Bataille de l'Atlantique (1939-1945)

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Seconde bataille de l'Atlantique
vue périscopique du croiseur de bataille britannique HMS Repulse
Vue périscopique du croiseur de bataille britannique HMS Repulse.
Informations générales
Date Septembre 1939 à mai 1945
Lieu Océan Atlantique nord et sud, océan Arctique, mer Méditerranée et océan Indien.
Issue Échec de la tentative allemande de blocus du Royaume-Uni.
Belligérants
Royal Navy
Royal Canadian Navy
United States Navy
Kriegsmarine
Regia Marina
Commandants
Commandant Rodger Winn (cellule anti sous-marine GB); commandant Kenneth Knowles (cellule anti sous-marine US); amiral Ernest Joseph King (commandant de la flotte US) Amiral Erich Raeder,puis
Amiral Karl Dönitz
Forces en présence
Nombreux destroyers. U-Boote
40 000 hommes
Pertes
23 millions de tonnes de navires coulés,
dont 3000 britanniques,
2000 alliés et
1000 neutres;
soit 45 000 marins
dont 30 000 britanniques
La quasi totalité de la flotte de surface allemande et 780 U-Boote coulés, soit 30 000 morts
Seconde Guerre mondiale
Bataille de l'Atlantique

Bataille du Rio de la Plata · Bataille de Mers el Kébir · Bataille de Tarente · Bataille du cap Matapan · Opération Biting · Opération Chariot · Bataille du Saint-Laurent · Bataille de la mer de Barents · Bataille du cap Nord


Front d'Europe de l'ouest


Front d'Europe de l'est


Théâtres africain et du Moyen-Orient


Campagnes du Pacifique


Guerre sino-japonaise

Le terme « bataille de l'Atlantique » est due à Winston Churchill pour qualifier l'ensemble des engagements qui ont eu lieu entre septembre 1939 et mai 1945 dans l'Atlantique nord, pendant la Seconde Guerre mondiale. En fait, cette guerre s'est étendue jusque dans l'océan Arctique, l'Atlantique sud, la mer Méditerranée ou encore l'océan Indien.

La bataille de l'Atlantique a constitué un enjeu déterminant de la Seconde Guerre mondiale. Pour l'Allemagne, le but était d'établir un blocus du Royaume-Uni afin de paralyser l'économie britannique. Après l'engagement américain dans le conflit, l'enjeu devint plus important encore puisqu'il s'agissait d'empêcher l'acheminement en Europe du corps expéditionnaire américain. Cette bataille a principalement opposé les U-Boote allemands aux destroyers et avions alliés.

Sommaire

[modifier] Contexte

Le traité de Versailles signé en 1919 entérine la défaite de l'Allemagne au cours de la Première Guerre mondiale. Elle ne peut plus posséder qu'une force défensive : il lui est interdit d'avoir une aviation, des sous-marins et des porte-avions. La marine est limitée à 108 000 tonnes, et aucun navire ne doit jauger plus de 10 000 tonnes.

Suite au traité de Washington de 1922 sur la limitation des armements navals, le Royaume-Uni et les États-Unis sont limités à 525 000 tonnes pour les cuirassés, la flotte de cuirassés japonaise doit jauger un maximum de 315 000 tonnes, les grands perdants sont l'Italie et la France, limités chacun à 175 000 tonnes.

Après l'arrivée au pouvoir d'Adolf Hitler, un accord naval bilatéral entre le Royaume-Uni et l'Allemagne est conclu en 1935. Il stipule que l'Allemagne peut construire 35 % du tonnage de surface et 45 % du tonnage sous-marin de la Royal Navy.

[modifier] La Bataille de l'Atlantique

[modifier] La première année

La Bataille de l'Atlantique débute dès septembre 1939. Pour les Franco-Anglais, le blocus du trafic maritime fait partie d'une stratégie d'usure qui doit amener l'Allemagne à céder. En même temps que leurs navires contrôlent les mers, ils procèdent au mouillage de mines sur des voies stratégiques pour l'Allemagne comme les côtes de Norvège. Les Allemands répondent par un contre-blocus où la guerre sous-marine joue un rôle important, comme pendant la Première Guerre mondiale. [1]. À partir de juin 1940, les Allemands sont maîtres des côtes atlantiques du continent européen. Jusqu'en 1943, l'action des U-boot contre les bateaux alliés traversant l'Atlantique sera une pièce maîtresse de la stratégie allemande pour mettre la Grande-Bretagne à genoux.

En octobre, Günther Prien torpille et coule le cuirassé Royal Oak dans la base navale britannique de Scapa Flow.

Après avoir coulé un certain nombre de cargos, le cuirassé de poche allemand Admiral Graf von Spee est endommagé le 13 décembre au cours de la bataille du Rio de la Plata. Il se saborde dans la baie de Montevideo quelques jours après.

[modifier] La première période des temps heureux

Juin 1940 constitue un nouveau record pour l'Allemagne qui détruit 585 000 tonnes de navires marchands alliés.

En juillet, les U-Boote s'installent à Lorient pour un accès direct à l'Atlantique. Dès ce mois-ci, l'Allemagne sait où vont les sympathies des États-Unis; le président Roosevelt annonçant qu'il aidera l'Angleterre dans le cadre de la neutralité. Néanmoins, jusqu'à l'entrée en guerre des États-Unis, l'Allemagne va s'efforcer d'éviter toute provocation sur mer en respectant en particulier la zone de neutralité américaine couvrant la moitié nord-ouest de l'océan Atlantique.

Ce même mois, la Royal Navy attaque la flotte française à la Bataille de Mers el Kebir, afin d'éviter la livraison de la flotte française à l'Allemagne nazie par le gouvernement de Vichy. L'ultimatum britannique demandait aux navires battant pavillon français de se rendre, ou de se rendre dans un port d'un pays neutre, ou de se battre.

En octobre, Karl Dönitz définit la tactique d'attaque en « meutes » des convois par les U-Boote.

A partir de février 1941, les États-Unis mettent sur pied la flotte de l'Atlantique. Le mois suivant, la loi Lend-Lease plus connue en français comme la loi « Prêt-Bail », entre en vigueur. Les escortes s'organisent et bénéficient de l'apparition du radar, il s'agit de la fin de la première période des « temps heureux » des U-Boote.

En avril, l'Allemagne détruit 688 000 tonnes de navires marchands alliés. Il s'agit d'un nouveau record.

[modifier] Les premiers revers

Base de sous-marins de Lorient
Base de sous-marins de Lorient

En mai 1941, le cuirassé allemand Bismarck coule le HMS Hood lors de sa première sortie avant de sombrer lui-même trois jours plus tard à 650 km environ à l'ouest de Brest.

A partir de juillet, les éléments britanniques basés en Islande sont relevés par des troupes américaines. Des destroyers escortent désormais les convois sur la totalité du parcours. Tous les navires de n'importe quelle nationalité pouvaient intégrer ces convois : les incidents allaient devenir inévitables. Ainsi, en octobre 1941, le destroyer Kearney est torpillé et le Reuben James coule avec la quasi-totalité de son équipage.

Convoi partant des États-Unis en route pour l'Afrique du Sud sous la protection de l'US Navy le 27 novembre 1941, alors que ceux-ci ne sont pas encore officiellement en guerre
Convoi partant des États-Unis en route pour l'Afrique du Sud sous la protection de l'US Navy le 27 novembre 1941, alors que ceux-ci ne sont pas encore officiellement en guerre

En août, le décryptage d'Enigma permettra aux Alliés de comprendre le trafic radio des U-Boote.

À partir de septembre la couverture aérienne des convois est améliorée.

[modifier] La seconde période des temps heureux

Pétrolier allié torpillé dans l'Atlantique.
Pétrolier allié torpillé dans l'Atlantique.

L'entrée en guerre des États-Unis suite à Pearl Harbor en décembre 1941 change considérablement la donne sur le théâtre d'opération de l'Atlantique. Britanniques et Américains se sont mis d'accord pour donner priorité à l'anéantissement de l'Allemagne. C'est seulement après qu'ils se retourneront contre le Japon. La route de l'Atlantique Nord doit être tenue à tout prix. Le président Roosevelt impose cette priorité à la marine et à Mac-Arthur qui souhaitaient privilégier le Pacifique. Pour Dönitz, au contraire, la route de l'Atlantique nord doit être coupée même s'il y perd tous ses submersibles. Une lutte à mort s'engage [2].

La zone d'opération des U-boote s'élargit à tout l'océan Atlantique, inaugurant ainsi une deuxième période heureuse pour les sous-marins Allemands.

En janvier 1942, les U-Boote font des ravages le long des côtes américaines. Malgré la hausse en flèche des pertes alliées, la marine américaine ne met pas en place le système des convois, préférant utiliser les forces de surface patrouiller le long des routes de navigation. Pas un seul U-Boote ne sera coulé par les Américains jusqu'en avril, alors que dans le même temps, plus de 200 navires marchands seront envoyés par le fond.

En février, l'ajout de rotors sur les machines Enigma de la Kriegsmarine a pour conséquence l'interruption du décryptage du trafic radio. Ainsi mars constitue un nouveau record pour l'Allemagne avec 834 000 tonnes de navires marchands alliés coulées.

Cependant, Hitler ne profitera pas à fond de son avantage, obligeant l'amiral Dönitz à conserver bon nombre de sous-marins en Norvège et en mer Méditerranée.

[modifier] Généralisation des convois

En mai 42, les Américains finissent par se résoudre à instituer le système des convois en direction de l'Angleterre. Les U-boote se rabattent alors sur d'autres zones (golfe du Mexique et mer des Caraïbes) où les navires ne sont pas protégés ainsi. Ce système va s'étendre rapidement à tout l'Atlantique dès le mois de juin. Les forces d'escorte seront régulièrement composées de deux destroyers et de quatre corvettes. À ce moment les sous-marins vont attaquer plutôt au centre de l'Atlantique, à l'endroit où les convois ne pourront bénéficier d'aucune aide aérienne.

En mai débute la «bataille du Saint-Laurent» au Canada opposant les U Boot allemands et la marine royale canadienne et Alliés dans le golfe du Saint-Laurent, importante zone de transit et point de départ de nombreux convois.

À partir du mois de juin 1942, le radar équipant un nombre croissant de destroyers permet de détecter les sous-marins à grande distance. Certains navires sont également équipés du H.F.D.F. (High Frequency Direction Finder), un radiogoniomètre pouvant connaître la position d'un sous-marin au moment où il émet des messages sur ondes courtes. Les sous-marins sont maintenant repérés lors d'une attaque et impitoyablement pourchassés.

En octobre 1942 a lieu la reprise du décryptage du trafic radio allemand. Malgré les pertes, l'Allemagne réussit à détruire 800 000 tonnes de navires marchands alliés en novembre 1942. Il s'agit du meilleur mois de toute la guerre pour les U-Boote.

En janvier 1943, Dönitz est nommé à la tête de la Kriegsmarine. La guerre sous-marine devient prioritaire. En mars la couverture aérienne devient continue pour les convois américano-britanniques grâce à l'utilisation de quadrimoteurs Liberator à long rayon d'action au départ de l'Angleterre, au début de la participation de plusieurs porte-avions dans l'Atlantique et à l'arrivée du radar centimétrique.

De ce fait, les pertes alliées diminuent de moitié dans l'Atlantique nord dès le mois suivant. Les techniques éprouvées de formation en meutes de leurs sous-marins se soldent pour la première fois par un échec total pour les Allemands.

[modifier] Tentatives de parades allemandes

L'étendue des pertes provoque une baisse de moral des sous-mariniers. Beaucoup de U-boote hésitent désormais à poursuivre une attaque. À la fin du mois de mai 43, Dönitz décide de retirer tous ses sous-marins de l'Atlantique nord. En juillet, les U-Boote coulent 97 000 tonnes dans l'océan Indien. Désormais, le tonnage marchand lancé par les chantiers alliés dépasse définitivement le tonnage coulé par l'Axe.

Le 13 septembre 1943, l'amiral Dönitz lance à nouveau ses sous-marins dans l'Atlantique. Ils disposent de nouveaux équipements comme la torpille acoustique, un armement antiaérien renforcé et un détecteur radar. La torpille acoustique, surnommée casse-destroyers, permet aux U-boote de s'attaquer directement aux navires d'escorte. Elle va quelque peu ébranler le moral des Alliés, mais une parade va vite être trouvée par la présence de bruiteurs remorqués qui vont détourner les torpilles de leurs objectifs.

À la fin 1943, plusieurs U-boote sont équipés de schnorchel. Ce dispositif permet au bâtiment de rester en immersion périscopique, tout en renouvelant son air.

En décembre, le cuirassé allemand Scharnhorst est coulé au cours de la bataille du Cap Nord. Il s'agit de la dernière bataille de surface de l'Atlantique.

Le 6 juin 1944, les Alliés débarquent en france sur les plages de normandie. En octobre, ils ont repris le contrôle de toute la France. Les allemands n'ont désormais plus droit aux bases navales de la côte Atlantique.

En novembre 1944, tous les U-Boote sont équipés du Schnorchel, mais ont des résultats mitigés. Le cuirassé allemand Tirpitz est coulé par les bombardiers britanniques.

Quelque mois avant décembre 1944, le premier sous-marin de type XXI est opérationnel mais la mer Baltique, minée par les Alliés, est désormais impraticable pour les Allemands. De plus, ces sous-marins arriveront trop tard pour renverser le cours de la guerre. L'Allemagne va perdre la bataille de l'Atlantique, et capituler le 8 mai 1945.

En tout, sur les 1154 U-Boote mis en service, 822 furent coulés.

[modifier] Bilan

Bilan de la guerre économique entre flottes alliées et Kriegsmarine[3]
Année
1939 1940 1941 1942 1943 1944 1945
Tonnage allié coulé (*) 810 4407 4398 8245 3611 1422 451
Tonnage construit (*) 332 1 219 1 964 7 182 14 585 13 349 3 834
Sous-marins allemands coulés (**) 9 22 35 85 287 241 143
(*) milliers de tonnes

(**) unités


[modifier] Notes et Références

  1. Yves Durand, Histoire de la Seconde Guerre mondiale, Éditions complexes, 1997, p.270
  2. Pierre Miquel, La Seconde Guerre mondiale, Fayard, 1986
  3. Yves Durand, Histoire de la Deuxième Guerre mondialeÉditions complexes, 1997, p.291

[modifier] Voir aussi

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