Roger de Salisbury

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Roger, mort en 1139, fut évêque de Salisbury.

À l’origine, Roger était prêtre d’une petite chapelle près de Caen lorsque le futur roi Henri Beauclerc, impressionné par la rapidité avec laquelle il lisait l’office un jour qu’il était venu y entendre la messe, le prit à son service. Bien qu’inculte, Roger montrait un grand talent pour les affaires. Monté sur le trône, Henri le nomme presque immédiatement chancelier (1101). Peu après, Roger reçoit l’évêché de Salisbury et parvient habilement à conserver la faveur tant du roi que d’Anselme de Cantorbéry dans la querelle des Investitures. Roger transforme les affaires administratives de fond en comble. Il crée l’Échiquier, système contrôlé par lui et sa famille pour plus d’un siècle. Ayant mis sa position à profit pour amasser du pouvoir et des richesses, il devient le premier homme en Angleterre après le roi et régent, sinon en droit, du moins dans les faits, qui gouverne l’Angleterre lorsque Henri se rend en Normandie.

Il réussit à obtenir l’évêché de Cantorbéry pour son candidat, Guillaume de Corbeil. Il paraît avoir eu la garde du duc Robert Courteheuse après sa capture à la bataille de Tinchebray. Bien que Roger ait prêté allégeance l’Emperesse Mathilde, il détestait le parti angevin et se rallia à Étienne de Blois, emmenant avec lui le trésor royal et le système administratif (1135). Étienne plaça une grande confiance en lui, ses neveux, les évêques d’Ely et de Lincoln et son fils Roger, qui était trésorier, déclarant que si Roger exigeait la moitié du royaume, il devrait l’avoir.

Néanmoins, Étienne était monté contre l’influence contraignante de la clique officielle que représentait le vieil évêque qui se comportait comme s’il était l’égal du roi. Il avait ainsi fait construire le château le plus splendide de la chrétienté à Devizes dans le Wiltshire. Lui et ses neveux semblent avoir construit un certain nombre de châteaux hors de leurs propres diocèses. À un conseil tenu en juin 1139, Étienne imagina un prétexte pour exiger une reddition de leurs châteaux et, sur leur refus, il les fit arrêter. Après une courte lutte, tous les grands châteaux de Roger furent mis sous séquestre.

Mais Henri de Blois, l'évêque de Winchester exigea le rétablissement de l’évêque. Le roi fut considéré comme ayant commis un crime presque impardonnable en contrevenant aux injonctions des Écritures pour avoir usé de violence sur des membres de l’Église. Étienne adopta une attitude de défi et la question demeura en suspens. Cette querelle avec l’Église, immédiatement avant le débarquement de l’Emperesse, eut des conséquences graves pour Étienne car dès que le sort des armes lui fut défavorable, le clergé s’empressa de se déclarer pour l’Emperesse Mathilde.

L’évêque Roger ne devait pas vivre assez longtemps pour se voir vengé. Il mourut à Salisbury en décembre 1139. C’était un grand bureaucrate et un bâtisseur dont le goût était en avance sur son âge. Ses contemporains ont néanmoins probablement raison lorsqu’ils font de lui le type de l’évêque plongé dans les affaires du monde, ambitieux, avare, affranchi de toute notion de moralité personnelle.

[modifier] Référence

  • Edward J. Kealey, Roger of Salisbury, viceroy of England, Berkeley, University of California Press, 1972
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