Julia Kristeva

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Julia Kristeva en 2008
Julia Kristeva en 2008

Julia Kristeva, née le 24 juin 1941 à Sliven (Bulgarie), est docteur ès lettres, philosophe, psychanalyste et écrivaine française d'origine bulgare.


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[modifier] Biographie sommaire

Julia Kristeva s’installe en France en 1964. Elle participe à la revue Tel Quel et fait partie d’une association d’écrivains avec Michel Foucault, Roland Barthes, Jacques Derrida, Jean-Louis Baudry, Jean-Pierre Faye, Marcelin Pleynet, Jean Ricardou, Jacqueline Risset, Denis Roche, Pierre Rottenberg, Jean Thibaudeau et Philippe Sollers, dont elle deviendra l'épouse. Elle invente dans ce contexte en 1967 la notion d'intertextualité.

En 1979, après avoir suivi des séminaires de Jacques Lacan, elle devient psychanalyste. Progressivement, elle devient théoricienne du langage, elle établit une relation entre la sémiologie et l’analyse psychologique. Elle enseigne alors la sémiologie à l'Université de l'État de New York et à l'Université Paris 7 Denis Diderot. Elle est membre de l'Institut universitaire de France.

Elle dirige aussi le Centre Roland Barthes, dont les activités sont destinées aux doctorants et aux enseignants chercheurs qui interrogent les textes littéraires dans une perspective interdisciplinaire.

Sa pensée se place dans le sillage du néo-structuralisme.

Dans La Révolution du langage poétique (1974), Julia Kristeva présente la théorie selon laquelle le processus producteur de sens dans le langage est composé de deux éléments concourants, le symbolique et le sémiotique. Ce travail d’avant-garde relie également le langage au corps vivant. Dans sa trilogie Pouvoirs de l’horreur (1980), Histoires d’amour (1983) et Soleil noir (1987), elle développe des théories originales et efficaces sur l’abjection, l’amour et la dépression. Dans Étrangers à nous-mêmes (1988), son approche psychanalytique contribue à une nouvelle compréhension de la migration, de l’exil et de l’altérité.

Dans Les Nouvelles Maladies de l’Âme, publié en 1993, Kristeva explique comment les images médiatiques qui aplanissent les différences et les émotions produisent également une uniformisation de l’âme ou de la psyché. Elle affirme que « pressés par le stress, impatients de gagner et de dépenser, de jouir et de mourir, les hommes et les femmes d’aujourd’hui font l’économie de cette représentation de leur expérience qu’on appelle une vie psychique... L’homme moderne est en train de perdre son âme. Mais il ne le sait pas, car c’est précisément l’appareil psychique qui enregistre les représentations et leurs valeurs signifiantes pour le sujet ». L'espace psychique, cette chambre obscure de notre identité où se reflèchissent à la fois le mal de vivre, la joie, et la liberté de l'homme occidental, est-il en train de disparaître? L'étude de Kristeva pose cette question alarmante qui révèle non seulement une urgence thérapeutique, mais aussi un problème de civilisation. Kristeva poursuit ce questionnement dans Sens et non sens de la révolte, publié en 1996, où dans un discours sur les pouvoirs et les limites de la psychanalyse elle se demande si face à la culture "show" ou "entertainment" il est possible de bâtir et d'aimer une culture-révolte? C'est à dire ni une nouvelle version de l'engagement, ni une promesse paradisiaque, mais, au sens etymologique et proustien de la révolte - , dévoilement, retournement, déplacement, reconstruction du passé, de la mémoire et du sens.

En 2004 elle publie Meurtre à Byzance, un polar historique et métaphysique, où à travers une sombre histoire de meurtres en série, et à travers un cheminement sur les traces d'Anne Comnène, princesse byzantine et historienne, Julia Kristeva aborde le sujet de l'immigration, du déracinement et de la perte d'identité dans un voyage vers l'innommable.

Le livre Thérèse mon amour paraît en 2008. Entre roman et traité, c'est un récit de la vie de Sainte Thérèse d'Avila avec de multiples échos entre ce que Thérèse a vécu au XVIe siècle et le surgissement du continent religieux aujourd’hui, qui font renaître au présent l'énigme de l'expérience intérieure de la sainte.

Julia Kristeva a publié plus d’une vingtaine d’ouvrages et récemment, elle s’est particulièrement intéressée aux femmes écrivains et aux intellectuelles. Son oeuvre a une grande influence sur le féminisme international contemporain. Elle est l'auteur d'une trilogie publiée entre 1999 et 2002, intitulée Le Génie féminin et consacrée à Hannah Arendt, Mélanie Klein et Colette, où elle se dissocie du "féminisme massificateur" et insiste sur l'irréductible singularité de chaque sujet.

Parmi ses détracteurs, on peut citer Alan Sokal et Jean Bricmont qui, dans un livre qui a déclenché une polémique, Impostures intellectuelles, dénoncent dans trois articles de Kristeva, une utilisation abusive de termes techniques mathématiques ou physiques parfois assez poussés (également, selon les deux experts, dans les oeuvres de Lacan, Deleuze, Baudrillard, Virilio etc), destinés selon eux à impressionner un lecteur qui ne possède pas les connaissances permettant de juger du bien fondé de l'utilisation de ces termes.

Julia Kristeva est par ailleurs Docteur Honoris Causa dans de nombreuses universités prestigieuses (comme New School University de New York, ou Harvard University de Boston) et membre de la British Academy de Londres.

L'auteur a reçu en 2004 le Prix Holberg (équivalent du Nobel pour les sciences humaines), pour "ses travaux novateurs consacrés à des problématiques qui se situent au croisement entre langage, culture et littérature".

Elle a également reçu, en décembre 2006 à Brême, le prix Hannah Arendt pour la pensée politique, dont elle a fait officiellement don à l´ONG HumaniTerra.

Julia Kristeva fait partie, depuis plusieurs années, du Conseil National Handicap, qui a pour but de sensibiliser, former et informer la population sur les différents handicaps et leurs prises en charge[1].

[modifier] Œuvres

Romans
  • Thérèse mon amour, récit, Fayard, 2008
  • Meurtre à Byzance
  • Possession
  • Le vieil homme et les loups
  • Les Samouraïs
Essais
Autres
  • Le Langage, cet inconnu, " Le point de la question", S.G.P.P., 1969. [publié sous le nom Julia Joyaux]
  • Le Langage, cet inconnu. Une initiation à la linguistique, Points Seuil, 1969.
  • Au commencement était l'amour. Psychanalyse et foi, "Textes du XXe siècle", Hachette, 1985.
  • Recherches pour une sémanalyse, Seuil, 1969
  • Le texte du roman. Approche sémiologique d'une structure discursive transformationnelle, La Haye, Mouton, 1970
  • Des Chinoises, Des Femmes, 1974 ; rééd. Pauvert, 2001.
  • Polylogue, Seuil, 1977
  • Pouvoirs de l'horreur. Essai sur l'abjection, Seuil, 1980.
  • La Révolution du langage poétique.L'avant-garde à la fin du XIXe siècle, Lautréamont et Mallarmé, 1985
  • Soleil noir. Dépression et mélancolie, Gallimard, 1987
  • Sens et non-sens de la révolte, Fayard, 1996.
  • La Révolte intime, Fayard, 1997.
  • Les Nouvelles Maladies de l'âme, Fayard, 1993.

[modifier] Décoration

  • Officier de la Légion d'honneur[2]

[modifier] Références

  1. etatsgenerauxhandicap.net
  2. Décret du 30 janvier 2008 publié au JO du 31 janvier 2008.

[modifier] Liens externes