Féminisme

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Le symbole astrologique de la planète Vénus, aussi appelé le « miroir de Vénus », devenu symbole du genre associé, fut repris comme emblème des mouvements féministes.
Le symbole astrologique de la planète Vénus, aussi appelé le « miroir de Vénus », devenu symbole du genre associé, fut repris comme emblème des mouvements féministes.

Le féminisme est un ensemble d'idées politiques, philosophiques et sociales cherchant à promouvoir les droits des femmes et leurs intérêts dans la société civile. La pensée féministe vise en particulier l'amélioration du statut des femmes dans les sociétés où la tradition établit des inégalités fondées sur le sexe. Le féminisme travaille à construire de nouveaux rapports sociaux et développe des outils propres à la défense des droits des femmes et de leurs acquis. Ce mouvement est soutenu par diverses théories sociologiques et philosophiques.

Né après l'âge industriel[1], le féminisme se réclame de mouvements plus anciens ou de combats menés dans d'autres contextes historiques. Il est parfois présenté comme une lutte menée afin d'abolir l'oppression dont les femmes sont victimes au quotidien. Le féminisme est soutenu principalement par les femmes, bien qu'il soit également activement défendu par des hommes. Les féministes cherchent à faire progresser les femmes dans leur contexte social, politique et économique, mais également dans la perception qu'elles ont d'elles-mêmes. Ils défendent l'idée que « le personnel est politique » et font avancer la cause des femmes en les aidant à se structurer comme des personnes autonomes, capables de gérer leur propre corps et, de façon plus générale, toutes les dimensions de leur vie.

Sommaire

[modifier] Historique

[modifier] Origines des mouvements de libération des femmes

Historiquement dans les sociétés pré-modernes, la femme a été généralement exclue de nombreuses sphères qui lui sont aujourd'hui accessibles (politique[2], économique[3], militaire [4], etc.) Dans la cité grecque antique, la femme n'avait pas le droit de vote; bien que libre, elle n'était pas en droit de se mêler aux affaires économiques de la cité car le droit de vote nécessitait de payer l'impôt.

La femme a été souvent cantonnée à un devoir de femme de ménage où le travail comme moyen de subsistance et de protection du foyer incombait à la responsabilité des hommes[5] (plus ou moins vrai face à l'agriculture). Les femmes, traditionnellement responsables de la gouvernance du foyer, de son entretien et de la réception d'invités, restaient cependant à charge de leur époux après avoir été à celle de leurs parents selon l'idéologie patriarcale. En effet, l'idée que les femmes sont entretenues par les hommes de leur famille est un renversement typique de l'invisibilisation de la productivité des opprimé(e)s. Les patriarcats consistent essentiellement en la mise au travail gratuit des femmes au bénéfice des hommes (servage dans l'agriculture, l'artisanat, les professions d'indépendants et libérale....) en plus de l'exploitation domestique (travail ménager - dont 80% est assuré par les femmes encore aujourd'hui en France) et prise en charge des personnes invalides de la famille (enfants, vieux, handicapés) cf. Colette Guillaumin sur le concept de rapport de sexage et Christine Delphy à propos de l'économie domestique dans les patriarcats. Comme toute oppression, le patriarcat est un système d'exploitation d'une classe par une autre : individuellement (travail domestique) et collectivement (ségrégation horizontale et verticale du marché du travail, sous emploi féminin...) le dominant est dépendant du travail approprié de l'opprimée.

Dans plusieurs sociétés, la femme dans les mentalités de l'époque ne produisait qu'une descendance (voire une dot). Ce faisant historiquement, les femmes étaient privées bien souvent entre autres du droit de vote, du droit de gestion de ses revenus et de ses comptes[5], du droit de divorce et de l'accès à certains espaces exclusivement réservés aux hommes.

Si un large consensus à ces époques - autant des femmes que des hommes sur ce mode d'organisation sexiste de la société - était établi, son inadéquation - avec les mœurs et l'évolution de la société - devenait de plus en plus apparente. Certains corpus législatifs des religions abrahamiques le montrent bien par leur évolution: Reconnaissance des femmes et interdiction - proclamée par Jésus de Nazareth - de les répudier puis droit de divorce et protection accordés du prophète Mahomet, puis protestantisme et prêtrise accordée aux femmes, etc.

Ainsi, l'apport du féminisme du XXe siècle se manifeste par la réhabilitation inconditionnelle et universelle des droits des femmes qui, au vu de l'évolution de la société, est devenue l'une de leurs principales attentes.

A cela il est bon de comprendre que l'organisation de la société pré-féministe, largement sexiste, reposait sur un consensus largement établi mais qui, tout au long de l'histoire, s'est vu remettre en question pour aboutir à une abolition progressive au XXe siècle, avec par exemple la Déclaration universelle des droits de l'homme - et de la femme. L'argument biologique, largement exploité, est pourtant directement issu du conflit sexuel et utilise la différence des sexes pour réduire la femme à sa maternité.

[modifier] Les religions et les femmes

Eve s'apprêtant à provoquer le péché originel.
Eve s'apprêtant à provoquer le péché originel.

Les religions abrahamiques sont perçues par les féministes comme défavorables aux femmes et sont accusées de leur réserver dans la société une place secondaire et un sort peu enviable[réf. nécessaire]. En s'attaquant à ces systèmes religieux, les féministes ont pu en pratique contester plus aisément les positions conservatrices de la société en général. Ironiquement, les femmes ont souvent été des personnages clefs dans l'histoire des religions, alors qu'à l'inverse les religions ont parfois participé à l'émancipation de la femme dans la société.

  • L'islam n’admet pas la confusion des rôles masculin et féminin, ni la sexualité en dehors de l’union du couple. Cette religion du livre offre la possibilité de divorce (sous certaines conditions[7]). L'homme musulman a le devoir de protéger son épouse et de lui laisser libre choix de ses activités. La femme a le droit de travailler ou de divorcer sans le consentement de son époux.[8]. La femme est perçue comme impure en période de menstruation et pour soulager ce phénomène biologique elle est interdite de prière[9]. L'islam permet l'avortement dans certaines situations précises, quand par exemple la conservation du fœtus met la vie de la mère en danger[10]. La polygamie est permise par le Coran. Étant donné que le Coran interdit l'adultère et que beaucoup d'hommes ont des relations sexuelles en dehors du mariage, pour éviter les enfants illégitimes l'Islam autorise la polygamie sous certaines conditions : l'homme ne devra privilégier aucune de ses femmes, il devra donner de l'argent de manière égale, il ne pourra avoir que quatre épouses au plus et sous le consentement de sa première épouse, etc.
  • Le judaïsme assigne des rôles traditionnels précis aux hommes et aux femmes, en particulier chez les juifs orthodoxes : les femmes n’ont généralement pas accès au rabbinat et sont perçues comme « impures » pendant leur période menstruelle. Les relations sexuelles hors mariage sont prohibées et les couples doivent se soumettre aux règles de la niddah (« lois de la pureté familiale »). Le divorce et la répudiation sont permis mais découragés. L’avortement est autorisé dans les cas suivants: le fœtus met en danger la vie de la mère, le fœtus serait mal formé, la mère est incapable mentalement d'assumer la grossesse [6]. La contraception est interdite. La polygamie, traditionnellement permise, est interdite depuis le XIe siècle [7].
Icône de détail Articles détaillés : La femme dans le judaïsme et Nidda.
  • Le protestantisme prône le sacerdoce universel et donc celui des femmes. Néanmoins la liberté ou les interdits concernant les femmes décrétés par la religion varient très fortement selon les courants protestants, du plus libéral jusqu'aux plus orthodoxes.

Dans le bouddhisme, les femmes ont joué un rôle très important et le Bouddha Sakyamuni leur a donné la pleine ordination.[11] Cependant, au fil du temps, le nombre de nonnes s'est moins développé que celui des moines dans les pays bouddhistes. Ainsi, au Tibet, elles n'étaient que 27 000 avant l'invasion chinoise de 1959[12] alors qu'il y avait environ 592 000 moines[13]. Autour d'une association internationale de femmes, Carola Roloff s'implique dans un développement des femmes dans le bouddhisme.[14],[15]

Par contre les femmes laïques ont joué un grand rôle au Tibet par le fait que Padmasambhava - le fondateur du bouddhisme tantrique au Tibet - et son équipe ont fondé la communauté rouge, donc monastique composées de moines et de nonnes, et la communauté blanches formée de laïcs tant hommes et femmes. Les femmes et les hommes de cette communautés blanche pouvaient se marier, et devenir lamas. Parmi les nombreuses femmes dont s'honorent le bouddhisme tibétain, citons Yeshe Tsogyal, Jomo Manmo, Nigouma, Matchik Labrön et Ashi Khandro. Il y a eu aussi des lignées familiales de maîtres à disciple , voire de mère à fille. Les maîtres femmes ont surtout existé au sein de l'école nyingma, et moins dans les écoles sakya et géloug.

Soulignant un aspect féministe dans le Bouddhisme, le 14e Dalaï Lama a déclaré :

« Il y a un vrai mouvement féministe dans le bouddhisme qui est relié à la déité Tārā. Suivant son culte de la bodhicitta, la motivation du bodhisattva, elle a observé la situation des êtres s'efforçant d'atteindre le plein éveil et elle remarqua que peu de personnes atteignaient l'état de Bouddha en tant que femme. Aussi, Tārā s'est fait une promesse (elle s'est dit à elle-même) : « J'ai développé la bodhicitta en tant que femme. Pour toutes mes vies le long du chemin, je jure de renaitre en tant que femme, et dans ma dernière vie, quand j'atteindrai l'état de Bouddha, là aussi, je serai une femme. » »

[modifier] La révolution française et le droit des femmes

Le terme « féminisme », longtemps attribué à tort à Fourier, ne date en réalité que de 1874. Mais c'est au cours de la révolution française que naît le mouvement de revendication sociale et politique qu'il désigne, de nombreuses femmes prenant alors part aux actions et aux débats révolutionnaires, et des hommes et des femmes réclamant l’égalité entre les sexes du statut politique et social.

Olympe de Gouges, féministe du 18e siècle
Olympe de Gouges, féministe du 18e siècle

Malgré les contributions féminines à la rédaction des cahiers de doléances et le rôle que jouent les femmes du peuple parisien - notamment lors des manifestations d’octobre 1789 pour demander du pain et des armes -, les femmes ne se voient pas attribuer de droit particulier dans la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen ; et si le nouveau régime leur reconnaît une personnalité civile, elles n'auront pas le droit de vote à cette époque.

Elles n'en continuent pas moins à investir l'espace public, organisées en clubs mixtes ou féminins et en sociétés d’entraide et de bienfaisance, et participent avec passion -à l'instar des hommes- à toutes les luttes politiques de l'époque. Parmi les personnalités féminines notoires des débuts de la Révolution, il faut retenir Olympe de Gouges qui publie en 1791 la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne et Théroigne de Méricourt qui appela le peuple à prendre les armes et participant à la prise de la Bastille, ce dont elle sera récompensée par le don d'une épée par l'Assemblée nationale. C’est par des femmes comme Claire Lacombe, Louison Chabry ou Renée Audou que fut organisée la marche sur Versailles qui finit par ramener Louis XVI dans la capitale.

Toutes deux proches des Girondins, elles connurent une fin tragique : Théroigne de Méricourt devenant folle après avoir été fouettée nue par des partisanes de leurs adversaires et Olympe de Gouges, guillotinée. On peut remarquer que si les femmes ont été privées du droit de vote, cela ne les a pas préservé des châtiments réservés aux hommes et nombreuses connurent la prison ou l'échafaud suite à leurs actions publiques ou politiques.

À partir de 1792, l'entrée en guerre de la France conduit certaines à se battre aux frontières tandis qu'en 1793 se développe à Paris un militantisme féminin, porté par des femmes du peuple parisien proches des sans-culottes. Les deux cents femmes du Club des citoyennes républicaines révolutionnaires créé le 10 mai 1793 par Claire Lacombe et Pauline Léon, les « tricoteuses », occupent les tribunes publiques de la Constituante et apostrophent les députés, entendant représenter le peuple souverain. Leurs appels véhéments à la Terreur et à l'égalité, leur participation à la chute des Girondins et les autres manifestations spectaculaires des « enragées » allaient leur valoir une image de furies sanguinaires qui nourrirait longtemps les répulsions du pouvoir masculin. Claire Lacombe propose d’armer les femmes.

Cependant, plus que les excès d'une violence largement partagée à l'époque, ce sont d'abord les réticences des hommes au pouvoir qui excluent ces femmes de la sphère politique. La plupart des députés partagent les conceptions exposées dans l’Émile de Rousseau d'un idéal féminin restreint au rôle de mères et d'épouses, rares étant ceux qui, comme Condorcet, revendiquent le droit de vote des femmes en vertu des droits naturels inhérents au genre humain qui à la même époque inspirent la lutte contre le despotisme et l’esclavage.

En novembre 1793, toute association politique féminine est interdite, mais les femmes vont cependant continuer à jouer un rôle jusqu'à l’insurrection du printemps 95, dont le mot d’ordre est « du pain et la Constitution de 93 », avant que la répression généralisée qui marque la fin de la Révolution ne mette un terme provisoire à cette première prise de parole politique, pour les femmes comme pour les hommes.

[modifier] Échos en Grande-Bretagne

En 1792, une femme de lettre britannique, Mary Wollstonecraft fait paraître « Vindication of the Rights of Woman », un ouvrage traduit en français la même année sous le titre de « Défense du droit des femmes ». L'auteur, qui participe aux débats passionnés suscités outre-Manche par la Révolution en France, n'hésite pas à y rapprocher le mariage de la prostitution. Elle oppose et rapproche l'exploitation dont sont victimes les femmes les plus pauvres, contraintes au travail salarié ou à la rémunération de leurs services sexuels, au sort des jeunes femmes de la petite et moyenne bourgeoisie privées de toutes perspectives professionnelles par les préjugés et le défaut d'éducation, et réduites à faire un beau parti.

Esperant que Mary Wollstonecraft sera vite oubliée en France, avant d'être redécouverte par Flora Tristan en 1840.

[modifier] Socialisme et affranchissement des femmes

En France, un féminisme militant va se développer à nouveau dans les milieux socialistes de la génération romantique, en particulier chez les saint-simoniens de la capitale. Des femmes y adoptent des modes de vie libres, souvent au scandale de l'opinion publique; elles réclament l'égalité des droits et participent à l'abondante littérature de l'époque, comme Claire Démar qui publie en 1833 son Appel au peuple sur l'affranchissement de la femme.

Sur le plan politique, la constitution de la Monarchie de Juillet privant de ses droits la majorité de la population, leur combat rejoint celui des premiers défenseurs des ouvriers et des prolétaires, mais elles se mobilisent aussi contre le statut civil de la femme, soumise en matière juridique et financière à son mari — « La femme doit obéissance à son mari » affirme le Code civil — et pour le rétablissement du divorce interdit par la Restauration (1816). La Révolution de 1848 est un moment fort qui permet au féminisme de s'exprimer publiquement à travers des associations actives; après l'échec de la révolution sociale, leur participation à ces événements et leurs prises de position vaudront à certaines militantes féministes de partager le sort des proscrits.

Suffrage parade, New York City, 6 mai 1912
Suffrage parade, New York City, 6 mai 1912

[modifier] Premières organisations et suffragettes

Dans les années 1820, les premières organisations féministes ont vu le jour aux États-Unis : La Female Anti-slavery Society dénonçait l'esclavage ; l'American Female Moral Reform Society voulait lutter contre la prostitution et l'alcoolisme.

Une cinquantaine d'années plus tard, d'autres mouvements dits des Suffragettes (1865) apparaissent, tout d'abord en Grande-Bretagne puis aux États-Unis. Les féministes américaines revendiquèrent l'égalité des droits civiques. En 1869, l'État du Wyoming autorise le suffrage féminin, suivi en 1911 de la Californie. En 1920, le 19e amendement est ratifié au niveau fédéral : toutes les américaines obtiennent le droit de vote (deux ans après les Anglaises).

[modifier] Le XXe siècle

La première manifestation internationale des femmes a lieu le 8 mars 1911, suite à une proposition de Clara Zetkin. La revendication principale est le droit de vote. Le premier livre historique féministe est écrit par Mathilde Laigle : Le livre des trois vertus de Christine de Pisan et son milieu historique et littéraire , 1912.

À partir des années 1960, aux États-Unis, l'égalité des droits progresse. En 1963, la loi sur l'égalité des salaires (Equal Pay Act) est votée. Le 2 juillet 1964, la loi sur les droits civiques (Civil Rights Act) abolit théoriquement toute forme de discrimination aux États-Unis. Mais c'est à partir des années 1970, avec la contestation sociale née dans l'université de Berkeley en Californie, que les revendications féministes se structurent en véritables mouvements, tels que le Women's Lib et le MLF en France, puis prennent de l'expansion.

[modifier] Les dernières décennies

Avec les années 1980, les mouvements féministes, après les avancées de la décennie précédente, connaissent une pause. Désormais les femmes votent partout dans le monde occidental dont les parlements de pratiquement tous les pays ont voté des lois sur le divorce et sur la légalisation de la contraception et de l'avortement, qui furent les principales luttes des années 1970. Le développement du secteur tertiaire a permis une entrée massive des femmes dans de nombreuses professions, bien qu'en général à des niveaux subalternes. La volonté des milieux d'affaires de trouver simultanément de nouveaux consommateurs et de nouveaux salariés à mettre à la tâche y a possiblement contribué.

À priori, il semble qu'une certaine parité soit acquise. Cependant au regard des études qui ont été faites et publiées lors de la Conférence de Pékin[16], promue par l'ONU en 1995 dans le but de faire le bilan de la condition féminine dans le monde, on a pu s'apercevoir que ce n'était pas le cas dans de nombreux pays; même en occident, la question reste controversée.

On se souviendra en France de la grève des mères, durant laquelle les hommes en soutien des féministes ont gardé les enfants quand les femmes sont parties manifester. Depuis 2003, le mouvement français Ni putes ni soumises a repris le flambeau. Médiatisées, ces filles, surtout originaires de banlieues, ont fait plus largement connaître des problèmes comme les mariages forcés, les viols, l'excision. L'association de Fadela Amara s'est considérablement développée, comptant une soixantaine de comités et plus de 10 000 bénévoles, mais a subi de nombreux départs suite à l'entrée de Fadela Amara dans le gouvernement Sarkozy[17].

[modifier] Les courants de la pensée féministe

Icône de détail Article détaillé : Philosophie féministe.

Historiquement, ils relèvent de différents courants de pensée. Trois peuvent se distinguer, ayant connu chacun une évolution propre :

[modifier] Le féminisme aujourd'hui

Banderole « Les filles affranchies »
Banderole « Les filles affranchies »

Le féminisme moderne se prête à diverses interprétations.

Le féminisme analyse la condition féminine dans l'Histoire et dans le monde contemporain en suivant la réflexion initiée par Simone de Beauvoir, l'une des premières féministes qui revendiqua en France l'égalité des droits entre hommes et femmes. Dans Le Deuxième Sexe, elle affirme : « On ne naît pas femme, on le devient »; c'est la construction des individualités qui impose des rôles différents, selon le genre, aux personnes des deux sexes.

Le féminisme affirme exister depuis toujours afin de lutter contre l'usurpation masculine de l'universalité[réf. nécessaire]. Selon cette définition, l'identité humaine n'est pas composée de deux identités, féminine et masculine, mais bien d'un humain unique qui se différencie en homme ou en femme.

Le féminisme international contemporain reste influencé par les réflexions psychanalytiques de Luce Irigaray, Julia Kristeva et Bracha L. Ettinger.

Les analyses, plus pragmatiques, du féminisme américain, plus radical, naissent de la distinction entre le sexe et le genre. Elles posent que l'être humain est universel donc que l'identité sociale du genre féminin ou masculin est la résultante historique de l'oppression d'un sexe sur l'autre[réf. nécessaire].

Selon un autre courant de la pensée féministe, l'approche du problème est essentiellement de nature socio-économique et tient à la répartition des rôles entre les sexes. Selon cette théorie, le désavantage des femmes dans les sociétés tiendrait à ce que sont les hommes qui, historiquement, devaient pourvoir à la nourriture, postulat bien faible car si les hommes chassaient ce sont les femmes qui assuraient cueillettes et cultures en plus des soins du foyers et de l'éducation des enfants. Les femmes, occupées à la reproduction, au maternage et aux travaux domestiques qui entourent ces fonctions, ne se seraient jamais vues reconnaître l'importance, jugée marginale par les hommes, lointain héritage des sociétés de chasseurs de la préhistoire, de ces fonctions et de ce « travail invisible ». Lorsqu'elles entrent massivement sur le marché du travail, au XXe siècle, sans avoir plus le pouvoir d'en négocier équitablement les règles qu'en avaient eu les ouvriers avant elles, elles se trouvent contraintes à subir ce que leur impose un patriarcat toujours en pleine forme[réf. nécessaire] , d'où la nécessité de repenser radicalement les fondements de la vie sociale commune aux hommes et aux femmes. La place défavorable des femmes au travers des différents pays et des siècles ne provient que de la volonté des hommes de conserver pour leur comptes les richesses. Le sexisme est le "isme" qui a fait et fait le plus de morts, (mot au masculin pour souligner l'humanité des mortes). Il manque 100 millions de femmes en Asie, mortes avant leur naissance ou dans les premiers jours de leur vie. C'est le trait de société le plus universel loin devant l'interdit de l'inceste. Il est beaucoup plus meurtrier que le racisme car complétement intégré dans l'inconscient lorsque ce n'est pas dans les lois.[réf. nécessaire]

[modifier] Quelques femmes féministes

Voir aussi la Catégorie:Féministe.

[modifier] Quelques slogans féministes

  • Un homme sur deux est une femme: une moitié de la population a tendance à être oubliée, le masculin est considéré comme l'universel.
  • Notre corps nous appartient : ré-appropriation de son corps et notamment de sa fertilité à travers les différents moyens de contraception et le droit à l'IVG. Cette ré-appropriation est le chemin inverse nécessaire de l'appropriation patriarcale des femmes par les hommes, appropriation qui passait aussi par une exploitation de la sexualité et de la reproduction comme le montre Paola Tabet dans "La grande arnaque, échange économico-sexuel et sexualité des femmes"
    • Un enfant si je veux, quand je veux!: même but
  • N’attends pas le prince charmant, apprends à lire et deviens qui tu es: importance de l'éducation et de l'indépendance des femmes
  • Une femme sans homme, c'est comme un poisson sans bicyclette: remise en cause des théories essentialistes sur la complémentarité des sexes
  • Ne me libère pas, je m'en charge! : importance de l'indépendance des femmes et dénonciation des intérêts antagonistes de classe qui motivent le paternalisme des militants hommes (cf. Christine Delphy "Nos amis et nous" (en ligne).
  • Travailleurs de tous les pays, qui lave vos chaussettes ? : les femmes continuent à exercer la plus grande partie des tâches ménagères au sein du foyer, bien que leur taux d'activité ait augmenté significativement depuis ces dernières décennies : la "double journée de travail" ne date pas des années 60 comme on le pense mais est l'économie même du patriarcat puisque les femmes ont toujours travaillé comme main d'oeuvre et serf dans les propriétés des hommes (dans l'artisanat, l'agriculture, les professions libérales et indépendantes...) et en plus travaillaient comme bonne domestique au foyer.
  • Le privé est politique: ce que l'on pense relever du domaine privé est en réalité influencé par notre culture et notre système politique (au sens large) : sexualité, travail domestique... tout est organisé par la hiérarchie politique entre les sexes.
  • Il y a plus inconnu que le soldat inconnu : sa femme![18]: référence à l'histoire, qui est avant tout une histoire confisquée par les hommes faite par et pour la reproduction du patriarcat, c'est à dire l'invisibilisation de la productivité sociale et économique des femmes (elles semblent commencer à travailler au milieu du 20 è siècle après 5000 ans d'oisiveté et de parasitisme ?!) et la promotion de la productivité virilie (confiscation de l'ouvrage du monde et des civilisations par les hommes).
  • Je suis une femme, pourquoi pas vous ? : souligne l'impossibilité d'identification propre au mode de pensée sexiste, qui amène encore aujourd'hui les gens à ne pas voir un génocide dans la "disparition" des femmes asiatiques mais un déséquilibre du sex ratio, et à ne pas voir un acte d'humiliation et d'agression pure dans un viol mais de la sexualité forcée.

[modifier] Ressources

[modifier] Notes

  1. Les idées de libération de la femme prennent leurs racines dans le siècle des Lumières (voir notamment Olympe de Gouges, Mary Wollstonecraft), mais le terme de féminisme n'apparait qu'au XIXe siècle
  2. Voir notamment Olympe de Gouges, le mouvement des suffragettes, etc.
  3. Une « vieille histoire » ?
  4. [1], [2]
  5. ab Historique du droit du travail [3]
  6. L’Église catholique romaine ne reconnaît ni le divorce, ni la répudiation, sauf en cas d'adultère, conformément aux textes néo-testamentaires (Mt 19:9; Mc 10:2-12; Lc 16:18). Le remariage n'est possible qu'après le décès du conjoint.
  7. Le divorce en islam, Coran S.65:1-7 ou S.2:226/30
  8. Sourate 4 verset 34
  9. Voir [4] à propos de l'interdiction de prière de la femme menstruée et [5] pour les situation d'exception.
  10. L'avortement dans l'islam
  11. Appel de Carola Roloff
  12. Combats des Nonnes Tibétaines, Havnevik Hanna, 1995, Ed Dharma, ISBN 2864870258
  13. Le Tibet est-il chinois ? Anne-Marie Blondeau et Katia Buffetrille, Albin Michel, 2002, ISBN 2226134263
  14. Carola Roloff
  15. The International Association of Buddhist Women
  16. Cette Conférence internationale fut une sorte de réunion des « états généraux féminins ».
  17. Rue89
  18. Slogan utilisé par le Mouvement de Libération des Femmes (MLF), notamment lors de la manifestation qui eut lieu le 26 août 1970, à Paris

[modifier] Voir aussi

[modifier] Bibliographie

  • Nicole Bédrines, Régine Lilensten, Claude Rose Touati, Idées reçues sur les femmes, coll. « Anthologie de l'humour involontaire », éd. Hier et demain, 1978, 192 p. - (ISBN 2720600474)
  • Antoinette Fouque , « Il y a deux sexes ».Gallimard,collection le Débat 1995,2004 pour une version augmentée et Gravidanza-féminologie II. Editions des femmes, 2007.
  • Alexandra David-Néel, le Féminisme rationnel (discours prononcé devant le Congrès des femmes italiennes de 1906, et des textes extr. de la Fronde, 1902-1903). Société Nouvelle, Bruxelles, 1909. Réédition en 2000, en fac-simile, sous le même titre, suivi de l'essai Les femmes, ces immigrées de l'intérieur, de Catherine Lafon. Les Nuits rouges, collection « les Nuits rouges », Paris, 2000. 119 p. ISBN 2-913112-07-2.
  • Maïté Albistur et Daniel Armogathe, Histoire du féminisme français. Éditions des Femmes, collection « Pour chacune », Paris. 2 volumes :
  • Christine Bard, Les Filles de Marianne, Histoire des féminismes, 1914-1940, Paris, Fayard, 1995.
  • Simone de Beauvoir, Le Deuxième Sexe (2 tomes), Gallimard, 1986.
  • Elena Gianini Belotti, « Du côté des petites filles », Paris, Éditions des Femmes, 1974.
  • Luce Irigaray, Pouvoirs de l'horreur, Seuil, 1980.ISBN 2-87317-102-.ISBN 2-02-006603-3.
  • Julia Kristeva, Ethique de la difference sexuelle, Minuit, 1984.ISBN 2-7073-0680-0.
  • Bracha L. Ettinger, Régard et éspace-de-bord matrixiels. Bruxelles: La Lettre Volée, 1999. ISBN 2-87317-102-2.
  • Pierre Bourdieu, La domination masculine, Seuil coll. Points/Essais, 1998
  • Judith Butler, Trouble dans le genre. Pour un féminisme de la subversion, La Découverte, Paris, 2005.
  • Sylvie Chaperon, Les Années Beauvoir, 1945-1970, Paris, Fayard, 2000.
  • Christine Delphy, L’Ennemi principal 1, Économie politique du patriarcat, Paris, Syllepse, 1998 (Nouvelles Questions féministes
  • Françoise Héritier, Masculin – féminin. Éditions Odile Jacob, Paris. 2 volumes :
  • Luce Irigaray, Spéculum, de l’autre femme, Paris, Minuit, 1974.
  • Françoise Picq, Libération des femmes, les années-Mouvement, Paris, Seuil, 1993.
  • Dictionnaire critique du féminisme (coordonné par Helena Hirata, Françoise Laborie, Hélène Le Doaré et Danièle Senotier). Presses Universitaires de France, collection « Politique d'aujourd'hui », Paris, 2000. XXX + 299 p. ISBN 2-13-050009-9. Édition revue, corrigée et augmentée (2004), chez le même éditeur, même collection : XXX + 315 p. ISBN 2-13-052417-6.
  • Eliane Gubin (dir.), Le siècle des féminismes, Éditions de l'atelier, 2004
  • Guillaume Carnino, Pour en finir avec le sexisme, Éditions l'échappée, 2005
  • Christelle Taraud, Les Féminismes en questions - Elements pour une cartographie, entretiens avec Christine Bard, Marie-Hélène Bourcier, Christine Delphy, Eric Fassin, Françoise Gaspard, Nacira Guénif-Souilamas et Marcela Iacub, Paris, Éditions Amsterdam, 2005.
  • Jean Gabard, « Le féminisme et ses dérives - Du mâle dominant au père contesté », Les Editions de Paris, 2006.
  • Lorena Parini, Le système de genre. Introduction aux concepts et théories, Editions Seismo Zürich, 2006.
  • Françoise Le Jeune (coord.), Paroles de femmes, histoires de femmes, CRINI, Nantes, 2003, 226 pages, ISBN 2-86939-182-X.
  • Françoise Le Jeune (coord.), Paroles de femmes dans la guerre (1914-1918), CRINI, Nantes, 2005, 217 pages, ISBN 2-9521752-2-5.
  • Michèle Le Dœuff, Le sexe du savoir, Aubier, Paris, 1998. ISBN 2-08081461-3

[modifier] Liens externes