Bataille de Lincoln (1141)

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La bataille de Lincoln ou première bataille de Lincoln se déroula le 2 février 1141. Cet événement est un épisode important d'une période sombre de l'Histoire de l'Angleterre : l'Anarchie à l'issu duquel le roi Étienne fut capturé.

Sommaire

[modifier] Contexte

[modifier] Prise du château de Lincoln

Ranulf de Gernon, 2e comte de Chester avait un contentieux avec le roi Étienne d'Angleterre depuis que celui-ci avait donné des terres du comté de Northumbrie au prince Henri (fils du roi David Ier d'Écosse) dans les traités de paix de Durham de 1136 et 1139. Ranulf revendiquait la possession de ces terres que son père avait été forcé de rendre au roi Henri Ier d'Angleterre. Il était prêt à se révolter afin de pouvoir en reprendre possession.

Fin septembre 1140, le prince Henry assistait à la cour du roi Étienne, et Ranulf avait planifié de l'attaquer quand il serait sur le chemin du retour vers l'Écosse. Mathilde de Boulogne, reine d'Étienne, ayant eu vent du complot et étant une femme d'honneur, persuada son mari d'escorter le prince jusqu'en Écosse. Les plans de Ranulf étant contrariés, il décida de prendre le château de Lincoln, soit pour attirer l'escorte royale dans un traquenard, soit pour la ridiculiser.

Aidé par son demi-frère utérin Guillaume de Roumare, il mit au point une ruse.Ils envoyèrent leurs deux femmes rendre visite à la femme du chevalier dirigeant la garnison installée là par Étienne, en vue de garder la place forte. Après quelque temps, Ranulf arriva habillé en vétêments ordinaires et escorté par trois chevaliers nonchalants. Il semblait qu'il venait chercher les deux femmes. Aussitôt qu'elles arrivèrent, ils se saisirent de toutes les armes qu'ils purent et firent entrer Guillaume et des renforts dans le château. Ils éjectèrent la garnison royale.

[modifier] Étienne fait la paix

Le roi Étienne fit un pacte avec les deux frères, afin d'une part de laisser le comté de Lincoln en paix, et d'autre part, afin de ne pas précipiter Ranulf vers le parti de Mathilde l'Emperesse. De plus, il était certain qu'au cas où le roi d'Écosse romperait le traité de paix, Ranulf pourrait être utilisé contre lui avec les terres du nord comme récompense.

Donc Étienne ravala sa fierté, et Guillaume de Roumare fut fait comte de Lincoln. A Ranulf fut donné les pouvoirs administratif et militaire sur le comté de Lincoln et sur la ville et le château de Derby.

[modifier] Reprise de Lincoln

Toutefois, les citoyens de Lincoln écrivirent au roi à Londres pour se plaindre du traitement qui leur était réservé par les deux frères. Ils l'informèrent aussi que ces deux derniers n'étaient pas du tout sur leurs gardes et que s'il venait rapidement, il reprendrait facilement le château et capturerait les deux intriguants. Le roi ne put résister à l'appel du combat, et à la tentation de reprendre Lincoln qui était une des villes les plus importantes de son royaume.

Étienne arriva le 6 janvier 1141, et comme attendu trouva la ville non défendue. Il prit possession de la cité et immédiatement assiégea le château. Mais bien qu'il ait été rapide, il ne le fut pas assez car Ranulf était retourné vers son comté de Chester entretemps. Étienne captura tout de même 17 chevaliers et commença à utiliser ses machines de siège contre le château. La famille de Ranulf ainsi que celle de son frère, et Guillaume de Roumare lui-même été retranchés à l'intérieur.

[modifier] Le comte de Chester prend le parti de l'Emperesse

Le comte Ranulf, averti de la situation, rassembla ses troupes formées de serviteurs du comté de Chester ainsi que de Gallois. Il contacta aussi son beau-père Robert de Gloucester, lieutenant du parti de Mathilde l'Emperesse, sa fille étant prisonnière du château. En échange de l'aide que lui apporterait Robert, Ranulf promis fidélité à l'Emperesse.

Pour Robert et les autres soutiens de Mathilde, c'était une excellente nouvelle, car Ranulf etait un grand du royaume, et cela donnait un avantage supplémentaire à leur cause. Robert leva immédiatement une armée et se dirigea vers Lincoln.

Étienne fut averti de ce revirement, mais bien que ses conseillers lui dirent qu'il serait mieux pour sa sureté qu'il quitte la ville, il n'en fit rien. Étienne très soucieux de sa propre réputation décida qu'il était préférable qu'il mène ses troupes. De plus il doutait que Robert de Gloucester soit assez hardi pour venir batailler à Lincoln.

Les troupes impérialistes arrivèrent le 1er février 1141. Rien ne fut tenté ce jour là. Les tentes furent plantées, et une nuit de repos fut prise.

[modifier] La bataille

[modifier] Les forces en présence

[modifier] Mise en place

Dès les premières lueurs du jour le lendemain matin, 2 février, les troupes du roi furent mises en ordre de bataille et divisées en trois. La majeure partie de l'armée est à pied, Étienne s'y joint. Le reste étant à cheval, il les place sur les deux ailes bien que le nombre de cavaliers ne soit pas assez important. Dans l'aile de gauche se trouvent les comtes de Richmond, Norfolk, Northampton, Worcester et Surrey. Dans l'aile de droite : le comte de York, et Guillaume d'Ypres. Galéran de Meulan dirige cette armée.

Dans le camp adverse, le comte de Chester et ses hommes sont placés au centre, les nobles deshérités par Étienne se placent avec les troupes sur l'aile de droite. Sur l'autre aile se trouvent les Gallois. Le comte de Gloucester tient l'arrière-garde et commande cette armée.

Le nombre d'hommes de chaque côté est peu ou prou le même. Le camp du roi est court en hommes à cheval, mais plus nombreux en combattants à pied.

[modifier] Le déroulement de la bataille

Alors que la bataille s'engage, il est dur de deviner quel camp va prendre le meilleur sur l'autre. Mais rapidement, l'aile des deshérités écrase l'aile adverse menée par Alain de Bretagne et les autres comtes. À l'opposé, le comte d'York et Guillaume d'Ypres mettent les Gallois en fuite. Mais une partie des hommes du comte de Chester se détachent et les assaillent, les mettant en déroute à leur tour.

Guillaume d'Ypres avec ses mercenaires flamands et Alain avec ses bretons sont les premiers à se retirer, encourageant de fait leur adversaires et laissant leurs alliés au bord de la panique. Le comte Galéran de Meulan, son frère jumeau Robert II de Beaumont, Gilbert de Clare et d'autres chevaliers voyant cela se retirent à leur tour.

Le roi se retrouve seul, et en hardi combattant qu'il est, envoie ses hommes à l'assaut de ses ennemis. Le combat est féroce, et bien qu'ils se battent contre une armée en surnombre, ils résistent bien. Cependant, après un temps, les assauts répétés des chevaliers adverses font leur effet, et le roi est capturé par Guillaume de Cahagnes.

[modifier] Conclusion

De nombreux nobles sont capturés suite à la bataille : Gilbert de Gand, Richard FitzUrse, Baldwin FitzGilbert, Roger de Montbray, William II Peverel de Nottingham, Richard de Courcy, Ilbert de Lacy, Ingelram de Say, Bernard de Balliol.

Alain de Bretagne devra abandonner son honneur de Richmond en rançon à Ranulf, qui l'avait capturé.

Le comte Ranulf et d'autres vainqueurs entrent dans la cité et la mettent à sac comme c'est la tradition à l'époque. Ils massacrent tous les habitants n'ayant pas fuit qu'ils trouvent.

Le roi est emmené à Gloucester où se trouve Mathilde, puis pour plus de surêté, à Bristol. Il sera déposé plus tard, et ne recouvrera la liberté que grâce à la capture de Robert Gloucester suite à la bataille de Winchester.

Peu de temps après la bataille, Geoffroy, comte d'Anjou et mari de l'Emperesse est averti de la victoire à Lincoln. Il envahit aussitôt la Normandie, et comme Étienne a été déposé suite à sa défaite, les nobles du duché ne peuvent que lui rendre hommage.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Sources

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