaines de cette période. On ne peut donc en écrire l'histoire qu'à partir des récits historiques qu'en ont donné les Romains eux-mêmes, récits souvent imprécis, parfois contradictoires, où la légende et la réécriture à des fins politiques se mêlent au souvenir des événements les plus anciens.

[modifier] Avènement de la République et lutte contre les Tarquins

La tradition fait de Lucius Junius Brutus, le neveu du dernier roi Tarquin le Superbe, le fondateur légendaire de la République romaine, en 509 av. J.-C.[48][49] Les Tarquins soulevèrent les villes étrusques de Véies et Tarquinii contre la république naissante qui les vainquit[50]. Porsenna, roi étrusque de Clusium prend Rome pour rétablir Tarquin[51][52], mais renonce devant l’obstination des Romains[53]. Le tyran se réfugia à Tusculum où il poussa son gendre Octavius Mamilius à la guerre. Allié des latins[54], il mena l'ultime combat contre Rome au lac Régille où il fut vaincu[55], il meurt quelques années plus tard à Cumes où il fit de son hôte, le tyran Aristodème, son héritier[56].

[modifier] La lutte plèbe/patriciat du Ve siècle av. J.-C.

Icône de détail Articles détaillés : Plèbe et Tribun de la plèbe.

La plèbe naît de la sécession de 495 av. J.-C., lorsqu'une partie du corps civique quitte la ville de Rome, alors que la convocation par les consuls était imminente pour faire face à une guerre étrangère, et refuse de revenir malgré les prières des patriciens. Elle est écrasée de dettes[57][58] et lutte contre l'arbitraire de la constitution romaine de 509 av. J.-C. : au départ la plèbe n'a aucun droit, toutes les magistratures sont réservées aux patriciens.

Sur des promesses du Sénat, la plèbe accepte de retourner sous les bannières[59] et Rome fait face à trois ennemis[60], mais la lutte reprend sitôt la guerre terminée, et le Sénat refuse de céder, à l'image de d'Appius Claudius Sabinus[61]. Après quelques soubresauts, la plèbe se retirant sur l'Aventin,[62], ils obtiennent la création des tribuns de la plèbe, chargés de défendre leurs intérêts[63]. Ils peuvent s'opposer à n'importe quelle loi proposée par les autres magistrats. C'est l’intercessio.

Plusieurs mutineries secouent l'armée romaine[64], l'agitation est forte dans les rues de Rome, et la République doit faire face à une multitude d'ennemis. Petit à petit, les tribuns de la plèbe gagnent du pouvoir[65].

Puis ils réclament la mise par écrit des lois[66], afin de connaître les pouvoirs consulaires, et que l'organisation juridique (notamment le ius matrimonium) profite à tous. Ainsi une commission extraordinaire, les décemvirs[67], fut établie pour rédiger ces lois : la Loi des XII Tables, publiée sur le Forum Romanum en 450 av. J.-C.[68]. Mais la plèbe doit lutter et forcer la démission des décemvirs[69][70], avant que le calme ne revienne à Rome.[71]

Les tribuns de la plèbe proposent l'élection de consuls plébéiens en 445 av. J.-C.[72], menant à la création des tribuns militaires à pouvoir consulaire[73], charge accessible aux plébéiens, qui devient de plus en plus fréquente[74]. Peu à peu la plèbe obtient l'accès à toutes les magistratures (la Questure en 421 av. J.-C.[75], les premiers questeurs plébéiens furent élus en 409 av. J.-C.[76] ; premier consul plébéien en 366 av. J.-C.[77], premier dictateur plébéien en 356 av. J.-C.[78], premier censeur plébéien en 350 av. J.-C.[79]). Cependant la plupart des magistrats sont toujours des patriciens.

Durant toute cette période, la République romaine fait face à une multitude d'ennemis, et est sans cesse en guerre contre des peuples italiques, en ayant souvent recours à l'élection d'un dictateur pour faire face aux menaces extérieures, et est plusieurs fois proche de la catastrophe.[80]

[modifier] Les institutions de la République romaine

Les citoyens romains sont regroupés au sein d'assemblées appelées comices : les comices tributes et les comices centuriates, créées selon la tradition par Servius Tullius[81].

Dans cette dernière, ils sont divisés en 193 centuries distribuées en 5 classes censitaires, selon la fortune des citoyens[82]. Il y a 18 centuries équestres regroupant les citoyens les plus riches et 80 centuries pour les citoyens de première classe (plus de 100 000 sesterces de fortune), ce qui donne 98 centuries pour les riches propriétaires, la majorité absolue. Chaque centurie est une unité de vote et le vote commence par les centuries les plus riches. Dès que la majorité est atteinte, le vote s'arrête[82]. Il suffit que la classe équestre et la première classe s'entendent et les citoyens les moins fortunés ne votent jamais. La République romaine est donc en fait une oligarchie qui écarte les plus pauvres des affaires publiques. Les comices centuriates élisent en effet les magistrats supérieurs, les consuls, les censeurs puis les préteurs, et décident des déclarations de guerre à partir du milieu du Ve siècle av. J.-C.

Dans les comices tributes, les citoyens sont répartis en tribus territoriales : quatre urbaines et dix rurales, à l'origine sous Servius Tullius[82], jusqu’à 31 rurales en 241 av. J.-C., qui constituent autant d'unités de vote. Elles élisent les magistratures inférieures, les édiles et les questeurs et surtout les tribuns de la plèbe. Elles ratifient les traités de paix et votent de nombreuses lois. Les propriétaires fonciers sont inscrits dans la tribu où ils résident, une des tribus rustiques, les non-propriétaires, les négociants et artisans, dans une des tribus de Rome. Les 4 tribus urbaines sont surpeuplées, et les voix des non-propriétaires n'ont donc que peu d'importance face aux voix des propriétaires, les plus riches, qui sont répartis dans 10 à 31 tribus (selon les époques), qui sont beaucoup moins bien garnies, donnant à chaque membre un vote plus important, d'autant plus que les affranchis sont eux aussi enregistrés dans les tribus urbaines.

Les comices tributes se réunissent sur le Forum Romanum tandis que les comices curiates (ayant une importance surtout durant la royauté) et centuriates se réunissent sur le Champ de Mars, à l'extérieur de l'enceinte sacrée (pomerium) de la capitale romaine.

Le sénat est une institution royale (créé par Romulus[19]). Il regroupait à l'origine les chefs de familles patriciennes. Avec la République, il regroupe d'abord les magistrats supérieurs sortis de leur charge puis peu à peu tous les magistrats. La liste des sénateurs, l'album, est remise à jour tous les lustres (cinq ans) par les censeurs. Ceux-ci peuvent y inscrire des particuliers pour hauts faits d'armes mais cela reste exceptionnel. Le sénat donne son avis sur les lois proposées par les magistrats. Cet avis s'appelle un senatus consulte. Les anciens consuls votent en premier puis les anciens préteurs. L'autorité morale du sénat, l'auctoritas, est considérable. Ses avis sont toujours suivis par les magistrats. Aidé par les questeurs, le sénat gère le trésor public. Il dirige les affaires étrangères et la guerre avec les consuls. Il s'occupe aussi de la religion civique.

Toutes les magistratures sont collégiales. Chaque magistrat peut s'opposer à ses collègues (l’intercessio) et à tout magistrat qui lui est inférieur et même éventuellement sanctionner celui-ci. Toutes les magistratures durent un an. Les magistrats les plus importants sont les consuls qui dirigent la cité et l'armée. Mais pour pouvoir se présenter au consulat, il faut avoir gravi la carrière des honneurs, le cursus honorum (ne fut formalisé que par la lex Villia Annalis en 180 av. J.-C.), c'est-à-dire avoir été élu précédemment à toutes les magistratures inférieures dans un ordre précis : questure, édilité, préture. Après avoir occupé une charge, il faut attendre plusieurs années avant de pouvoir se présenter à la magistrature supérieure, ce qui fait qu'un homme politique ne peut pas briguer le consulat avant 40 ans au minimum. En cas de danger, les consuls peuvent choisir un dictateur qui possède les pleins pouvoirs pendant six mois.

[modifier] La vie sous la République

Icône de détail Articles détaillés : Société romaine et Citoyenneté romaine.

Les Romains ont conservé longtemps des habitudes paysannes menant une vie dure et laborieuse. Au début de la République les petits propriétaires sont nombreux. Ce sont eux qui fournissent des troupes aux armées romaines.

Par la suite, même après des transformations considérables, l'idéal social, politique et culturel d'une cité composée d'agriculteurs autonomes à la vie frugale a toujours gardé une force importante. Le rappel à la simplicité, largement idéalisée, des ancêtres, à leur mœurs (mos maiorum) fut une constante de la vie politique et culturelle de Rome et constitue un cliché mobilisé par de nombreuses sources et de nombreux grands personnages de Rome.

Cela ne doit pas masquer cependant les profondes transformations qui ont touché la société romaine durant les cinq siècles d'existence de la République. Malgré l'existence d'une continuité culturelle importante, en particulier dans les domaines religieux et juridiques, dans la mobilisation d'un certain idéal social, entre -509 et 31 av. J.-C. c'est non seulement la vie et l'organisation de la société romaine qui changent, mais aussi la définition même du « Romain ».

Si, au début de la République, les Romains sont les citoyens en nombre restreint d'une cité aristocratique ordinaire, les conquêtes, l'ouverture culturelle qu'elles entraînent et les changements sociaux qu'elles induisent, surtout après la seconde guerre punique, transforment énormément la société romaine. Non seulement, à la fin de la République, la ville de Rome est devenue une métropole immense rassemblant des centaines de milliers d'habitants, mais les Romains ont reçu les dividendes d'une conquête qui s'est étendue à toute la Méditerranée. Leur société en a été transformée : l'esclavage a pris une importance considérable, la vie économique s'est considérablement complexifiée, enrichie et intensifiée, les écarts sociaux se sont considérablement accrus et l'équilibre politique de l'aristocratie sénatoriale a volé en éclat, malmené par les ambitions des plus grands généraux.

La fin de la République voit une place toujours plus grande accordée à la culture grecque hellénistique, bien différente de l'hellénisme archaïque et classique qui était présent à Rome dès l'époque royale, en même temps qu'une extension considérable de la romanité : lorsque la République cède la place à l'empire, tous les habitants libre de l'Italie sont devenus citoyens romains, et cette unification juridique s'accompagne d'une unification culturelle. La vie des Romains sous la République est donc marquée, par delà les continuités bien réelles, par une très forte diversité selon les périodes, les régions et les groupes sociaux.

Les Romains vivent dans une maison simple avec peu de meubles, la domus. On retrouve cette simplicité dans leur nourriture et dans leur tenue vestimentaire. Même la toge des patriciens n'est, au début de la république, qu'une pièce d'étoffe sans ornement.

La famille obéit au paterfamilias, qui a toute autorité sur sa femme et ses enfants. Mais peu à peu le droit de vie et de mort que le paterfamilias possédait sur sa famille disparaît. La matrone, vêtue d'une stola, s'occupe des affaires domestiques mais elle reste une mineure perpétuelle sous l'autorité de son époux ou de son fils aîné tant qu'elle reste au foyer, c'est-à-dire soumise aux lares.

C'est d'abord au sein de la famille que se pratique la religion. Tous les jours et à tous les repas les Romains pratiquent des rites religieux devant le foyer dont les flammes (ignis) sont symboles de leurs révérences envers les pénates qui veillent sur la régularité des approvisionnements, les lares qui protègent la maisonnée et le genius qui assure au paterfamilias et à la famille sa vitalité.

Les Romains pensent que de nombreuses divinités les assistent de la naissance à la mort dans leur maison. Les morts sont incinérés et leurs cendres sont placées dans une urne enterrée à même la terre ou placée dans un monument funéraire pour les plus riches. À leur anniversaire les défunts reçoivent des fleurs, de la nourriture, des boissons. L'obligation de rendre un culte aux défunts rend nécessaire le fait d'avoir des enfants ou d'en adopter. En effet les Romains croient que les morts négligés reviennent sur terre tracasser les vivants.

[modifier] La religion sous la République

Icône de détail Articles détaillés : Religion de la Rome antique et Mythologie romaine.
Jupiter
Jupiter

La religion romaine antique est avant tout un polythéisme ritualiste. Elle ne possède pas un corps de doctrine ni une révélation spécifique, mais s'organise avant tout par la pratique. Ce sont les divers rituels, comme le sacrifice, qui instituent l'ordre du monde et les catégories pour le penser : dans la religion romaine, comme l'a souligné John Scheid, « faire c'est dire »[83]. Les rites sont donc transmis de la manière la plus scrupuleuse possible et la religion romaine est profondément traditionaliste. L'absence d'une doctrine unifiée, la séparation entre la conviction personnelle et l'exécution littérale du rituel, autorisent cependant des ouvertures et des transformations, en particulier l'accueil de nouvelles divinités, le syncrétisme avec d'autres mythologies, le développement de spéculations métaphysiques et philosophiques.

Les Romains sont un peuple très pieux et superstitieux. Ils honorent un très grand nombre de divinités. En dehors des divinités domestiques, ils vénèrent plusieurs grands dieux assimilés au panthéon de la mythologie grecque. Jupiter, équivalent latin de Zeus, est le roi des dieux. Il est le maître de la foudre de la lumière et des serments. Il est associé à Minerve et Junon et forme la triade capitoline qui protège la cité.

Des abstractions sont divinisés comme Fortuna, Virtus ou Fides. Ainsi Abéona et Adeona apprennent aux petits enfants à aller et à venir, Iterducca et Doniducca à s'éloigner de la maison et à en revenir.

Pour des raisons politiques ou pratiques, les Romains n'hésitent pas à adopter les dieux des autres cités ou des autres peuples. Asclépios a été « adopté » pour lutter contre les fièvres des marais. L'exemple le plus célèbre est certainement celui de Junon la déesse tutélaire de la cité voisine de Veies. Lors de la conquête de cette ville, les Romains prétendent utiliser l’evocatio[84], pour inviter Junon à quitter son domicile et à venir à Rome où elle est accueillie avec honneur. Après leur victoire, Les Romains dressent un temple sur le Palatin. Certains dieux semblent proprement latins comme Janus, le dieu à deux visages, divinité des portes et des carrefours ou Flora qui préside à tout ce qui fleurit. Les Romains organisent leur calendrier pour n'oublier aucun dieu, de peur que ceux-ci ne leur nuisent.

Les Collèges de prêtres spécialisés de la religion romaine sont :

  • le collège des pontifes, présidé par le grand pontife (pontifex maximus), qui joue un rôle très important dans l'organisation de la religion ;
  • le collège des flamines, 3 majeurs et 12 mineurs, composé de prêtres romains voués au culte d'un seul dieu ;
  • le collège des vestales, composé de six membres, qui doivent veiller à ce que le feu de la cité ne s'éteigne jamais et sont vouées à la chasteté ;
  • le collège des augures, composé de prêtres spécialisés dans l'interprétation des signes envoyés par Jupiter, dieu maître des « signes » ;
  • le collège des fétiaux ou Féciaux, composé de prêtres, principalement chargé dans les relations entre Rome et les autres peuples à ce que la pax deorum ne soit pas brisée ;
  • le collège des frères Arvales, composé de 12 prêtres, spécialisés dans la célébration du culte de Dea Dia, équivalente de la déesse Cérès ;
  • le collège des luperques, constitué des fils des cinq plus anciennes familles aristocratiques, descendantes des fondateurs de Rome.
  • la confrérie des Saliens, voués au culte de Mars.
Religion romaine
Officiants
Augure | Flamines | Pontifes | Haruspice | Pontifex Maximus | Rex nemorensis | Rex Sacrorum | Vestale
Croyances et pratiques
Apothéose | Fêtes religieuses | Rites funéraires | Culte héroïque | Culte impérial | Mythologie | Livres sibyllins | Sodalité | Temple


[modifier] Rome à la conquête de la Méditerranée

[modifier] Une armée de citoyens

Icône de détail Article détaillé : Armée romaine.
Centurion dans une reconstitution historique
Centurion dans une reconstitution historique

De 17 à 46 ans, les citoyens romains sont mobilisables. Seuls les citoyens propriétaires ont le devoir de se battre pour la République[82]. En effet les Romains pensent que celui qui a un bien à protéger se bat avec plus d'ardeur. Les plus riches combattent dans la cavalerie (equites), les autres sont fantassins (pedites)[82].

Après les réformes de Camille[85], ils forment des légions d'environ 4 500 hommes, composés notamment des hastati, les jeunes citoyens (iuniores) bien entraînés en première ligne, des principes, eux aussi iuniores mais plus expérimentés, en deuxième ligne, et des triarii, les seniores, qui forment la dernière ligne. Les plus pauvres combattent en tant que vélites. Il existe aussi des troupes auxiliaires composées de soldats ne jouissant pas de la citoyenneté romaine qui assistent les légions.

Chaque année le sénat fixe le nombre de soldats à mobiliser. Au mois de Mars, sur le Champ de Mars, les consuls, aidés des tribuns militaires, procèdent à la levée des légions, le contingent nécessaire est choisi par tirage au sort parmi les mobilisables, des recruteurs sont envoyés en campagne, et les volontaires sont pris en supplément. Lorsque la patrie est en danger (tumultus), on opère la levée en masse de tous les citoyens mobilisables, sans distinction. En automne, lorsque la campagne est achevée, l'armée est licenciée.

Il règne dans la légion une discipline rigoureuse. Les châtiments corporels sont fréquents en cas de désobéissance. Les légions romaines sont connues pour leur construction de camps fortifiés provisoires lorsqu’elles se déplacent en campagne militaire.

[modifier] L’expansion romaine en Italie

[modifier] Rome s'impose dans le Latium
Icône de détail Article détaillé : Guerres latines.

Rome reste longtemps une petite cité de la ligue latine sans importance, se battant contre les peuples voisins, notamment les étrusques[86]. Son premier fait d'armes est la prise de Fidènes, située sur le Tibre, à courte distance en amont de Rome en 425 av. J.-C.[87] En 405 av. J.-C. commence le siège de Véies[88], qui dure près de dix ans[89].

En 390 av. J.-C., Rome est prise par les Gaulois, et subit son premier sac[90]. Pour les romains cet épisode est vécu comme une catastrophe nationale[91]. Ils ont la conviction que les dieux ont quitté momentanément la ville[92]. La cité met longtemps à se relever de ce désastre[93]. Après quelques accrochages avec ses voisins, notamment les étrusques de Tarquinii vaincus, et après avoir fait face à de nouveaux raids gaulois, Rome commence la conquête de l'Italie[94]. D'abord face aux samnites, lors de la première guerre samnite, les Romains interviennent, en 343 av. J.-C., pour protéger Capoue des Samnites[95] et battent les montagnards[96]. S'ensuivent les guerres latines[97], qui opposèrent Rome à la Ligue Latine[98], entourant en partie le territoire romain, qui se terminent par une victoire romaine[99] et la dissolution de la ligue[100]. Peu après, les sabins, qui s'étaient alliés aux latins, furent eux aussi vaincus[101].

[modifier] Le IVe siècle av. J.-C., un tournant dans l’histoire

Le IVe siècle av. J.-C. représente donc un tournant majeur dans l'histoire de Rome, car il pose les bases de l'expansion qui suivit par l'extension du territoire romain jusqu’à la Campanie, malgré la résistance forte des montagnards Samnites. Les historiens contemporains identifient plusieurs facteurs qui expliquent ces changements : le traumatisme des invasions gauloises, et les difficultés qui suivirent avec ses voisins, semblent avoir persuadé les Romains de ne plus accepter de menaces et d'entamer une expansion que l'on a pu parfois qualifier d'impérialisme défensif.

D'autre part, à cette période, Rome a su mettre fin à ses divisions sociales et à la longue opposition de la plèbe et du patriciat : la couche supérieure de la plèbe peut désormais partager les prérogatives qui étaient réservées aux patriciens : une nouvelle aristocratie romaine s'est élaborée, la nobilitas, offrant une stabilité politique et sociale bien plus grande dans le cadre de l'idéal d'une oligarchie de pairs qui pouvait toutefois offrir certaines ouvertures. Rome pouvait donc proposer un modèle politique séduisant aux aristocraties des autres cités méditerranéennes, atout diplomatique non négligeable. La diplomatie joua en effet dans la conquête romaine un rôle souvent négligé au profit des aspects purement militaires. La deditio de Capoue en 343 av. J.-C. en constitue le meilleur exemple : pour bénéficier de la protection romaine, la cité campanienne de Capoue se livra complètement à Rome qui vit sa zone d'action traditionnelle brutalement étendue à la riche région qu'était la Campanie. Une alliance solide se constitua qui consolida la confiance que Rome avait en elle-même, l'annexion du Latium qui suivit avec la dissolution de la ligue latine, posa aussi les bases de nouveaux rapports entre Rome et certains des peuples conquis. La concession du droit de cité sine suffragio - tous les droits du citoyen à l'exception du droit de vote - permettait une unification juridique et la consolidation de liens forts sans remettre en cause, dans un premier temps, l'équilibre politique de Rome. Le cas de Capoue est là encore le meilleur des exemples : si les Capouans reçoivent le droit de cité "sine suffragio", l'aristocratie de la cité reçut le droit de cité complet et devint romaine : les 1600 chevaliers capouans devaient par ailleurs recevoir de la plèbe de leur cité la somme que les chevaliers romains recevaient à Rome[102]. L'interpénétration des élites fut si importante que l'on parle parfois d'« état romano-campanien »[103], toujours est-il qu'un mécanisme essentiel des conquêtes à venir s'était mis en place : Rome s'appuyait sur les aristocraties locales, ou sur une partie des ces aristocraties, pour étendre son territoire, en échange elle offrait à ces aristocraties la stabilité politique et l'insertion valorisante dans un ensemble plus vaste, l'accès à une échelle supérieure. La diffusion croissante et le prestige fort de la culture grecque offrit à ces diverses aristocraties un ensemble de références culturelles partagées et des modèles artistiques pour médiatiser tant leur relation réciproques que leur domination sociale. Dès lors Rome ne rencontra de réelles difficultés dans ses conquêtes que dans deux types de guerres : d'une part les guerres avec des peuples qui ne possédaient pas une aristocratie civique aussi organisée, comme les Samnites, d'autre part les guerres avec d'autres empires reposant sur les mêmes principes, comme Carthage. Dans ces deux cas la valeur militaire romaine, et la stabilité politique qui permit de résister à de lourdes défaites, jouèrent un rôle fondamental.

[modifier] L’Italie devient romaine
Icône de détail Articles détaillés : Guerres samnites et Guerre de Pyrrhus en Italie.

La fondation de Frégelles et de graves tensions à Naples, cité divisée où l'aristocratie penche pour l'alliance romaine et la plèbe pour l'alliance Samnite, provoquent une réaction hostile immédiate des Samnites[104]. Le conflit dure 40 ans. Les Romains remportent leurs premiers succès, la cité grecque de Naples fait appel à eux. La guerre est portée en territoire samnite, initiative qui se termine par la capture humiliante de deux légions par le samnite Caius Pontius à la bataille des Fourches Caudines, en 321 av. J.-C.[105][106]. Les Romains commencent en 312 av. J.-C. la construction de la Via Appia qui relie Rome à Capoue[107]. En 298 av. J.-C., les hostilités reprennent. Les Romains écrasèrent une coalition[108] de samnites, étrusques, ombriens et de divers peuples italiques et gaulois à la bataille de Sentinum[109], les Samnites capitulèrent en 290 av. J.-C., Rome asservit leurs villes et annexa leur territoire : le principal obstacle à une domination de l'Italie était tombé.

À partir de 282 av. J.-C., Rome s'assure la domination des cités de la Grande Grèce au sud de la péninsule. La plus puissante ville du Sud, Tarente, tente bien d'arrêter la marche de Rome en faisant appel au roi d'Épire, Pyrrhus Ier[110]. Mais, après quelques succès éphémères, celui-ci se retire et les cités grecques doivent s'avouer vaincues[111]. Tarente tombe en 271 av. J.-C. et entre à son tour dans l'orbite de la puissance romaine[110].

Les Sallentins et les Picéniens furent à leur tour soumis[112]. En 265 et 264 av. J.-C., Rome prend et détruit la cité étrusque de Volsinii et les villes étrusques au sud de l'Arno sont rattachées à la République romaine[113].

[modifier] L’expansion romaine en Méditerranée

À partir de 264 av. J.-C., commence le grand affrontement contre Carthage qui marque un tournant dans l'histoire de Rome. Carthage, ancienne colonie phénicienne a développé d'abord des comptoirs commerciaux, puis des points d'appui et des colonies dans toute la Méditerranée occidentale et notamment à l'ouest de la Sicile grâce à son esprit d'entreprise. Rome se méfie des ambitions carthaginoises en Sicile. C'est la cause de la première guerre punique[114] qui dure près de vingt-cinq ans[115]. La victoire navale du proconsul Lutatius Catulus devant les îles Égates, à l'ouest de la Sicile, contraint Carthage à signer une paix humiliante[116]. Elle abandonne la Sicile, puis la Sardaigne et la Corse et paie un tribut.

Après la première guerre punique, Rome s'étend en Illyrie[117] (guerres d'Illyrie), après avoir vaincu les ligures[118] et les insubres[119]. De son côté, Carthage se lance à la conquête de l'Hispanie. Cette expansion inquiète Rome qui fait renaître les hostilités en 219 av. J.-C.[120] Mais la République trouve en face d'elle, en la personne d'Hannibal, un adversaire redoutable, un homme politique et militaire de génie. Celui-ci décide d'attaquer par voie terrestre avec un contingent de 70 000 hommes et des éléphants, animaux de guerre impressionnants. Une longue marche leur fait traverser l'Hispanie, le sud de la Gaule, puis traverser les Alpes[121]. Hannibal remporte alors dans le nord de l'Italie une série de victoires[122] et avance vers le sud en traversant les Apennins[123]. Là, sur les rives du lac Trasimène, il écrase une nouvelle fois une armée romaine le 23 juin 217 av. J.-C.[124] Le Sénat lève une grande armée, mais Hannibal la réduit à sa merci à Cannes, en août 216 av. J.-C.[125] Les villes alliées à Rome dans le sud de l'Italie (mais dans le sud uniquement) se rallient à Hannibal[126]. Celui-ci s'installe à Capoue[127].

Conquête romaine de l'Asie Mineure
Conquête romaine de l'Asie Mineure

Rome refuse de s'incliner. Vingt-trois légions nouvelles sont enrôlées avec notamment des esclaves affranchis pour l'occasion[128]. Rome reprend l'offensive, s'empare de Syracuse[129] puis de Capoue[130] en 211 av. J.-C. Ayant la maîtrise de mers, elle a envoyé un corps expéditionnaire en Hispanie[131] puis en Afrique[132] sous la direction de Scipion l'Africain. Après la conquête de l'Hispanie, Scipion a finalement raison d'Hannibal en 202 av. J.-C. dans la plaine de Zama[133], ce qui met fin à la deuxième guerre punique[134]. Les vaincus, qui perdent leurs possessions extérieures doivent payer un énorme tribut à Rome qui devient la première puissance de la Méditerranée occidentale en 202 av. J.-C.[135] La République romaine s'étend sur l'Italie, l'Hispanie et l'Afrique. Carthage est finalement détruite en 146 av. J.-C. pendant la troisième guerre punique[136] délibérément décidée par le Sénat. Après un siège de trois ans, Scipion Émilien prend la ville, la rase, maudit son sol.

Au IIe siècle av. J.-C., Rome se lance (plus par les circonstances que par un plan défini) à la conquête de l'Orient méditerranéen. Vers 190 av. J.-C., guerre contre le roi séleucide Antiochos III[137][138], dont l’expansion menace la Grèce. Les conquêtes d'Antiochos III en Asie Mineure sont partagés entre des royaumes protégés par Rome : les royaumes de Pergame, du Pont, et de Bithynie[139].

En 168 av. J.-C., la Macédoine est conquise, après plusieurs guerres[140][141]. Entre 149 et 146 av. J.-C., révolte de la Macédoine et de la ligue achéenne : victoire romaine, pillage et destruction de Corinthe. En 133 av. J.-C., le royaume de Pergame échoit en héritage à Rome. Il donne naissance à la province d'Asie.

De l'autre côté de l'Italie, Rome détient une partie de l'Hispanie depuis les guerres puniques, où les révoltes seront fréquentes[142].

[modifier] Des armées de citoyens et de prolétaires

Des Germains envahissent la Gaule et écrasent à plusieurs reprises les armées romaines[143]. En 107 av. J.-C., le consul Marius opère une réforme militaire profonde, en admettant, dans les rangs de l'armée, les prolétaires, c'est-à-dire les citoyens non propriétaires, qui n'avaient pas, jusque-là, accès aux légions. Une armée de pauvres succède ainsi aux armées de propriétaires terriens, mais c'est une armée de métier, prête à se dévouer à son chef et à lui ouvrir la route du pouvoir, d'autant que celui-ci est généreux. La nouvelle armée permet à Rome et à Marius de triompher face à deux menaces[143][144].

La République romaine à son apogée
La République romaine à son apogée

En Afrique, Jugurtha tient en échec les chefs militaires envoyés sur place par Rome[144][145]. Au nord des Alpes, les Cimbres venant du Jutland et les Teutons originaires du Mecklembourg, ravagent le sud de la Gaule[143], devenu une province romaine en 125 av. J.-C. sous le nom de Narbonnaise. Marius, nommé proconsul, réussit à vaincre Jugurtha[144][145], puis, réélu extra-légalement consul, il défait les Teutons, puis les Cimbres en Cisalpine[143]. Marius devient le sauveur de Rome. Des lois agraires récompensent ses vétérans en leur donnant des lots de terre à cultiver. Pour rester au pouvoir, Marius s'associe à des chefs du parti populaire.

En 90 av. J.-C. et 50 av. J.-C., les Romains mènent plusieurs guerres contre Mithridate VI Eupator[146], roi du Pont, sous les commandements de Sylla puis Licinius Murena et Licinius Lucullus. Les campagnes contre Mithridate VI ont comme conséquence l'intervention romaine au proche Orient et la conquête de la Syrie et du royaume des Macchabées en -64 et 63 av. J.-C. par le consul Pompée[146].

Enfin la conquête de la Gaule par Jules César entre 58 et 51 av. J.-C.[147][148] montre que la victoire est devenue un instrument de pouvoir pour les généraux vainqueurs.

[modifier] Les crises de la République

[modifier] La question agraire

La guerre profite surtout aux riches. Les rangs des citoyens petits propriétaires se sont éclaircis, surtout pendant la seconde guerre punique[149]. Il y a donc moins d'agriculteurs. Les campagnes se couvrent de vastes pâturages. Le blé importé de Sicile concurrence celui des petits producteurs latins qui, ruinés, vendent leurs terres à bas prix aux grands propriétaires et s'en vont à Rome rejoindre la plèbe urbaine. Les grandes familles se constituent ainsi d'immenses domaines, les latifundia, où sont installés de paysans non propriétaires, les colons, et de nombreux esclaves. Elles forment la nobilitas, la noblesse qui accapare les magistratures et remplit le Sénat. À côté de cette noblesse foncière, apparaît une nouvelle classe d'hommes d'affaires qui s'enrichissent dans le commerce, la banque et le crédit. Leur richesse leur permet de tenir une place importante dans l'ordre des chevaliers. La noblesse et les chevaliers s'entendent pour exploiter l'empire naissant qui a été divisé en provinces. Hommes d'affaires et magistrats issus de la noblesse s'enrichissent en les pillant souvent de manière systématique.

En ville par contre, le chômage s'accroit, la main-d’œuvre salariée était concurrencée par la masse des esclaves apportées par les conquêtes. Rome devient une ville bigarrée rassemblant, à côté des citoyens romains, des Italiens, des Grecs, des affranchis de tous horizons. Cette foule entretient une agitation constante dans la cité. À partir de 133 av. J.-C., les tensions se multiplient entre les riches et les pauvres, d'autant plus que le luxe le plus tapageur a fait son apparition à Rome. Pourtant une tentative de réforme se dessine avec les Gracques[150]. Tiberius Gracchus est issu d'une grande famille noble[151]. Il pense qu'une réforme agraire est nécessaire pour résoudre le problème de la plèbe. Il devient tribun de la plèbe et dépose une loi limitant l'occupation du domaine public à 125 hectares par personne. Les occupations illégales des terres par la noblesse sont déclarées nulles. Une commission composée exclusivement de membres de la famille des Gracques est chargée de repartir les terres entre les citoyens les plus pauvres. La noblesse mécontente suscite des émeutes. Tiberius Gracchus est massacré[151]. Dix ans plus tard, son frère Caïus Gracchus reprend le flambeau[152]. Il est élu tribun en 123 et 122 av. J.-C. Il retire au Sénat la nomination des gouverneurs des provinces et donne aux chevaliers l'exploitation des impôts en Asie. Il décide de fonder des colonies avec des lots de terre pour les citoyens pauvres et fait distribuer du blé à bas prix pour eux. Lui aussi périt assassiné en 121 av. J.-C.[152] Toutes ses réformes sont abandonnées. Seuls les chevaliers conservent leurs avantages.

[modifier] Les guerres civiles

Après les Gracques, vient le temps des ambitieux qui luttent pour le pouvoir. Grâce à la réforme militaire opérée en 107 av. J.-C. et à ses victoires en Afrique et en Gaule, Marius domine la vie politique, associant les chefs du parti populaire à son pouvoir. Mais des troubles éclatent en 100 av. J.-C. Marius utilise ses troupes contre ses anciens alliés. Il doit cependant quitter le pouvoir. En 91 av. J.-C., commence la guerre sociale. Les Italiens se révoltent pour réclamer leur indépendance. En effet ceux-ci bien que faisant partie depuis longtemps de la République, ils n'ont pour la plupart pas acquis le statut de citoyens et sont toujours considérés comme des sujets. Pour mettre fin à la révolte, Rome accorde à tous les Italiens la citoyenneté romaine. À Rome même, les émeutes se succèdent à chaque élection. Les institutions républicaines ont du mal à fonctionner normalement. Les chevaliers et la nobilitas s'affrontent pour l'exploitation des provinces.

En 88 av. J.-C., Lucius Cornelius Sylla est élu consul. Il prépare une campagne militaire contre Mithridate VI Eupator, roi du Pont quand un plébiscite lui retire son commandement au profit de Marius. Il marche alors sur Rome avec ses troupes, prend le pouvoir par la force et fait tuer tous ses adversaires. Il part ensuite faire la guerre. Marius en profite pour revenir au pouvoir par la force. Il annule toutes les mesures prises par Sylla, mais meurt assez vite. Ses partisans gardent le pouvoir et affrontent Sylla revenu victorieux d'Orient en 83 av. J.-C. Grâce à sa victoire à la bataille de Sacriport, celui-ci s'ouvre les portes de Rome. Il se montre alors impitoyable, faisant massacrer les prisonniers, pourchassant ses opposants. Il fait publier dans les rues de la ville la liste de tous les proscrits. Sylla opère ensuite des réformes politiques. Il double le nombre de sénateurs en y ajoutant 300 chevaliers. Il ouvre le Sénat aux anciens questeurs. Il interdit aux consuls d'avoir des armées en Italie au sud du Rubicon. Il impose que les provinces soient administrées par des proconsuls ou des propréteurs, c’est-à-dire des anciens consuls et des anciens préteurs. Il réorganise la justice en publiant les lois cornéliennes qui précisent les délits et les crimes. Les Romains voient en Sylla le héros providentiel doté par les dieux d'une chance quasi surnaturelle. Mais alors que son pouvoir semblait fait pour durer, il se retire sans explication de la vie politique en 79 av. J.-C. et meurt l'année suivante.

[modifier] Le premier triumvirat et l’ascension de César

César (vers 100 – 44 av. J.-C.)
César (vers 10044 av. J.-C.)
Icône de détail Articles détaillés : Premier triumvirat, Crassus, Pompée et Jules César.

Mais rapidement de nouvelles révoltes entrainent de nouvelles expéditions militaires favorisant ainsi l'émergence de nouveaux généraux vainqueurs qui se disputent le pouvoir.

En Hispanie, un ancien partisan de Marius, Quintus Sertorius, organise un gouvernement indépendant en 77 av. J.-C. À partir de 74 av. J.-C., Rome doit faire face à une révolte d'esclaves dirigée par le gladiateur thrace Spartacus. Des armées consulaires sont écrasées plusieurs fois par les révoltés. Mithridate VI Eupator reprend la guerre contre Rome. Enfin les pirates gênent les relations commerciales entre les provinces et la capitale.

Pour faire face à toutes ses difficultés le Sénat nomme Pompée à la tête d'une armée qui bat Sertorius. Pendant ce temps Crassus réussit à bloquer Spartacus et ses hommes sur la presqu'île de Rhegium et met fin à la révolte. Les esclaves révoltés sont durement châtiés. Ils sont crucifiés le long de la Via Appia reliant Rome à Capoue. Forts de leur succès, Pompée et Crassus briguent le consulat qu'ils obtiennent conjointement en 70 av. J.-C. Pompée, muni des pleins pouvoirs, réduit les pirates et rétablit la sécurité de la navigation en Méditerranée. Il part ensuite en Orient lutter contre Mithridate VI. Il y multiplie les victoires jusqu’à la mort de ce dernier. Puis il fait la conquête du Proche Orient en 64 et 63 av. J.-C.. Il rentre alors à Rome tout auréolé de gloire et emmenant avec lui un riche butin. Il s'allie alors à Crassus et à Jules César en pleine ascension politique. Les trois hommes se partagent le pouvoir et forment le premier triumvirat.

Jules César obtient le consulat pour 59 av. J.-C., il est prévu que Pompée et Crassus lui succèdent comme consuls en 58 av. J.-C.. César obtient à la fin de sa magistrature être nommé gouverneur de la Gaule Cisalpine, de la Narbonnaise et de l'Illyrie. Il obtient aussi le commandement de trois légions, puis de quatre lorsqu'il obtient le gouvernement de la Gaule transalpine.

De 58 à 51 av. J.-C., il fait la conquête de la Gaule indépendante, s'attirant ainsi prestige et richesse. Après la défaite de Vercingétorix à Alésia, César use de la répression et de la clémence pour pacifier la Gaule. Il octroie la citoyenneté romaine aux chefs de tribus prêts à le servir. Il emploie les Gaulois ralliés comme troupes auxiliaires. Il peut alors se consacrer à son ambition suprême, la conquête du pouvoir à Rome. Il sait qu'il peut compter sur la loyauté de ses légions et de soutiens politiques à Rome.

Pendant ce temps, Crassus trouve la mort contre les Parthes à Carrhes en 53 av. J.-C. Pompée profite alors de l'absence de Jules César pour être nommé consul unique par le Sénat en 52 av. J.-C. et mettre fin à l'incessante agitation politique qui secoue la ville. Fin 50, début 49 av. J.-C. la noblesse romaine confie à Pompée la mission de protéger l'Italie. Il dispose pour cela de légions et de l'appui du Sénat. César qui a le soutien de la plèbe déclenche alors la guerre civile en franchissant le Rubicon avec son armée en 49 av. J.-C. Il marche alors sur Rome, et Pompée s'enfuit. César fort de troupes aguerries par 9 ans de combat en Gaule fait la conquête de l'Italie puis bat une armée de Pompée en Hispanie. César rejoint Pompée à Pharsale au Nord de la Grèce où il le bat en 48 av. J.-C. avec deux fois moins de soldats. Pompée s'enfuit alors en Égypte mais il est assassiné par le jeune souverain lagide soucieux de s'attirer les bonnes grâces du nouvel homme fort de Rome. Les derniers partisans de Pompée sont battus en Afrique en 46 av. J.-C. César reste le seul maitre de Rome après 4 ans de guerre.

Il organise une monarchie qui ne dit pas son nom. Il est nommé par le Sénat dictateur pour 10 ans puis dictateur à vie en 44 av. J.-C. Il est "élu" consul tous les ans. Il est aussi censeur et porte le titre imperator, chef suprême des armées. Il détient aussi l'inviolabilité tribunicienne. Il réorganise le Sénat en l'ouvrant à des familles non romaines, italiennes ou même gauloises. Il pratique une politique favorable aux pauvres : remise des dettes, lotissement des vétérans, grands travaux pour embellir Rome. Il meurt assassiné aux Ides de Mars 44 av. J.-C. par un complot dirigé par Brutus et Cassius.

[modifier] Le second triumvirat et la prise du pouvoir par Auguste

Octave, futur Auguste, (63 av. J.-C. – 14 ap. J.-C.)
Octave, futur Auguste, (63 av. J.-C.14 ap. J.-C.)
Icône de détail Articles détaillés : Second triumvirat, Lépide, Marc Antoine et Auguste.

À la mort de Jules César, son petit neveu et fils adoptif, Octave, son lieutenant, Marc Antoine et le proconsul de la Narbonnaise, Lépide s'entendent pour se partager le pouvoir. Ils forment le second triumvirat. Leur premier objectif est de venger la mort de leur mentor. Cassius et Brutus sont tués en 42 av. J.-C. lors de la bataille de Philippes en Macédoine. Puis les trois hommes se partagent le monde romain : au pontifex maximus Lépide l'Afrique, à Octave l'Occident et à Marc Antoine l'Orient. Ce dernier se rend en Égypte où il épouse la reine Cléopatre, ancienne maitresse de Jules César. Pendant ce temps à Rome, Octave s'assure de l'appui du Sénat romain.

Après la destitution de Lépide en tant que triumvir par Octave, les deux hommes se retrouvent face à face. Le conflit est inévitable. En 31 av. J.-C., Octave prend soin de faire prêter un serment de fidélité à tous les citoyens romains d'Italie et aux états vassaux. Il se fait élire consul et déclare la guerre à l'Égypte de Cléopâtre. Marc Antoine allié à Cléopâtre est battu à Actium en 31 av. J.-C. Octave poursuit alors méthodiquement la conquête de l'Orient, jusqu'en août 30 av. J.-C., lorsque Marc Antoine et Cléopâtre se suicident. Octave reste le seul maître de Rome. De plus, l'opinion publique est lasse des désordres et des guerres civiles, elle réclame un régime stable, fusse-t-il autoritaire. De retour dans la cité, Octave inaugure une ère nouvelle qui ne se terminera qu'avec la chute de Rome au Ve siècle.

[modifier] Le Haut-Empire

L'Empire romain à son apogée, vers l'an 120
L'Empire romain à son apogée, vers l'an 120

Octave reste le seul maitre de l'empire après sa victoire à Actium en -31. Il refuse le titre de roi. Selon un scénario bien préparé, il fait même mine d'abdiquer en -27. Le Sénat lui confère alors le titre d'Auguste, bienheureux. Tout en laissant le déroulement des anciennes magistratures et le Sénat, il concentre tous les pouvoirs entre ses mains. Ses successeurs les empereurs Julio-Claudiens, les Flaviens et les Antonins mènent l'Empire romain à son apogée. Au IIe siècle, la superficie de l'Empire romain est à son maximum, et compte entre 50 et 80 millions d'habitants. Rome est avec un million d'habitants la plus grande ville du monde méditerranéen.

[modifier] D’Auguste à la fin des Antonins

À la mort d'Auguste, c'est Tibère (14-37), fils d'un premier mariage de Livie, l'épouse de l'empereur qui règne sur Rome. Jusqu'en 68, date du suicide de Néron (54-68), tous les empereurs, Caligula (37-41), Claude (41-54) appartiennent à la dynastie des Julio-Claudiens. À la mort de Néron, l'empire connaît une première crise. Des généraux, Galba, Othon et Vitellius sont tour à tour nommés empereurs par leurs troupes puis assassinés en 69. C'est finalement le chef de l'Armée d'Orient, Vespasien (70-79), un Italien, qui devient empereur donnant ainsi naissance à la dynastie des Flaviens. Ses deux fils, Titus (79-81) et Domitien (81-96) lui succèdent à tour de rôle. Ce dernier est assassiné en 96 par une conspiration de palais. Le sénat avait déjà prévu un remplaçant en la personne de Nerva (96-98) qui donne naissance à la dynastie des Antonins. Il adopte son successeur Trajan (98-117), un romain d'Hispanie. Cinq empereurs remarquables sur six choisissent, de leur vivant leur successeur car ils n'ont pas de fils, toutefois le choix se porte toujours sur de proches parents. Les règnes de Trajan et de son successeur Hadrien (117-138) correspondent à l'apogée de l'Empire romain. Trajan, tout en s'attachant à favoriser l'agriculture et à développer l'administration, fait la conquête de la Dacie, de l'Empire parthe et annexe l'Arabie. La conquête de la Parthie ne lui survit pas. L'empereur Hadrien s'attache à mener une politique plus défensive. Sous son règne, dans plusieurs régions frontières, en Afrique et en Bretagne notamment, des fortifications importantes se développent, souvent appelées limes. Par ailleurs Hadrien s'attèle à améliorer le fonctionnement de l'empire. Dans la continuité d'un effort commencé par d'autres empereurs, il s'attache à favoriser l'intégration des provinciaux, notamment par la création de colonies honoraires : alors que le terme colonie désignait le plus souvent l'installation de colons romains, il est désormais un titre honorifique concédé à une cité et qui donne la citoyenneté romaine à tous ses habitants. Sous le règne d'Antonin le Pieux (138-161), est introduite, dans le droit, une nouvelle distinction, entre honestiores et humiliores, qui oppose les plus riches aux pauvres, ces derniers étant plus durement sanctionnés pour une même faute[153]. Marc-Aurèle (161-180) est connu pour être un empereur-philosophe stoïcien. Il passe 15 ans sur le front du Danube à lutter contre les barbares. L'empire entre en effet dans une période bien moins propice : ses voisins aux frontières semblent plus puissants, l'empire doit faire face à des difficultés agraires, des famines, à l'épidémie de la peste antonine. Marc Aurèle choisit son fils, Commode (180-192) comme successeur. L'assassinat de celui-ci met fin à la dynastie des Antonins.

Entre le règne d'Auguste et celui de Commode l'empire s'est profondément transformé, surtout en Occident. Les provinces se sont considérablement romanisées : de nombreux provinciaux ont reçu la citoyenneté romaine, le mode de vie romain et ses signes distinctifs se sont diffusés : l'usage du latin, l'urbanisme romain, les thermes autant de traits culturels partagé, surtout par les aristocraties locales au départ, de l'Afrique à la Calédonie. Cette intégration progressive des provinciaux a changé la composition de la couche dirigeante de l'empire : dans la décennie 160 seuls la moitié des sénateurs sont encore originaires d'Italie, les autres viennent d'Orient, de Gaule, d'Hispanie, d'Afrique… Mais ces grandes familles sénatoriales, et cela vaut aussi pour le sommet de l'ordre équestre, sont pleinement romaine quelle que soit leur origine, de multiples mariages et alliance relativisant très vite ces origines. Pour ses dirigeants, l'empire est devenu un patrimoine commun que l'on administre au nom de l'empereur, et si l'attachement à sa patrie d'origine est toujours respecté, signe de la vivacité de l'idéal de la cité, c'est la romanité qui fonde un espace politique commun. Pour les populations plus modestes le changement est lui aussi très profond, même s'il est plus difficile à apercevoir : l'usage du latin s'est répandu jusque dans les populations les plus humbles, même si les langues locales persistent souvent, et le mode de vie à la romaine a aussi été considérablement adopté. Avec la stabilisation des frontières, l'armée romaine s'est organisée autour de grands camps et de grandes régions frontières où le recrutement des soldats s'est progressivement régionalisé, sans perdre pour autant en qualité.

[modifier] Le pouvoir impérial

Les empereurs portent le titre d’imperator, chef suprême des armées. Pendant toute la durée de l'Empire romain, la victoire est un puissant facteur d'affermissement du pouvoir. L'empereur vaincu se voit facilement contester le pouvoir par un autre général ambitieux. Tous les empereurs prennent l'habitude de se faire élire consul pour montrer la continuité entre les institutions républicaines et le principat. Cela leur confère aussi l'imperium, le pouvoir de contraindre et d'être obéi de tous. Ils ont aussi l’imperium proconsulaire ce qui leur donne le pouvoir de gouverner toutes les provinces. En tant que détenteur de la puissance tribunitienne, ils possèdent l’intercessio, c'est-à-dire le droit de s'opposer à n'importe quelle décision des magistrats de l'empire. Comme Jules César, ils portent le titre de grand pontife qui fait d'eux les chefs de la religion romaine. Ils reçoivent un serment de fidélité personnelle de tous les habitants de l'Empire.

Les règles de succession impériales sont mal définies. Parfois, les empereurs adoptent la personne destinée à leur succéder. Parfois, la succession est héréditaire. En cas de crise, un général porté en triomphe par ses soldats peut par les armes accéder au pouvoir suprême. La garde prétorienne chargé de veiller à la sécurité des empereurs joue un rôle grandissant dans les complots et les assassinats qui jalonnent la période impériale.

[modifier] Le culte impérial

La fonction de grand pontife procure aux empereurs un caractère sacré. De plus dans les croyances populaires, Scipion l'Africain, Marius et Sylla avaient un caractère divin. César a développé autour de lui une légende de divinité prétendant descendre de Vénus et d'Enée. L'empereur Auguste met en place le culte impérial. Il fait diviniser César et ainsi, en tant que son héritier, il s'élève ainsi au-dessus de l'humanité. Il se dit fils d'Apollon. Il associe aussi toute la communauté au culte du génie familiale devenant ainsi le père de tous, d'où son titre de père de la patrie. Auguste refuse d'être divinisé de son vivant. Il laisse cependant se construire des temples qui lui sont consacrés surtout dans l'Orient habitué à considérer ses souverains comme des dieux vivants, à condition que son nom soit associé à celui de Rome divinisée. Le mouvement se poursuit après sa mort. Tous les empereurs se placent sous l'auspice d'un dieu. Peu à peu, ils sont assimilés à des dieux vivants dans tout l'Empire. Après la mort ils reçoivent l'apothéose.

Le culte impérial est aussi une manière d'habituer les habitants de l'Empire, si dissemblables par la culture et les croyances à respecter le pouvoir de Rome à travers un empereur divinisé. Dans tout l'Empire, on restaure ou on construit des temples consacrés au culte impérial. Des cérémonies sont organisées en l'honneur de l'empereur. C'est l'occasion pour la communauté de se retrouver dans des processions devant de sacrifices, des banquets et toutes sortes de spectacles.

[modifier] La paix romaine

[modifier] L’administration impériale

Icône de détail Article détaillé : Droit romain.

L'Empire est divisé en provinces.

Dans les provinces sénatoriales, le gouverneur, un proconsul ou un propréteur, est nommé par le sénat. Ces provinces sont en paix et il n'y réside aucune légion en permanence. Dans les provinces impériales le gouverneur, un légat propréteur ou procurateur, est nommé par l'empereur. L'Égypte est dirigée par un préfet pris dans l'ordre équestre nommé par l'empereur. Cependant l'empereur dispose de pouvoirs de contrôle dans toutes provinces. Il peut nommer des légats extraordinaires dans les provinces sénatoriales. Partout dans l'Empire, les domaines impériaux, les impôts indirects et les mines sont administrés par un procurateur nommé par l'empereur. L'Italie jouie d'un statut privilégié. Elle échappe à l'impôt foncier et est administrée directement par le Sénat.

Les gouverneurs sont nommés pour une durée de 4 à 6 ans. Ils gardent des liens étroits avec le pouvoir central grâce à une correspondance très suivie. Ils doivent veiller aux impôts, à l'ordre public, au recensement, au respect des propriétés. Ils disposent d'une administration très réduite. De fait, ils interviennent dans la vie des provinces surtout pour juger un citoyen romain, juguler les troubles important à l'ordre public, résoudre les difficultés financières des cités. La plupart des questions administratives sont réglées à l'échelon local dans le cadre de la cité. Celle-ci constitue pour les Romains, le cadre de vie idéal. Là où il n'en existait pas, essentiellement en Occident, les Romains en ont créées.

Dans la capitale, on trouve autour du souverain des organismes et des hommes qui l'aident à gouverner. Le conseil du prince dont il s'entoure pour prendre les décisions capitales est composé d'hommes choisis pour leurs compétences militaires, juridiques ou diplomatiques. Le conseil devient peu à peu permanent et prend une place prépondérante dans le gouvernement de l'Empire. Le préfet du prétoire est le personnage le plus important de l'entourage impérial. Il dirige la garde prétorienne et est le commandant en second lors des expéditions militaires. Il finit même par menacer le pouvoir impérial.

[modifier] L’organisation militaire

Jusqu'au milieu de IIe siècle, l'armée reste une armée de conquête. Auguste annexe l'Illyrie et tente vainement de conquérir la Germanie. Il fixe les frontières de l'Empire au Rhin et au Danube. Claude fait la conquête de la Bretagne, Trajan, celle de la Dacie, de l'Arabie. Il fait l'éphémère conquête de la Parthie. À partir d'Hadrien, le plus important est de maintenir l'Empire et non plus de conquérir de nouveaux territoires. Une des priorités d'Hadrien est d'enclore l'espace romain derrière une muraille destinée à protéger l'Empire des barbares. On lui doit le fameux mur d'Hadrien au nord de la Bretagne. Ces successeurs continuent son œuvre. Aux frontières de la Germanie, de l'Orient et de l'Afrique des murs sont érigés. On a fini par leur donner le nom de limes bien qu'en latin, limes signifie simplement chemin de patrouille à la frontière. Des voies stratégiques permettent de circuler facilement jusqu'aux frontières pour les défendre en cas d'attaque. En tout, les Romains ont 9 000 km de frontière à défendre. L'armée reste cantonnée aux frontières. Les gouverneurs des provinces frontalières qui accueillent des légions sont choisis avec soin par l'empereur car ils en assurent le commandement. En tout, 400 000 hommes repartis en 30 légions défendent les frontières.

L'armée romaine comprend à peu près 150 000 légionnaires de citoyenneté romaine et engagés pour 20 ans. Ils sont doublés par des troupes auxiliaires recrutées parmi les non-citoyens et qui reçoivent la citoyenneté romaine au bout de 25 ans de service militaire. À partir d'Hadrien, une partie des auxiliaires se distinguent de l'armée romaine car ils gardent leur armement traditionnel. Les Italiens répugnent à faire leur service militaire. Il faut donc aller chercher les recrues dans les provinces qui, quand elles sont très romanisées, rechignent elles aussi à partir à l'armée. Les soldats se recrutent donc de plus en plus dans les provinces les moins romanisées. L'armée romaine est donc devenue une armée de métier qui a amalgamé les divers peuples de l'Empire. Son unité provient d'un esprit de corps donné par un entraînement rigoureux, une discipline de fer élevée au rang de divinité, une religion spécifique des camps autour des dieux romains traditionnels et du culte impérial, un encadrement de qualité. On doit au corps de ingénieurs militaires la construction de canaux, de routes, d'aqueducs, et de fortification de cités. La présence de l'armée aux frontières est un grand facteur de développement économique pour ces zones et un puissant instrument de romanisation.

[modifier] La société romaine sous l’Empire

Les 80 millions d’habitants de l'Empire appartiennent par naissance ou par fortune à des groupes sociaux différents. On nait esclave, homme libre ou citoyen romain. Les esclaves n'ont aucun droit. Ils mènent une vie très dure dans les grands domaines ou dans les mines. En ville leur sort est plus clément. Ils travaillent comme domestiques, artisans et même professeurs ou artistes pour les plus lettrés. Certains tiennent boutique et versent une somme à leur maître pour pouvoir travailler. Ils peuvent ainsi payer leur affranchissement. Les sujets de l'empire sont des hommes libres qui ne sont pas citoyens romains. Ils peuvent témoigner en justice mais doivent payer le tributum, un impôt direct. On est citoyen romain par naissance, par décret ou après 25 ans de service militaire. Les citoyens ne paient pas le tributum. La plupart des citoyens exercent de petits métiers. À Rome, il existe 200 000 citoyens pauvres pour qui les distributions gratuites de l'annone sont vitales. Les plus riches sont regroupés dans l'ordre équestre ou l'ordre sénatorial sur décision de l'empereur. Dans cette société d'ordres : ordre sénatorial, ordre équestre ou ordre décurional, la nobilitas se distingue une reconnaissance de l'origine et non pas par un statut. Cependant, la nobilitas perd certains de ses marqueurs sociaux. Au IIe siècle la procession des portraits disparaît. Elle est en effet désormais réservée aux seules funérailles impériales[154].

Au début de l'empire, la société n'est pas figée. Les esclaves, surtout urbains, peuvent être facilement affranchis par leur maitre. Peu à peu tous les hommes libres accèdent à la citoyenneté. L'édit de Caracalla, en 212, fait de tous les hommes libres des citoyens romains. Cela renforce l'unité morale de l'Empire. Sont cependant exclus de la citoyenneté les déditices, c'est-à-dire les Barbares soumis par la force et la partie de la population égyptienne ayant un statut inférieur[155]. Ainsi à Volubilis, les paysans isolés et les tribus semi-nomades voisines de la cité restent des sujets de l'Empire, sauf quelques chefs récompensés ainsi de leur soutien[156]. Mais peu à peu, les distinctions se font entre les honestiores, les puissants, et les humiliores, les humbles. Ils sont traités de manière inégale devant la justice : à la distinction juridique entre citoyen et non-citoyen s'est substituée une distinction sociale entre riches et pauvres.

[modifier] La ville, lieu de la civilisation romaine

Icône de détail Article détaillé : habitation de la Rome antique.
Plan et maquette d'une villa suburbaine de type pompéien/document Ohto Kokko
Plan et maquette d'une villa suburbaine de type pompéien/document Ohto Kokko

Dans presque toutes les cités de l'empire, on vit à l'heure romaine. Selon certaines estimations Rome, la capitale compte plus d'un million d'habitants sous le Haut-Empire. Le Romains l'appellent tout simplement l'urbs, la ville. Elle est avec Alexandrie, la plus grande ville du monde romain. Depuis le premier siècle, la ville a été beaucoup embellie par les empereurs. Ces nombreux monuments symbolisent la grandeur de Rome et l'art de vivre de Romains. Les forums, lieux de vie politique sous la République, sont devenus des ensembles monumentaux comprenant des basiliques, de nombreux temples, des arcs de triomphe et des bibliothèques. La colline du Palatin est occupée par les palais impériaux, la maison des Augustes. Mais Rome est avant tout dans l'imagination populaire, la ville des jeux. Plusieurs monuments exceptionnels leur sont consacrés: le circus Maximus entre le mont Palatin et l'Aventin, Le Colisée, le plus grand amphithéâtre du monde romain, consacré aux jeux du cirque, essentiellement des combats de gladiateurs. Les thermes apparaissent à la fin de la République. Les empereurs en construisent de nombreux pour les loisirs de la plèbe romaine. Pour acheminer l'eau dont les thermes et une population nombreuse ont besoin, de nombreux aqueducs sont construits. Au Ier siècle, ils peuvent acheminer vers la ville 992 000 mètres cube d'eau en 24 heures. La ville a grandi au cours des siècles de manière désordonnée. Les rues sont étroites et sinueuses. En 64, après l'incendie de Rome, Néron fait reconstruire la ville avec des axes larges et aérés. Les plus riches vivent dans de vastes villas, alors que les plus modestes vivent dans des immeubles collectifs, les insulae.

Les grandes métropoles comme Carthage, Antioche refleurissent. Les Romains construisent partout dans l'Empire des villes au plan régulier appelé plan hippodamien. La ville s’organise autour de deux axes, le cardo et le decumanus. On y trouve tous les monuments typiques de la romanité. Les villes ont a leur tête un sénat local appelé curie recruté parmi les riches habitants de l'Empire. Ils forment l'ordre décurional. C'est en son sein que sont élus les magistrats : édiles - chargés de la police des marchés et de la voirie -, duumvirs - magistrats ayant des attributions judiciaires -, duumvirs quinquennaux - élu tous les cinq ans et assurant des fonctions censoriales. L'ordo des décurions doit gérer les finances (pecunia publica) et le territoire de la cité, assurer l'ordre public et les relations avec le pouvoir central. Les décurions et surtout les magistrats financent en grande partie sur leurs fonds propres, la construction de monuments et des temples. À des sommes légalement définies et exigées, ils peuvent ajouter volontairement un don de leur part. Cette pratique appelée évergétisme occupe une place importante dans la construction et la vie des cités. L'évergétisme permet aux aristocrates des cités de manifester leur libéralité et leur faste, il peut être un outil d'autocélébration, appuyer une stratégie familiale, le monument donné rappelant la gloire de la famille sur des générations, en même temps qu'il fonde une cohésion politique et sociale : le don de l'évergète peut être conçu comme un contre-don qui répond au respect dont lui témoigne la cité et au pouvoir politique qu'elle lui a conférée. Fêtes, spectacles et distributions variées, souvent issues de l'évergétisme, contribuent, dans les cités, à l'élaboration puis au maintien d'une culture municipale, d'une cohésion civique. Si l'historiographie a vu autrefois dans l'évergétisme un facteur expliquant l'abandon des fonctions politiques par les aristocraties locales, cette hypothèse n'est plus actuellement reçue, et l'on n'imagine plus une désertion généralisées des curies.

Dans les villes de l'ouest de l'empire, le latin se répand tandis que l'est reste fidèle à la langue grecque.

[modifier] La prospérité économique

Icône de détail Article détaillé : économie romaine.

En règle générale, la plupart des richesses produites viennent des campagnes et de l'agriculture. Sous le Haut-Empire, la tendance à la concentration foncière se confirme. La nobilitas ou les temples d'Orient possèdent de vastes domaines. Mais le plus grand propriétaire de l'empire, c'est l'empereur lui-même qui agrandit ses biens en confisquant ceux de ses opposants. Le centre du grand domaine ou latifundium est la villa, la demeure du maitre avec ses dépendances. Si l'idéal affiché est celui de l'autarcie, car c'est le patrimoine foncier et l'autosuffisance qui fonde la dignité sociale, il existe d'importantes régions de cultures commerciales. La principale culture est celle des céréales qui permet de nourrir tous les habitants du domaine. Les agronomes romains conseillent de réserver une partie de la superficie à des cultures commerciales comme la vigne et l'olivier. La petite propriété n'a pas disparu pour autant. Elle demeure l'idéal de la société romaine mais son importance s'est réduite. Si sous l'Empire, l'agriculture a peu évolué techniquement elle a diffusée certaines pratiques. L'existence de gains de productivité n'est pas exclue par certains auteurs.

Les principales activités artisanales sont effectuées dans les campagnes, mais aussi dans les villes : production textile, fabrication et entretien des outils, production de poterie. Pendant très longtemps les historiens conçurent les villes antiques comme uniquement consommatrice, après des discussions importantes cet avis est considérablement relativisé. D'importantes régions minières existaient en Espagne et dans les régions danubiennes. Mais là aussi, les progrès techniques sont minimes. Le travail manuel, l'activité mercantile, sont, pour les classes instruites, une source de mépris, une chose réservée aux classes inférieures et aux esclaves. L'existence d'esclaves a peut-être aussi constitué un obstacle au développement du progrès technologique. Toutefois les recherches archéologiques récentes relativisent aussi fortement les anciens jugements portés sur certains domaines : les archéologues et historiens s'accordent par exemple aujourd'hui sur la diffusion importante et précoce du moulin à eau dans l'empire romain.

La paix et la prospérité du Haut-Empire entrainent un accroissement des activités commerciales. La Méditerranée au cœur de l'Empire romain connait un trafic intense. La piraterie est très réduite grâce aux flottes de guerre des empereurs qui patrouillent en permanence. Les navires se hasardent de plus en plus en haute mer pour raccourcir la durée des traversées. Mais pour les trajets couts ou moyens, les marins préfèrent le cabotage le long des côtes. La Méditerranée est ouverte de mars à octobre, c'est-à-dire que la navigation y est autorisée. En hiver, il n'y a pas de navigation. Les grands ports méditerranéens sont Ostie, le port de Rome, Alexandrie en Égypte et Carthage en Afrique. Les liens commerciaux atteignent aussi la Baltique, l'Afrique noire via les caravanes transsahariennes, l'Inde et la Chine. On voit donc que l'empire n'est pas un espace clos. Le goût pour les produits de luxe des romains alimente le grand commerce international. En ce sens l'Empire prolonge les deux derniers siècles de la république, mais la domination économique italienne dans certains domaines - céramiques de qualités, amphores, vins - cède la place, avec le temps, aux productions provinciales.

[modifier] Les Sévères

L'assassinat de Commode, le derniers des Antonins en décembre 192 ouvre une crise politique comme à la fin de la dynastie des Julio-Claudiens. La garde prétorienne assassine le nouvel empereur Pertinax et porte au pouvoir Didius Julianus. C’est finalement le général de l'armée du Danube, l’Africain Septime Sévère (193-211) qui prend le pouvoir en 193. Il comble de bienfaits l'armée dont il augmente les effectifs et renforce le pouvoir impérial. Les prétoriens qui ont fait et défaits tant d'empereurs sont recrutées parmi les légions du Danube fidèles à Septime Sévère. Le brassage culturel qu'apporte l'empire s'accroit, les religions venues d'Orient deviennent plus populaires dans l'Empire, en particulier le culte de Mithra parmi les militaires. Cet aspect a parfois été exagéré par les historiens qui ont décrit les Sévères comme une dynastie orientale, jugement considérablement relativisé aujourd'hui. Il nomme ses deux fils Auguste mais à sa mort, Caracalla (211-217) s'empresse de tuer son jeune frère Geta. Il est connu pour avoir publié en 212, le célèbre édit qui porte son nom donnant à tous les hommes libres de l'Empire la citoyenneté romaine. Il meurt assassiné sur le front parthe sur ordre du préfet du prétoire Macrin (217-218) qui ne réussit à prendre sa place que peu de temps.

Le cousin de Caracalla, Élagabal (218-222) devient ensuite empereur mais tout occupé au culte du dieu du même nom il laisse le gouvernement à sa grand-mère, Julia Maesa. Il est tué par les prétoriens et son cousin Sévère Alexandre (222-235) lui succède. Après son assassinat, l'Empire sombre dans une période bien plus troublée, traditionnellement qualifiée d'anarchie militaire, terme cependant impropre car si le pouvoir impérial fut parfois divisé, il ne fut jamais absent.

[modifier] La crise de l’Empire romain (235-284)

Icône de détail Article détaillé : crise du troisième siècle.

[modifier] Les origines de la crise

Les historiens s'interrogent encore sur les raisons de la crise profonde que traverse l'empire romain au troisième siècle. Certaines causes extérieures à l'Empire peuvent l'expliquer. En Orient, l'Empire parthe déliquescent laisse la place à l'Empire Sassanide dans le second quart du IIIe siècle. Cet empire puissant, bien structuré et agressif fait peser une pression constante sur les provinces d'Asie. Au nord-est de l'Europe, les Germains orientaux qui vivent dans les régions de la mer Baltique entament une lente migration vers le Sud et le Sud-Est européen. Ce faisant, ils chassent les autres tribus qui se trouvent sur les territoires qu'ils traversent. Celles-ci cherchent à trouver refuge dans l'Empire romain en espérant y trouver de nouvelles terres et un riche butin[157]. Leurs incursions mettent à jour la faiblesse de la stratégie défensive romaine. En effet, les légions sont massées aux frontières. Une fois franchie la région frontière, les barbares peuvent ravager sans presque aucune entrave les provinces. Le dispositif militaire romain, et l'organisation du pouvoir impérial sont aussi très peu adaptés à une guerre simultanée sur deux fronts, en Orient et sur l'ensemble Rhin-Danube.

Les difficultés internes sont dues à l'éloignement de plus en plus grand des militaires prêts à imposer de lourds sacrifices aux civils pour protéger l'empire des menaces d'invasions et de la classe possédante qui accepte difficilement l'accroissement de ses charges fiscales. Sur le plan politique, cela se traduit par la montée de l'ordre équestre, titulaire des grandes préfectures et de plus en plus présente dans les provinces comme gouverneur à la place de la classe sénatoriale[158]. De plus à partir de 250, l'Empire romain est touché par des épidémies qui entrainent, au moins régionalement, une dépopulation et une crise économique dont souffrent principalement l'Occident déjà ravagé par les incursions germaniques.

L'état le plus récent de la recherche relativise cependant le caractère général et continu de la crise. Le troisième siècle est désormais plutôt décrit comme marqués par quelques grandes crises mieux définies du point de vue chronologiques : crise politique en 238, deux graves crises dans les années 250 et 260, la période la plus dure pour le pouvoir impérial. Mais l'accent est désormais aussi mis sur la diversité des situations régionales, le maintien d'une prospérité en Afrique, sur l'existence de période de redressement ou sur les capacités de relèvement et de résistance, induisant plus une période de mutation qu'une crise et un déclin continus.

[modifier] L’instabilité impériale

La période comprise entre 235 et 268 est assez mal connue. Seize empereurs se sont succédé, faits et défaits par le sort des armes. Ainsi Maximin Ier le Thrace est le premier militaire de carrière à devenir empereur par la volonté seule de ses soldats[159]. Il déploie une grande énergie pour sécuriser la frontière face aux Daces et aux Sarmates. Il exige de la classe sénatoriale et des provinces de lourds impôts pour faire face aux dépenses militaires. Cette pression fiscale provoque la révolte des grands propriétaires d'Afrique qui portent au pouvoir Gordien Ier en association avec son fils Gordien II en 238. Ils sont rapidement battus. Maximin est tué devant Aquilée de même que Pupien et Balbin, choisis par le sénat comme nouveaux Augustes. À la fin de 238, Gordien III (238-244) le petit-fils de Gordien Ier devient empereur[160]. Il périt assassiné à l'instigation du préfet du prétoire, Philippe l'Arabe (244-249) qui doit éliminer plusieurs concurrents avant d'être tué en affrontant Dèce (249-251). Dèce est le premier empereur tué par des barbares, lors de la lourde défaite d'Abrittus face aux Goths en 251. Trébonien Galle (251-253), Émilien (253) se succèdent à un rythme rapproché. Ce dernier ne règne que quatre-vingt-huit jours. La légitimité impériale qui reposait sur la victoire est soumise à rude épreuve : la crise militaire encourage les usurpations : les armées cherchant un général efficace et les régions menacées désirant un empereur proche pour les protéger.

Buste de Probus
Buste de Probus

Valérien (253-260) règne associé à son fils Gallien (253-268). Celui-ci est le dernier aristocrate à parvenir à l'Empire[161]. Ils doivent faire face aux incursions des Alamans et des Francs en Gaule et à l'offensive du souverain sassanide Sapor en Syrie. En 260, Valérien est même fait prisonnier par les Perses et finit ses jours comme esclave en Iran. Gallien resté seul empereur parvient à stopper une invasion des Alamans en les battant en Italie du Nord. Il abandonne la Dacie conquise par Trajan qui est devenue trop difficile à défendre et fixe la frontière de l'Empire sur le Danube. Mais il doit faire face à de nombreuses usurpations, celle de Macrien et de Quiétus en Orient, de Régalien en Pannonie et de Postume en Gaule qui proclame l'Empire des Gaules.

Les successeurs de Gallien: Claude II le Gothique (268-270), Quintillus (270), Aurélien (270-275), Marcus Claudius Tacite (275-276), Florien (276), Probus (276-282), Carus (282-283), Carin (Occident)(283-285) et Numérien (Orient) (283-284), sont tous d'origine illyrienne. ce sont tous des militaires à qui l'armée a donné une grande rigueur et la foi en l'éternité de l'Empire romain. L'empire est devenu militaire. À partir de réformes entamées sous Gallien - exclusion des sénateurs du commandement militaire - les empereurs illyriens font face à la crise et réorganisent la défense de l'empire. Aurélien réunifie l'empire en mettant un terme aux sécessions palmyrénienne et gauloise et fortifie Rome.

[modifier] Les transformations après 260

Gallien entame une mutation profonde de la stratégie militaire. Il répartit en profondeur les moyens de défense en plaçant dans les principaux nœuds routiers de l'Illyrie des détachements des légions frontalières. Il constitue une importante cavalerie avec un commandement autonome. Il exclut les sénateurs des emplois militaires et les remplacent par des chevaliers. Il fait entrer dans l'armée des barbares vaincus amorçant par la même la barbarisation de l'armée[162]. L'armée absorbe une part toujours plus grande des ressources de l'État. Un impôt spécial, l'annone militaire est prélevé pour son entretien.

Les fonctions de général en chef et de chef de guerre victorieux que tient traditionnellement l'empereur sont renforcées dans ces périodes de guerres incessantes. À côté des qualificatifs habituels comme felix, on associe de plus en plus le terme invictus. En effet, un empereur vainqueur peut espérer la fidélité de ses sujets et de ses troupes. En cas de défaite militaire, des concurrents apparaissent parmi les autres généraux. Les empereurs essaient cependant de trouver une légitimité en transformant le culte impérial. Aurélien est divinisé de son vivant. Sur ses monnaies, on peut trouver l'inscription deus et dominus natus.

Les difficultés de IIIe siècle donnent à penser aux Romains qu'ils ont été abandonnés par les dieux et il s'en suit une période ou les citoyens refusant de participer aux cultes publiques, comme les chrétiens et les juifs sont persécutés. Dèce, à partir de 250 puis Valérien renouvelle l'obligation de sacrifices ce qui entrainant des persécutions envers les réfractaires. En 260, son fils Gallien publie un édit de tolérance maintenu par ses successeurs pendant 40 ans.

L'opposition entre la nobilitas et l'homme nouveau est plus vivace que jamais. L’Empire passe entre les mains de familles n'ayant jamais exercé la fonction impériale. Les empereurs novi laissent à leur famille la noblesse en héritage. Les honestiores des provinces d'Occident et les dirigeants des peuples barbares voisins, acquièrent eux aussi la nobilitas qui les incorpore aux couches les plus élevées. En ce qui concerne la noblesse romaine, elle garde un immense prestige social mais perd presque toute son autorité politique[163].

[modifier] L’Antiquité tardive

Icône de détail Article détaillé : Antiquité tardive.

[modifier] Les empereurs du Bas Empire (284-395)

Dioclétien
Dioclétien

Quelques mois après son arrivée au pouvoir, Dioclétien, (284-305) comprend qu'il ne peut diriger seul l'Empire et confie à Maximien le soin de s'occuper de l'Occident en tant que César puis ensuite d'Auguste. En 293, il donne à Maximien un adjoint qui porte le titre de César, Constance Chlore et s'en choisit lui-même un, Galère. C'est ainsi que les besoins de l'Empire donnent par hasard naissance à la tétrarchie, c'est-à-dire le pouvoir à quatre. Il n'y a pas de partage territorial de l'Empire romain mais, les quatre hommes se répartissent le commandement des troupes et les secteurs dans lesquels ils interviennent. Dioclétien reste cependant au sommet[164]. Cette nouvelle organisation permet d'éliminer les usurpateurs qui semaient le trouble en Gaule, de repousser les barbares. La victoire sur les Sassanides permet de renforcer la présence romaine en Mésopotamie avec la constitution de cinq nouvelles provinces[165]. La politique intérieure de Dioclétien est dans lignée des empereurs du IIIe siècle. Il renforce la divinisation de la fonction impériale. Il déclenche la dernière et la plus violente des persécutions contre les chrétiens.

En 305, les deux Augustes abdiquent le même jour pour laisser la place à leurs Césars, Galère et Constance Chlore, qui deviennent à leur tour Augustes. Dioclétien choisit deux nouveaux Césars, Maximin II Daïa et Sévère, écartant délibérément de la succession les fils de Maximien et de Constance Chlore. Dioclétien se retire ensuite à Spalato.

La seconde tétrarchie se heurtent aux ambitions de Maxence et Constantin, fils respectifs de Maximien et de Constance Chlore. Une période d'instabilité s'ensuit avec jusqu'à sept augustes au même moment. En 313, deux empereurs restent en lice, Constantin Ier, installé à Nicomédie[166], et Licinius. Ce dernier est vaincu une première fois en 316 puis définitivement éliminé en 324. Constantin, premier empereur à s'être converti au christianisme, reste alors le seul souverain. Cette même année, il choisit l'ancienne colonie grecque de Byzance, installée sur la rive européenne du détroit du Bosphore pour fonder une nouvelle capitale qui portera son nom, Constantinople. Construite sur le modèle de Rome, elle est inaugurée en 330.

Quand Constantin meurt en 337, il n'a pas réglé sa succession. Ses trois fils se partagent l'Empire mais finissent par se disputer. Finalement l'Empire est réuni sous l'autorité du second fils de Constantin Ier, Constance II qui nomme deux césars aux pouvoirs très réduits. Le nouvel empereur poursuit la politique de son père. Un des césars, Julien, en charge de la Gaule, remporte une grande victoire sur les Alamans en 357. Ses soldats le proclament empereur à son corps défendant à Lutèce. Constance II meurt l'année suivante. Julien, cousin du défunt empereur renonce au christianisme par amour de la pensée grecque, d'où son surnom d'apostat. Il tente de restaurer les anciennes religions en rouvrant les temples et en obtenant de nombreuses apostasies. Il meurt après 18 mois de règne, en 363, dans une escarmouche au retour d'une campagne contre les Perses.

Le partage de 395
Le partage de 395

Ses successeurs, Jovien (363-364), Valentinien Ier en Occident (364-375) et Valens en Orient (364-378) reviennent à une absolue neutralité religieuse. L’empereur d’Orient Valens, frère de Valentinien Ier doit gérer les difficultés engendrées par la présence au-delà du Danube des Goths. Valentinien Ier laisse son pouvoir à ses deux jeunes enfants Gratien et Valentinien II. Après la mort de Valens lors de la bataille d'Andrinople en 378, Gratien se choisit un nouveau collègue pour l’Orient, Théodose le Jeune. Gratien est assassiné en 383. Valentinien II, le jeune frère de Gratien, reste alors seul auguste de l'Occident avec à ses côtés général franc, Arbogast qui l'assassine en 392. En 394, Théodose bat l'usurpateur à la Bataille de la Rivière Froide où les deux armées perdent l'essentiel de leurs forces. Alors que le danger barbare est de plus en plus pressant, les défenses de l'empire sont affaiblies par d'interminables guerres civiles.

En 395, Théodose le Grand meurt, après avoir partagé l'Empire entre ses deux fils. Arcadius l'aîné reçoit l'Orient et Honorius l'Occident. Ce partage est dans la continuité des règnes précédents. Le partage se veut purement administratif. L'unité de l'empire doit donc être préservée. Mais l'Occident d'Honorius est affaibli par des années de guerres civiles et contre les barbares. Il a perdu une grande partie de ses troupes. L'économie de l'Occident demeure fragile alors que celle d'Orient est florissante. Les deux parties de l'Empire se séparent définitivement.

[modifier] Les instruments du pouvoir

Les Tétrarques
Les Tétrarques

La crise du IIIe siècle a transformé le pouvoir impérial qui est devenu absolu. Le Sénat n'a plus aucune influence. On est passé de principat au dominat. Les empereurs de l'Antiquité tardive bénéficient aussi d'une construction idéologique qui a peu à peu assimilé les empereurs à des divinités vivantes et justifient ainsi leur pouvoir absolu. Pour Constantin comme pour Dioclétien, l'autorité impériale est de nature divine[167]. Dioclétien et Galère, son fils adoptif, se prétendent descendants de Jupiter. Ils prennent le surnom de Jovien, son collègue Maximien ainsi que son co-césar celui d’Herculien. Cette sacralisation du pouvoir impérial a aussi pour but d'enlever toute légitimité aux usurpateurs éventuels puisque seul l'empereur est élu des dieux, et que seul son successeur est légitime. En 312, Constantin choisit le christianisme parce qu'il lui donne une légitimité nouvelle et au-dessus de toutes les autres[168].

Constantin ne cherche pas à affirmer une filiation divine. Il prétend plutôt avoir été investi par le Dieu des chrétiens pour gouverner l'Empire. La monnaie de l'époque montre une main sortant du ciel et lui tend une couronne. L'empereur agit comme un clerc dans sa manière d'exercer le pouvoir. À Constantinople, il construit son palais comme si c’était une église ; il affirme avoir reçu une vision du Christ comme s’il était un apôtre ; il agit comme un évêque lors du concile de Nicée convoqué par lui-même mais il ne l’est pas[169]. Constantin affirme qu'il est le représentant de Dieu sur la terre. En son intelligence se reflète l’intelligence suprême[170]. Il s'entoure d'un faste incroyable pour exalter la grandeur de la fonction impériale. Désormais la romanité et la religion chrétienne sont liées. Eusèbe de Césarée, reprenant les thèses de Méliton de Sardes[171], élabore, à cette époque, la théologie de l'empire chrétien. Pour lui, l'unification politique a permis l'unification religieuse. L'empereur est dans ce cadre, le serviteur de Dieu et comme l'image de fils de Dieu, maître de l'univers[172]. L'empereur reçoit aussi la mission de guide vers le salut et la foi chrétienne. Son intervention grandissante dans les questions religieuses se trouve ainsi légitimée ainsi que le césaropapisme.

[modifier] L’armée de l’Antiquité tardive

Le nombre de soldats par légion n'a fait que diminuer depuis la réforme de Marius à la fin du IIe siècle av. J.-C.. Il est passé de 6000 à 5000 sous le Haut Empire et est certainement autour de 2000 au début du règne de Dioclétien[173]. Dioclétien augmente le nombre de militaires. Il confie à des soldats souvent d'origine barbare, les limitanei[174], le soin de défendre le limes. Les légions de manœuvre sont de taille plus réduite - 1000 légionnaires - mais sont plus nombreuses que sous la période précédente. Elles passent de 39 à 60. Elles sont chargées d'intercepter les Barbares qui ont réussi à franchir une frontière de plus en plus fortifiée. La nécessité de la défense de l'empire justifie l'abandon de Rome comme résidence impériale au profit de villes plus proches des frontières : Trèves, Milan, Sirmium, Nicomédie. Constantin achève la transformation de l'armée et met en place le comitatus, l'armée de campagne. Son commandement est confié à un magister peditum pour l'infanterie et un magister equitum pour la cavalerie[175]. En cas de besoin, des maîtres des milices peuvent être créés pour une région particulière comme en Illyricum. Dans les provinces et les diocèses exposés, les troupes peuvent être dirigées par un comes ou un dux. Cette armée est particulièrement soignée par les empereurs.

Détail du diptyque Barberini : Anastase ou Justinien triomphant. Constantinople, début du VIe s., style théodosien tardif, ivoire.
Détail du diptyque Barberini : Anastase ou Justinien triomphant. Constantinople, début du VIe s., style théodosien tardif, ivoire.

On suppose que l'armée romaine du IVe siècle compte entre 250 000 et 300 000 hommes. Pour pallier les difficultés de recrutement, Dioclétien impose de nouvelles règles. Les propriétaires doivent désormais fournir des recrues à l'armée romaine. Au cours du IVe siècle, ils obtiennent le droit de remplacer les recrues par une somme en or, l'aurum tironicum[176]. Ce système est supprimé en 375, mais uniquement pour l'Orient. Un nombre significatif de citoyens cherche à fuir l'enrôlement dans l'armée en partant dans le désert, en se coupant le pouce ou en devenant clerc. Les lourdes condamnations envers les déserteurs, l'hérédité du métier de soldat n'évitent pas les difficultés de recrutement, ce qui pousse les empereurs à faire appel aux barbares.

Dioclétien et Constantin Ier recrutent des auxiliaires d'origine barbare pour veiller sur le limes. Ces derniers ont peu à voir avec l'esprit romain. La distinction entre comitatus et limitanei donne naissance à l'armée romaine du Bas-Empire. Sous Théodose, l'armée se barbarise davantage. L'Empire romain d'Orient garde les mêmes dispositions du IIe au VIIe siècle. La principale nouveauté est le remplacement du système de conscription, si injuste, par celui du volontariat. Pour attirer les recrues, elles reçoivent des exemptions fiscales sur leurs terres. L'armée ne manque alors plus de soldats[177].

Au début du Ve siècle, l'armée d'Occident comprend théoriquement 200 000 hommes aux frontières, des limitanei presque tous d'origine barbare, et 50 000 hommes dans l'armée de manœuvre, le comitatus. Le paradoxe de cette armée est que les frontières sont défendues par des soldats issus de peuples qui cherchent à envahir l'Empire[178].

[modifier] L’administration de l'Antiquité tardive

Flavius Felix, consul en 428, Rome, ivoire d'éléphant, ancien trésor de l’abbaye Saint-Junien de Limoges
Flavius Felix, consul en 428, Rome, ivoire d'éléphant, ancien trésor de l’abbaye Saint-Junien de Limoges

Sous Dioclétien, les distinctions entre provinces sénatoriales et provinces impériales sont supprimées. En 297, il les divise en entités plus petites, les faisant passer de 47 à plus de 100. Ces nouvelles provinces sont regroupées en 12 diocèses dirigés par des vicaires équestres qui obéissent directement aux empereurs. Cette multiplication des circonscriptions administratives et des échelons administratifs est perçue comme étant plus efficace pour lutter contre les maux de l'Empire. En 312, on compte 108 provinces, 116 en 425[179]. Constantin divise l'Empire en grandes circonscriptions dont les limites sont fluctuantes, les préfectures régionales avec à leur tête un préfet du prétoire. Les préfets y ont de grandes prérogatives civiles et judiciaires[180]. Chaque niveau administratif — préfecture régionale, diocèse, province — a sa capitale, ses bureaux, ses fonctionnaires. Le pouvoir impérial est ainsi plus présent à chaque échelon, mais la masse salariale des fonctionnaires est multipliée par quatre et les grands pouvoirs qu'ils possèdent sont des facteurs d'autonomie et de corruption[181].

L'organisation du pouvoir central est elle aussi transformée. Le préfet du prétoire est remplacé par le questeur du Palais sacré qui rédige les édits. Ce dernier dirige le consistoire sacré, qui remplace le conseil de l'empereur. Le maître des offices dirige le personnel administratif, les fabriques d'armes et les scholæ de la garde ; le maître des milices, l'infanterie et la cavalerie ; le comte des largesses sacrées, le fisc; le comte de la fortune privée, la res privata, c'est-à-dire la caisse privée de l'empereur, les revenus personnels de ce dernier étant issus essentiellement du revenu de ses immenses domaines. La grande nouveauté est cependant la grande augmentation des fonctionnaires travaillant dans les bureaux centraux. Une foule de notaires, d'agents secrets (les agentes in rebus), près de 1 000 fonctionnaires au Ve siècle[182], et d'employés divers font de l'Empire romain une véritable bureaucratie[183]. Cette administration centrale pléthorique contribue à l'isolement de l'empereur par rapport au reste de la société.

Les finances sont avant tout destinées à soutenir l'armée. L'annone militaire a été progressivement mise en place à partir de la dynastie des Sévères. Elle est, sous Dioclétien, payée en nature ou en espèces. Pour faire face aux dépenses accrues, l'empereur ordonne que soit recensées, toutes les ressources de l'Empire, hommes, bétails et autres richesses. Ce recensement, qui a lieu tous les quinze ans, sert de base pour établir, un nouvel impôt, la capitation. La fiscalité pèse essentiellement sur les habitants des campagnes. Outre la capitation, ils doivent payer la jugatio sur les biens fonciers. Les sénateurs doivent s'acquitter de la collatio glebalis tous les quatre ans. Sous le règne de Théodose, la fiscalité se durcit encore provoquant des révoltes (Antioche en 387). En théorie, les revenus de la res privata doivent subvenir à la cour et à la famille impériale, mais une part grandissante de cette caisse est dévolue aux immenses besoins de l’État.

[modifier] Le christianisme dans le monde romain

L'histoire de Jonas, mosaïque du IVe siècle, basilique patriarcale d'Aquilée
L'histoire de Jonas, mosaïque du IVe siècle, basilique patriarcale d'Aquilée

Pendant longtemps a prévalu l'idée qu'au début du IVe siècle, les provinces d'Orient sont majoritairement acquises au christianisme. En Occident, les provinces méditerranéennes sont plus touchées par la nouvelle religion que les autres. Mais partout dans cette partie de l'Empire romain, les campagnes restent profondément polythéistes[184]. Aujourd’hui l’ampleur de la christianisation de l’Empire est remise en question[185]. Il semble qu'en 312, les chrétiens ne représentent que 4 à 5 % de la population totale de l’Empire.

Constantin se convertit au christianisme lors de sa campagne contre Maxence en 312. En 313, l'édit de Milan proclame la liberté de culte et prévoit de rendre aux chrétiens les biens qui leur avaient été confisqué pendant la grande persécution de Dioclétien. Cette conversion pose le problème des relations entre l'Église et le pouvoir[186]. Entouré d'évêques, Constantin intervient dans les disputes doctrinales de l'Église. Un de ses objectifs est de rétablir la paix civile dans l'Empire. Il lutte contre le donatisme en Afrique et l’arianisme en Orient. Il préside même le concile de Nicée en 325 qui reconnaît le Christ comme Dieu et homme à l’unanimité, même Arius acquiesçant à cette doctrine[187]. Mais il continue sa prédication et est excommunié. Les ariens adoptent des positions très favorables au pouvoir impérial, lui reconnaissant le droit de trancher les questions religieuses d’autorité. Constantin finit par se convertir à cette forme de christianisme et se fait baptiser sur son lit de mort par un prêtre arien[188]. Cette conversion à l'arianisme est contestée par l'Église catholique et par certains historiens. Son fils, Constance II est un arien convaincu. Il n'hésite pas à persécuter les chrétiens nicéens plus que les païens. Malgré ses interventions dans de nombreux conciles, il échoue à faire adopter un credo qui satisfait les ariens et les chrétiens orthodoxes. Ses successeurs, soucieux de paix civile observent une stricte neutralité religieuse entre les ariens et les nicéens. La défaite d'Andrinople face aux Wisigoths ariens permet aux catholiques orthodoxes de passer à l'offensive. Ambroise de Milan, voulant défendre le credo de Nicée contre les ariens qualifie l'hérésie de double trahison, envers l'Église et envers l'Empire[189].

Mosaïque de la Basilique de Saint Ambroise de Milan
Mosaïque de la Basilique de Saint Ambroise de Milan

Gratien finit par s’orienter vers une condamnation de l'arianisme sous l’influence conjuguée de son collègue Théodose[190] et d’Ambroise. L'empereur de la pars orientalis a, en 380, dans l'édit de Thessalonique, fait du Christianisme une religion d'État. Comme son collègue, il promulgue des lois anti-hérétiques[191]. Il convoque un concile à Aquilée, en 381, dirigé par Ambroise. Deux évêques ariens sont excommuniés. L'Église catholique est devenue assez forte pour résister à la cour impériale. Après la mort de Gratien, le parti arien est de nouveau très influent à la cour. À leur instigation, est promulguée une loi, le 23 janvier 386, qui prévoit la peine de mort pour toute personne qui s’opposerait à la liberté des consciences et des cultes[192]. Ambroise refuse de concéder une basilique extra muros aux ariens fort du soutien du peuple et des hautes sphères de Milan. La cour impériale est obligée de céder. Grâce à des hommes comme Ambroise, l'Église peut ainsi s'émanciper de la tutelle impériale, surtout en Occident et même revendiquer la primauté du pouvoir spirituel sur le temporel en rappelant à l'empereur ses devoirs de chrétien. Les chrétiens ont aussi besoin de la force publique pour faire prévaloir leur point de vue. Ainsi Porphyre de Gaza obtient de l'impératrice Eudoxie, qu'elle fasse fermer par son époux Honorius les temples polythéistes de Gaza.

[modifier] L’organisation de l’Église

L'Église s'organise en suivant le modèle administratif de l'Empire. Le diocèse où officie l'évêque, correspond à la cité, sauf en Afrique et en Égypte[193]. Celui-ci est désigné par les membres de la communauté et les évêques voisins. L'aristocratie christianisée occupe souvent les fonctions d'évêque. Du fait de la défaillance des élites municipales, fuyant des responsabilités trop lourdes et trop coûteuses, ils deviennent les premiers personnages de la cité aux Ve et VIe siècles.En Orient, ils deviennent ainsi des partenaires du pouvoir impérial. Ils reprennent pour l'Église une part de l'évergétisme décurional pour l'aide aux pauvres et aux malades. En cas de besoin, ils s'érigent en défenseur de leur cité menacée face aux barbares. À Rome, ils prennent le pas sur les préfets urbains[194]. En Égypte, par contre, les évêques sont le plus souvent choisis parmi les moines.

Au-dessus des évêques se trouve l'évêque métropolitain qui siège dans le chef-lieu de la province et dont l'autorité s'entend à l'ensemble de celle-ci. À partir de concile de Constantinople de 381, apparaissent des primats qui regroupent sous leur autorité plusieurs provinces ; en Occident, Rome et Carthage ; en Orient, Constantinople, Alexandrie et Antioche. Au cours du IVe siècle, le siège de Rome commence à établir sa primauté sur l'ensemble de l'Empire. En 370, Valentinien Ier déclare irrévocable les décisions du pape à Rome. Le pape Damase (366-384) est le premier prélat à qualifier son diocèse de siège apostolique[195] car c'est le seul à avoir été créé par un apôtre, Pierre, considéré comme le chef des apôtres. Mais cela ne doit pas faire oublier que durant l'Antiquité tardive, l'Église n'est pas un ensemble homogène. Chaque cité à ses rites, ses saints, sa langue liturgique, reflet de la diversité de l'Empire.

Feuillet d'un diptyque représentant le Christ entouré de deux apôtres. Ivoire. Gaule, Ve siècle.
Feuillet d'un diptyque représentant le Christ entouré de deux apôtres. Ivoire. Gaule, Ve siècle.

Les empereurs donnent aux membres du clergé de nombreux privilèges. Ils sont dispensés des prestations fiscales imposées aux citoyens. Les évêques se voient reconnus des pouvoirs de juridiction civile. Les personnes poursuivies par le pouvoir bénéficient du droit d'asile, ce qui permet de les soustraire à la justice impériale. Enfin les clercs ne dépendent pas des juridictions ordinaires et se trouvent ainsi placés au dessus du droit commun. Constantin donne à l'Église une personnalité juridique qui lui permet de recevoir des dons et des legs. Ceci lui permet d'accroître sa puissance matérielle. Au Ve siècle, elle possède d'immenses domaines dont certains dépendent des institutions charitables de l’Église. Le développement de ses institutions lui permet occuper un vide laissé par les systèmes de redistributions païens, en s’intéressant aux pauvres en tant que tels et non en tant que citoyens ou que clients[196].

Durant l'Antiquité tardive, le monachisme, né au IIIe siècle connaît un premier essor. Les premiers moines apparaissent en Egypte, au sud d’Alexandrie, puis en remontant le long de la vallée. Ce sont eux qui sont à l'origine de la christianisation de cette province romaine. Le retrait radical du monde que prônent les premiers ermites, Antoine et Pacôme, est une véritable rupture politique et sociale avec Rome, pour qui il paraît impossible de vivre hors de la cité. Ceci n'empêche pas l'érémitisme puis le cénobitisme de se développer dans les déserts d'Orient. Le monastère de saint Antoine en Égypte est considéré comme le plus ancien au monde. Pourtant il semble que le vrai fondateur du mode de vie cénobitique soit Pacôme. Au début du IVe siècle, il établit première une communauté à Tabennae, une île sur le Nil à mi-chemin entre Le Caire et Alexandrie. Il fonde huit autres monastères dans la région au cours de sa vie, totalisant 3000 moines. Les clercs occidentaux qui se rendent en Orient propagent à leur retour, l'idéal monachiste. Les premiers établissements religieux apparaissent à l'Ouest de l'Empire à partir de la fin du IVe siècle : Saint Martin à Marmoutier, Honorat à Lérins.

[modifier] Permanence du paganisme

Buste de Sérapis. Marbre, copie romaine d'un original grec du IVe siècle av. J.-C. qui se trouvait dans le Sérapéion d'Alexandrie.
Buste de Sérapis. Marbre, copie romaine d'un original grec du IVe siècle av. J.-C. qui se trouvait dans le Sérapéion d'Alexandrie.

Pendant tout le IVe siècle, les cultes polythéistes traditionnels continuent à être pratiqués, de même que les cultes à mystère d'origine orientale comme ceux de Mithra, de Cybèle, d'Isis et de Sérapis malgré des restrictions progressives. Les textes chrétiens qui les dénoncent violemment, les dédicaces, les ex voto, ou d'attestations de travaux dans les temples en sont autant de témoignages[197]. En Égypte, Chenouté, abbé du monastère Blanc en Haute-Égypte et mort vers 466, rapporte dans ses œuvres sa lutte contre les païens, qu’il appelle « les Grecs »[198]. L'historien païen Zosime nous apprend à ce sujet que la nouvelle religion n'était pas encore répandue dans tout l'Empire romain, le paganisme s'étant maintenu assez longtemps dans les villages après son extinction dans les villes.

Constantin n’intervient guère que pour interdire les sacrifices nocturnes, les pratiques de sorcellerie et de magie, les rites d’haruspice privée, ce qui relève de la superstitio. Il a toujours cherché, même après 324, à ménager les païens. Il garde toute sa vie le titre de grand pontife, ce qui en fait le chef de la religion traditionnelle il manifeste en général la plus grande tolérance vis-à-vis de toutes les formes de paganisme[199]. En effet, l'écrasante majorité des sujets de l'empereur est encore païenne. Il se doit donc de les ménager. En 356, Constance II interdit tous les sacrifices, de nuit comme de jour, fait fermer des temples isolés et menace de la peine de mort tous ceux qui pratiquent la magie et la divination[200]. L'empereur Julien, acquis au paganisme, promulgue en 361 un édit de tolérance permettant de pratiquer le culte de son choix. Il exige que les chrétiens qui s’étaient emparés des trésors des cultes païens les restituent. Ses successeurs sont tous chrétiens. En 379, Gratien abandonne la charge de Grand Pontife. À partir de 382, à l’instigation d'Ambroise, évêque de Milan, l’autel de la Victoire, son symbole au Sénat, est arraché de la Curie, tandis que les Vestales et tous les sacerdoces perdent leurs immunités. Le 24 février 391, une loi de Théodose interdit à toute personne d’entrer dans un temple, d’adorer les statues des dieux et de célébrer des sacrifices, « sous peine de mort »[201].

En 392, Théodose interdit les Jeux olympiques liés à Zeus et à Héra, mais aussi à cause de la nudité du corps des compétiteurs, le culte du corps et la nudité, étant dénigré par le christianisme. Peu à peu, les temples abandonnés tombent en ruines. D’autres sont détruits comme le Sérapéum d’Alexandrie dès 391, le temple de Caelestis, la grande déesse carthaginoise héritière de Tanit en 399. Par ailleurs, le christianisme lui-même se trouve imprégné des anciens rites païens. Certaines fêtes traditionnelles romaines sont toujours fêtées à la fin du Ve siècle, comme la fête de Lupercales consacrée à la fécondité et aux amoureux. Pour l'éradiquer, le pape Gélase Ier décide en 495 de célébrer la fête de saint Valentin, le 14 février, un jour avant la fête des Lupercales pour célébrer les amoureux. Il s'agit donc bien d'une tentative de christianisation d'un rite païen. Les Africains continuent de célébrer des banquets aux jours anniversaires des morts directement sur les tombes. Au VIe siècle, Césaire d'Arles dénonce dans ses sermons à ses fidèles les pratiques païennes qui subsistent dans le peuple. Le port d'amulettes, les cultes aux arbres et aux sources n'ont pas disparu de la Gaule méridionale. Les plaintes des clercs sont nombreuses jusqu'à la fin de l'Antiquité tardive.

[modifier] Les évolutions de la société et de l'économie pendant l'Antiquité tardive

[modifier] Économie

Amphores au château de Bodrum en Turquie.
Amphores au château de Bodrum en Turquie.

L'économie romaine est une économie essentiellement agricole. La trilogie méditerranéenne domine la production: blé, vigne (vin), olivier(huile). La Sicile, l'Afrique, l'Égypte, les Gaules et l'Espagne produisent les céréales qui ravitaillent les grandes villes de l'Empire. L'élevage de chevaux, indispensable pour les jeux et pour l'armée est concentré en Espagne, en Afrique, en Syrie, en Thrace et en Asie. À cette époque, deux secteurs de l'économie peuvent être qualifiés d'industriels. Il s'agit de l'exploitation minière et de la production de céramique sigillée. Celle-ci est liée à l'exportation de produits agricoles. C'est donc dans les grandes régions de production qu'on trouve les principaux ateliers de céramique. Une quarantaine de fabriques d’armes sont disséminées dans l’Empire. Elles font partie des industries de l’État, tout comme les fabriques d’armures, de vêtements pour les soldats et les teintureries[202].

Les routes commerciales sont les mêmes que depuis le début de l'Empire romain. Seule la création de Constantinople crée un nouvel axe de transport. L'Empire romain interdit l'exportation de produits qui pourrait favoriser l'économie de puissances ennemies[203]. Le commerce international est peu important : des esclaves, de l’encens du Yémen, des épices du monde indien, des parfums et soieries de Chine[204]. Il profite surtout aux villes situées aux limites de l’Empire : Antioche, Carthage en relation avec les caravaniers de l’Afrique. Le commerce intérieur redevient très actif après la crise du IIIe siècle.

Pendant longtemps les historiens ont présenté l'économie de l'Antiquité tardive comme en déclin. Pourtant, de grandes innovations techniques de l'Antiquité se diffusent pendant cette période comme la moissonneuse gauloise ou le moulin à eau. Les techniques artisanales ne connaissent pas de recul. Ce qui a donné cette impression de crise économique, c'est l'augmentation de terres abandonnées, surtout en Occident mais aussi en Orient. Des fouilles récentes et une relecture des textes anciens permettent de croire que le phénomène des terres désertées et des villages abandonnés est, en fin de compte, moindre qu'on ne le croyait. Selon Pierre Jaillette[205], la régression, causée notamment par des invasions, des guerres civiles et des razzias de pilleurs, n'est pas aussi généralisée, ni aussi continue que le pensaient précédemment les historiens.

Antioche, mosaïque du Ve siècle, bouquetins (détail), Musée du Louvre
Antioche, mosaïque du Ve siècle, bouquetins (détail), Musée du Louvre

Au IVe siècle, les grandes métropoles d'Orient comme d'Occident retrouvent leur dynamisme perdu pendant la crise de IIIe siècle. Le grand commerce des produits de luxe est toujours très prospère. Le trafic continental semble lui s'être quelque peu étiolé[206]. Trèves sur le limes, devenue résidence impériale, connaît une prospérité sans précédent. Cependant on peut constater que c'est surtout la politique monétaire de Constantin Ier qui creuse les inégalités entre les riches et les pauvres. Il maintient le cours des pièces en or, les solidus, que seuls les plus aisés peuvent thésauriser mais laisse se dévaluer les monnaies de cuivres nécessaires aux échanges quotidiens ce qui réduit le pouvoir d'achat des masses populaires[207]. La création d'un tiers de solidus ne permet pas de combler les écarts[208].

En 395, alors que s'amorce le partage définitif entre l'Orient et l'Occident, l'économie de l'Occident demeure fragile. Seuls quelques ateliers impériaux et quelques centres de production de céramique conservent encore un réel dynamisme. Le commerce est tenu par des colonies de marchands juifs et syriens. Les campagnes dépendent pour leur survie de l'établissement des populations germaniques, ceci particulièrement au nord de la Gaule et en Illyricum. L'économie de l'Orient, par contre, est florissante. C'est le centre économique et commercial du monde romain. L'agriculture y est prospère.

[modifier] La société

Semis de roses et Phénix, mosaïque de sol (détail), maison de l'Atrium à Antioche, Ve siècle
Semis de roses et Phénix, mosaïque de sol (détail), maison de l'Atrium à Antioche, Ve siècle

À partir du IVe siècle les différences dans le droit entre honestiores et humiliores augmentent. Les classes dominantes s'élargissent et se structurent. Au IVe siècle les préfectures de la ville et du prétoire s'ajoutent au consulat comme charges permettant d'entrer dans la nobilitas. Dans la première partie du IVe siècle, la nobilitas connaît un brusque élargissement. Constantin Ier prend la décision de supprimer l'ordre équestre dont les membres entrent presque tous dans l'ordre sénatorial. Le nombre de sénateurs passe de 600 à 2000 membres[209]. Le Sénat créé à Constantinople compte lui aussi 2 000 membres. L'ordre sénatorial oriental est recruté parmi les notables des cités provinciales grecques. Il connait une croissance rapide sous le règne de Constance II[210]. La strate supérieure du Sénat adopte alors le nom de clarissime pour se distinguer de la masse de la noblesse. Les clarissimes sont avant tout des grands propriétaires terriens. Ils font souvent preuve d'une culture raffinée et participent à la renaissance littéraire de l'époque. Pendant longtemps historiens et archéologues ont cru, au vue de l'existence de grandes villas de maîtres richement décorées dans les campagnes, que la nobilitas avait effectué au IVe siècle un retour à la terre. Les recherches récentes font apparaître que la plupart des clarissimes vivent la plus grande partie de l'année en ville et ne se rendent qu'à l'occasion dans leurs domaines. Vers 370, dans le vocabulaire juridique, la 'nobilitas' se confond avec le statut sénatorial[211]. L'importance de la bureaucratie est telle qu'au IVe siècle, la carrière administrative a remplacé l'armée comme moyen de promotion sociale[212]. La nobilitas romaine se caractérise aussi par sa résistance à l'adoption du christianisme. Attachée au culte des ancêtres, à la culture gréco-romaine, à la philosophie, elle répand une nombreuse littérature anti-chrétienne[213]. Cependant, au milieu du IVe siècle, les grandes familles romaines se convertissent peu à peu au christianisme.

Pâtres et troupeaux, illustration du livre III des Georgiques de Virgile . Première moitié Ve siècle. 22 x 22,5 cm. Vatican
Pâtres et troupeaux, illustration du livre III des Georgiques de Virgile . Première moitié Ve siècle. 22 x 22,5 cm. Vatican

L'ordre décurional connaît des changements sensibles. Le rôle et le statut des curiales semblent s'être dégradés. L'effritement des revenus de l'ordre ne permet plus aux décurions de faire face à leurs obligations. Les cités souffrent donc du déclin de l'évergétisme privé et de celui de leurs ressources propres. Les décurions deviennent responsables sur leurs biens propres des lourds impôts que l'empereur exige et qu'ils doivent collecter. Cette obligation les rend particulièrement impopulaires. La création d'un corps de percepteur par Valentinien Ier ne suffit pas à les soulager de cette tâche difficile[214]. De ce fait, les citoyens fuient les magistratures municipales. Pour recruter des nouveaux décurions, Constantin Ier change le droit de cité local. Les résidents d'une cité qui en ont les moyens doivent devenir décurions. De plus la charge décurionale devient héréditaire[215]. Ceci n'empêche pas la situation financière des cités de continuer à se dégrader. Beaucoup des décurions cherchent à fuir leurs lourdes charge héréditaires, soit en devenant moine ou prêtre, soit en se faisant recruter dans les administrations provinciales, diocésaines ou préfectorales, soit en se retirant dans les domaines ruraux. Les menaces de confiscation de leurs biens n'y changent pas grand chose[216].

Les corporations connaissent la même évolution. Sous Constantin Ier, l'État intervient directement pour imposer la contrainte et l'hérédité[217]. Les naviculaires ont l'obligation de transporter l'annone militaire sous peine de grave sanction pénale. Une fois leurs service pour l'État assuré, ils ont le droit de se livrer au transport des marchandises pour leur propre compte. L'obligation pour un fils de reprendre le métier de son père est aussi instaurée pour les ateliers impériaux. Les condamnés et les vagabonds sont aussi recrutés de force. Ce statut d'emploi forcé rapproche les ouvriers de ces ateliers de la condition d'esclaves alors qu'ils sont en théorie des citoyens[218].

La petite propriété continue à régresser au IVe siècle. En effet les petits propriétaires ont de plus en plus de mal à satisfaire les exigences fiscales de l'Empire. Le statut de colon devient courant dans le monde rural. Là aussi, les colons n'ont plus le droit de quitter leur terre et les fils sont obligés de reprendre l'exploitation paternelle. Comme pour les corporations, cette immobilisme social est lié aux soucis d'avoir des rentrées fiscales sûres. Peu à peu, le paysan devient attaché à sa terre. Sous Théodose Ier, quand le maître vend la terre, il vend le colon avec. La condition des agriculteurs est proche déjà du servage médiéval. Mais là encore, il existe des différences notables entre la partie orientale et la partie occidentale de l'Empire. L'Orient plus peuplé subit moins le colonat. Une paysannerie de petits et moyens propriétaires se maintient un peu partout et semble même majoritaire en Syrie[219].

Mosaïque du Grand Palais, Constantinople
Mosaïque du Grand Palais, Constantinople

Le christianisme ne fait pas disparaître l'esclavage. Au IVe siècle, Constantin Ier cherche à adoucir leur condition. L'Église favorise les affranchissements et milite pour un traitement digne des esclaves mais l'esclavage en tant qu'institution n'est pas remis en cause. Césaire d'Arles n’a fait que limiter le châtiment d’un esclave à 39 coups par jour. Il est intéressant de noter qu'au début du Ve siècle, Mélanie, une riche romaine, décide d'affranchir tous les esclaves de ses domaines. Plusieurs milliers d'entre eux refusent cette largesse. En effet la condition de petits paysans s'est à cette époque tellement détériorée qu'un esclave traité avec humanité n'a rien à lui envier[220]. Il n'y a presque plus de différence entre un colon, en théorie libre juridiquement, et un esclave aux IVe et Ve siècles.

[modifier] Les villes de l’Antiquité tardive

Cinq grandes villes dominent par le nombre de leurs habitants l'Antiquité tardive. Il s'agit de Rome, Constantinople, Alexandrie, Antioche et Carthage. Alexandrie, Antioche et Carthage ont une population estimée entre 100 000 et 150 000 habitants. La cité reste le cœur de la romanité. Les lieux traditionnels de la vie romaine, les thermes, les cirques et les amphithéâtres sont fréquentés jusqu'à la fin du VIe siècle et même au-delà pour Constantinople. Mais bon nombre de monuments anciens se dégradent car les finances publiques sont insuffisantes pour pourvoir à leur entretien, d'autant plus que la période de l'Antiquité tardive est riche en tremblements de terre. Quinze constitutions impériales de 321 à 395 sont consacrées en tout ou en partie au problème de la restauration des édifices anciens. Les villes de l'Empire connaissent des transformations. Elles construisent des remparts aux IIIe et IVe siècles siècles pour se protéger. La grande nouveauté architecturale est la construction d'édifices chrétiens, une basilique, un baptistère et la demeure de l’évêque[221], dont une partie de matériau utilisé provient d'anciens monuments abandonnés. Les nouvelles résidences impériales : Trèves, Milan, Sirmium, Nicomédie bénéficient de la présence des troupes et des empereurs.

Le rapt d'Hylas par les nymphes, panneau en opus sectile du IVe siècle provenant de la basilique de Junius Bassus sur l'Esquilin
Le rapt d'Hylas par les nymphes, panneau en opus sectile du IVe siècle provenant de la basilique de Junius Bassus sur l'Esquilin

À Rome, l’enceinte construite par Aurélien est modifiée par Maxence puis Honorius pour en améliorer l’efficacité. Les aqueducs, les ponts et les routes sont entretenus. L’amphithéâtre flavien, victime de la foudre en 320 et de trois tremblements de terre, est régulièrement réparé[222]. Les empereurs d'Occident n'ont cependant pas les finances nécessaires pour entretenir tous les monuments de l'ancienne capitale impériale. Les nombreux travaux sont insuffisants pour empêcher les monuments anciens de se dégrader. Le rôle croissant du christianisme entraîne la construction de basiliques celle du Latran, de Saint-Pierre ou de Saint-Paul-hors-les-murs, des catacombes, de baptistères et de palais épiscopaux furent construits, enrichis à partir de 410 par la pose de marbres, de mosaïques et d’émaux[223]. Jusqu'en 410, Rome compte environ 800 000 habitants. La population tourne autour de 300 à 400 000 habitants pendant tout le Ve siècle. Ce haut niveau de population peut être maintenu grâce au bon fonctionnement de l'annone. 40 % de la nourriture des habitants de Rome est assuré par l'État[224].

Localisation de Sainte-Sophie dans le centre de Constantinople
Localisation de Sainte-Sophie dans le centre de Constantinople

Constantinople, inaugurée par Constantin en 330 est bâtie sur un site naturel défensif qui la rend pratiquement imprenable alors que Rome est sans cesse sous la menace des Germains[225]. Elle est également proche des frontières du Danube et de l'Euphrate là où les opérations militaires pour contenir les Perses et les Goths sont les plus importantes. Elle est enfin située au cœur des terres de vieille civilisation hellénique. Constantin Ier la bâtit sur le modèle de Rome avec sept collines, quatorze régions urbaines, un Capitole, un forum, un Sénat. Dans les premiers temps, il permet l'implantation de temples païens mais très vite la ville devient presque exclusivement chrétienne[226] et ne comporte que des édifices religieux chrétiens. En quelques décennies, la ville devient une des plus grandes métropoles de l'Orient romain grâce à son rôle politique et à ses activités économiques[227]. Dès Constantin Ier, la ville compte 100 000 habitants.

Elle atteint 200 000 habitants à la fin du IVe siècle[228]. Constantinople, située hors des zones de conflit, voit sa population augmenter. Le nombre de ses habitants est discuté : 800 000 habitants au cours du Ve siècle pour Bertrand Lançon[229], 4 à 500 000 pour A. Ducellier, M. Kaplan et B. Martin[230]. L'embellissement de la ville est le principal chantier des empereurs à partir de Constantin Ier. Celui-ci y fait construite, le palais impérial, l'hippodrome, le nouveau nom donné aux cirques romains, l'église de la Sagesse Sacrée (Sainte-Sophie)[231]. La ville s'agrandit ensuite vers l'ouest.

[modifier] De l’Empire romain au monde médiéval

[modifier] Invasions ou migrations germaniques en Occident ?

En 376, repoussés par les Huns, les Wisigoths demandent asile à l’empire. Deux cent mille d’entre eux sont établis au sud du Danube, en Mésie[232] en échange de levée de recrues. Mais ils sont exploités par les fonctionnaires romains et ne tardent pas à se révolter. Des esclaves, des colons et des travailleurs des mines se joignent à eux pour ravager la Thrace. Sans attendre l'arrivée de son neveu Gratien, retenu par les Alamans en Occident, l'empereur Valens engage le combat avec sa seule armée et est tué lors de la bataille d’Andrinople en 378 où la cavalerie wisigothe met à mal la légion romaine. Le nouvel empereur de la partie orientale de l'Empire, Théodose Ier, pacifie rapidement les Balkans et réussit à conclure un nouveau fœdus avec les Goths en 382[233]. Les Goths ont le droit de s'installer en Thrace. Ils conservent leurs propres lois et ne sont pas soumis aux impôts romains. Ils sont donc quasi-indépendants même s'ils s'engagent à servir dans l'armée romaine comme fédérés, c'est-à-dire sous le commandement de leurs propres chefs. Théodose Ier profite de cette période de répit avec les Goths pour conclure une paix avec les Sassanides qui durera jusqu'en 502[234].

Après la mort de Théodose (395), les Wisigoths dirigés par Alaric pillent la Macédoine, la Thessalie, la Grèce. Arcadius négocie à prix d'or leur retrait vers l'ouest. Stilicon, général d'origine vandale et tuteur des deux jeunes empereurs, est empêché de les combattre par le souverain d'Orient. En 402, alors que les Ostrogoths envahissent les provinces danubiennes, les Wisigoths pénètrent en Italie. En 410, ils saccagent Rome. Cet épisode est ressenti comme une catastrophe par les Romains. Les païens y voient la conséquence de l'abandon des dieux traditionnels. Saint Jérôme y voit le châtiment des pêchés des hommes[235]. Saint Augustin affirme lui qu'il n'y a aucun lien entre le christianisme et l'Empire[236]. L’établissement définitif des Wisigoths en Gaule et en Espagne met fin à leurs raids.

Itinéraires empruntés par les colonnes d'envahisseurs durant les Grandes invasions. Chronologie associée.
Itinéraires empruntés par les colonnes d'envahisseurs durant les Grandes invasions.
Chronologie associée.

Mais entre temps, le 31 décembre 406, les Vandales, les Sarmates, les Suèves, les Alains et les Alamans franchissent le Rhin bientôt suivis par les Burgondes. Ils ravagent la Gaule et l'île de Bretagne, qui est, dès lors, définitivement abandonnée. Le puissant parti anti-barbare présent à la cour impériale obtient une épuration de l'armée et de l'administration en Italie, la privant des défenseurs efficaces et fidèles[237]. L'empereur, installé à Ravenne, est contraint d'accepter l'installation de nouveaux royaumes barbares en Gaule[238]. En 429, les Vandales envahissent l'Afrique dont ils font la conquête en 10 ans. Ils privent l'Italie d'un de ses greniers à blé, leur flotte contrôlant la Méditerranée occidentale. Ils sont en outre des ariens fanatiques et persécutent les romains orthodoxes[239]. La cour impériale est obligée de conclure des fœdus avec les envahisseurs. En 435, le Vandales obtiennent à leur tour le statut de fédérés en Afrique orientale[240]. Le roi suève Herméric crée un véritable royaume autour de sa capitale Braga en obtenant un fœdus en 437-438. Les provinces danubiennes restent fidèles à l'Empire mais passent sous l'autorité de Constantinople. L'Empire romain d'Occident se réduit à l'Italie et une partie de la Gaule.

Aetius, général de Valentinien III d'origine barbare, continue à lutter contre les Barbares. Il repousse les Francs vers le nord, les Wisigoths vers le sud de la Gaule et l'Espagne. Il bat les Burgondes grâce à son armée composée de Huns[241] et les transfère en Sapaudia où en 434, Valentinien III les autorise à s'installer en tant que peuple fédéré. En 451, grâce à une armée plus barbare que romaine, - elle comprend un fort contingent wisigoth -, il parvient à repousser Attila à la bataille des champs Catalauniques. Mais il est égorgé en 454 par Valentinien III lui même, jaloux de ses succès. L'empereur est à son tour assassiné par les partisans d'Aetius. L'Empire romain d'Occident connaît alors une instabilité politique avec des empereurs impuissants, contestés par des usurpateurs. En 455, Rome est pillée pendant plus d'un mois par les Vandales de Genséric. Les Barbares s'étendent alors irrésistiblement en la Gaule malgré l'action de défenseurs de la romanité comme Ægidius et son fils Syagrius[242]. L'un d'eux, Odoacre, dépose le tout jeune empereur Romulus Augustule et envoie les insignes impériaux à Constantinople en 476. Cet événement passe inaperçu en Occident comme en Orient, tant l'empereur d'Occident avait perdu son importance. Pourtant pendant longtemps, c'est cette date que les historiens occidentaux ont retenu comme date de la fin de l'Empire romain, tant Rome était vue comme une entité occidentale.

En 488, Théodoric le Grand, roi des Ostrogoths conquiert l'Italie, alors aux mains d'Odoacre à la demande de l'empereur d'Orient Zénon[243] qui se considère comme le seul maître de l'Empire. Après la prise de Ravenne en 493, la puissance des Ostrogoths s'étend en Italie, Sicile, Dalmatie et au nord de l'Italie[244]. En sa qualité de représentant du pouvoir impérial, Théodoric tente d'étendre son pouvoir sur les autres royaumes barbes, ariens comme lui. Pour Théodoric, les Goths sont les protecteurs des Romains. L'administration romaine subsiste donc. La politique et la culture romaines ont une grande influence sur les Goths. L'empereur romain lui confère même le titre de roi. Le royaume ostrogoth d'Italie est un excellent exemple de la collaboration entre Constantinople et les rois barbares.

[modifier] La romanité en Orient

Les conquêtes de Justinien
Les conquêtes de Justinien

Au Ve siècle, l'Orient connait une longue période de prospérité économique. Le caisses de l'État regorgent de numéraires en or[245]. Sous le règne de Théodose II, la ville de Constantinople continue à s'agrandir et reçoit une nouvelle enceinte, le mur de Théodose. Un code juridique est publié, le code Théodose. Cependant l'Empire est déstabilisé par des conflits religieux violents, entre nicéens et ariens et à partir de 430 entre nestoriens et monophysites. À partir de 440, les Huns menacent l'Empire d'Orient. Un tribut et l'octroi d'une dignité romaine à Attila permettent d'éloigner le danger. Marcien, époux de Pulchérie, la sœur de Théodose II règne de 450 à 457. Léon Ier est le premier empereur d'Orient à recevoir la couronne des mains du patriarche de Constantinople. Son petit-fils Léon II ne règne que quelques mois. C'est donc son gendre Zénon qui revêt la pourpre impériale pendant quinze ans de 476 à 491. C'est sous son règne que le dernier empereur romain d'Occident Romulus Augustule est destitué par Odoacre. Il est donc le seul empereur du monde romain mais son autorité sur l'Occident n'est que théorique[246]. Sous le règne d'Anastase (491-518), la guerre contre les Perses reprend. Le sénat choisit ensuite un officier macédonien, Justin (518-527) dont le neveu, Justinien gravit tous les échelons de la carrière administrative.

Justinien (527-565) est le dernier empereur romain. Il consacre une grande partie de son règne à reprendre aux Barbares les terres de la romanité. Il pense que toute terre qui a été romaine reste inaliéniablement romaine[247]. L'Occident est donc le premier objectif de Justinien. Il conquiert l'Afrique sur les Vandales en quelques mois. Il profite de l'affaiblissement de l'Italie après la mort de Théodoric pour intervenir dans la péninsule en 535. La conquête est plus difficile que prévu et n'est définitive qu'au terme d'une guerre dévastatrice entre 552 et 554. En 554, les Byzantins font la conquête une partie de l'Espagne wisigothique jusqu'à Cordoue. De plus, les conquêtes de Justinien sont fort coûteuses. Il néglige la menace perse qu'il écarte momentanément par le paiement d'un tribut et celle des Slaves qui apparaissent au nord de l'Empire d'Orient. Il sacrifie ainsi l'avenir de régions vitales pour l'Empire d'Orient ou byzantin pour poursuivre le rêve d'un empire universel. Il n'arrive pas non plus à réconcilier les tenants de l'orthodoxie romaine et les monophysites.

Cette reconquête épuise Rome et l'Italie et n'est guère durable. En 568, seules les régions de Ravenne et de Rome sont encore aux mains de Byzantins. Le reste de l'Italie est devenu lombard. Sous le règne d'Héraclius (610-641) l'empire d'Orient prend un caractère grec inéluctable. Le titre de Basileus remplace celui d'Auguste, les provinces deviennent des thèmes. C'est aussi l'époque des premières conquêtes arabes. La Syrie, Jérusalem, l'Égypte, la Mésopotamie sont définitivement perdues après six siècles de romanité. Le monde byzantin remplace définitivement le monde romain oriental.

[modifier] Les arts dans la Rome antique

Issu des influences italiques, l'art romain prend son essor au contact de l'art grec qu'il va longtemps imiter, puis perfectionner techniquement et développer dans des styles proprement romains.

Icône de détail Article détaillé : art romain.

[modifier] Architecture

L'architecture romaine s'épanouit dans les villes, l'architecture impériale innove dans la généralisation de la voûte en plein cintre, et l'emploi systématique du mortier (opus caementicium) puis de la brique (opus latericium), réalisant des monuments de plus en plus audacieux à Rome (Panthéon, Colisée, forums impériaux, thermes, etc.) et dans les provinces (pont du Gard, arènes de Nîmes, etc.).

Les techniques décoratives reprises des Grecs sont perfectionnées :

[modifier] Sculpture

Icône de détail Articles détaillés : Sculpture romaine et sarcophages paléochrétiens.

L’engouement des Romains pour la sculpture prend son essor à la fin du IIe siècle av. J.-C., avec le transfert massif à Rome des statues de Syracuse et de Tarente, puis de Grèce. La ville orne son forum et ses monuments, tandis que de riches particuliers constituent leurs collections privées. Les copies de modèles grecs se multiplient, nous transmettant à travers les siècles d’uniques témoignages de la statuaire hellénique. Un art proprement romain du buste se forme, très réaliste, qui se diffusa dans tout l’Empire. La technique du bronze, parfaitement maîtrisée, produit des réalisations spectaculaires : statue de Néron-Hélios, statue équestre de Marc-Aurèle.

À partir du IIIe et IVe siècle, les portraits impériaux tournent à l’imposant colossal (telles la statue de Constantin Ier), tandis que la généralisation de l’inhumation donne une nouvelle impulsion à l’art du bas-relief sur les sarcophages, aux thèmes décoratifs dionysiaque ou paléochrétiens.

[modifier] Arts mineurs ou décoratifs

Les Romains ont excellés dans la production d’objets de luxe, diffusés dans tout l’Empire, et dont de nombreux vestiges nous sont parvenus :

  • la céramique sigillée au beau vernis rouge est caractéristique de la période romaine. Sa production, née à Arezzo, essaime dans les provinces, où elle atteint des volumes industriels (fournées de dix mille pièces à La Graufesenque ou à Lezoux)
  • la production de verrerie romaine connaît un grand développement, avec l’apparition de la technique du verre soufflé. Maîtrisant aussi les procédés de moulage, soudure, meulage du verre, les artisans romains produisent des chefs d’œuvres
  • l’ivoire : il est utilisé en placage décoratif (par exemple dans des plafonds de la domus aurea), ou dans un usage plus pratique pour les modèles les plus luxueux de tablettes. Il ne nous reste que des ivoires les plus tardifs, tels que les diptyques consulaires ou les ivoires byzantins
  • l’orfèvrerie, travail de l’or, de l’argent et du bronze s’épanouit dans tous les domaines : statuaire (Trésor de Lyon-Vaise), vaisselle d’argent (coupe Warren), fibules et bijoux, petit mobilier en bronze, objets d’apparat comme le missorium de Théodose.
  • plus modeste et dédaigné des premiers archéologues, la tabletterie en os fabrique des petits objets tels qu’épingles à cheveux, petits étuis ou boîtes cylindriques, jetons et dés à jouer, etc.
  • leurs clefs (très différentes des nôtres)

[modifier] Littérature

Icône de détail Article détaillé : littérature latine.

Les Romains révolutionnèrent le support écrit des livres, en lui donnant la forme moderne que nous connaissons : ils généralisèrent le codex, volume de feuilles reliées, plus maniable et plus aisé à lire que le traditionnel rouleau. Le livre est devenu un objet maniable, facile à transporter, à ranger, lisible par un seul individu. Mais il reste un objet cher, même si le nombre de volumes en circulation augmente considérablement. L'usage du parchemin, plus solide mais plus coûteux s'étend aux dépens du papyrus. Le passage de volumen au codex, parfois de taille très réduite, a comme conséquence la perte d'une partie des textes antiques qui ne sont plus consultés[248]. La place de l'écrit dans la société devient de plus en plus importante.

À partir du IVe siècle, la source de la littérature est essentiellement chrétienne. La correspondance de quelques grands esprits du temps, très bien conservée, permet d'avoir une connaissance fine des mentalités de l'Antiquité tardive. La rhétorique grecque est utilisée par les Pères de l'Église, que ce soit pour rédiger des sermons, expliquer les textes saints ou tenter de convaincre les non-chrétiens. L'hagiographie se multiplie. Tout en racontant la vie des saints à la manière de Suétone ou Plutarque, elle se concentre sur les vertus chrétiennes de saints pour en faire des exemples pour le lecteur. Au VIe et VIIe siècles, le genre hagiographique multiplie les récits de miracles, qui l'emportent sur l'exemple moral[249]. Il n'est donc pas étonnant que l'œuvre majeure de l'Antiquité tardive soit une œuvre religieuse. Il s'agit de la La Cité de Dieu d'Augustin d'Hippone, achevée en 423. Il réplique de manière magistrale aux détracteurs du christianisme qui rendaient la religion responsable du sac de Rome de 410. Dans sa théorie des deux cités, il développe l'idée que Rome est une cité terrestre donc mortelle. La cité des chrétiens est le royaume de Dieu qui les attend après la mort. Ils ne doivent donc pas lier leur foi chrétienne à l'existence de Rome même s’ils doivent servir l'Empire loyalement.

[modifier] Notes et références

  1. ab Virgile, L'Énéide, Chant III
  2. Virgile, L'Énéide, Chant II
  3. Virgile, L'Énéide, Chant IV
  4. Virgile, L'Énéide, Chant VII
  5. Tite-Live, Histoire romaine, Livre I, 1
  6. Denys d'Halicarnasse, Antiquités romaines, Livre I, LXIII
  7. abc Tite-Live, Histoire romaine, Livre I, 3
  8. Denys d'Halicarnasse, Antiquités romaines, Livre I, LXVI
  9. abc Denys d'Halicarnasse, Antiquités romaines, Livre I, LXXII
  10. Antiquités romaines, Livre I, LXXVII-LXXIX
  11. Il est à noter qu’en latin, la traduction de «lupa, lupae» peut tout aussi bien être louve, ou bien prostituée, ce qui crée une grande nuance dans la légende…
  12. Tite-Live, Histoire romaine, Livre I, 4
  13. Denys d'Halicarnasse, Antiquités romaines, Livre I, LXXIX
  14. Tite-Live, Histoire romaine, Livre I, 5
  15. Tite-Live, Histoire romaine, Livre I, 6
  16. Tite-Live, Histoire romaine, Livre I, 7
  17. Denys d'Halicarnasse, Antiquités romaines, Livre I, LXXXVII
  18. Florus, Abrégé de l'histoire romaine, Livre I, I
  19. abc Tite-Live, Histoire romaine, Livre I, 8
  20. Tite-Live, Histoire romaine, Livre I, 18-21
  21. Tite-Live, Histoire romaine, Livre I, 22-31
  22. Tite-Live, Histoire romaine, Livre I, 32-35
  23. Tite-Live, Histoire romaine, Livre I, 35-41
  24. Tite-Live, Histoire romaine, Livre I, 41-48
  25. Tite-Live, Histoire romaine, Livre I, 49-60
  26. abcde Tite-Live, Histoire romaine, Livre I, 38
  27. Florus, Abrégé de l'histoire romaine, Livre I, VIII
  28. Tite-Live, Histoire romaine, Livre I, 44
  29. Tite-Live, Histoire romaine, Livre I, 55
  30. Tite-Live, Histoire romaine, Livre I, 60
  31. ab Tite-Live, Histoire romaine, Livre I, 49
  32. Source Histoire Romaine de J.-P. Martin, éd. Armand Colin
  33. Tite-Live, Histoire romaine, Livre I, 57
  34. Tite-Live, Histoire romaine, Livre I, 59
  35. Florus, Abrégé de l'histoire romaine, Livre I, IX
  36. Tite-Live, Histoire romaine, Livre II, 8
  37. Encyclopaedia universalis, DVD version 2007, article Rome et l'Empire romain-la République
  38. Encyclopaedia universalis, DVD version 2007, article Rome et l'Empire romain-la République
  39. ab Dion Cassius, Histoire romaine, Livre I, XIV
  40. abc Denys d'Halicarnasse, Antiquités romaines, Livre II, VII
  41. Denys d'Halicarnasse, Antiquités romaines, Livre II, XIV
  42. Denys d'Halicarnasse, Antiquités romaines, Livre II, XII
  43. ab Tite-Live, Histoire romaine, Livre I, 18&22
  44. Denys d'Halicarnasse, Antiquités romaines, Livre II, X
  45. Denys d'Halicarnasse, Antiquités romaines, Livre II, XIV
  46. Christophe Badel, La Noblesse de l'empire romain. Les masques et la vertu. Champ Vallon, Seyssel, 2005. (ISBN 978-2876734159)
  47. Christophe Badel, La Noblesse de l'empire romain. Les masques et la vertu. Champ Vallon, Seyssel, 2005. (ISBN 978-2876734159)
  48. Tite-Live, Histoire romaine, Livre II, 1
  49. Florus, Abrégé de l'histoire romaine, Livre I, IX
  50. Tite-Live, Histoire romaine, Livre II, 6-7
  51. Florus, Abrégé de l'histoire romaine, Livre I, X
  52. Florus, Abrégé de l'histoire romaine, Livre II, IX
  53. Tite-Live, Histoire romaine, Livre II, 10-15
  54. Florus, Abrégé de l'histoire romaine, Livre I, XI
  55. Tite-Live, Histoire romaine, Livre II, 19-20
  56. Tite-Live, Histoire romaine, Livre II, 21
  57. Tite-Live, Histoire romaine, Livre II, 23
  58. Florus, Abrégé de l'histoire romaine, Livre I, XXIII
  59. Tite-Live, Histoire romaine, Livre II, 24
  60. Tite-Live, Histoire romaine, Livre II, 25-26
  61. Tite-Live, Histoire romaine, Livre II, 27-29
  62. Tite-Live, Histoire romaine, Livre II, 32
  63. Tite-Live, Histoire romaine, Livre II, 33
  64. Tite-Live, Histoire romaine, Livre II, 43&58-59
  65. Tite-Live, Histoire romaine, Livre II-III
  66. Tite-Live, Histoire romaine, Livre III, 31
  67. Tite-Live, Histoire romaine, Livre III, 32-33
  68. Tite-Live, Histoire romaine, Livre III, 34
  69. Tite-Live, Histoire romaine, Livre III, 52
  70. Florus, Abrégé de l'histoire romaine, Livre I, XXIV
  71. Tite-Live, Histoire romaine, Livre III, 53
  72. Tite-Live, Histoire romaine, Livre IV, 1
  73. Tite-Live, Histoire romaine, Livre IV, 6
  74. Tite-Live, Histoire romaine, Livre IV
  75. Tite-Live, Histoire romaine, Livre IV, 43
  76. Tite-Live, Histoire romaine, Livre IV, 54
  77. Tite-Live, Histoire romaine, Livre VI, 42
  78. Tite-Live, Histoire romaine, Livre VII, 17
  79. Tite-Live, Histoire romaine, Livre VII, 22
  80. Tite-Live, Histoire romaine, Livre II-IV
  81. Tite-Live, Histoire romaine, Livre I, 42
  82. abcde Tite-Live, Histoire romaine, Livre I, 43
  83. John Scheid, Religion, institutions et société de la Rome antique, Fayard, 2003
  84. Encyclopaedia universalis, DVD version 2007, article Rome et l'Empire romain-la République
  85. Plutarque, Vie de Camille, dans la Vie des hommes illustres
  86. Florus, Abrégé de l'histoire romaine, Livre I, XII
  87. Tite-Live, Histoire romaine, Livre IV, 34
  88. Tite-Live, Histoire romaine, Livre IV, 61
  89. Tite-Live, Histoire romaine, Livre V, 21
  90. Tite-Live, Histoire romaine, Livre V, 37-43
  91. Florus, Abrégé de l'histoire romaine, Livre I, XIII
  92. Tite-Live, Histoire romaine, Livre V, 50
  93. Tite-Live, Histoire romaine, Livre VI
  94. Tite-Live, Histoire romaine, Livre VII
  95. Tite-Live, Histoire romaine, Livre VII, 30
  96. Tite-Live, Histoire romaine, Livre VII, 33
  97. Florus, Abrégé de l'histoire romaine, Livre I, XIV
  98. Tite-Live, Histoire romaine, Livre VIII, 3
  99. Tite-Live, Histoire romaine, Livre VIII, 10
  100. Tite-Live, Histoire romaine, Livre VIII, 11
  101. Florus, Abrégé de l'histoire romaine, Livre I, XV
  102. F. Hinard dir., Histoire romaine, Paris, 2000, p. 262
  103. F. Hinard dir., Histoire romaine, Paris, 2000, p. 266-267
  104. Tite-Live, Histoire romaine, Livre VIII, 23
  105. Tite-Live, Histoire romaine, Livre IX, 1-6
  106. Florus, Abrégé de l'histoire romaine, Livre I, XVI
  107. Tite-Live, Histoire romaine, Livre IX, 29
  108. Florus, Abrégé de l'histoire romaine, Livre I, XVII
  109. Tite-Live, Histoire romaine, Livre IX, 27
  110. ab Florus, Abrégé de l'histoire romaine, Livre I, XVIII
  111. Plutarque, Vie de Pyrrhus, dans la Vie des hommes illustres
  112. Florus, Abrégé de l'histoire romaine, Livre I, XIX-XX
  113. Florus, Abrégé de l'histoire romaine, Livre I, XXI
  114. Florus, Abrégé de l'histoire romaine, Livre II, II
  115. Diodore de Sicile, Histoire Universelle, Livre XXIV
  116. Diodore de Sicile, Histoire Universelle, Livre XIII-XXIV
  117. Florus, Abrégé de l'histoire romaine, Livre II, V
  118. Florus, Abrégé de l'histoire romaine, Livre II, III
  119. Florus, Abrégé de l'histoire romaine, Livre II, IV
  120. Tite-Live, Histoire romaine, Livre XXI, 1-18
  121. Tite-Live, Histoire romaine, Livre XXI, 23-38
  122. Tite-Live, Histoire romaine, Livre XXI, 46-48
  123. Tite-Live, Histoire romaine, Livre XXI, 51-59
  124. Tite-Live, Histoire romaine, Livre XXII, 1-7
  125. Tite-Live, Histoire romaine, Livre XXII, 43-54
  126. Tite-Live, Histoire romaine, Livre XXII, 61
  127. Tite-Live, Histoire romaine, Livre XXIII, 6-7
  128. Tite-Live, Histoire romaine, Livre XXIII, 31-32
  129. Tite-Live, Histoire romaine, Livre XXV, 30
  130. Tite-Live, Histoire romaine, Livre XXVI, 13
  131. Tite-Live, Histoire romaine, Livre XXII-XXVIII
  132. Tite-Live, Histoire romaine, Livre XXIX-XXX
  133. Tite-Live, Histoire romaine, Livre XXX, 32-35
  134. Florus, Abrégé de l'histoire romaine, Livre II, VI
  135. Tite-Live, Histoire romaine, Livre XXX, 37&43
  136. Florus, Abrégé de l'histoire romaine, Livre II, XV
  137. Tite-Live, Histoire romaine, Livre XXXVI, 1
  138. Florus, Abrégé de l'histoire romaine, Livre II, VIII
  139. Tite-Live, Histoire romaine, Livre XXXVIII, 38
  140. Tite-Live, Histoire romaine, Livre XXXI-XLV
  141. Florus, Abrégé de l'histoire romaine, Livre II, VI&XII&XIV
  142. Florus, Abrégé de l'histoire romaine, Livre II, XVII-XVIII
  143. abcd Florus, Abrégé de l'histoire romaine, Livre III, IV
  144. abc Florus, Abrégé de l'histoire romaine, Livre III, II
  145. ab Salluste, Guerre de Jugurtha"
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  147. Florus, Abrégé de l'histoire romaine, Livre III, XI
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  149. Florus, Abrégé de l'histoire romaine, Livre III, XIV
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  202. Marcel Le Glay, Jean-Louis Voisin et Yann Le Bohec, Histoire romaine, p. 505. Paris, PUF, 1995
  203. L'exportation de métaux, armes et denrées alimentaires vers les Germains ou les Perses est interdite.
  204. A.H.M. Jones, Le Déclin du monde antique 284-610, Paris, Éditions Sirey, 1970, p. 297.
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  212. Paul Petit et Yann Le Bohec, L'Antiquité tardive, Encyclopaedia universalis, DVD 2007
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  215. Michel Christol et Daniel Nony, Des Origines de Rome aux invasions barbares, Hachette, 1974, p 223
  216. Bertrand Lançon, L'Antiquité tardive, PUF, Que sais-je ? n° 1455, 1997 p 106
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  218. Michel Christol et Daniel Nony, Des Origines de Rome aux invasions barbares, Hachette, 1974, p. 225
  219. Alain Ducellier, Michel Kaplan et Bernadette Martin, (1978), p 29
  220. Bertrand Lançon, L'Antiquité tardive, PUF, Que sais-je ? n° 1455, 1997 p 108
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  233. Hydace, Chronique, an. 382 ; É. Demougeot, De l’unité à la division de l’Empire romain, 395-410. Essais sur le gouvernement impérial, Paris, 1951, p. 22-24.
  234. Christol et Nony, p. 248. La paix a été conclue en 389 ou 390.
  235. Saint Jérôme, Lettres, 60, 17.
  236. Saint Augustin, Sermons, 81, B.
  237. Christol et Nony, p. 251
  238. Memo, le site de l'histoire, Hachette Mutimédia dans [10]
  239. A Ducellier, M Kaplan et B Martin, Le Proche-Orient médiéval, Hachette, 1978, p 19
  240. Michel Balard, Jean-Philippe Genêt, Michel Rouche, des Barbares à la Renaissance p 17, Hachette, 1973
  241. Aetius a été otage à la cour des Huns pendant son enfance. Il y est devenu un ami du jeune Attila
  242. Michel Balard, Jean-Philippe Genêt, Michel Rouche, (1973), p 19
  243. A Ducellier, M Kaplan et B Martin, Le Proche-Orient médiéval, Hachette, 1978, p 18
  244. De l'Aleph à l'@ [11]
  245. Lançon [1997], p. 39
  246. A Ducellier, M Kaplan et B Martin (1978) p 20
  247. A Ducellier, M Kaplan et B Martin (1978) p 18
  248. Lançon [1997], p. 104.
  249. Lançon [1997], p. 89.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Bibliographie

[modifier] Textes antiques

Icône de détail Article détaillé : Historiographie latine.

Un nombre assez important de textes historiques de l'Antiquité, rédigés en latin ou en grec, nous sont parvenus par l'intermédiaire de copies. Bien que leur contenu soit souvent sujet à caution, ils sont une source majeure d'information sur l'histoire politique de la Rome antique. On peut citer, parmi ceux dont le sujet est le plus général :

  • Eutrope, Abrégé de l'Histoire Romaine (lire en ligne)
    L'œuvre qui embrasse la pérode la plus longue de l'histoire de Rome : de la fondaton de la ville à 364 ap? J-C
  • Tite-Live, Histoire romaine (lire en ligne)
    œuvre monumentale retraçant l'histoire de Rome depuis les commencements jusqu'à la mort de Drusus en -9. Les passages qui nous sont restés concernent essentiellement les temps antérieurs à Pydna (-168), pour le reste, on conserve des résumés de l'époque antique. Pour les périodes les plus anciennes, Tite-Live admet ne pouvoir distinguer entre la légende et la réalité
  • Florus, Abrégé de l'histoire romaine (lire en ligne)
    même période
  • Tacite, Histoires et Annales
    Les Annales vont de +14 à 68 et sont en partie perdues. Les Histoire vont théoriquement de 68 à 96 mais seule la partie traitant des années 69 et 70 est conservée
  • Dion Cassius, Histoire romaine (lire en ligne)
texte en grec allant jusqu'à 229. Une bonne partie du texte a été perdue mais des résumés anciens nous sont parvenus.
  • Ammien Marcellin, Res Gestae, dont seule la partie traitant des années 353 à 378 a été conservée.

D'autres textes, ceux de Salluste notamment, donnent des informations précieuses sur des événements précis. En outre, la littérature latine, dont on a conservé de nombreux textes, fournit de nombreux renseignements sur la mentalité et l'histoire culturelle de Rome.

[modifier] Manuels de référence généraux

  • Pierre Grimal, La Civilisation romaine, Flammarion, 1960, réédité en 1981,
  • Georges Hacquard, Jean Dautry, Olivier Maisani, Le Guide romain antique, 1952 chez Hachette, multiples rééditions :
  • Michel Christol et Daniel Nony, Des origines de Rome aux invasions barbares, Hachette, 1974.

[modifier] Sur l’Empire

[modifier] Art

  • Bernard Andreae, L’Art de l’ancienne Rome, éditions d’Art André Mazenod, 1973

[modifier] Autres

[modifier] Liens externes

Histoire

Mentalités et société

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Religions

  SÉRIE ROME ANTIQUE  
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