Millepertuis perforé

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Millepertuis perforé
Fleurs dans une prairie naturelle
Fleurs dans une prairie naturelle
Classification classique
Règne Plantae
Division Magnoliophyta
Classe Magnoliopsida
Ordre Theales
Famille Clusiaceae
Genre Hypericum
Nom binominal
Hypericum perforatum
L., 1753
Classification phylogénétique
Ordre Malpighiales
Famille Hypericaceae
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Le millepertuis perforé ou millepertuis commun ou millepertuis officinal (Hypericum perforatum L.) est une plante herbacée vivace de la famille des Clusiacées selon la classification classique (ou des Hypéricacées selon la classification phylogénétique).

Les poches sécrétrices transparentes présentes sur le limbe des feuilles allongées donnent l'impression de multiples perforations, particularité à l'origine du nom de millepertuis qui signifie mille trous.

Parmi toutes les espèces de millepertuis formant le genre Hypericum, l'appellation sans épithète de millepertuis désigne généralement le millepertuis perforé.

Utilisée en médecine et largement popularisée pour ses effets antidépresseurs, la plante porte de nombreux surnoms dont le plus célèbre est celui d'herbe de la Saint-Jean.

Sommaire

[modifier] Noms vernaculaires

  • En français, plus de 40 noms retrouvés dont : chasse- diable, herbe aux fées, herbe aux mille vertus, herbe de Saint Eloi, herbe de la Saint-Jean, Barbe de Saint-Jean, millepertuis perforé, herbe à mille trous, herbe percée, herbe à la brûlure, herbe aux piqûres, herbe du charpentier, trascalan, truchereau, trucheron, trucheron jaune...
  • En allemand : Blutkraut, Feldhopfenkraut, Herrgottsblut, Hexenkraut, Johannisblut, Johanniskraut, Konradskraut, Mannskraft, Sonnwendkraut, Tüpfelhartheu, Waldhopfenkraut, Walpurgiskraut...
  • En anglais : Balm of warrior, St John’s wort, Touch and heal.
  • En espagnol : Hierba de San Juan ou Yerba de San Juan.
  • En roumain : sunătoare (= qui sonne - le plus répandu), Pojarniţă (= de type rougéole)

[modifier] Habitat

Plante sauvage, héliophile et calcicole. Les bords des chemins, les lisières de forêt, prairies et talus secs, clairsemés et calcaires constituent ses habitats préférés. Le millepertuis craint l'ombre et l'humidité. On le trouve dans toute l’Europe, en Asie, en Afrique du Nord et en Amérique du Nord. Il est actuellement importé, en tant que remède, des pays d’Europe de l’Est et du Sud-Est (Bulgarie, Pologne, Roumanie, Ukraine…).

[modifier] Utilisation

[modifier] Parties actives

Les sommités fleuries, cueillies au début de la floraison et séchées. Les fleurs doivent contenir 60 à 70 % de capsules immatures.

[modifier] Usage médicinal

L'usage médicinal du millepertuis remonte à au moins 2400 ans, date où Dioscoride le préconisait dans ses ordonnances. Depuis des millénaires, le millepertuis est utilisé en médecine pour ses effets :

  • antidépresseur dû principalement à l'hyperforine [1](en usage interne et au long cours). Le millepertuis semble plus efficace que le placebo dans cette indication et pourrait être comparable aux médicaments antidépresseurs[2]. Il est également assez communément utilisé dans les troubles déficitaires de l'attention de l'enfant, du moins aux États-Unis[3] avec, cependant, un effet contesté[4].
  • vulnéraire, émollient et adoucissant cutané (en usage externe et immédiat).

Les fleurs de millepertuis servent, par macération dans l’huile, à la préparation de l’huile de millepertuis qui est renommée pour le traitement des brûlures et des contusions.

Inscrit à la pharmacopée française en 1818, il tomba dans l'oubli à la fin du XIXe siècle (où il fut relégué dans les "remèdes de grands- mères"). La pharmacologie moderne redécouvre seulement une à une, l'ensemble de ses effets thérapeutiques notamment antivirales (propriétés autrefois appelés "vertus"...).

[modifier] Pharmacologie

Millepertuis (extrait sec)
Noms commerciaux :
  • Arkogélules Millepertuis® (France),
  • Elusanes Millepertuis® (France),
  • Hyperiforce® (Suisse),
  • HyperiMed® (Suisse),
  • Hyperiplant® (Belgique, Suisse),
  • Hyperval® (Suisse),
  • Jarsin® (Suisse),
  • Libertin® (Suisse),
  • Lucilium® (Suisse),
  • Mildac® (France),
  • Milperinol® (Belgique),
  • Perika® (Belgique),
  • Procalmil® (France),
  • ReBalance® (Suisse),
  • Remotiv® (Suisse),
  • Solevita® (Suisse)
Classe :
Antidépresseur
Autres informations :

Le millepertuis agirait au niveau neuronal en inhibant la recapture de certains composants, comme la dopamine, la sérotonine et la norépinéphrine[5], ce qui expliquerait son action dans la dépression.

Le millepertuis comporte un très grand nombre de composés actifs. Parmi les très nombreuses molécules actives identifiées (en fait des pigments), l'on retrouve principalement les groupes suivants :

  • L’hypéricine et ses analogues typiques du genre Hypericum, ce sont des naphthodianthrones proches de l’hypéricine (de radical hydrogéné, R = H) : protohypéricine (R = H), ou de radical hydroxylé : pseudohypéricine (R = OH), cyclopseudohypéricine, pseudoprotohypéricine (R = OH), etc.

Attention, ces composés d'un rouge intense ont des propriétés phototoxiques. Des bovins en ayant consommé jusqu’à 7 g (dose estimée) ont présenté des symptômes phototoxiques à type de bulles ou de brûlures, pouvant aller jusqu'à la mort. Mais les doses utilisées en médecine humaine sont 50 fois plus faibles, ce qui élimine, de principe, les complications phototoxiques. Cependant les patients absorbant plus de 100 mg de principe actif par jour, doivent éviter toute exposition solaire intense et/ou prolongée.

  • les dérivés du phloroglucinol avec l’hyperforine ;
  • les flavonoïdes, mais aussi les biflavones avec l’amentoflavone ;
  • les caroténoïdes : responsables de la coloration jaune des fleurs de millepertuis, ce sont des xanthophylles liposolubles souvent combinés à l’acide myristique. Ces xantophylles hydroxylés de type lutéine peuvent aussi être : monoépoxydés avec la trollixanthine et le trollichrome ou diépoxydés comme la violaxanthine et la lutéoxanthine,

Le groupe des xantophylles époxydés représente 95 % des pigments liposolubles.

  • les procyanidines ;
  • et certainement encore d'autres substances encore à identifier.

La recherche et l'analyse concernant l'ensemble de ces composés est actuellement en plein essor notamment en Europe et en Amérique du Nord. Mais trouver une nouvelle molécule en laboratoire, ne signifie pas trouver une nouvelle molécule active. Pour ce faire, des études cliniques portant sur de larges groupes de patients sont nécessaires. Le but final étant évidemment pour l'ensemble des laboratoires, la recherche et la découverte d'une molécule originale, brevetable et donc exploitable commercialement. En fait, il semble qu'en 2005, nous en sommes face au millepertuis au stade où en était Bayer face à l'écorce de saule en 1865. Mais il est vrai que le produit apparaît beaucoup plus complexe, ceci malgré l'emploi de techniques innovantes et hautement performantes, comme la Chromatographie Liquide Haute Performance (CLHP), la BSM (Biologie supra- moléculaire), etc.

On notera que de nombreuses interactions médicamenteuses sont répertoriées pour le millepertuis. Déconseillé avec d'autres antidépresseurs (risque d'apparition d'un syndrome sérotoninergique), la plante est contre-indiquée pour certains médicaments métabolisés par l'une des principales isoenzymes des cytochromes P450 (CYP3A4). Ainsi, la plante est à proscrire en cas de traitements par :

  • Médicaments anticoagulants oraux ;
  • ciclosporine (immunosupresseur) ;
  • tacrolimus, sirolimus ;
  • antirétroviraux inhibiteurs de protéases (anti VIH) ;
  • Inhibiteurs non nucléosidiques de la transcriptase inverse (anti VIH) ;
  • irinotécan (anticancéreux) ;
  • Anticonvulsivants (carbamazépine, éthosuximide, felbamate, fosphénytoïne, lamotrigine, phénobarbital, phénytoïne, primidone, tiagabine, topiramate, acide valproïque, valpromide), sauf gabapentine et vigabatrine.

Et elle est déconseillée en cas de traitements par : Digoxine, théophylline, phénytoïne, contraceptifs oraux (risque de grossesse).

[modifier] Voir aussi

[modifier] Bibliographie

    • [1]Paul Benkimoun, « Les mille et une petites vertus antidépressives du millepertuis », Le Monde, 14 décembre 1999
    • [2] C. Binet, L’homéopathie pratique, 12e ed., St-Jean-de-Braye (France) : éd. Dangles - 1979, p. 93
    • [3] M. Boiron et A. Payre-Ficot, Homéopathie - Le conseil au quotidien, éd. Boiron sutip Actualités pharmaceutiques, 1998, p. 185
    • [4] J. Bruneton, Pharmacognosie. Phytochimie. Plantes médicinales, 3e éd.- Paris : Ed. Tec et Doc - 1999 - p. 440-445
    • [5] Grau, Jung, B. Munker, Les plantes et baies sauvages comestibles et médicinales, Munich : éd. Mosaik Verlag, 1983, p. 168-169
    • [6] N. Passard, Le millepertuis, Hypericum perforatum L. : Données récentes sur les activités antidépressives et antivirales, 1997
    • [7] V. Martinon, Composante anti-dépressive du millepertuis, Hypericum perforatum L., Clusiaceae, Université Paris XI, Thèse - Faculté de Pharmacie de Châtenay-Malabry, 2000
    • [8] M. Wichtl et R. Anton, Plantes thérapeutiques, Paris : Ed. Tec et Doc - 2003- p. 305-308
    • [9] AFSSAPS, Thésaurus des interactions médicamenteuses, 2005

[modifier] Notes et références

  1. (en) Laakmann Get coll., "clinical significance of hyperforin for the efficacy of hypericum perforatum extracts on depressive disorders of different severities" Phytomedicine 1998;5(6):435-442
  2. Linde K, Mulrow CD, Berner M, Egger M, St John's wort for depression, Cochrane Database Syst Rev, 2005;(2):CD000448
  3. Cala S, Crismon ML, Baumgartner J, A survey of herbal use in children with attention-deficit-hyperactivity disorder or depression, Pharmacotherapy, 2003;23:222-230
  4. Weber W, Vander Stoep A, McCarty RL, Weiss NS, Biederman J, McClellan J, Hypericum perforatum (St John's Wort) for attention-deficit/hyperactivity disorder in children and adolescents: A randomized controlled trial, JAMA, 2008;299:2633-2641
  5. Müller WE, Rolli M, Schafer C, Hafner U, Effects of Hypericum extract (LI 160) in biochemical models of antidepressant activity, Pharmacopsychiatry, 1997;30:102-107

[modifier] Liens externes