Miles de Gloucester

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Milo[1] ou Miles de Gloucester, parfois Miles Fitz Walter († 24 décembre 1143), 1er comte d'Hereford, lord de Brecknock[2] et d'Abergavenny, shérif du Gloucestershire, et connétable d'Angleterre, fut un important baron normand, l'un des acteurs principaux de la guerre civile anglaise dite l'Anarchie anglaise qui opposa le roi Étienne d'Angleterre à Mathilde l'Emperesse, pour la couronne d'Angleterre.

Il était le fils de Walter de Gloucester († v. 1126), shérif héréditaire du Gloucestershire, et de Berthe.

Sommaire

[modifier] Biographie

[modifier] Sous le règne d'Henri Ier

Miles succéda à son père aux alentours de 1126. Il hérita de la charge héréditaire de shérif du Gloucestershire et de châtelain de Gloucester. Ces fonctions avaient été acquises par son grand-père Roger de Pîtres sous le règne de Guillaume le Conquérant. Par mariage, il entra en possession de la marche galloise de Brecknock. Sa femme était la fille et seule héritière de Bernard de Neuf-Marché, le conquérant de l'ancien Royaume de Brycheiniog (devenu Brecknockshire). À la mort de ce dernier, en 1125, il hérita aussi des possessions de son beau-père dans le Herefordshire. Vers 1141, Mathilde l'Emperesse lui donna la seigneurie d'Abergavenny en récompense.

Ayant un pouvoir important dans l'ouest du Royaume d'Angleterre, Miles fut choisi par Henri Ier Beauclerc pour être l'un de ses « nouveaux hommes », sur qui il comptait pour administrer le royaume à la place des représentants des familles plus établies. Il fut appointé connétable d'Angleterre par le roi vers 1130[3]. Il est le premier détenteur connu de cette charge royale.

La puissance considérable que lui donnaient ses fonctions était renforcée par son action de justicier local. Il fut loyal au roi Henri Ier Beauclerc, et comme tous les barons du royaume, jura de préserver les droits à la couronne de Mathilde, la fille héritière d'Henri Ier.

[modifier] Pendant l'Anarchie anglaise

Néanmoins, à la mort du roi en 1135, il reconnut aussitôt Étienne de Blois, le cousin de Mathilde, comme roi d'Angleterre. À la Pâques 1136, il était son connétable. Miles resta proche du roi dans les premières années de son règne, jouant notamment un rôle important dans la répression du soulèvement gallois de 1136.

En 1139, Mathilde débarqua en Angleterre, et il rejoignit presque aussitôt son parti. Ce soudain revirement d'allégeance doit probablement autant à une légitime adhésion à la cause de l'Emperesse, qu'à son instinct de conservation. En effet, son très puissant voisin Robert de Gloucester, 1er comte de Gloucester, et demi-frère de Mathilde, avait déjà rejoint son parti.

Quelle que soit sa motivation, Miles se montra l'un des commandants les plus efficaces de Mathilde. En 1139, il plaça les villes de Gloucester et Hereford sous son contrôle, secourut Wallingford, et mit à sac Worcester. Le roi Étienne le priva immédiatement de sa dignité de connétable[4]. En 1141, il ne put que s'enfuir de la déroute de Winchester en abandonnant ses armes et son armure. Il arriva alors à Gloucester « fatigué, seul, et à moitié nu »[5].

Plus tôt cette année-là, après la capture du roi Étienne à la bataille de Lincoln, Mathilde était virtuelle reine d'Angleterre. Elle le créa comte d'Hereford le 25 juillet 1141, le confirmant ainsi dans sa fonction de commandant militaire des marches galloises du sud. L'une de ses missions était de lever des fonds pour les campagnes de l'Emperesse. Ne voyant pas pourquoi le clergé échapperait à l'impôt, il essaya de taxer l'Église. Il rencontra une opposition sévère du corps ecclésiastique, et fut même frappé d'interdit par Robert de Béthune, évêque d'Hereford.

C'est probablement à ses pratiques fiscales, communes dans les deux camps durant la guerre civile, que l'on doit le ton hostile et lugubre des commentateurs ecclésiastiques du conflit. Il fut écrit que c'était un temps où « les hommes disaient ouvertement que le Christ et ses saints dormaient ».

Bien qu'apparemment inconstant, Miles ne fut pas l'un des représentants de l'anarchie féodale. Il avait choisit le camp de l'Emperesse probablement par calcul politique, mais une fois décidé, il resta loyal. Il fut pourtant associé à Ranulph de Gernon et Geoffrey de Mandeville comme étant de ceux qui n'agissaient pas pour le bien public.

Il trouva la mort en chassant dans la forêt de Dean, tué par une flèche perdue. Un accident rappelant étrangement les circonstances de la mort du roi Guillaume II le Roux. Il fut inhumé au prieuré de Llanthony, Brecknockshire.

[modifier] Mariage et descendance

En 1121, il épousa Sybille de Neuf-Marché, fille et héritière de Bernard de Neuf-Marché († 1125), lord de Brecknock, et de Nesta[6]. Ils eurent huit enfants connus[7] :

  • Roger († 1155), succéda à son père comme comte d'Hereford, lord d'Abergavenny et Brecknock, et connétable d'Angleterre. Après une dispute avec Henri II, il rendit son titre en 1154. Plus tard le roi le lui redonna, et il s'éteint à sa mort ;
  • Walter († 1159 ou après), succéda à son frère comme lord d'Abergavenny et Brecknock. Connétable d'Henri II, shérif du Gloucestershire. Il mourut pendant un pèlerinage en Palestine ;
  • Henri († entre 1159 et 1163), il succéda à son frère Walter. Connétable d'Angleterre. Il mourut assassiné par un Gallois ;
  • Mahel († v. 1164), il succéda à son frère Henri ;
  • William († v. 1165), il succéda à son frère Mahel ;
  • Margaret († 1187), épousa Humphrey de Bohun, sénéchal d'Henri Ier puis d'Étienne. Leur fils Humphrey héritera apparemment de la fonction de connétable d'Angleterre ;
  • Berthe, épousa William de Braose ;
  • Lucy († après 1193), épousa Herbert FitzHerbert, chambellan d'Henri Ier.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Notes

  1. Milon en français
  2. appelé aussi Breconshire (Pays de Galles).
  3. G.E. Cokayne, The Complete Peerage, vol. VI, p. 452, note de bas de page b.
  4. Florence de Worcester, Chronique de Florence de Worcester, traduit du latin par Thomas Forester, Londres, 1854, p. 272
  5. Florence de Worcester, id, p. 285
  6. Forme galloise d'Agnès.
  7. The Complete Peerage, volume I, page 20

[modifier] Sources

  • Christopher Teyerman, « Miles of Gloucester », dans Who's Who in Early Medieval England, 1066-1272, Éd. Shepheard-Walwyn, 1996, p. 148-149, (ISBN 0856831328).
  • D. Walker, Miles of Gloucester, Bristol and Gloucester Archeological Society, 1958-1959.
  • Comtes d'Hereford sur Medieval Lands.
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