Robert Tatin

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Robert Tatin, (9 janvier 1902, Laval - 16 décembre 1983, Cossé-le-Vivien) est un artiste français.

Il est surtout connu pour avoir créé un Environnement d'art spectaculaire devenu le Musée Robert Tatin, à Cossé-le-Vivien (Mayenne).

Sommaire

[modifier] Biographie

[modifier] Origine

Dans son quartier de l'Épine à Laval, il grandit à côté des plus pauvres. Il en gardera le sens de l'action désintéressée et de la solidarité avec les plus démunis. Sa jeunesse est scandée par les fanfares et les éclats du cirque. Il y forge son goût pour le clinquant, le verbe haut et fort et le paraître. Ce n'est pas à l'école qu'il puise ses connaissances car il y fait un passage plus que rapide. Il les acquiert d'abord comme simple tâcheron chez le père Baglin, en face de l'église Saint-Vénérand à Laval.

[modifier] Le voyage

Mais surtout, Robert Tatin est un homme de la route. Après un séjour de quatre années à Paris, de 1918 à 1922, où il fréquente les artistes du Bateau-Lavoir, il parcourt le pays comme compagnon du Tour de France.

En 1930, il crée une entreprise prospère en bâtiment, à Laval. Il découvre alors Rome, la Sardaigne, la Suisse et la Corse, puis l'Afrique du Sud et New York.

En 1950, il part pour le Brésil. Durant cet exil (de 1950 à 1955), il ne manquera pas de découvrir nombre de pays : l'Uruguay, l'Argentine, le Chili et la Terre de Feu, s'imprégnant de la culture amérindienne.

De ses innombrables voyages, il a retiré une densité humaine, une philosophie et une extraordinaire qualité artistique.

[modifier] Parcours artistique

Robert Tatin a eu un parcours singulier de semi-autodidacte :

Fréquentant dans sa jeunesse des académies libres de dessin et de peinture, étant même inscrit à l'Ecole des Beaux-Arts de Paris, il prit ensuite une orientation plus pratique et manuelle, en tant que géomètre, charpentier puis entrepreneur.

Lorsqu'il décida en 1945 de se lancer dans une carrière de peintre et sculpteur, il connut alors une certaine reconnaissance dans ces domaines (médaille d'or de sculpture à la biennale de São Paulo, Brésil, en 1956 ; premier prix de la critique à Paris en 1961). Il a fréquenté de nombreuses personnalités artistiques de l'époque : Prévert, Cocteau, Breton, Giacometti, Dubuffet... Il a connu et cotoyé les plus grands de la peinture contemporaine : Picasso, Chagall, Buffet.

Otto Hahn, critique artistique (notamment à L'Express), a écrit de nombreux articles sur Robert Tatin.[1]

Pourtant, lorsqu'à 60 ans il se réfugie dans son domaine de la Frénouse à Cossé-le-Vivien pour y bâtir son musée, chef-d'oeuvre visionnaire, ce sera une oeuvre hors-norme, plus proche des créations de l'Art brut et du Facteur Cheval que de celles des artistes savants...

[modifier] Musée Robert Tatin

Vue extérieure du Musée Robert Tatin - La Porte des Géants
Vue extérieure du Musée Robert Tatin - La Porte des Géants

En 1962, Robert Tatin revient définitivement s'installer dans le bocage mayennais avec sa femme Lise, en acquérant une maison en la Frénouse à Cossé-le-Vivien (près de Laval). C'est autour de cette maison qu'il réalisera pendant 22 ans (jusqu'à sa mort en 1983), l'oeuvre d'aboutissement de sa carrière et de sa vie : l'Etrange musée de Robert Tatin.

Reconnu Musée par André Malraux et inauguré comme tel en 1969, c’est une immense architecture sculptée apparentée aux Environnements visionnaires des Habitants-Paysagistes, et dédiée à l’Humanité. Il abrite les céramiques, dessins et peintures de Robert Tatin (et même d’autres types créations comme le vêtement). Amoureux des cathédrales, l’artiste y mêle symboles universels et poésie pour nous livrer sa pensée sur l’histoire du monde.

Le Musée se présente en plusieurs parties :

[modifier] L'Accueil et la Grange

Inaugurée en 1999, la Grange, située près du bâtiment d'accueil, présente en moyenne deux expositions temporaires par an.

[modifier] L'Allée des Géants

Elle est composée de dix-neuf statues qui accueillent le visiteur.

Chaque statue est une représentation symbolique des différentes époques de la vie de Robert Tatin, allant de l'enfance à l'homme âgé, le plus souvent à travers des personnages historiques. La première partie représente le temps d'apprentissage, avec Jeanne d'Arc, Vercingétorix, les verbes Avoir et Etre, Sainte-Anne, la Vierge de l'Epine et le Maître-Compagnon. La deuxième partie est un hommage aux figures de l'histoire de l'art qui ont marqué Tatin : André Breton, le Douanier Rousseau, Gauguin, Seurat, Rodin, Leonor Fini, Alfred Jarry et Ubu Roi, Toulouse-Lautrec, Valadon/Utrillo, Picasso et Jules Verne.

Une vingtième statue, « La Fleur », fut cassée par un camion en 1976. Tatin l'avait alors détruite, puis avait donné la tête à l'un de ses amis, qui vient de la rendre au musée où elle est aujourd'hui exposée.

[modifier] La Maison de Lise et Robert Tatin

C'est à partir de cette habitation de l'artiste, très ancienne, que s'est articulé le Musée. Elle se visite avec un Guide uniquement. Robert Tatin y a fait de nombreux aménagements intérieurs, y a vécu les 21 dernières années de sa vie et repose désormais, depuis 1983, sous une pierre tombale visible devant la maison.

[modifier] La Forteresse

Gardée par l'emblématique Dragon à la gueule grande ouverte, c'est la partie la plus importante et la plus impressionnante du Musée, son véritable Coeur (elle s'étend au sol sur près de 1200 mètres carrés).

Sur son mur extérieur, on peut admirer :

  • La Porte des Géants

Constituée de cinq grandes figures barbues, similaires et hiératiques, elle représente ceux que Tatin considère comme étant les plus grands peintres : Rembrandt, Van Gogh, Léonard de Vinci, Goya et Delacroix.

A l'intérieur, la Forteresse renferme :

  • Le Jardin des Méditations

C'est une sorte de patio articulé autour d'un bassin en forme de Croix de saint André. On en fait le tour dans le sens de rotation de la Terre (dextrogyre), en suivant de petites statuettes représentant les douze mois de l'année, et en passant devant des portails géants : Notre-Dame Tout-le-Monde, sorte de Menhir de 6,50 m de haut, et les impressionnantes Portes du Soleil et de la Lune. C'est en passant sous ces portails que l'on accède aux salles d'expositions...

  • Des salles d'expositions

Une grande salle est entièrement consacrée à la présentation des peintures de Robert Tatin. Les autres salles, de tailles plus modestes, abritent les céramiques, aquarelles et dessins de l'artiste.

[modifier] Le Champ de Sculptures

Situé à l'extérieur, inauguré en 2003 aux abords proches du Musée, il réunit un ensemble de sculptures contemporaines, la plupart offertes par les artistes à la suite de leur exposition dans la Grange. Ces sculptures sont au nombre de quatre, réalisées par Dominique Coutelle, Bernadette Nel, Pol Richard et Anthony Trossais.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Publications

  • « Toi ma Celtie », Bief, n° 1, édition Le Terrain Vague, novembre 1958  ;
  • « Traces 40. Robert Tatin présente le Tatin de la Frénouse, l'oeuvrier. Suivi de : Vive la Rate !... », Michel-François Lavaur. Le Pallet. Vallet, 1972, numéro spécial préparé par Alain Barré[2] ;
  • « Magie » en huit exemplaires, collection du musée Tatin  ;
  • « Etrange musée, Robert Tatin en Frénouse à Cossé-le-Vivien, Mayenne». Librairie Charpentier 1977. Préface de Otto Hahn. (Librairie Charpentier, Paris 1977) ;
  • « Lettre à André Breton » (La Brèche Action Surréaliste n° 4, . février 1983).

[modifier] Bibliographie

  • Robert Tatin. Paris, Librairie Charpentier, 1960. de Pierre Gueguen, et Henry Galy-Carles ;
  • Catalogue de l’exposition Robert Tatin de mai à juin 1968, à la Galerie de l’Université à Paris ;
  • Etrange musée, Robert Tatin en Frénouse à Cossé-le-Vivien, Mayenne. Librairie Charpentier 1977. Ecriture par Robert Tatin. Preface de Otto Hahn ;
  • L'étrange domaine de Robert Tatin. Simoën, 1977. Richard Jeandelle et Brigitte Jeandelle ;
  • L'univers de Robert Tatin. Groupe Célestin Freinet. 1983.

[modifier] Filmographie

Cinq films ont été tournés sur Robert Tatin :

  • De l'autre côté du miroir, film réalisé pour l'émission de télévision Terre des Arts par Max-Pol Fouchet en juin 1967 sur Magritte, Paul Delvaux, Aristide Caillaud et Robert Tatin ;
  • Un film de Jac Remise pour l'ORTF (janvier 1972) ;
  • Un film-actualités pour Fox-Moviétone (août 1974) ;
  • Un film de Claus Hermans pour la télévision allemande (juillet 1976) ;
  • "Tatin-Circus" de Robert Maurice et Claude Arrucci, pour FR3 Rennes (février 1977).

[modifier] Articles connexes

[modifier] Notes et références

  1. Voici ce qu'il dit dans la préface du livre de Tatin :« Etrange Musée » paru en 1977.: « Mystique ou autodidacte, qui est ce Tatin qui ne s'exprime que par calembours ou paradoxes ? Compagnon de Rabelais, frère de Alfred Jarry et du douanier Rousseau, de neuf ans le cadet d'Alain Gerbault, Robert Tatin est un philosophe sans philosophie. Non un artiste peintre, mais un peintre de métier.
    "Un conte Zen éclairera son attitude".
    Une des plus hautes disciplines étant le jeu de l'arc, l'archer Zen s'entraîne durant de longues années pour atteindre la perfectlcn ds son art. Lorsque chacun de ses coups touche le mille, il lui reste une dernière étape à franchir. Les yeux bandés , il s'enferme dans une chambre obscure. II bande son arc et tire douze flèches dont aucune ne rate la cible.
    Un sens mystérieux ou surhumain permet-il à l'archer Zen de percer les ténèbres ? Non. Le Maître a seulement compris qu'il n'y a pas de but et que le centre est partout.
    " Pourquoi tant d'exercices et de méditations alors que, sans viser, tout débutant peut planter son trait entre le plafond et le plancher ? Pour une simple raison : iI faut une lente ascèse pour se détacher des habitudes mentales qui séparent la flèche de l'objectif. La cible, c'est la flèche autant que le tir. Nul but n'est fixé car chacun doit déterminer le sien. Sans oublier qu'il s'agit d'un jeu."
    " Peut-être une farce..."
    " Dans toutes ses quêtes, Tatin retrouve la même réponse : on n'atteint jamais le paradis, à moins qu'on ne le crée. Pour les uns, ce sera de fabriquer ses propres meubles, pour d'autres de s'associer à la mise au point d'une turbine nucléaire. Tatin, lui, a choisi de construire la Frénouse. II ne prétend pas que ses statues soient supérieures à celles de Rodin ou plus modernes que les mobiles de Calder. Dans se chambre obscure, avec sa truelle et son compas, iI montre seulement où se cache la vie"
  2. Robert Tatin tente de jeter un pont entre l'homme et l'homme, de marier le ciel et la terre. Sculpteur, peintre, céramiste, il peuple la vieille ferme de la Frênouse, à Cossé-le-Vivien, de statues polychromes qui figurent son aventure intérieure : c'est le domptage-de-la-bête; qui illustrent les grands pricipes vitaux : porte-du-soleil, porte-de-la-lune; qui dressent un ensemble monumental en l'honneur de tout le monde : c'est notre-dame-tout-le-monde. Depuis peu, la Frênouse est devenue musée. La place manque ? il prolonge son oeuvre par un chemin de statues qui rejoint la route et peut-être ira jusqu'à la mer. Ce livre de dessins et poésie tend un nouveau bras. Alain Barré.

[modifier] Liens externes