Robert II de Beaumont

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Robert de Beaumont dit le Bossu (11045 avril 1168), fut le 2e comte de Leicester, et justicier d'Angleterre.

Il était le fils de Robert de Beaumont († 1118), comte de Meulan et 1er comte de Leicester et d'Élisabeth de Vermandois. Il était aussi le frère jumeau de Galéran IV de Meulan. On ne sait s'ils étaient de vrais jumeaux.

Sommaire

[modifier] Sous le règne d'Henri Ier

Adolescents, les deux frères furent adoptés par la cour royale peu après la mort de leur père (1118). Le roi confia leurs terres à un groupe de gardiens, notamment leur beau-père Guillaume II de Warenne. Ils accompagnèrent le roi Henri Ier Beauclerc en Normandie, à l'occasion d'une rencontre avec le pape Calixte II, en 1119. Les deux frères engagèrent un débat philosophique avec les cardinaux, preuve de leur haute éducation sous la tutelle d'Henri[1].

En 1120, Robert fut déclaré en âge d'hériter. Il reçut les possessions et titres anglais de son père, soit essentiellement le comté de Leicester, et Galéran des possessions et titres franco-normands, notamment le titre de comte de Meulan. Cependant, en 1121, la faveur royale apporta à Robert l'honneur de Breteuil-sur-Iton, par le mariage avec Amicie de Montfort, fille de Raoul II de Gaël. Le protégé d'Henri Ier passa la décade à essayer d'intégrer les turbulents et indépendants seigneurs de l'honneur normand dans le grand complexe de ses États.

Robert ne se joignit pas à la rébellion de son frère Galéran contre Henri Ier en 1123-1124. Il apparaît par intermittence à la Cour malgré l'emprisonnement de son frère mais il faut préciser que leur sœur Isabelle était à cette époque la maîtresse du roi. Galéran fut libéré en 1129 et par la suite on retrouve fréquemment ensemble les jumeaux à la cour royale.

[modifier] Sous le règne d'Étienne

En 1135, les deux frères étaient au chevet d'Henri Ier lors de sa mort. La succession était promise à Mathilde l'Emperesse, la fille du roi, mais Étienne de Blois usurpa le trône en prétendant que le roi avait changé d'avis sur son lit de mort. S'ensuivit une guerre civile pour la couronne d'Angleterre. Les jumeaux se rallièrent au nouveau roi. Pendant les deux premières années du règne, Robert dut protéger l'honneur de Breteuil en Normandie contre les alliés du mari de Mathilde, Geoffroy Plantagenêt. En juin 1136, il enleva Pont-Saint-Pierre à son rival Roger III de Tosny. La place des deux Beaumont à la cour ne cessait de grandir. En 1139, ils convainquirent le roi de se débarrasser du justicier Roger, évêque de Salisbury.

Le roi Étienne manquait d'autorité, ce qui précipita, en septembre 1139, le royaume dans un état « d'anarchie » comme dans le duché de Normandie. Robert entra en conflit avec Robert de Gloucester, le fils bâtard d'Henri Ier et principal soutien de l'Emperesse à partir de 1138. Son port de Wareham et ses États dans le Dorset furent saisis par Gloucester lors de la première campagne de la guerre. Dans cette campagne, le roi récompensa Robert de Leicester de la ville et du château d'Hereford. Les historiens débattent si cette concession n'est pas en fait l'offre du comté. Quoiqu'il en soit, c'est l'Emperesse qui tenait la région et elle désigna Miles de Gloucester comte d'Hereford. Probablement, à la fin 1139, Robert refonda la collégiale de son père, l'église Sainte-Marie de Castro à Leicester comme une abbaye augustinienne.

La bataille de Lincoln (2 février 1141) vit la capture et l'emprisonnement du roi Étienne. Bien que le comte Galéran continua vaillamment le combat royaliste durant l'été, il finit par capituler devant l'Emperesse et partit en Normandie faire la paix avec le mari de Mathilde, Geoffroy Plantagenêt, comte d'Anjou. Quant au comte Robert, il était déjà en Normandie depuis 1140 essayant de contenir l'invasion angevine. C'est lui qui négocia les termes de la reddition de son frère mais dès qu'il quitta la Normandie pour rejoindre l'Angleterre, ses possessions normandes furent confisquées et servirent à récompenser les fidèles normands de l'Emperesse. Le comte de Leicester reste dans son comté anglais le reste du règne d'Étienne. Bien qu'il ait été officiellement un soutien du roi, il semble qu'il y ait eu peu de contact entre Étienne et lui. L'activité principale de Robert entre 1141 et 1149 consista en sa guerre privée contre Ranulf de Gernon, comte de Chester. Quand Robert de Gloucester mourut en 1147, Robert de Leicester conduisit le mouvement parmi les plus grands comtes d'Angleterre pour négocier des traités privés dans le but d'établir la paix dans leurs régions, une démarche accélérée par le départ de Mathilde en Normandie, et terminée en 1149. Pendant ce temps, le comte supervisait le comté de Worcester de son frère Galérann et en 1151 il intervint pour faire échouer la tentative du roi de s'emparer de la ville.

En janvier 1153, la venue en Angleterre du duc de Normandie, Henri Plantagenêt, fils de Mathilde, fut une grande opportunité pour le comte Robert. Ils négocièrent probablement un accord : le comte le soutiendrait si le duc le restaurait dans ses biens normands. En juin 1153, ils célèbrent la Pentecôte ensemble au château de Leicester. Après le traité de Wallingford (novembre 1153) entre le roi Étienne et le duc, les jumeaux se mirent au service de ce dernier. En janvier 1154, le comte de Leicester accompagna en Normandie Henri qui lui rendit ses châteaux et honneurs normands.

[modifier] Sous le règne d'Henri II

Henri Plantagenêt devint roi d'Angleterre en octobre 1154. Robert fut nommé aux fonctions de sénéchal héréditaire d'Angleterre et de Normandie et de chef justicier. Ce dernier office donnait au comte le contrôle de l'administration, que le roi soit présent ou non dans le royaume. A ce poste, il s'entoura d'un jeune collègue Richard de Lucy, un autre ancien serviteur du roi Étienne. Le comte remplit sa fonction pendant quatorze ans et gagna le respect de l'émergente bureaucratie angevine. Ses avis étaient repris par les clercs érudits et son propre savoir était hautement loué. Il jouait quasiment le rôle d'un vice-roi, pendant les absences du roi entre décembre 1158 et janvier 1163, puis encore en 1165. Son nom apparaît en haut de la constitution de Clarendon, et il était présent au concile de Northampton.

Il meurt le 5 avril 1168, probablement en son château de Brackley dans le Northamptonshire, car ses entrailles sont conservées à l'hôpital de la ville. Sur son lit de mort, il fut reçu chanoine de Leicester et son enterrement eut donc lieu dans le chœur de l'abbaye.

[modifier] Patronage d'églises

En plus de l'abbaye Sainte-Marie de Pré à Leicester, le comte fonda l'abbaye cistercienne de Garendon en 1133, le prieuré de Nuneaton (ordre de Fontevraud) entre 1155 et 1160, le prieuré de Luffield et l'hôpital de Brackley. Il recréa la collégiale de Saint-Marie de Castro comme dépendance de l'abbaye de Leicester autour de 1164, après l'avoir supprimé en 1139. Vers 1139, il refonda la collégiale de Wareham comme prieuré de son abbaye normande de Lyre. Ses fondations principales en Normandie furent le prieuré du Désert dans la forêt de Breteuil et un grand hôtel-Dieu à Breteuil-sur-Iton. Enfin, il dota généreusement l'abbaye bénédictine de Lyre, le plus ancien monastère de l'honneur de Breteuil.

[modifier] Famille et descendance

Après 1120, il épousa Amicie de Montfort († vers 1168), fille de Raoul II de Gaël, seigneur de Gaël, de Montfort (Bretagne) et de Breteuil, petite-fille de Raoul de Gaël, comte de Norfolk et de Suffolk, qui fut chassé d'Angleterre pour trahison par Guillaume le Conquérant.

Amicie était la promise de Richard de Lincoln, un fils illégitime du roi Henri Ier avant qu'il ne meure dans le naufrage de la Blanche-Nef. Ils eurent 4 enfants :

[modifier] Notes et références

  1. D'autres preuves : un traité d'astronomie conservé à la British Library porte une dédicace au « comte Robert de Leicester, homme de profonde connaissance, le plus accompli en matière de droit ». À sa mort, il abandonna son psautier à l'abbaye qu'il avait fondé à Leicester. L'existence de ce livre indique que Robert suivait les heures canoniales dans sa chapelle

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens internes

[modifier] Bibliographie

  • D. Crouch, The Beaumont Twins: the Roots and Branches of Power in the Twelfth Century, Cambridge, 1986.
  • J. H. Round, Beaumont, Robert de, Earl of Leicester dans Dictionnary of National Biography, 1885. [(en) lire en ligne].

[modifier] Références