Clovis Hugues

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Clovis Hugues
Naissance 3 novembre 1851 à Ménerbes
Décès 11 juin 1907 à Paris
Activité poète et romancier
Nationalité France Française
Œuvres principales Poèmes de prison, Les Soirs de bataille, Ode au vagin, Madame Phaëton, Le sommeil de Danton, drame en 5 actes

Clovis Hugues, né à Ménerbes (Vaucluse) le 3 novembre 1851 et mort à Paris le 11 juin 1907, est un poète, romancier et homme politique français.

Sommaire

[modifier] Biographie

[modifier] Du séminaire au journalisme

Fils de meunier, il fit ses humanités à Saint-Didier au séminaire de Sainte-Garde mais n'entra pas dans les ordres. À sa sortie, il tâta du journalisme à Marseille et se décrivit lui-même comme un Ruy Blas littéraire.

[modifier] Le Commune de Marseille

Il avait vingt ans quand éclata la Commune insurrectionnelle de Marseille. Bras droit de l'avocat-poète Gaston Crémieux, ils proclamèrent tous deux, drapeau rouge à la main la République Sociale le 23 mars 1871. Elle dura jusqu'au 4 avril quand les versaillais de Notre-Dame de la Garde écrasèrent sous les boulets le bastion communaliste de la Préfecture.

Faits prisonniers par le général Henri Espivent de la Villeboisnet, les deux révolutionnaires furent déférés devant les tribunaux. Adolphe Thiers fit fusiller Crémieux au Pharo, le 30 novembre, et condamner Hugues à quatre ans de cellule et à une amende de 6 000 francs.

[modifier] Son mariage avec Jeanne

Libéré, Hugues reprit la plume pour demander l'amnistie des prisonniers politiques et des communards dans les colonnes de la Jeune République. Son journal l'ayant chargé d'une enquête sur les milieux socialistes, il rencontra des vieux quarante-huitards dont Royannez. Ce fut à cette occasion qu'il tomba amoureux de sa fille Jeanne, qu'il épousa à la mairie du XVIe arrondissement de Paris.

[modifier] Le duel

De retour à Marseille, le couple fut dénoncé le 9 mars 1877 dans L'Aiglon des Bouches-duRhône comme ne s'étant point marié à l'église. L'affaire alla jusqu'à une rencontre sur le pré entre le dénonciateur et le calomnié. Hugues sortit vainqueur de ce duel après avoir occis son fielleux confrère d'un coup d'épée. Il fut acquitté par la Cour d'Assises d'Aix-en-Provence, le 22 février 1878.

[modifier] Le militant socialiste

En 1879, il participa à Marseille au Congrès constitutif du Parti ouvrier français (P.O.F.) et se présenta sous cette bannière aux élections de 1881. Il fut élu et entra à la Chambre des députés, devenant ainsi la premier adhérent à un parti ouvrier élu à la Chambre. Le nouveau député déclara que grâce à son élection « il fera des petits ». Le jeune élu socialiste des Bouches-du-Rhône et son épouse s'installèrent dès lors à Paris.

[modifier] Député et poète

Hugues commença alors à publier ses poèmes dans le Le Tambourin et dans La Lune Rousse, hebdomadaire qu'il édita avec André Gill[1]. Tout en écrivant ses poèmes, il attaquait à la Chambre Jules Ferry, morigénait le ministre de la guerre de Gambetta, exigeait la libération des communards et faisait l'éloge des mineurs de Decazeville en grève. Puis rentré chez lui, auprès de Jeanne, il reprenait la plume pour composer en alexandrins Les soirs de bataille ou Les jours de combat. Maurice Blum écrivit d'ailleurs à son propos « Ce poète si soucieux du classicisme de ses alexandrins s'emploie sans relâche à briser le cadre de la société de l'époque ».

[modifier] L'affaire Morin

Une ancienne voisine de Jeanne, la comtesse d'Osmont [2], qui jouissait de quelques protections, s'employa à briser le ménage en ruinant la réputation de Jeanne et à tenter de mettre un terme à la carrière politique de Clovis Hugues. Elle en chargea son homme de paille, un dénommé Morin, qui réussit dans un premier temps à jeter un tel trouble que le tribun socialiste se vit interdire par son parti d'assister aux funérailles de Louis Blanc en 1882.

Les plaintes déposées par le couple menèrent le corbeau devant un tribunal, qui le condamna le 3 décembre 1883. Les relations de la comtesse jouèrent et Morin se retrouva rapidement hors de sa prison et recommença ouvertement son petit jeu de calomnie contre Jeanne.

[modifier] La vengeance de Jeanne

Tombe de Clovis Hugues à Embrun
Tombe de Clovis Hugues à Embrun

Repris, Morin allait être à nouveau jugé le 27 novembre 1884, quand une argutie juridique repoussa son procès.

Excédée par quinze mois de tortures morales et par le persiflage du calomniateur qui se vantait de son impunité, Jeanne sortit alors un revolver et tira par trois fois sur Morin qui s'écroula mortellement blessé. L'affaire fit grand bruit, à tel point que le procès fut accéléré et que Jeanne fut acquittée par ses juges le 8 janvier 1885.

[modifier] Le révolutionnaire devient boulangiste

Clovis Hugues fut réélu à la Chambre en 1885 et se joignit bientôt au mouvement boulangiste. En 1893, il devint député de Paris, conservant son siège jusqu'en 1906. Il continua à publier ses poèmes, romans et comédies, œuvres pleines d'esprit et de vitalité. Il rédigea de nombreux écrits en provençal et fut majoral du Félibrige.

Clovis Hugues, qui appréciait beaucoup la ville d'Embrun (Hautes-Alpes), souhaita y être enterré. L'une des rues principales de la cité porte son nom et une statue en sa mémoire se trouve dans un parc de la ville.

[modifier] Hommage

La ville de Cavaillon a donné son nom à l'un de ses collèges et celle d'Aix à l'un de ses lycées.

[modifier] Citations

Clovis Hugues
Montmartre est le bruyant sommet
Où la Muse surgit, pareille
A la nymphe qui chate et met
Son chapeau floré sur l'oreille.
Clovis Hugues, La poésie à Montmartre (Paris, 6 février 1900)
Jean Renoir
Plus haut dans la rue Girardon, au coin de la rue Norvins, habitait une famille que mes parents voyaient beaucoup, les Clovis Hugues, « des Méridionaux parfaits ». Lui, était écrivain et député de Montmartre. Mon père le trouvait « remarquable et vraiment éloquent » et prétendait que s'il avait été moins bohème il serait devenu président de la République...
Clovis Hugues venait raconter à Renoir tous les potins du quartier. Les anticléricaux s'agitaient à cause de la construction du Sacré Cœur. Pour répondre à cette provocation ils projetaient de donner à la rue conduisant à la basilique le nom du Chevalier de La Barre, torturé et mis à mort à Abbeville pour n'avoir pas salué une procession et avoir chanté une chanson grivoise sur Marie-Madeleine...
Jean Renoir, Pierre-Auguste Renoir, mon père, Gallimard, coll. Folio, Paris, 1981
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Wikisource propose un ou plusieurs textes écrits par Clovis Hugues.

[modifier] Principales œuvres

Poésie
  • Poèmes de prison (1875), écrits durant sa détention
  • La Charrue (1876)
  • Les Soirs de bataille (1883)
  • Jours de combat (1883)
  • Le Travail (1889)
  • Ode au vagin (1901)
Romans
  • Madame Phaëton (1885)
  • Monsieur le gendarme, roman villageois (1891)
Théâtre
  • Une Étoile (1888)
  • Le sommeil de Danton, drame en 5 actes (1888)

[modifier] Notes

  1. Le caricaturiste monmartrois, André Gill, était aussi le fondateur du « Lapin Agile », le rendez-vous de toute l'intelligentsia parisienne.
  2. Dans le film de Gérard Oury, le comtesse porte le nom de Madame Lenormand.

[modifier] Bibliographie

  • Gustave Kahn, Clovis Hugues, H. Fabre, Paris, 1910.
  • Jean-Claude Izzo, Clovis Hugues, un rouge du Midi, Éditions Jeanne Laffitte, 1978. Réédition: 2001.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes

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