Winglet

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Winglet d'un Airbus A319
Winglet d'un Airbus A319

Un winglet est une ailette sensiblement verticale située en bout d'aile d'un avion. Cet ajout en bout d'aile permet de réduire la traînée induite par la portance sans augmenter l'envergure de l'aile.

Le winglet a été mis au point dans le centre de recherche de la NASA à Langley (États-Unis) en 1974 (publication en 1976) par l'aérodynamicien américain Richard Whitcomb. Ce dernier est connu par ailleurs pour ses travaux sur la loi des aires et sur les profils supercritiques.

Sommaire

[modifier] Principe

Tourbillon créé par le passage d'un avion, il est ici révélé par de la fumée rouge.
Tourbillon créé par le passage d'un avion, il est ici révélé par de la fumée rouge.

A l'extrémité de l'aile, le flux de l'intrados en surpression a tendance à passer sur l'extrados en dépression, générant un tourbillon marginal ou vortex. Ce dernier augmente non seulement la traînée de l'avion mais cause de la turbulence derrière l'appareil qui persiste sur de longues distances. Il est particulièrement dangereux d'entrer dans ce tourbillon derrière un avion gros porteur, ce qui conduit à des temps et des distances de séparation minimales dans la gestion des mouvements d'avions. La façon théorique de pallier cet effet serait d'allonger infiniment l'aile, ce qui n'est évidemment pas possible. Un allongement provoque également une augmentation de la surface, de la masse et des efforts de flexion de l'aile. Correctement positionnée, l'ailette peut récupérer une partie de l'énergie du tourbillon et le diffuser. Cela a pour effet d'augmenter l'allongement effectif de l'aile et de réduire la traînée induite par la portance, sans augmenter l'envergure. Le winglet recevant un flux d'air oblique peut redresser ce flux et développer une portance latérale légèrement dirigée vers l'avant, ce qui diminue sa traînée propre. Le gain d'efficacité est de l'ordre de quelques pourcents ; le chiffre de 2% pourrait être retenu comme valeur moyenne.

[modifier] Histoire et application

[modifier] Développement NASA

L'idée initiale vient de l'Anglais Frederick W. Lanchesteren 1897, quand il découvrit que des plaques... à suivre

Le concept a été mis au point par Richard Whitcomb, un ingénieur du Centre de recherche Langley de la NASA, dans les années 1970. Il a été appliqué sur un ravitailleur en vol KC-135 de l'U.S. Air Force testé au centre de recherche de Dryden en 1979, puis testé sur un Lockheed L-1011 et sur un McDonnell Douglas DC-10. Le Boeing 747-400 a été équipé de winglets en 1988, le MD-11 en 1991.

Sur le Boeing 747 Shuttle Carrier Aircraft qui transporte la navette américaine des dérives supplémentaires ont permis d'améliorer la stabilité directionnelle (fortement perturbée par le sillage de la navette sur la dérive axiale).

[modifier] Avions "canards"

Ayant pris connaissance des travaux de la NASA, Burt Rutan a installé des winglets sur son prototype "VariEze". Cet avion (qui est le premier avion de construction amateur en matériaux composites) a effectué son premier vol le 21 Mai 1975. Comme le VariEze est de type canard, le montage de winglets sur l'aile arrière a permis de réduire la traînée induite de l'aile tout en assurant la stabilité et le contrôle directionnel. Cette solution a été reprise sur d'autres avions canards de Burt Rutan : le Long-EZ, le bimoteur push-pull Defiant et sur le Beechcraft Starship qui a effectué son premier vol en 1986.

Beechcraft Starship 2000
Beechcraft Starship 2000


Des winglets ont été montés également sur le Rutan Voyager, le premier avion a avoir effectué le tour du monde sans ravitaillement et sans escale en 1987. Au cours du décollage, les ailes fortement chargées en carburant ont fléchi vers le sol et les winglets ont été arrachés. L'équipe au sol ayant recalculé la consommation prévisible, le vol fut maintenu malgré la perte des winglets.

[modifier] Aviation d'affaire

Les winglets ont été utilisés sur de nombreux avions à réaction pour obtenir les bénéfices d'un allongement effectif supérieur : réduire la distance de décollage pour décoller/atterrir sur des aéroports secondaires, augmenter l'altitude de vol pour augmenter la vitesse sol.

En plus de l'installation de winglets sur les nouveaux appareils, il existe un marché du retrofit pour installer des winglets sur les vieux appareils. Le winglet est devenue populaire pour les avions d'affaire ; seul Dassault a résisté à cette mode. Cessna a annoncé dernièrement un partenariat avec la société Winglet Technology pour tester des winglets de forme elliptique, dans le but d'augmenter l'autonomie et la charge marchande.

[modifier] LEARJET

Learjet exposa le prototype modèle 28 en 1977 à la convention NBAA. Le modèle 28 est le premier avion à réaction du monde à utiliser des winglets. Learjet a développé les winglets sans l'aide de la NASA. Bien que le modèle 28 soit resté un prototype, les performances étaient tellement améliorées que Learjet les a conservé pour sa production (note : l'aile du Learjet est à faible allongement, ce qui augmente l'effet positif des winglets). Les essais en vol donnèrent avec ou sans winglet une différence de 6.5 % en autonomie et une amélioration de la stabilité. Learjet a utilisé les winglets sur les nouveaux modèles comme les Learjet 55, 31, 60, 45 et le 40.

[modifier] GULFSTREAM AEROSPACE

Gulfstream a étudié les winglets à la fin des années 70 et a installé des winglets sur les modèles Gulfstream III, IV et V. Le Gulfstream V avait une autonomie de 6500 nm ce qui permet de relier sans escale New-York à Tokyo. Le Gulfstream V a décroché plus de 70 records nationaux et mondiaux.

Essai en soufflerie du Gulfstream V
Essai en soufflerie du Gulfstream V

[modifier] DASSAULT AVIATION

Le modèle F7X sera pourvu de winglets fabriqués en matériaux composites.

[modifier] BOEING

Boeing annonça en 1985, une nouvelle version du B-747, à savoir le 747-400 avec une autonomie et une capacité de chargement augmentées. L'aile de ce modèle présente une augmentation de l'envergure et le montage de winglets. L'autonomie a augmenté de 3.5 % par rapport au 747-400D qui a la même envergure.

Sur les nouvelles version du B-737 long range, Boeing a installé des winglets.

[modifier] Planeurs

En 1987, Peter Mask ingénieur en mécanique confia à Mark D. Maughmer (professeur d'école ingénieur en aéronautique) la conception de winglets pour améliorer les performances de son planeur de 15 mètres d'envergure.

Profil développé par Dr Maughmer
Profil développé par Dr Maughmer

[modifier] Terminologie

Winglet est le terme anglais pour désigner une ailette verticale marginale. Le terme français donné par l'arrêté du 20 février 1995 relatif à la terminologie des sciences et techniques spatiales est ailerette. Ce terme ailerette étant arrivé 20 ans plus tard que winglet, il est très peu (et même pas du tout) utilisé en aviation par les francophones.

Sur le Boeing 787, l'extrémité de voilure s'arrondit pour former une extension dirigée vers le haut sans point de cassure net. La revue aéronautique Air et cosmos [1] utilise ici le terme extrémité biseautée de voilure.

[modifier] Bibliographie

  • BOI, Pierre (1997): Dictionnaire aéronautique thématique et illustré Français/Anglais, éditeur La maison du dictionnaire", page 301: Winglets (windtip fins) = ailettes (de bouts d'ailes), ailettes marginales

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes

[modifier] Notes et références

  1. (fr) Air&Cosmos, n° 2069, 16 mars 2007, pages 34-35, pt. 67