Alfred Jarry

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Alfred Jarry
Portrait par Félix Vallotton.
Naissance 8 septembre 1873
Décès 1er novembre 1907
Activité Écrivain, romancier et dramaturge
Nationalité France Française
Œuvres principales Ubu Roi

Alfred Jarry est un poète, romancier et dramaturge français, né à Laval (Mayenne) le 8 septembre 1873 et mort à Paris le 1er novembre 1907.

Sommaire

[modifier] Biographie

Né dans une famille de négociants, Alfred Jarry entre à 15 ans au lycée de Laval avant de continuer ses études à Saint-Brieuc, puis à Rennes. Entre 1885 et 1888, il compose déjà des comédies en vers et en prose. Au lycée de Rennes, M. Hébert, professeur de physique, incarne aux yeux de ses élèves « tout le grotesque qui est au monde ». À ce titre, il est le héros d’une littérature scolaire abondante, dont un texte intitulé Les Polonais. En classe de première, Jarry va le mettre en forme de comédie : c’est la plus ancienne version d'Ubu Roi.

En 1891-1892, il est élève d’Henri Bergson et condisciple de Léon-Paul Fargue et d’Albert Thibaudet au lycée Henri-IV. Il échoue au concours d'entrée de l’École normale supérieure (trois échecs successifs suivis de deux échecs pour la licence en lettres). Par ses publications, Jarry rencontre Marcel Schwob, Alfred Valette (directeur du Mercure de France) et sa femme Rachilde. C’est dans la maison du couple qu’il présente, en 1894, Ubu Roi. Il collabore au Mercure de France et à la Revue Blanche. Deux ans plus tard, il entre en fonction auprès de Lugné-Poe qui lui confie le programme de la prochaine saison du Théâtre de l'Œuvre où la première d’Ubu roi eut lieu le 10 décembre 1896, évènement comparable à la bataille d’Hernani. Dès lors, les représentations des pièces de Jarry se suivent, au fil des cycles d’Ubu. De 1894 à 1895, il dirige l’Ymagier avec Remy de Gourmont : Recueil de gravures anciennes et nouvelles, d’études artistiques et philologiques qui paraît en fascicules trimestriels, in-4°. En 1896 se place l’évènement historico-mythique de l’achat de la bicyclette « Clément Luxe 96 course sur piste » que le marchand Trochon s’obstinera longtemps à vouloir faire payer au poète, en vain. Il fonde une revue d’estampes Perhinderion qui n’aura que deux numéros. En 1897, il a épuisé son héritage, mais achète un bateau, L’As, qui entrera dans la littérature par la geste de Faustroll. Son compatriote, le douanier Rousseau, l’héberge brièvement. Il s’installe ensuite rue Cassette, dans sa grande Chasublerie.

Alfred Jarry à bicyclette
Alfred Jarry à bicyclette

Dans l'ouvrage Gestes et opinions du docteur Faustroll, pataphysicien, édité après sa mort, il définit la pataphysique comme « la science des solutions imaginaires, qui accorde symboliquement aux linéaments les propriétés des objets décrits par leur virtualité ». (livre II, chapitre VIII), science que perpétue le Collège de 'Pataphysique fondé en 1948.

S’identifiant à son personnage et faisant triompher le principe de plaisir sur celui de réalité, Jarry a vécu comme il lui plaisait avec ses trois attributs : la bicyclette, le revolver et l’absinthe. Il leur sacrifiera la respectabilité et le confort. Dans une petite baraque proche d’une rivière, à côté d’un lit-divan, Rabelais composait l’essentiel de sa bibliothèque. L’humour lui a permis d’accéder à une liberté supérieure. « Jarry jouant Ubu, non plus sur scène mais à la ville, tend ainsi un terrible miroir aux imbéciles, il leur montre le monstre qu’ils sont. Il dit « Merdre aux assis ». » (Georges-Emmanuel Clancier)

Le 28 mai 1906, Jarry écrit à Rachilde : « (Le Père Ubu) n’a aucune tare ni au foie, ni au cœur, ni aux reins, pas même dans les urines ! Il est épuisé, simplement et sa chaudière ne va pas éclater mais s’éteindre. Il va s’arrêter tout doucement, comme un moteur fourbu. » Épuisé, malade, harcelé par ses créanciers, malgré l'aide financière apportée par Octave Mirbeau et Thadée Natanson, il fait des allers et retours Paris-Laval et meurt d'une complication de sa tuberculose (une méningite) six mois plus tard, à Paris, à l’hôpital de la Charité le 1er novembre 1907.

Ainsi, l’œuvre d’Alfred Jarry, au comique grinçant, met en scène de façon insolite les traits humains les plus grotesques. Il est l’inventeur du terme de « ’Pataphysique », science qui cherche à théoriser la déconstruction du réel et sa reconstruction dans l’absurde. Jarry est l’un des inspirateurs des surréalistes et du théâtre contemporain. Une statue signée Zadkine consacre l’hommage de sa ville natale.

Cet auteur est transformé par André Gide en personnage dans son roman Les Faux-Monnayeurs.

[modifier] Œuvres

  • Les Anticlastes (1886-1888) et premiers poèmes repris dans Ontogénie
  • La Seconde Vie ou Macaber (1888), repris dans les Les Minutes de sable mémorial
  • Onénisme ou les Tribulations de Priou (1888), première version d’Ubu cocu
  • Les Alcoolisés (1890), repris dans les Les Minutes de sable mémorial
  • Visions actuelles et futures (1894)
  • « Haldernablou » (1894), repris dans les Les Minutes de sable mémorial
  • « Acte unique » de César-Antéchrist (1894)
  • Les Minutes de sable mémorial (1894)
  • César Antéchrist (1895)
  • Ubu Roi (1896, rédigé vers 1888) Texte en ligne
  • L’Autre Alceste (1896)
  • Paralipomènes d’Ubu (1896)
  • Le Vieux de la montagne (1896)
  • Les Jours et les Nuits (1897)
  • Ubu cocu ou l'Archéoptéryx (1897)
  • L’Amour en visites (1897, publié en 1898)
  • Gestes et opinions du docteur Faustroll, pataphysicien, (achevé en 1898, publié en 1911)
  • Petit Almanach (1898)
  • L’Amour absolu (1899)
  • Ubu enchaîné (1899, publié en 1900)
  • Messaline (1900)
  • Almanach illustré du Père Ubu (1901)
  • « Spéculations », dans La Revue blanche (1901)
  • Le Surmâle (1901, publié en 1902)
  • « Gestes », dans La Revue blanche (1901). Publié en 1969 avec les « Spéculations » sous le titre La Chandelle verte.
  • L’Objet aimé (1903)
  • « Le 14 Juillet », dans Le Figaro (1904)
  • Pantagruel (1905, opéra-bouffe créé en 1911, musique de Claude Terrasse)
  • Ubu sur la Butte (1906)
  • Par la taille (1906), opérette
  • Le Moutardier du pape (1906, publié en 1907), opéra-bouffe
  • Albert Samain (souvenirs) (1907)
  • La Dragonne (1907, publié en 1943)
Publications posthumes
  • Spéculations (1911)
  • Pieter de Delft (1974), opéra-comique
  • Jef (1974), théâtre
  • Le Manoir enchanté (1974), opéra-bouffe créé en 1905
  • L’Amour maladroit (1974), opérette
  • Le Bon Roi Dagobert (1974), opéra-bouffe
  • Léda (1981), opérette-bouffe
Traductions
  • La ballade du vieux marin (1893, d’après The ancient mariner de Coleridge)
  • Les silènes (1900, théâtre, traduction partielle d’une œuvre de l’allemand Christian Dietrich Grabbe)
  • Olalla (1901, nouvelle de Stevenson)
  • La papesse Jeanne (1907, traduit du grec d’après le roman d’Emmanuel Rhoïdès)
Principales collaborations à des revues

[modifier] Bibliographie

  • Noël Arnaud, Alfred Jarry, d’Ubu roi au Docteur Faustroll, La Table Ronde, 1974
  • Michel Arrivé, Les langages de Jarry. Essai de sémiotique littéraire, éd. Klincksieck, 1972.
  • Henri Bordillon, Gestes et opinions d’Alfred Jarry, écrivain.
  • Patrick Besnier, Alfred Jarry, Fayard, Paris, 2005.
  • Ubu roi, adaptation télévisée intégrale de la pièce par Jean-Christophe Averty (1965), réédité en DVD par Universal en 2007, (accompagné de Un siècle d'écrivain : Alfred Jarry, réalisé par J.-C. Averty, 1995)

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes

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