Ezéchiel de Mélac

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Ezéchiel du Mas, comte de Mélac (né vers 1630 à Sainte-Radegonde (Gironde) ; † le 10 mai 1704 à Paris) était un général de Louis XIV et du marquis de Louvois, qui s'acquit une sinistre réputation au cours de la Guerre de la ligue d'Augsbourg.

Sommaire

[modifier] Biographie

Mélac choisit très jeune la carrière des armes et fut nommé en 1689 maréchal de camp. Chargé par Louvois de dévaster le Palatinat (« brûlez le Palatinat! »), il fit systématiquement mettre à feu et à sang Mannheim, Heidelberg, Pforzheim, Spire (y compris sa célèbre cathédrale), Baden-Baden, Worms, Durlach et plusieurs autres villes et villages. En tant que gouverneur militaire de Landau, il défendit vaillamment cette forteresse contre les troupes du margrave de Bade, mais dut abandonner la place en 1702. Mélac démissionna ensuite de l'armée et se retira à Paris. Le roi lui octroya une pension considérable, dont il bénéficia jusqu'à sa mort le 10 Mai 1704.

[modifier] Rôle dans la guerre de la ligue d'Augsbourg

Les troupes de Mélac s'illustrèrent au cours de la Guerre de la ligue d'Augsbourg (1688-1697) par la brutalité avec laquelle elles ravagèrent de larges portions de l'électorat du Palatinat du Rhin, les villes du Wurtemberg et de Bade. Ces actes consacraient la stratégie française de démantèlement des villes et de désertification des territoires envahis.

Dans l'ouest de l'Allemagne, le nom de Mélac reste synonyme depuis des siècles d'incendiaire (« Mordbrenner »), et les habitants du Palatinat le maudissent. Il n'était pas rare, encore au XXe siècle, que les Allemands appellent leur chien Melac. L'insulte "Lackel" usitée dans le Palatinat remonterait également au nom de l'« Incendiaire ».

[modifier] États de service

  • Naissance vers 1630 à Sainte-Radegonde (Gironde), env. 15 km au sud-est de Libourne.
  • 1664: nomination au grade de lieutenant dans un régiment de cavalerie au Portugal.
  • 1666: nommé chef de compagnie.
  • 1672: sert dans les Flandres au début de la guerre de Hollande.
  • 1675: nommé Mestre de camp de Cavalerie.
  • 1679: nommé brigadier des armées, et gouverneur militaire de la place de Schleiden (40 km au sud-est d'Aix-la-Chapelle).
  • 1686: sert en Savoie sous les ordres du Maréchal Catinat.
  • Avril 1688: muté à l'armée du Rhin sous les ordres du Maréchal Jacques-Henri de Duras.
  • 1688: épouse la fille du maréchal de Duras.
  • Septembre 1688: l'armée du Rhin pénètre sans déclaration de guerre formelle[1] sur les hauteurs dominant le Palatinat et sur la rive gauche du Rhin, et s'enfonce jusqu'en Bade. Les villes de Heilbronn, Heidelberg et Mannheim (le 10 novembre) sont enlevées et les fortifications de Philippsbourg sont prises d'assaut. Pforzheim était occupée depuis le 10 octobre. Mélac stationne ses troupes à Heilbronn sous les ordres du maréchal Joseph de Montclar. Depuis Heilbronn il ravage ensuite les pays environnants, y compris Donauwörth, Marbach-am-Neckar et Schorndorf. Sur la fin de l'année il s'empara d'Heidelberg, capitale de l'électorat de Palatinat, et de plusieurs bourgs le long du Neckar, dont Ladenburg.
  • 1689: incendie Pforzheim le 21 janvier. Le 16 février les troupes françaises commandées par Mélac et le Comte de Tessé, obéissant aux instructions du ministre de la guerre Louvois, prirent le château d'Heidelberg et le 2 mars la ville elle-même fut incendiée (les habitants parvinrent cependant à éteindre la plupart des foyers, ce qu'un monument commémore aujourd'hui). Le 8 mars ce fut le tour de Mannheim puis de Frankenthal, Worms, Spire et d'autres bourgs de la rive droite du Rhin. Le 31 mai il fit bombarder le fort de Landskrone et la ville d'Oppenheim. Sur la rive droite du Rhin, les villes de Bretten, Maulbronn, Pforzheim, Baden-Baden etc. connurent le même sort, bien qu'il ne soit pas plausible que Mélac ait prit part à toutes ces opérations. On estime que dans le cas de Pforzheim, Mélac, en tant qu'officier général, fut directement responsable du bombardement de la ville le 10 Août et de l'incendie de la ville le lendemain.
  • 1690: nommé Maréchal de camp.
  • 1691: mort de sa femme.
  • 1693: nommé Lieutenant général. Mélac est nommé au printemps comme commandant de l'importante citadelle de Landau[2]. Depuis cette base, il terrorisa au cours des années ultérieures les régions environnantes, de la Rhénanie au Wurtemberg. En mai il se consacra à la seconde et ultime destruction de Heidelberg.
  • 1697: la Paix de Rijswijk met un terme à la Guerre de la ligue d'Augsbourg. Landau reste française et Mélac est confirmé comme gouverneur militaire de la place.
  • 1702: La Guerre de succession d'Espagne, dont le théâtre d'opération se déplace du Piémont à la vallée du Rhin, entraîne le siège de la forteresse de Landau par une armée du Saint-Empire dirigée par le margrave de Bade. Mélac et ses soldats parviennent à soutenir le siège pendant 4 mois (soit trente jours de plus que ce qui est considéré comme un siège ordinaire). Pour soutenir le moral de ses soldats, Mélac fit fondre les biens en or et en argent qu'il possédait, et en distribua les parts entre ses soldats pour leur solde. Il dut cependant capituler en septembre. Il obtint lors des pourparlers de pouvoir se retirer avec tous les survivants de la garnison et une partie de son artillerie. Il démissionna finalement de l'armée du Rhin et eut les honneurs de la Cour à Fontainebleau, où il fut récompensé de 30 000 livres de pension, mais sans autre gratification.
  • 1703: il se retire dans un appartement de la rue des Tournelles dans le 4e arrondissement de Paris avec quelques domestiques, et rédige son testament vers la fin du mois d'août.
  • 1704: Mélac meurt le 10 mai.

[modifier] Notes

  1. Ce paragraphe est un résumé de l'article (cité ci-dessous dans les liens externes) paru dans l'hebdomadaire allemand Die Zeit le 6 mai 2005. L'auteur de l'article original est l'historien Michael Martin, directeur des archives municipales de Landau. Les assertions relatives aux événements de Pforzheim sont inspirées du livre : "Becht: Pforzheim in der frühen Neuzeit, Pforzheimer Geschichtsblätter 7, Jan Thorbecke Verlag, Sigmaringen, 1989".
  2. La maison qu'occupait Mélac à Landau fut aménagée par la suite en auberge, « Chez Mélac ». L'établissement, qui changea de nom en 1851 et fut rebaptisé "À la couronne", est toujours en activité.

[modifier] Mélac dans la littérature allemande

  • Mélac est évoqué dans un roman de l'écrivain allemand Karl May L'amour d'un Uhlan.
  • Un poème de Gustav Schwab : Mélac, le général français
  • La légende de la fille d'Esslingen raconte que cette ville, assiégée par les troupes françaises, fut préservée d'une destruction certaine par le sacrifice de la fille d'un pasteur qui se donna au général Mélac.

[modifier] Liens externes

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