Otto Hahn

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Otto Hahn (8 mars 1879 à Francfort-sur-le-Main - 28 juillet 1968 à Göttingen) fut un chimiste allemand et lauréat du Prix Nobel de chimie 1944. "Le père de la chimie nucléaire" (Prof. Glenn T. Seaborg, président de la United States Atomic Energy Commission, Washington D.C.).

Sommaire

[modifier] Biographie

Otto Hahn est né à Francfort-sur-le-Main, en Allemagne, le 8 mars 1879. Son père Heinrich Hahn, de souche paysanne, était vitrier et transforma son petit atelier artisanal en une entreprise florissante. Enfant, alors que son père rêvait de faire de lui un architecte, Otto Hahn faisait des expériences de chimie dans la buanderie de la maison familiale. Il était déjà réputé pour son extraordinaire mémoire.

[modifier] Premières recherches

C'est en 1897 qu'il entreprend des études de chimie et minéralogie à Munich et à Marbourg. Pour parfaire ses connaissances en anglais, Otto Hahn part pour l'université de Londres, chez Sir William Ramsay qui avait découvert les gaz rares. C'est au laboratoire de Ramsay qu'il commence à s'intéresser à la radioactivité naturelle qui venait d'être découverte. Il entrevoit la possibilité de l'existence d'un élément encore inconnu, le radiothorium, père du thorium X. Il demande à Sir Ernest Rutherford, alors à Montréal, une place pour venir travailler avec lui. Ce dernier, ne croyant pas au radiothorium qui n'avait été prouvé que chimiquement, initie Otto Hahn à la physique des rayons alpha. C'est à Montréal que Otto Hahn découvre le thorium C, émetteur alpha et beta de courte période, ainsi que le radioactinium. Son séjour au Canada le marque profondément. Il dit avoir trouvé là, pour le reste de sa vie, une échelle de valeurs.

[modifier] Retour en Allemagne

Otto Hahn et Lise Meitner dans leur laboratoire
Otto Hahn et Lise Meitner dans leur laboratoire

Il retourne en Allemagne, à l'Institut de chimie de L'université de Berlin où il rencontre, en 1907, Lise Meitner, qui venait de l'Institut de physique de l'université de Vienne. Il entreprendra avec elle une collaboration de trente ans.

En mars 1913, Otto Hahn avait épousé Edith Junghans de Stettin, qui se destinait au professorat d'art et de dessin. En 1922 leur fils, Hanno Hahn, est né à Berlin (mort en France, avec sa femme Ilse, en 1960).

C'est à Otto Hahn que l'on doit aussi la découverte du mésothorium I (1907), du mésothorium II (1907), du ionium (1907), puis du protactinium (1917), en collaboration avec Lise Meitner. Otto Hahn mit en évidence l'isomérie nucléaire, en 1921, sur l'uranium Z.

Il s'intéressa également à la formation des isotopes du strontium, qui est à la base de la méthode de datation connue aujourd'hui comme "méthode du rubidium-strontium".

Au cours de ces recherches, Otto Hahn fit preuve de talents de chimiste particulièrement remarquables. Avec une honnêteté intellectuelle rigoureuse, il ne laissait de coté aucun petit fait; très persévérant, il manipulait avec un très grand soin et beaucoup de précision; très consciencieux, il notait tous les si et les mais dans son cahier de laboratoire.

[modifier] La découverte de la fission nucléaire

Avec Lise Meitner, puis avec son assistant Fritz Strassmann, il se lanca, dès 1935, dans l'étude de ce que l'on pensait etre alors des transuraniens. À la fin de 1938, avec Fritz Strassmann, grâce à une analyse radiochimique méticuleuse, Otto Hahn découvrit la fragmentation de l'uranium en deux noyaux plus légers, phénomène qui fut appelé fission. L'article portant leur signature fut envoyé à la revue "Naturwissenschaften" le 22 décembre 1938 et publié dans le numéro du 6 janvier 1939. Il s'agit là de l'acte de naissance de l'énergie nucléaire.

Pour ce travail, la découverte de la fission nucléaire, Otto Hahn se vit décerner, en 1945, le Prix Nobel de chimie pour l'année 1944. Le gouvernement nazi avait souhaité qu'il refusât ce prix. Il ne put aller le recevoir qu'à la fin de l'année 1946.

[modifier] Après-guerre

A l'arrivée des troupes alliées, en Allemagne, Otto Hahn avec quelques-uns de ses collègues fut emmené pendant quelques mois en Angleterre, à Farmhall. Après son retour, il s'installa à Göttingen, où il œuvra à la transformation de la Société Kaiser Wilhelm en Société Max Planck, dont il fut le premier président de 1946 à 1960.

Après la guerre il devint un militant contre l'utilisation des armes nucléaires et il mit ses compatriotes en garde contre toute utilisation inhumaine des découvertes scientifiques.

Otto Hahn fut membre ou membre d'honneur en 45 Académies et Sociétés scientifiques et également lauréat de 37 médailles et ordres dans tout le monde. Il est lauréat de la médaille Faraday de la Royal British Chemical Society à Londres en 1956. Il devient membre étranger de la Royal Society le 9 mai 1957. En 1959 il est nommé Officier dans l'Ordre National de la Légion d'honneur par le président Charles de Gaulle.

Institut de chimie Kaiser-Wilhelm (aujourd'hui "Bâtiment Otto Hahn de l'Université libre" de Berlin) endroit où fut découverte la fission nucléaire
Institut de chimie Kaiser-Wilhelm (aujourd'hui "Bâtiment Otto Hahn de l'Université libre" de Berlin) endroit où fut découverte la fission nucléaire

Otto Hahn avait une très forte et très riche personnalité. Bien que modeste, il se réjouissait de sa popularité grandissante. "Je crois que je suis célèbre, mais je ne suis qu'un chimiste", disait-il. Alpiniste, il faisait volontiers des ascensions sans guide. Otto Hahn aimait la musique - Beethoven, Brahms, Tchaïkovski. On dit qu'il chantait, comme ténor, dans une chorale dirigée par Max Planck, avant la Première Guerre mondiale.

Otto Hahn meurt à Göttingen, le 28 juillet 1968, maître insurpassé dans l'art d'identifier les éléments et les corps radioactifs.

Des propositions furent faites à plusieurs reprises pour donner le nom de Hahnium à des éléments chimiques, notamment aux éléments 105 et 108, sans succès.

Le premier navire marchand à réacteur nucléaire, le NS Otto Hahn, porte son nom.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Orientation bibliographique

  • Otto Hahn (1966). Otto Hahn: a scientific autobiography, Scribner’s (New York) : xxiv + 296 p.
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