Pont transbordeur

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Vue générale du pont transbordeur de Marseille.
Vue générale du pont transbordeur de Marseille.
Nacelle du pont transbordeur de Marseille.
Nacelle du pont transbordeur de Marseille.

Un pont transbordeur est un pont enjambant un port, un canal ou un fleuve, pour faire passer les véhicules et les personnes d'une rive à l'autre dans une nacelle suspendue à un chariot roulant sous le tablier. La traction, par câble commandé depuis la rive, fut d'abord assurée par une machine à vapeur puis, très vite, par un moteur électrique.

Sommaire

[modifier] Historique

Le créateur du premier pont transbordeur (pont de Biscaye, 1893) est Alberto de Palacio, ingénieur et architecte espagnol, né à Sare, (Pyrénées-Atlantiques) (1856-1939).

Mais un nom reste attaché à ce genre d'ouvrages : celui de Ferdinand Arnodin (1845-1924), ingénieur français établi à Châteauneuf-sur-Loire, à qui l'on doit la construction de 9 des 18 ponts transbordeurs recensés dans le monde, et aussi quantité de ponts suspendus de la deuxième génération (fin du XIXe siècle, début du XXe), ainsi que de très nombreux travaux de restauration et de renforcement de ceux de première génération (avant 1850).

Les ponts transbordeurs furent construits là où il était nécessaire de laisser libre passage au trafic maritime, à une époque où les grands voiliers avaient encore une importance économique et stratégique. En France, la Marine exigeait une hauteur libre de 50 m au-dessus des hautes eaux. Ce fut donc la norme de hauteur sous tablier de tous les ponts transbordeurs français.

Par rapport à un bac, les avantages d'un pont transbordeur sont évidents : confort, rapidité, sécurité de la traversée, insensibilité à la marée et aux conditions météorologiques, accostage en douceur, accès et sortie rapides. À cela s'ajoutait un coût relativement modéré et des délais de construction très courts : 27 mois à Rochefort, 19 mois seulement à Marseille.

Après la Première Guerre mondiale, on se rendit vite compte que, malgré tous ces points forts, le débit des ponts transbordeurs ne répondait plus à un trafic automobile de plus en plus intense. Les grands voiliers ayant par ailleurs disparu, on ne construisit plus de ponts transbordeurs, on n'acheva même pas celui de Bordeaux, qui était resté en chantier, et on ne conserva peu à peu que ceux qui étaient réellement adaptés aux conditions locales. Les autres furent abandonnés ou démontés.

Les très rares ponts transbordeurs modernes (depuis 1930) n'ont été créés que pour l'attrait touristique ou pour des besoins industriels ponctuels.

[modifier] Les survivants

Le pont de Biscaye, vu depuis l'embouchure du Nervion.
Le pont de Biscaye, vu depuis l'embouchure du Nervion.
Pont transbordeur de Newport, au Pays de Galles.
Pont transbordeur de Newport, au Pays de Galles.

On peut aujourd'hui emprunter le premier d'entre eux, le pont de Biscaye, reliant Portugalete à Las Arenas, à l'entrée du port espagnol de Bilbao. Construit en 1893, il a été inscrit en 2006 sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco. La traversée ne dure guère plus d'une minute, et l'utilité de l'ouvrage ne fait aucun doute, même dans le contexte actuel.

Les grands ponts britanniques de Newport et de Middlesbrough assurent également leur service quotidien : ils ne semblent nullement menacés dans leur existence. En Allemagne, celui d'Osten est un « Monument technique » pieusement conservé, tandis que celui de Rendsburg, si spectaculaire sous un immense pont de chemin de fer, est en service régulier.

De même le pont français de Rochefort-Martrou, classé Monument historique depuis 1976, bien que réservé aux piétons et aux cycles, est aujourd'hui sauvé.

Ceux de Buenos Aires et de Warrington sont conservés en bon état et attendent des jours meilleurs.

Ce sont donc huit ponts transbordeurs de la Belle Époque qui ont survécu jusqu'à aujourd'hui, témoins d'une architecture de fer conquérante, au même titre que des édifices aussi différents que la tour Eiffel ou le viaduc de Garabit, la Grande roue du Prater à Vienne, la tour métallique de Blackpool ou celle de Fourvière à Lyon, ou encore les vertigineux ascenseurs de Lisbonne.

[modifier] Liste des ponts transbordeurs

Pont transbordeur de Runcorn-Widnes
Pont transbordeur de Runcorn-Widnes

[modifier] Ponts transbordeurs classiques

  • 1905 Duluth, Minnesota, 120 m. Pont à poutre en treillis en acier, nacelle à suspension rigide, sur le port (C.A.P. Turner). Converti en pont levant « Aerial Lift Bridge » en 1929-30. En usage comme tel.
  • 1905 Runcorn-Widnes, Angleterre, 304 m. Pont suspendu, sur la Mersey et le Canal de Manchester (Webster et Wood). Démonté en 1961.
  • 1906 Newport, Pays de Galles, 181 m. Pont suspendu avec adjonction de haubans, sur la Usk (Ferdinand Arnodin, Imbault et Haynes). En usage.
  • 1909 Osten, Allemagne, 80 m. Pont à poutre en treillis en acier, nacelle à suspension rigide, sur l'Oste. Actuellement conservé comme Technisches Denkmal (« monument technique »), usage occasionnel.
  • 1909 Brest, France, 109 m. Pont suspendu, sur le port (Ferdinand Arnodin). Desservait l'arsenal, gravement endommagé en 1944, démonté en 1947.
  • 1910 Kiel, Allemagne, 128 m. Pont suspendu, sur le port. Démonté en 1923.
  • 1911 Middlesbrough, Angleterre, 177 m. Pont à poutres cantilever, sur la Tees (G.C. Imbault). En usage.
  • 1913 Rendsburg, Allemagne, 140 m. Pont à poutres cantilever, également pont ferroviaire, sur le Canal de Kiel (F. Voss). En usage.
  • 1914 Buenos Aires, Argentine. Pont à poutre en treillis, nacelle à suspension rigide, sur le Riachuelo. Bien conservé, mais service discontinué.
  • 1916 Warrington, Angleterre, 57 m. Pont à poutres cantilever, nacelle à suspension rigide, sur la Mersey. Pont industriel privé, bien conservé, mais service discontinué.

[modifier] Ponts transbordeurs modernes (construits après la Première Guerre mondiale)

  • 1933 Chicago, Illinois, 564 m. « Sky Ride », pont à haubans (Robinson & D.B. Steinman). Construit comme attraction pour l’exposition « Century of Progress ». Démonté en 1934. On pourrait tout aussi bien considérer cette construction légère et éphémère comme une sorte de téléphérique, ou même de télécabine, puisqu'elle était pourvu de 12 cabines à deux niveaux pouvant accueillir chacune 36 passagers. Le soir, des projecteurs se concentraient sur les cabines qui émettaient des panaches de fumée et semblaient évoluer dans le ciel comme de petites fusées autonomes... (en) Wikipédia : Sky Ride.
  • 1955 Stalingrad, Russie, 874 m. Sur la Volga, démonté ou, plus probablement, jamais construit. Semblerait plutôt appartenir à la catégorie des téléphériques fantômes. Aucune image connue.
  • 1998 Londres, Angleterre, 128 m. « Royal Victoria Dock pedestrian bridge », port de Londres. Pont à haubans (Hutchinson, O’Neill, Wells). Pont fixe en service, transbordeur en projet.
  • 2003 Mönchengladbach, Allemagne, « Erlebnisbrücke (pont d'aventure) », petit pont transbordeur d'agrément, sur la Niers, à traction manuelle. De prime abord, on aurait plutôt tendance à le compter parmi les téléphériques rigides, mais il ne semble pas que ce soit le sentiment de ses promoteurs...

[modifier] Liens externes

[modifier] Bibliographie

[modifier] Sources et références

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