Régionalisme occitan

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La seconde partie du XIXe siècle serait la grande occasion perdue pour la formation d'un nationalisme (ou régionalisme) occitan. Le Félibrige va adopter un ton politique conservateur, littéraire, élitiste et sectaire, il domina jusqu'en 1891 grâce au courant réactionnaire légitimiste de Joseph Roumanille, royaliste nostalgique de la société pré-industrielle, mais d’inspiration girondine et positiviste. Il était d'ailleurs ambigu sur sa visée géographique, centré sur la Provence et en priorité sur le dialecte rhodanien. Les appels à la décentralisation du territoire se basaient vaguement en oscillant sur le Midi et l’ancien comté de Provence, du coup en partant du cœur de la Grande Provence qui engloberait tout le Midi. Cependant, ils n'osèrent pas de faire des déclarations séparatistes, au contraire des nationalistes bretons et corses. L’amitié occitano-catalane n'est pas conçue pour être une pétition politique concrète.

En 1870, le mouvement de la Commune de Paris éclata aussi à Marseille, Limoges, Toulouse et Narbonne. Sa cause aurait accentué la 'droitisation' et l'éloignement de la vie politique du Félibrige. Ainsi, en 1876, les statuts du Félibrige montraient une tendance légitimiste, catholique et décentralisatrice au niveau provincial. Ceci provoqua des tensions entre le monarchiste Roumanille et le républicain Aubanel, qui comptait avec le support du félibrige de Paris, mais il fut expulsé du mouvement en 1879. En cette même année, Frédéric Mistral se transforme en un idéaliste médiocre, monarchiste, régionaliste et vide de contenu social. Il maintiendrait d'étroites relations avec les cercles légitimistes et nationalistes conservateurs français, comme Maurice Barrès.

Durant cette période, deux auteurs occitans qui écrivirent en français sur la thématique provençale: Alphonse Daudet (1840-1897), célèbre pour son Tartarin de Tarascon (1868), et Paul Arène (1843-1896) avec Jean des Figues (1868) et La chevro d’or (1884), présentèrent une Provence idyllique et un prototype d’occitan prétentieux et profond. Sans s'en rendre compte, ils vont préparer l’arrivée des touristes offrant un pays merveilleux. D'ailleurs, ils vont maintenir de bonnes relations avec les félibres, et de même qu'Arène va publier quelques poèmes sur l’anthologie du félibre parisien: Li souleiado (1904).

Sommaire

[modifier] Le félibre latin

Déjà en 1843, Claude-François Lallemand publia Le hachych, où il prévoyait une future union de néo-latine "Ibères, Italiens et nous-mêmes", dirigée par la France et avec pour capitale Marseille, car elle est située au centre de l'arc. Cette idée a été retrouvée en 1862 à l'Armana Prouvençau et dans la Conférence de Marseille de 1882. L'Idée Latine, aussi exposée pour le languedocien Alphonse Ròcaferrier(1844-1907) - qui depuis 1878 sous patronage initial de Frédéric Mistral a célébré les fêtes latines afin de promouvoir une fédération latine agile et tolérante, dans celles qui étaient célébrées trouvées internationales (Catalans, Roumains, Italiens) mais sans engagement politique - basée dans l'expérience de l'amitié occitano-catalane et ouverte aux Italiens et aux Roumains.

Nous pouvons trouver des éléments qui définissent la latinité :

  • L'idée latine, conscience d'appartenir au monde latin, commencée avec l'amitié catalane et 1870 avec la Revue depuis langues Romanes, le cinquième Centenaire de Pétrarque, qui avait fondé l'Académie du Sonnet, critiquée par Frédéric Mistral par questions de despotisme et pour s'opposer à la présence d'intellectuels français, est célébré en 1874 quand plusieurs personnalités italiennes se joignirent au mouvement felibre, patronnées par Léon de Berluc-Pérussis (1835-1902). Ils|Elles y annoncèrent l'ambassadeur italien Costantino Nigra, Théodore Aubanel et Félix Gras, auteur d'un Catechisme dóu bon felibre (1893). C'est alors que Tourtolon et Ròcaferrier indiquèrent des aspects de la réalité historique de solidarité latine inconsciente (Charlemagne, Charles V, Louis XIV, les Bourbon), et le remarquèrent aux fêtes latines de Forcalquier et de Gap en 1886. Ils affirmèrent même que la Confédération Latine devait se borner, non seulement en Europe, mais aussi en Amérique, bien qu'ils étaient plutôt luthériens.
  • L'Empire du Soleil, exposé à la Conférence de Marseille du 25 novembre 1882.

Il a déjà été revendiqué par Frédéric Mistral aux Jeux Floraux de Montpellier en 1875, où participa le roumain Vasile Alecsandri. Il était considéré comme l'Empire des Sept Nations Latines (L'Espagne, la Catalogne, l'Occitanie, la France, le Portugal, l'Italie et la Roumanie). La conférence aborda aussi la protection de la langue provençale, en réponse aux accusations de séparatisme faites par les considérations de l'Empire. Constantino Nigra, Vasile Alecsandri, et Frederic Donnadieu y participaient. La capitale de l'Empire devait être Marseille pour son terrain culturelle et artistique, malgré la commune et les réfractaires à la réforme orthographique du provençal. Il s'agit d'un nationalisme dans la supranationalité, puisque ils croyaient que toutes les énergies latines ont dû converger à Paris. Mais l'Italie venait de faire son unification, la Roumanie luttait contre le panslavisme, et la Catalogne réaffirmait la sauvegarde de son identité, en bref tout resta en immobilisme. Plus tard, l'Italie a signé la triplice avec l'Empire Allemand et l'Autriche-Hongrie, ce qui a été rejeté par Mistral.

[modifier] Le fédéralisme occitaniste

En 1891, est apparue la revue provençaliste et fédéraliste L'Alholi, œuvre de Jovent Occitan, dirigée par Folco de Baroncelli-Javon (1869-1943), qui rassemblerait les jeunes félibres comme Frédéric Amouretti, Auguste Marin (1860-1904) et Charles Maurras. En 1892 ils publieraient à Paris le Manifeste des Félibres Fédéralistes, assez confus puisque il mêle des termes comme fédéralisme, confédération, régionalisme, décentralisation et provincialisme, et où on propose un fédéralisme et du régionalisme d'aspect traditionaliste et catholique qui réclamait, à l'époque, le retour de la monarchie. D'ici en surgiraient deux synthèses dans le mouvement occitaniste :

  • Le mouvement progressiste, d'aspect fédéraliste et proudhonienne et qui offrait un programme politique avec des considérations économiques et sociales. Louis-Xavier de Ricard, traducteur de Francisco Pi i Margall, auteur de Le Fédéralisme, traducteur avec Forès de la Déclaration des Droits de l'Homme et quelques textes d'histoire locale en occitan, contraire à l'apolitisme de Mistral et précurseur du Félibre Roux. En 1876 il avait fondé avec Maurice Faure le centre La cigalo afin de servir de mouvement linguistique, politique et littéraire du Midi, et qui essaya de battre à soi-même le félibre d'Avignon, assez conservateur et instrument de l'église. Le félibre Roux voulait faire prévaloir les intérêts des tendances républicaines dans la rédaction des nouveaux statuts des félibres, contre l'apolitisme de Mistral, et créer une minorité républicaine dans le mouvement félibre (et à la fois faire prévaloir la spécificité languedocienne dans la tradition de lutte pour la liberté et contre la centralisation monarchique) et créer un organe républicain en Languedoc. Celui-ci serait La Lauseto, hebdomadaire socialiste et anticlérical duquel quatre numéros furent publiés entre 1877 et 1879 et où y collaborèrent endemés de Ricard, Forés, Jean Aicard, Félix Gras, Alban Germain, Napoleon Peirat et Lon Cladel (1835-1892), entre d'autres. Ceux-ci croyaient que le fédéralisme pouvait ressusciter la patrie romaine, récupérer la tradition des girondins, Albigeois et autres hétérodoxes. Il pensait que les Latins étaient hostiles aux traditions unitaires et criait pour l'ancienne liberté ibérique, et que la Patrie Latine avait une mission presque providentielle influencée par le romantisme, et pas du tout incapable par Edgar Quinet ou Augustin Thierry.

Il a aussi enlevé la théorie des cercles concentriques : 1) Cercle central, village ou communauté, 2) province, 3) nation, 4) race, qui est une confédération de nations apparentées. Cette fédération est dans la tradition même du peuple.

  • Dans le progressisme, surmanière le catalan Francisco Pi i Margall, président de la Première République espagnole et auteur de Las nacionalidades (1877), a influencé et crié la souveraineté totale de l'homme contre la centralisation, où il faut un contrat social afin d'éviter l'antagonisme entre liberté et autorité, basé sur les cercles concentriques famille-bourg-province-nation. Son fédéralisme était basé sur la géographie et l'histoire, et où l'indépendance n'était point synonyme de séparatisme. Valeri Bernard et les Marseillais Jules Boissière et Louis Funel fonderaient le groupe fédéraliste Lou Roble di Jouve sous certaines influences marxistes, Jean Lombard fonderait en 1879 le Parti du Travailleur Socialiste de France (PTSF), où ils y détachèrent Antide Boièr, Auguste Marín, Pèire Bertas (socialiste et fédéraliste influencé par Pin et Ivraie et par Proudhon), et les languedociens Prosper Estieu, Antonin Perbosc et Ricard, qu'ils invitaient les revendications ouvrières à la presse locale en occitan. Le 1890 Pèire Bertas prononcerait une conférence en Marseillais, La naciounalita prouvençalo e lou Felibrige où il affirme que unité n'est pas le même que union et la spécificité provençale (il vient de faire une ardente défense du drapeau bleu de la Provence) défend, que malgré tout la langue occitane a reculé et critique l'apolitisme de Frédéric Mistral.
  • Le mouvement Conservateur, influencé par le catalanisme de Francesc Cambó. León de Berluc-Perussis adopta le programme décentralisateur du comte de Chambord et la Déclaration des jeunes felibres du 22 février 1892. Le mouvement se situera dans la renaissance littéraire romantique, influencés par le néo-traditionalisme de Taine, qui influencerait aussi bien sur Charles Maurras que sur le catalan Prat de la Riba. Berluc considère comme une trinité Mistral, Le Play et Caumont, auxquels Paul Marieton (1882-1902) s'unirait plus tard, auteur de L'Idée latine (1883). Maurras parlerait aussi de Joseph de Maistre, d'Ernest Renan, de Frédéric Amouretti, d'Auguste Comte et de Fustel de Coulanges. Mais Berluc-Perussis est considéré aujourd'hui comme le véritable doctrinaire de la défense de la langue d'oc, puisque il distingue clairement les domaines poétique, linguistique et politique du mouvement ; d'autre part, il est l'origine de l'action pour la sauvegarde de la langue comme moyen pour le ravivage national. Il voit la décentralisation comme un patriotisme provincial, L'idée provinciale, d'aspect décentralisateur et fédéraliste, termes qu'il utilise confusément. Néanmoins, le 1886 Paul Marieton refusa le fédéralisme pour réclamer la décentralisation, en s'opposant ainsi à Ricard. En 1892 il pensait que le régionalisme, le romantisme, la fraternité du Peuple d'Oc, l'Idée Latine et le fédéralisme étaient des versants du même idéal du Félibrige.

[modifier] L'échec du fédéralisme occitan

La Déclaration des jeunes félibres de 1892, de Frédéric Amouretti et Charles Maurras, fut parallèle aux Bases de Manresa en Catalogne et plus influencé par Berluc-Perussis que par Mistral, car ce furent des partisans de passer du régime de chansons et banquets à l'action politique, et voyaient dans la langue pas une finalité, mais un moyen pour le regain provincial et la renaissance municipale. Ils ont été félicités par les fédéralistes marseillais A. Marin et P. Bertas, ainsi par Ricard, mais ils ont été reçus avec des réserves pour Gaston Jourdanne, qui pensait que le but du fédéralisme n'était pas de reconstituer les circonscriptions de l'ancien régime.

En 1898, Bertas a été nommé adjoint du maire socialiste de Marseille, Dr. Flassières. Depuis l'occupation de son poste, la politique protectionniste de Paris dénonça qu'il nuisait à la ville de Marseille et qu'il tuait le commerce, en même temps qu'un port franc exigeait intégrale dominé par les autorités municipales, raison par laquelle il a été taxé de séparatiste. En 1891 le félibre républicain et capoulié Félix Gras réclama aussi une décentralisation, mais il était partisan de conserver la langue « pour parler du pays », puisque elle « était frère de la belle langue nationale, le français » (Discours aux Jeux Floraux de Carpentras de 1892). Avec le temps, le mouvement perdrait spécificité et s'intégrerait dans l'espace français de la Troisième République. La décentralisation sera envisagée seulement à niveau municipal, et pour cela considérée négative. Comme il coïncida avec le Manifeste des Jeunes Félibres, où fédéralisme était comparé à régionalisme, il a été considéré comme conservateur.

D'autre part, En 1885, Marseille envoya au Parlement français les deux premiers députés du Parti ouvrier français, Antoine Boyer et Clovis Hugues. Cependant, ils ne pourraient pas empêcher que depuis le 1883-1885 ils approuvent et appliquent les lois Ferry sur l'éducation, grâce auxquelles la scolarisation obligatoire, gratuite, laïque était étendue dans toute la France… et en français. Mais il n'y a pas aucun espace réservé pour les langues régionales. Ils finiront par recevoir leur nom péjoratif de « patois », il sera suivi du slogan : Soyez propre, parlez français et le signal sera utilisé contre ceux auxquels on résiste. Peu de voix se levèrent dans les politiciens de portée nationale pour protester. L'une des rares voix fut celle du socialiste languedocien Jean Jaurès (1858-1914), professeur de philosophie à l'Université de Toulouse et fondateur en 1901 du Parti socialiste français, il est élu député de Carmaux en 1902, et en 1904 président du journal L'Humanité. Il définit le patois comme « la langue d'un peuple vaincu », et défendit l'enseignement des langues régionales à l'école, sans beaucoup de succès.

Finalement, sans rien mot à suggérer, les félibres assistèrent à la déstructuration économique du pays « je m'en foutisme » qui les sépareront de leur peuple et s'enfermèrent dans une résistance littéraire.

[modifier] Références

  • (ca) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en catalan intitulé « Regionalisme occità ».
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