Athanasius Kircher

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Athanasius Kircher
Athanasius Kircher

Athanasius Kircher (en français: Athanase Kircher) (2 mai 1601, Geisa, en Thuringe, près de Fulda, Allemagne, - 27 novembre 1680, Rome, Italie) est un jésuite allemand, graphologue, orientaliste, esprit encyclopédique et un des scientifiques les plus importants de l'époque baroque.

Sommaire

[modifier] Biographie

[modifier] Famille

Son père, Johannes Kircher de Mayence, avait étudié la philosophie et la théologie, et, au lieu de devenir prêtre, était devenu le conseiller du prince-abbé Balthasar de Fulda. Ce dernier sera par la suite expulsé et Johannes Kircher perdra ses fonctions politiques et le statut social qui y étaient attachés. Il n'y reviendra jamais et se consacrera à l'enseignement et à sa vie de famille. Appauvri, il n'en veilla pas moins à donner une bonne instruction à ses six fils parmi lesquels Athanasius était le plus jeune.

[modifier] Études, formation et premier enseignement

Entre 1614 et 1618, Kircher apprend le grec ancien et l'hébreu au collège jésuite de Fulda. Il entre dans l'ordre jésuite à Paderborn le 2 octobre 1618. Après la formation spirituelle (noviciat) et l'approfondissement des langues classiques (humanités) avec l'étude des sciences à Paderborn (1618 à 1622) il continue sa formation en philosophie à Münster et Cologne, étudie les curiosités du monde physique à Heiligenstadt et, de 1625 à 1628, étudie la théologie à Mayence où il est ordonné prêtre (1628). Il enseigne alors l'éthique et les mathématiques à l'université de Wurzbourg où il s'initie également à la recherche scientifique et aux langues orientales. Sa première publication (sur le magnétisme) date de cette époque-là : Ars magnesia (1631).

[modifier] Professeur à Rome

Mais, fuyant la guerre de Trente Ans, il se réfugie à Avignon où il construit un observatoire et publie un essai sur la gnomonique. Il est invité à Vienne mais l'intervention de Nicolas-Claude Fabri de Peiresc auprès du cardinal Francesco Barberini fait qu'il est nommé professeur de physique, mathématiques et langues orientales au Collège Romain à Rome (1635). Il semble que le pape Urbain VIII lui-même soit intervenu. Il resta attaché à l'université jusqu'à la fin de sa vie... ce qui ne l'empêcha pas de voyager partout où le conduisaient ses investigations scientifiques: Aix, Vienne, Coblence, Münster, Malte, etc. En fait, dès 1646 on le libéra de sa tâche d’enseignant pour qu’il puisse se consacrer entièrement à la recherche et l’écriture. Les quelques 39 livres qu'il écrivit touchent les mathématiques, l'astronomie, la musique, l'acoustique, l’archéologie, la chimie, l'optique, la médecine, sans parler des langues orientales, de la volcanologie et d'autres sujets 'curieux' même si moins scientifiques : la kabbale, l’occultisme… Ces livres fourmillent d’intuitions et d’hypothèses diverses dont il laissa à ses successeurs la tâche de les confirmer ou infirmer. Souvent comparé à Leonardo da Vinci, ce génie encyclopédique était appelé le « Maître des cent Savoirs ».

[modifier] Découvertes et réalisations

[modifier] Lumière et optique

En 1646, Kircher publie un traité sur la lumière en relation dialectique avec l'obscurité Ars magna Lucis et Umbrae et se fabrique un microscope qui lui permit de faire des observations pertinentes sur le sang. On lui donne également la paternité de la lanterne magique, ancêtre du cinéma contemporain.

[modifier] Médecine

Peu enclin à un académisme distant, Kircher s’intéresse à la médecine lorsqu’une épidémie de peste ravage Naples et Rome (1656). Il adopte cependant une approche résolument moderne dans l'étude des maladies et avec son microscope examine le sang des victimes de l’épidémie. Dans ses Scrutinium Pestis publiées en 1658, il note la présence de « petits vers » ou « animalicules » dans le sang et en conclut que la peste est provoquée par des micro-organismes. Sa conclusion est correcte même s'il n'est pas interdit de penser que ce qu'il vit sont des globules blancs ou rouges et non l'agent de la peste, Yersinia pestis.

Il propose également des mesures prophylactiques pour prévenir la propagation de la maladie comme l'isolation en quarantaine des malades, l’incinération de leurs vêtements et le port de masque facial pour éviter d'inhaler les germes.

[modifier] Acoustique, musique et harmonie

Kircher nous a laissé un mégaphone de son invention. Il a aussi proposé un système destiné à engendrer des partitions musicales, ce qui fait de lui le père de la musique algorithmique générative. Toujours dans le registre musical, il est l'auteur de propositions d'instruments de musique automatisés (notamment des orgues actionnées hydrauliquement).

[modifier] Linguistique et hiéroglyphes

Sans doute le plus grand polyglotte de son temps, Kircher s'intéressait à l'origine des langues, étudia la langue copte (son traité de coptologie : Prodromus Coptus sive Aegyptiacus, 1636) et la vue des obélisques à Rome (1628) le tourna vers l'égyptologie. On l'a également déclaré père de l'égyptologie[1]

Kircher estimait que les signes hiéroglyphiques étaient des symboles. Ses déductions ne pouvaient donc qu'être erronées. Mais, même fausses, certaines sont surprenantes.

Par exemple, en examinant le nom du pharaon Apriès
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V28 N5
F34
D36
D36
A28
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c’est-à-dire six malheureux signes, il lit les bienfaits du divin Osiris doivent être procurés par le moyen des cérémonies sacrées et de la chaîne des génies, afin que les bienfaits du Nil soient obtenus; traduction étonnante alors que le nom du pharaon signifie tout simplement le cœur de Rê est réjoui. Après l'examen des travaux envoyés par Kircher, Peiresc se rend compte des nombreuses erreurs et interprétations douteuses mais maintient (ou fait semblant de maintenir) sa confiance au jésuite.

Connaissait-il également le chinois ? Non, mais cela ne l’empêcha pas de publier une China monumentis illustrata (Amsterdam, 1667), révélant surtout sa grande capacité de se documenter et son esprit encyclopédique.

[modifier] En d'autres domaines...

Il observa en Sicile une éruption de l’Etna (1630) - pour une meilleure observation il se fit même descendre dans le cône du volcan - et voyagea à Malte (1636) pour y étudier les courants marins, les volcans et tremblements de terre. Il en tira des conclusions intéressantes et écrivit le premier traité de géologie : Mundus subterraneus (Amsterdam, 1665).

Outre la lanterne magique et le microscope il inventa une machine à calculer et le pantographe (pour faciliter l’étude de la géométrie). Ces dessins se trouvent dans Pantometrum Kircherianum (Wurzbourg, 1669).

Il étudia la Bible à sa manière également, calculant les dimensions de l’arche de Noé (Arca Noe, Amsterdam, 1675) de la Tour de Babel (Turris Babel, Amsterdam, 1679) et du Temple de Salomon... Il s’égara dans la numérologie biblique : Arithmologia, sive de abditis numerorum mysteriis, Roma, 1665).

Par ailleurs, au contraire d'autres grands hommes de science de son époque (Isaac Newton, Robert Boyle) il rejeta complètement l'alchimie. Il créa au Collège Romain un musée des sciences et de l’ethnographie (Musée Kircherien), le premier du genre, qui malheureusement disparut lorsque la Compagnie de Jésus fut supprimée (en 1773).

[modifier] Œuvres

  • 1631 Ars Magnesia
  • 1635 Primitiae gnomoniciae catroptricae
  • 1636 Prodromus coptus sive aegyptiacus
  • 1637 Specula Melitensis encyclica, hoc est syntagma novum instrumentorum physico- mathematicorum
  • 1641 Magnes sive de arte magnetica
  • 1643 Lingua aegyptiaca restituta
  • 1645–1646 Ars Magna Lucis et umbrae in mundo
  • 1650 Obeliscus Pamphilius
  • 1650 Musurgia universalis, sive ars magna consoni et dissoni
  • 1652–1655 Oedipus Aegyptiacus
  • 1654 Magnes sive
  • 1656 Itinerarium extaticum s. opificium coeleste
  • 1657 Iter extaticum secundum, mundi subterranei prodromus
  • 1658 Scrutinium Physico-Medicum Contagiosae Luis, quae dicitur Pestis
  • 1660 Pantometrum Kircherianum ... explicatum a G. Schotto
  • 1661 Diatribe de prodigiosis crucibus
  • 1663 Polygraphia, seu artificium linguarium quo cum omnibus mundi populis poterit quis respondere
  • 1664–1678 Mundus subterraneus, quo universae denique naturae divitiae
  • 1665 Historia Eustachio-Mariana
  • 1665 Arithmologia
  • 1666 Obelisci Aegyptiaci ... interpretatio hieroglyphica
  • 1667 China Monumentis, qua sacris qua profanis
  • 1667 Magneticum naturae regnum sive disceptatio physiologica
  • 1668 Organum mathematicum
  • 1669 Principis Cristiani archetypon politicum
  • 1669 Latium
  • 1669 Ars magna sciendi sive combinatorica
  • 1673 Phonurgia nova, sive conjugium mechanico-physicum artis & natvrae paranympha phonosophia concinnatum
  • 1675 Arca Noe
  • 1676 Sphinx mystagoga
  • 1676 Obelisci Aegyptiaci
  • 1679 Musaeum Collegii Romani Societatis Jesu
  • 1679 Turris Babel, Sive Archontologia Qua Primo Priscorum post diluvium hominum vita, mores rerumque gestarum magnitudo, Secundo Turris fabrica civitatumque exstructio, confusio linguarum, & inde gentium transmigrationis, cum principalium inde enatorum idiomatum historia, multiplici eruditione describuntur & explicantur. Amsterdam, Jansson-Waesberge 1679.
  • 1679 Tariffa Kircheriana sive mensa Pathagorica expansa
  • 1680 Physiologia Kicheriana experimentalis

[modifier] Bibliographie

  • Jocelyn Godwin, Athanasius Kircher, London, 1979 ;
  • Erik Iversen, The Myth of Egypt adn its Hieroglyphs, Copenhagen, 1961 ;
  • Joseph MacDonnell, Jesuit Geometers, St Louis (USA), 1989 ;
  • C. Reilly, Athanasiua Kircher, Master of a hundred arts, Rome, 1974.

[modifier] Liens externes

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[modifier] Notes

  1. Erik Iversen in his Myths of Egypt and its Hieroglyphs, Copenhagen, 1961, pp. 97-98