Guerre des Gaules

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Guerre des Gaules

Informations générales
Date -58 à -51
Lieu Gaule, Île de Bretagne, Germanie
Changements territoriaux Conquètes de la Gaule
Issue Victoire romaine
Belligérants
République romaine
Peuples celtiques et germaniques alliés
Celtes
Celto-germains et
peuples germaniques alliés
Aquitains
Commandants
Romaniis:
Caius Julius Caesar
Titus Labienus
Marcus Antonius
Quintus Tullius Cicero
Decimus Junius Brutus Albinus
Publius Crassus
Celtes:
Diviciacos
Liscos
Gobannitio
Epasnactos
Celtes:
Orgétorix
Divico
Cassivellaunos,
Vercingétorix
Dumnorix
Commios
Vercassivellaunos
Viridomaros
Eporédorix
Camulogène
Litaviccos
Viridovix
Lucterios
Sedullos
Celto-germains:
Ambiorix
Boduognatos
Correus
Germains:
Arioviste
Forces en présence
120 000 hommes ?
Pertes
inconnues 1 000 000 morts
1 000 000 réduits en esclavage (selon César)
Batailles et sièges
Bibracte — Ochsenfeld — Octodure — L'Aisne — La Sambre — Morbihan (navale) — Aduatuca — Genabum — Avaricum — Gergovie — Lutèce — Alésia — Lémonum — Uxellodunum

La guerre des Gaules (bellum gallicum) est un conflit décisif entre la République romaine et les peuples de Gaule, qui s'est déroulé de 58 avant J.-C. à 51 avant J-C. Elle a opposé Jules César et divers chefs de nations gauloises, dont - dans la phase finale - l'Arverne Vercingétorix.

Elle constitue un événement majeur de l'histoire de la Rome antique et de l'Europe.

  • Événement majeur dans l'histoire de Rome, parce que cette conquête a marqué la fin définitive de la menace - alors toujours vivante dans la mémoire collective des Romains - que les barbares Gaulois représentaient pour Rome depuis le sac de la ville par Brennus en 390 av. J.-C. (voir l'article Vae Victis !)
  • Événement, majeur aussi, dans l'histoire de l'Europe parce que les provinces gallo-romaines seront les plus peuplées de l'Empire romain et la plaque tournante du commerce européen.

L'essentiel des connaissances historiques sur cette guerre proviennent des écrits de César lui-même qu'il rassemble dans De bello Gallico ou Commentaires sur la Guerre des Gaules.

Sommaire

[modifier] La Gaule à la veille de la conquête

Sous le prétexte d'une aide militaire apportée à Marseille, le général romain Sextius Calvinus conquiert les territoires des Salyens et provoque la fuite de leur roi. En août -121, les Romains, menés par le consul Quintus Fabius Maximus Allobrogicus, affrontent une coalition arverne et allobroge au confluent de l'Isère. Rome, en effet, attaque ce dernier peuple sous le prétexte qu'il avait accueilli le roi salyen comme réfugié. Le roi arverne, Bituitos, est alors fait prisonnier et emmené en triomphe en Italie. Au même moment, les Gaulois rivaux de l'hégémonie arverne, à savoir les Éduens, sont reçus au Sénat et sont proclamés « amis de Rome ». Après cette défaite gauloise, le reste des territoires situés au sud et à l'est des Cévennes sont rapidement soumis.
Depuis la fin du IIIe siècle av. J.-C., Rome est maîtresse de la Gaule cisalpine, qui s'étend de la plaine du Pô aux Alpes. À la fin du IIe siècle, elle soumet la Gaule méridionale et la vallée du Rhône, qu'elle érige en province romaine en –121 : c'est la Gaule transalpine, appelée Narbonnaise ou simplement la Provincia. Au nord, s'étend l'immensité de la Gaule.
Vers -80, toutefois, un chef du nom de Celtillos, père du futur Vercingétorix, tente de restaurer un pouvoir régalien sur les Arvernes, comme au temps de Luernios et de Bituitos. Mais il échoue et est brûlé vif par l'aristocratie de son peuple. Son frère Gobannitio semble avoir été son principal rival lors de cette affaire, puisqu'il est connu qu'il devient alors le premier par son pouvoir chez les Arvernes.

César décrit la Gaule indépendante dans son livre Ier des fameux Commentaires sur la Guerre des Gaules :

"L’ensemble de la Gaule est divisé en trois parties : l’une est habitée par les Belges, l’autre par les Aquitains, la troisième par le peuple qui, dans sa langue, se nomme Celte, et, dans la nôtre, Gaulois. Tous ces peuples diffèrent entre eux par le langage, les coutumes, les lois. Les Gaulois sont séparés des Aquitains par la Garonne, des Belges par la Marne et la Seine.

Les plus braves de ces trois peuples sont les Belges, parce qu’ils sont les plus éloignés de la Province romaine et des raffinements de sa civilisation, parce que les marchands y vont très rarement, et, par conséquent, n’y introduisent pas ce qui est propre à amollir les cœurs, enfin parce qu’ils sont les plus voisins des Germains qui habitent sur l’autre rive du Rhin, et avec qui ils sont continuellement en guerre.' […]

La partie de la Gaule qu’occupent, comme nous l’avons dit, les Gaulois commence au Rhône, est bornée par la Garonne, l’Océan et la frontière de Belgique ; elle touche aussi au Rhin du côté des Séquanes et des Helvètes ; elle est orientée vers le nord.

La Belgique commence où finit la Gaule ; elle va jusqu’au cours inférieur du Rhin ; elle regarde vers le nord et vers l’est.

L’Aquitaine s’étend de la Garonne aux Pyrénées et à la partie de l’Océan qui baigne l’Espagne ; elle est tournée vers le nord-ouest."

[modifier] Facteurs déclencheurs de la guerre

[modifier] Les ambitions de Jules César

Noble celte, Ier siècle av J-C
Noble celte, Ier siècle av J-C
Légionnaire romain, Ier siècle av JC
Légionnaire romain, Ier siècle av JC

César vient de finir sa période de consulat, à la suite de quoi il s'est vu confier pour 5 ans le gouvernement de la Gaule cisalpine et de l'Illyrie avec 3 légions à sa disposition, puis celui de la Provincia de Gaule transalpine, avec une 4e légion. Le voilà à la tête de provinces prestigieuses.

Mais sa gloire militaire reste modeste, notamment par rapport à celle de Pompée "le Grand", qui vient de recevoir un triomphe à Rome en 61 av. J.-C. César a besoin d'une victoire grandiose qui lui procure la renommée -gravir le Capitole en triomphe, le seul prestige qui compte aux yeux de l'opinion publique- et les profits énormes -il est largement endetté) qui lui permettraient d'asseoir son pouvoir à Rome.

Mais les régions du monde où une grande campagne est possible ne sont pas très nombreuses : l'Orient étant la chasse gardée de Pompée, il ne peut envisager une campagne qu'en Occident, soit vers le Danube, soit vers la Gaule indépendante. Il semble que César ait d'abord projeté une campagne vers les vastes territoires traversés par le Danube. Mais un hasard -la migration des Helvètes en mars 58 avant J-C-, de puissants intérêts économiques qui associent déjà les Italiens à certaines nations Gauloises clientes de Rome (Eduens, Arvernes...), et la perspective fabuleuse de pousser les légions vers des terres inconnues jusqu'aux confins occidentaux de l'univers, "voilà qui rencontrait la volonté de puissance et le désir de gloire d'un proconsul de 41 ans" (Christian Goudineau ; César et la Gaule)

[modifier] La migration des Helvètes

Les Helvètes se sentant à l'étroit sur leur territoire, confiné d'un côté par le Rhin qui les sépare des Germains, d’un autre par le Jura qui marque la frontière avec les Séquanes, et du troisième par le lac Léman et le Rhône qui les séparent avec la Provincia (province romaine de la Gaule narbonnaise), ils décident d'émigrer dans le pays des Santons (l'actuelle Saintonge).

Deux routes sont possibles : l’une traverse le territoire des Séquanes. "Etroite et malaisée, elle est resserrée entre le Jura et le Rhône, et les chariots y passent à peine un par un ; une très haute montagne la domine, en sorte qu’une poignée d’hommes peut facilement l’interdire"(1). L’autre route passe par le pays des Allobroges, qui fait partie de la Provincia romaine : cette sortie est beaucoup plus facile parce que le Rhône est guéable en plusieurs endroits. Les Helvètes pensent qu’ils obtiendront des Allobroges le libre passage, mais en cas de refus ils les contraindront par la force.

Au jour fixé, le 5e des calendes d’avril (24 mars) de 58 avant J-C, les Helvètes, auxquels se sont adjoints des peuples voisins (Rauraques, Tulinges, Latoviques et Boïens), au total 368 000 personnes, dont 92 000 portant les armes, se rassemblent sur les bords du Rhône près de Genève, ville allobroge (dépendant donc de la Provincia romaine) et s'apprêtent à franchir le fleuve, après avoir ravagé leur pays afin de ne pas pouvoir faire marche arrière. À cette nouvelle, César quitte Rome, gagne à marches forcées la Gaule transalpine et arrive devant Genève.

(1) César - Commentaires sur la Guerre des Gaules - Livre I

[modifier] Les campagnes

Les campagnes militaires de Jules César en Gaule
Les campagnes militaires de Jules César en Gaule

À chaque campagne correspond une année. Il y en a eu 8 en tout, s'étalant de 58 av. J.-C. à 51 av. J.-C.

[modifier] Campagne de -58 contre les Helvètes

Pendant cette campagne, César s'évertue à repousser les Helvètes et les Suèves avec l'aide des peuples gaulois alliés dont font partie les Éduens. Cette intervention de César marque le début de la guerre des Gaules.

Tout d'abord, César se précipite à GENAVA (Genève) avec la VIIe Légion. Ensuite, il coupe le pont sur le Rhin et fortifie 28 km de rives pour leur interdire tout passage et protéger ainsi la Provincia Romana. Avec 5 légions (VIIIe, IXe, Xe, XIe et XIIe) accompagnées d'auxiliaires (frondeurs baléares, archers crétois, infanterie légère numide) et de cavalerie romaine, César rejoint finalement les Helvètes près de Bibracte et les anéantit dans une sanglante bataille rangée (seuls 110 000 Gaulois, sur les 368 000 du départ, échappèrent au massacre).

La facile victoire des armées romaines, qui montre leur supériorité militaire, donne un tour nouveau à la guerre. César pense désormais pouvoir établir l'influence de Rome sur la Gaule toute entière.

[modifier] Les conséquences

[modifier] Campagne de -57 contre les Belges

A l'hiver -57, il fonce sur les Belges, car ces derniers ont la réputation d'être les plus vaillants en Gaule : ce sont les seuls à avoir repoussé la terrible invasion des Cimbres et des Teutons, qui ont traversé le reste de la Gaule et fait trembler Rome elle-même. Les vaincre donnerait à réfléchir aux autres Gaulois. Les Belges forment une coalition forte de 300 000 hommes, dirigée par Galba, le roi des Suessions. La coalition est défaite sur l'Aisne et en juillet, l' oppidum principal des Suessions, Noviodunum (Pommiers près de Soissons) tombe entraînant la soumission des Suessions. Les Romains se dirigent à l'ouest, sur les Bellovaques, le peuple belge le plus puissant, qui se soumettent après la prise de l'oppidum de Bratuspantium (localisation discutée). César remonte au nord, chez les Ambiens qui se soumettent immédiatement. Puis, il fonce à l'est, sur une nouvelle coalition des Nerviens, Atrebates et Viromanduens, qu'il affronte au cours d'une difficile bataille près de la rivière Sabis (localisation discutée : la Sambre ou la Selle).

Le sort penche pour les Romains grâce à l'arrivée sur le champ de bataille des légions de l'arière-garde (XIIIe et XIVe Légions, levées quelques mois plus tôt aux frais de César). Les Nerviens abattus, César termine la pacification des Belges par la prise de l'oppidum des Attuatuques et le massacre de ces derniers. César vient de démontrer l'étendue de sa puissance. Il n'y aura plus de véritable bataille rangée avant l'an 702 A.U., et l'action de Vercingétorix, tellement les Gaulois ont été surpris par la défaite des Belges, les plus vaillants d'entre eux.

NOTE : les Romains comptent les années Annum Urbae (A.U.), c'est-à-dire après la fondation de Rome, soit 753 av.JC.

A ce moment, les Belges semblent vaincus.

[modifier] Campagne de -56 en Armorique

En juin 56 av. J.-C., la bataille navale du Morbihan permet à la marine romaine de détruire la flotte vénète.

[modifier] Campagne de -55

En 55 av. J.-C., les romains écrasent les peuples germains des Usipètes et des Tencthères. César fait un pont sur le Rhin et ravage une partie de la Germanie rhénane. La même année, il tente un débarquement (lequel aurait pu tourner au désastre) en Bretagne.

[modifier] Le raid en Grande-Bretagne de -54

Jules César insiste avec plus de troupes l'attaque de la Bretagne. La soumission des Bretons et le versement d'un tribut à Rome sera sans lendemains.

Déroulement de l'invasion : Plus de 600 navires sont rassemblés chez les Morins dès le début de l'été, mais le règlement d'un conflit politique chez les Trévires fait perdre à César un mois avant de pouvoir déclencher l'invasion. Début août, la traversée a lieu et le débarquement s'effectue près de l'actuelle DOUVRES. Après divers combats, les Romains poursuivent le chef des Bretons, Cassivellaun, et son armée, jusque de l'autre côté de la Tamise, où ils le contraignent à la soumission. César ordonne alors la livraison d'otages et le paiement d'un tribut annuel puis regagne la Gaule fin septembre. Les Gaulois du continent sont impressionnés par la démonstration de force, mais la Bretagne reprend son indépendance dès le dernier bateau romain parti.

[modifier] La révolte des Éburons de -54

Pendant ce temps en Gaule belgique, la révolte des Éburons menés par Ambiorix est victorieuse. Lors de la défaite d'Aduatuca les généraux Sabinus et Cotta sont tués.

[modifier] Campagne de -53 au Nord-Est

Aout 53, César entre en Belgique avec 60 000 hommes, pour attaquer les Éburons. La campagne tourne à l'extermination des Éburons (qui disparaissent de l'histoire), mais Ambiorix réussit à s'échapper.

[modifier] L'insurrection générale de la Gaule de -52

Une image Épinal : Vercingétorix dépose les armes aux pieds de Jules César à l'issue du siège d'Alésia
Une image Épinal : Vercingétorix dépose les armes aux pieds de Jules César à l'issue du siège d'Alésia

En présence :

Dès janvier 52 av. J.-C. la révolte se généralise et le chef Arverne Vercingétorix prend la tête d'une armée. Vercingétorix pratique la politique de la terre brûlée, mais épargne Avaricum (Bourges), que les romains prennent. L'assaut romain manqué de Gergovie conduit les Éduens, pourtant alliés de Rome et ennemis des Arvernes à se joindre à la coalition. Mais le défaite d'Alésia conduit la reddition de Vercingétorix.

[modifier] Campagnes de -51

  • En 51 av. J.-C., Corréos, un chef bellovaque, prend la tête d'une nouvelle coalition de Belges (Ambiens, Atrebates, Calètes, Véliocasses) et Aulerques. Les Bellovaques pénètrent en territoire suession et se retranchent sur un terrain protégé par des marais et des bois : César met le siège. Les Bellovaques, instruits par l'exemple d'Alésia, s'échappent de nuit et se réfugient dans un oppidum. César les poursuit. Une bataille s'engage où les Bellovaques sont défaits et Corréos tué.
  • Le long siège d'Uxellodunum, où se sont réfugiés les Cadurques de Luctérios et les bandes gauloises hétéroclites du sénon Drappès, verra la reddition des derniers combattants de la Gaule libre. Vainqueur de la place en la privant d'eau, César fait couper, pour l'exemple, les deux mains à tous les Gaulois pris, avant de les renvoyer chez eux. Lucterios sera bientôt livré à César.

[modifier] Compléments

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes