Joseph Cornudet des Chaumettes

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Joseph Cornudet des Chaumettes, né le 15 septembre 1755 à Crocq (Creuse), mort le 13 septembre 1834 à Paris, est un homme politique français.

Sommaire

[modifier] biographie

Avocat au Parlement de Paris, il est nommé lieutenant général au bailliage de Montaigut-en-Combraille en 1785. Partisan des idées nouvelles, Cornudet des Chaumettes devient procureur-syndic à Felletin en 1790, puis est élu député à l'Assemblée législative le 23 septembre 1791, 3e sur 7 par 252 voix sur 330 votants. Il joue un rôle modeste à l'Assemblée, mais est nommé, après le 9-Thermidor, commissaire près le tribunal de la Creuse. Par la suite, sous le Directoire, il est élu député le 21 germinal an V (10 avril 1797) au Conseil des Anciens, où il siège parmi les modérés, réclame la jouissance des droits politiques pour les anciens nobles, vote l'impôt sur le tabac et s'oppose aux droits de successibilité de l'État sur les biens des émigrés. Secrétaire, en l'an VI — il est élu le 19 juin 1798 —, puis président de l'assemblée en l'an VII — du 24 septembre au 23 octobre 1799[1] —, il est l'un des principaux coopérateurs du coup d'État du 18 brumaire, qui porte Napoléon Bonaparte au pouvoir[2],[3]. En particulier, il défend, avec d'autres, la translation des conseils à Saint-Cloud[4]. Le lendemain, il fait partie de la commission intermédiaire chargée temporairement du pouvoir législatif[5].

Membre du Sénat conservateur dès sa création, le 4 nivôse an VIII (25 décembre 1799), il est le rapporteur du projet de sénatus-consulte organique du 16 thermidor an X (4 août 1802)[6]. Il est nommé chevalier de la Légion d'honneur le 9 vendémiaire an XII (2 octobre 1803), commandeur le 25 prairial (14 juin), secrétaire du Sénat en 1804[7], comte de l'Empire le 6 juin 1808 et grand officier de la Légion d'honneur le 30 juin 1811. Par ailleurs, il reçoit la sénatorerie de Rennes le 5 vendémiaire an XII (28 septembre 1803)[8]. Personnalité de la Creuse, il préside plusieurs fois le collège électoral de ce département. En décembre 1813, il est nommé commissaire extraordinaire dans la 11e division militaire (Basses-Pyrénées, Landes, Gironde), à Bordeaux[9],[10],[11].

Revenu à Paris le 15 avril 1814, il adhère à la déchéance de Napoléon et est nommé pair de France le 4 juin, lors de la Première Restauration. Dans cette assemblée, il défend la liberté de la presse, réclame des indemnités pour les victimes des événements politiques et propose de rendre aux émigrés leurs biens non-vendus. Pendant les Cent-Jours, Napoléon lui confère la pairie le 2 juin 1815. Cependant, le 22, il défend la formation d'un gouvernement provisoire[12]. Exclu de la Chambre des pairs pendant la Seconde Restauration, par l'ordonnance du 24 juillet 1815, il retrouve son siège grâce à Decazes le 5 mars 1819. Là, il défend les libertés octroyées par la Charte et siège jusqu'à sa mort, après avoir prêté serment à Louis-Philippe Ier en 1830.

[modifier] Famille

En 1787, il épouse Jeanne, fille de François Cellier du Montel, écuyer, capitaine au régiment Royal-La-Marine, née à Ardes (Puy-de-Dôme) le 13 octobre 1768, avec laquelle il a plusieurs enfants :

Le 7 janvier 1835, une ordonnance royale octroie à la veuve de Joseph Cornudet, qui jouissait d'une pension d'ancien sénateur de 24 000 francs, une pension annuelle et viagère de 6 000 francs[14].

[modifier] Sources

  • Ambroise Tardieu et Auguste Boyer, Auzances, Crocq et leurs environs, Res Universis, Paris, 1991, réédition de l'Histoire illustrée d'Auzances et de Crocq, 1888
  • Adolphe Robert, Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889, Paris, Bourloton, 1889, tome 2, de Corcelles à Cornulier-Lucinière, p. 189, sur le site de l'Assemblée nationale
  • Jean-Chrétien Hoefer (dir.), Nouvelle biographie générale depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, Paris, Firmin Didot frères, fils & Cie, 1856, tome 11, p. 894

[modifier] Bibliographie

  • Léonard Gallois, Trois actes d'un grand drame, Paris, Librairie Brissot-Thivars, 1829 (scènes historiques en trois actes et 56 scènes sur « le dix-huit brumaire », l'« abdication de Fontainebleau, avril 1814 » et « le vingt mars 1815, ou le retour de l'île d'Elbe »)
  • Édouard Marie Émile Noël, Edouard Noël, Brumaire, scènes historiques de l'an VIII, 1799, Flammarion, 1902

[modifier] Liens externes

[modifier] Notes et références

  1. Voir Ministries 1700-1870
  2. Adolphe Thiers, Histoire de la Révolution française, tome X : « Directoire », chapitre XIX (p. 14 à 18). Cornudet fait partie, avec Lemercier — son successeur à la présidence du Conseil des Anciens —, Fargues et Daunou des Anciens consultés par Bonaparte avant le coup d'État. « Leur avis à tous », explique-t-il, « était qu'il fallait s'allier au vrai parti, au parti réformateur, et s'unir à Sieyès, qui avait une constitution toute faite, et la majorité dans le conseil des anciens ».
  3. Sur le détail du rôle de Cornudet lors du coup d'État, lire la première partie des Mémoires de Joseph Fouché, Paris, Le Rouge, 1824.
  4. Adolphe Thiers, Histoire de la Révolution française, tome X : « Directoire », chapitre XIX (p. 14 à 18) : « Quelques membres voulurent s'y opposer; Cornudet, Lebrun, Fargues, Régnier, l'appuyèrent. »
  5. À ce titre, il contresigne la constitution de l'an VIII le 22 frimaire. Voir Lewis Goldsmith, Cours politique et diplomatique de Napoléon Bonparte comme général en chef des armées républicaines, comme Premier consul et comme Empereur et Roi et du gouvernement français, ou Recueil de traités, actes, mémoires, décrets, ordonnances, discours, proclamations, etc. depuis mai 1796 jusqu'à la seconde abdication de Bonaparte en juin 1815, et contenant tout ce qui s'est passé en France pendant sa dernière usurpation, Londres, Chez J. Booth, 1816, tome 1, p. 12.
  6. Voir le « sénatus-consulte organique de la Constitution du 16 thermidor, an X de la République une et indivisible », extrait du Bulletin des Lois de la République, n° 206, p. 535-550, dans Bulletin des Lois de la République française, 3e série, tome VI, Contenant les lois et arrêtés rendus pendant le second semestre de l'an X (n° 171 à 219), Paris, Imprimerie de la République, brumaire an XI (1802).
  7. À ce titre, il contresigne le sénatus-consulte organique du 28 floréal an XII. Voir Jean-Pierre Gallais, Histoire de France depuis la mort de Louis XVI jusqu'au traité de paix du 20 novembre 1815, Paris, Chez Janet et Cotelle, 1819, tome 2, p. 131.
  8. Sénatus-consulte portant création de Sénatoreries et Réglement sur l'administration économique du Sénat du 14 nivôse, an XI de la République
  9. Un décret du 26 décembre 1813 envoie dans chaque division militaire des commissaires extraordinaires, choisis parmi les sénateurs ou les conseillers d'État, pour « accélérer la levée des troupes et l'organisation des gardes nationales, pourvoir à l'équipement et à l'armement des nouvelles levées, faire approvisionner les places, ordonner enfin, suivant l'urgence des circonstances, des levées en masse. » Voir Édouard Lapène, Campagnes de 1813 et de 1814 sur l'Èbre, les Pyrénées et la Garonne, 1823, p. 209.
  10. Joseph Vidal de La Blache, L'Évacuation de l'Espagne et l'invasion dans le Midi, juin 1813-avril 1814, Berger-Levrault, 1914, p. 329. Selon lui, Cornudet ne fait que remplacer son collègue Germain Garnier, presque aveugle, le 28 février 1814.
  11. Pour Philippe Le Bas, L'Univers, histoire et description de tous les peuples : Dictionnaire encyclopédique de la France, Firmin Didot frères, 1842, tome huitième, p. 630, Garnier « refusa la mission de commissaire extraordinaire dans la 11e division militaire, dont on voulait le charger en 1813, après la campagne de Moscou. C'était l'heure des revers. M. Garnier aima mieux voter peu de temps après la déchéance de Buonaparte, et contribuer à toutes les décisions du Sénat en faveur des Bourbons. »
  12. Sur proposition de Lucien Bonaparte, avec Hugues-Bernard Maret, Pierre-Louis Roederer, Joseph Bonaparte et Charles de Flahaut. Voir Jacques Marquet de Norvins, Histoire de Napoléon, Paris, Furne, 1834, 5e édition, tome 4, p. 272.
  13. André François J. Borel d'Hauterive, Les Grands corps politiques de l'État : biographie complète des membres du Sénat, du Conseil d'État et du Corps législatif, par un ancien député, Paris, E. Dentu, 1852, p. 137.
  14. L'Ami de la religion, journal ecclésiastique, politique et littéraire, n° 2401, vendredi 20 février 1835, tome LXXXIII p. 698.
Précédé par Joseph Cornudet des Chaumettes Suivi par
Mathieu-Augustin Cornet
Président du Conseil des Anciens
24 septembre-23 octobre 1799
Louis-Nicolas Lemercier