Palatinat du Rhin

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Armoiries
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Le Palatinat du Rhin ou Palatinat, possession du comte palatin du Rhin, était l'un des sept plus anciens électorats du Saint-Empire romain germanique. Son souverain était appelé Électeur-Palatin.

Situé sur l'une et l'autre rive du Rhin, il avait pour limites :

Il avait dans sa plus grande largeur 125 km, et sa capitale était Heidelberg. Les principales autres villes étaient Mannheim et Frankenthal.

Son territoire s'étendait sur les länder actuels de Bade-Wurtemberg et de Rhénanie-Palatinat.

Sommaire

[modifier] Histoire

Cet État doit son origine aux comtes palatins qu'établissaient les empereurs dans chaque duché, pour y représenter l'autorité impériale.

Le Palatinat du Rhin, après avoir passé de famille en famille, était possédé en 1215 par Henri Ier de Brunswick, fils de Henri le Lion. Ce prince, ayant pris parti contre Frédéric II, fut dépouillé de ses États, qui furent donnés à Louis de Bavière, de la maison des Wittelsbach.

Pendant longtemps, cette maison réunit la Bavière et le Palatinat, mais en 1294, elle forma deux lignes :

  • branche aînée dite Rodolphine, issue de Rodolphe de Bavière, à qui resta le Palatinat du Rhin. Cette branche réunit les deux héritages (Bavière et Palatinat) à l'extinction de la branche cadette en 1777.
  • branche cadette, dite Ludovicienne, issue de Louis, qui eut la Bavière et, depuis 1621, le Haut-Palatinat. Cette ligne s'est éteinte en 1777.

La dignité électorale avait été momentanément enlevée à la famille palatine pendant la guerre de Trente Ans (de 1623 à 1648), après les batailles de Prague et de Wimpfen, et Maximilien Ier de Bavière fit passer ce titre à la ligne ludovicienne des Wittelsbach (à la Bavière).

À la paix de Westphalie, la Bavière resta électorat, mais le Palatinat le redevint, et il y eut alors huit électeurs (au lieu de sept) : l'électeur palatin, anciennement archi-sénéchal de l'Empire, devint alors archi-trésorier.

[modifier] Guerres du Palatinat

Le Palatinat fut horriblement ravagé par deux fois par Louis XIV (1674 et 1689). Il avait déjà beaucoup souffert dans la guerre de Trente Ans.

La seconde guerre éclata en 1688 à l'occasion des droits que Louis XIV fit valoir, au nom de la princesse palatine, duchesse d'Orléans, sœur du dernier électeur palatin Charles, sur la plus grande partie du Palatinat, où la branche de Wittelsbach-Simmern, qui possédait ce domaine, s'était éteinte en 1685. Il avait pour adversaire Philippe-Guillaume de Neubourg-Wittelsbach, prince palatin de Neubourg. Le dauphin conquit le Palatinat en moins de deux mois.

En septembre 1688, l'armée française du Rhin pénètre sans déclaration de guerre formelle[1] sur les hauteurs dominant le Palatinat et sur la rive gauche du Rhin, et s'enfonce jusqu'en Bade. Les villes de Heilbronn, Heidelberg et Mannheim (le 10 novembre) sont enlevées et les fortifications de Philippsburg sont prises d'assaut. Pforzheim était occupée depuis le 10 octobre. Le général de Mélac stationne ses troupes à Heilbronn sous les ordres du maréchal Joseph de Montclar. Depuis Heilbronn il ravage ensuite les pays environnants, y compris Donauwörth, Marbach-am-Neckar et Schorndorf. Sur la fin de l'année il s'empara d'Heidelberg, capitale de l'électorat de Palatinat, et de plusieurs bourgs le long du Neckar, dont Ladenburg.

L'année suivante, 1689, le maréchal de Duras, par l'ordre de Louvois, exerça dans cette contrée d'épouvantables ravages, qui excitèrent l'indignation de l'Europe et provoquèrent contre Louis XIV une nouvelle coalition. La campagne s'ouvre sur l'incendie de Pforzheim le 21 janvier. Le 16 février les troupes françaises commandées par Mélac et le Comte de Tessé, obéissant aux instructions du ministre de la guerre Louvois, prirent le château d'Heidelberg et le 2 mars la ville elle-même fut incendiée (les habitants parvinrent cependant à éteindre la plupart des foyers, ce qu'un monument commémore aujourd'hui). Le 8 mars ce fut le tour de Mannheim puis de Frankenthal, Worms, Spire et d'autres bourgs de la rive droite du Rhin. Le 31 mai, le général de Mélac fit bombarder le fort de Landskrone et la ville d'Oppenheim. Sur la rive droite du Rhin, les villes de Bretten, Maulbronn, Pforzheim, Baden-Baden etc. connurent le même sort, bien qu'il ne soit pas plausible que Mélac ait prit part à toutes ces opérations. On estime que dans le cas de Pforzheim, Mélac, en tant qu'officier général, fut directement responsable du bombardement de la ville le 10 Août et de l'incendie de la ville le lendemain.


Le traité de Ryswick en 1697 attira à Jean-Guillaume de Neubourg-Wittelsbach, fils de Philippe-Guillaume, la paisible possession de ses États.

[modifier] XVIIIe siècle

La lignée de Neubourg, qui transporta la capitale de Heidelberg à Mannheim en 1720, dura jusqu'en 1742, date à laquelle elle s'éteignit. Le Palatinat fut hérité par le duc Charles Théodore de Soulzbach, qui hérita également du Duché de Bavière. Sans enfant, il laissa ses États à sa mort à Maximilien Joseph, duc de Deux-Ponts, qui unifia les possession des Wittelsbach en 1799.

[modifier] XIXe et XXe siècle

Le Palatinat fut dissout pendant les guerres de la Révolution : la rive gauche du Rhin fut occupée, incluse dans la République cisrhénane, puis annexée en 1801 par le traité de Lunéville (pour former le département du Mont-Tonnerre avec Mayence pour chef-lieu), tandis que la rive droite fut donnée au margraviat de Bade, devenu grand-duché de Bade en 1806.

Aux congrès de Vienne de 1814 et de 1815, la rive gauche du Rhin fut augmentée d'autres territoires (dont l'évêché de Spire) et revint aux Wittelsbach pour faire partie du royaume de Bavière : à partir de cette date, c'est cette région qui fut désignée sous le nom de Palatinat, Palatinat rhénan ou Bavière rhénane. Elle ne fut séparée de la Bavière qu'après la Seconde Guerre mondiale pour faire partie du nouveau land de Rhénanie-Palatinat, avec les parties de la Prusse rhénane et la Hesse-Darmstadt (Hesse rhénane) situées sur la rive gauche du Rhin.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Notes et références

  1. Ce paragraphe est un résumé de l'article (cité ci-dessous dans les liens externes) paru dans l'hebdomadaire allemand Die Zeit le 6 mai 2005. L'auteur de l'article original est l'historien Michael Martin, directeur des archives municipales de Landau. Les assertions relatives aux événements de Pforzheim sont inspirées du livre : "Becht: Pforzheim in der frühen Neuzeit, Pforzheimer Geschichtsblätter 7, Jan Thorbecke Verlag, Sigmaringen, 1989".

[modifier] Source

« Palatinat du Rhin », dans Marie-Nicolas Bouillet et Alexis Chassang (dir.), Dictionnaire universel d'histoire et de géographie, 1878 [détail des éditions] (Wikisource)