Germain Garnier

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Germain Garnier, né le 8 novembre 1754 à Auxerre, mort le 4 octobre 1821 à Paris, est un économiste et un homme politique français.

Fils de notaire, descendant d'une ancienne famille bourgeoise, il fait des études de droit à Paris. Avocat dans la capitale, il achète une charge de procureur au Châtelet en 1779 - charge qu'il revend en 1788 - et fait rapidement fortune. Poète de salon, il noue de précieuses relations parmi la bonne société parisienne, notamment Louis de Narbonne et Talleyrand, et devient, par l'entremise de la duchesse de Narbonne, secrétaire du cabinet de Madame Adélaïde, tante de Louis XVI, charge dont il se démet en 1788.

Accueillant la Révolution avec défiance, il se fait élire député suppléant de la ville de Paris intra-muros aux États généraux en 1789. Président du district du quartier Saint-Honoré en 1790, il harangue le roi, le 12 février, au nom des présidents des autres districts et des soixante commandants des bataillons de la garde nationale. La même année, il s'inscrit au Club des Impartiaux, plus connu sous le nom de Club monarchique, fondé par Stanislas de Clermont-Tonnerre. Élu le 18 février 1791 administrateur du département de la Seine, il devient vice-président du directoire. Le 24 mars 1792, le roi lui propose le ministère de la Justice dans le nouveau cabinet girondin, mais, en opposition avec Roland et Clavière, il rejette la demande. La même année, il publie De la propriété considérée dans ses rapports avec le droit politique, où il se montre disciple de l'économiste Quesnay.

Quittant la France pour le Vaud après la journée du 10 août 1792, il n'y rentre qu'en 1795. Lors du renouvellement du 5 prairial an V (24 mai 1797), il est porté par le Conseil des Cinq-Cents sur la liste des candidats au poste de directeur, mais le Conseil des Anciens lui préfère François Barthélemy.

Approuvant le coup d'État du 18 brumaire, il est nommé préfet de Seine-et-Oise en 1800. Puis il fait son entrée dans le Sénat conservateur le 6 germinal an XII (27 mars 1804) et devient commandeur de la Légion d'honneur le 23 prairial suivant (12 juin 1804), conseiller du sceau des titres le 12 mars 1808, comte d'Empire le 26 avril suivant, président du Sénat du 1er juillet 1809 au 1er juillet 1811, titulaire de la sénatorerie de Limoges en 1810 puis de celle de Trèves en 1811 (à la place de Lucien Bonaparte), grand-officier de la Légion d'honneur le 30 juin 1811, grand-croix de l'ordre de la Réunion le 3 avril 1813, mais aussi membre du grand conseil d'administration du Sénat et président des donataires dans les principautés de Bayreuth et d'Erfurt.

Nommé par décret du 26 décembre 1813 commissaire extraordinaire dans la 11e division militaire, à Bordeaux, il refuse le poste. En avril 1814, il vote la déchéance de Napoléon et favorise le retour de Louis XVIII. Membre de la commission à laquelle est communiquée la charte, il est nommé à la Chambre des pairs par l'ordonnance du 4 juin 1814. Il en est l'un des orateurs les plus actifs et est chargé presque constamment des rapports relatifs au budget.

Lors des Cent-Jours, il rédige l'adresse de la Chambre des paris au Roi, avant de se retirer à la campagne. De retour à Paris le 8 juillet 1815, il retrouve son titre de pair de France, avec le titre de marquis (21 août 1817). En outre, il est nommé président du collège électoral de Seine-et-Oise, membre du conseil privé et ministre d'État.

Il est l'auteur d'une traduction de Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations d'Adam Smith (1805), enrichie de notes et d'additions où il témoigne de son attachement pour les idées de Quesnay. Il a également traduit deux romans de l'anglais, Les aventures de Caleb Williams de William Godwin (1795) et Les Visions du château des Pyrénées de Catherine Cuthbertson[1] (1809), et des poésies de Lady Montagu (1805). Il a édité les Œuvres complètes de Racine et annoté les Commentaires de La Harpe sur le tragédien (1807). Enfin, c'est lui qui a communiqué les Lettres inédites de madame de Sévigné publiées par Millevoye en 1814.

De même, il a écrit une comédie, Les Girandoles, ou la tricherie revient à son maître (1782) et une chanson, J'ai vu Lise hier soir, attribuée un temps au comte de Provence.

[modifier] Œuvres

  • De la propriété considérée dans ses rapports avec le droit politique, 1792
  • Abrégé élémentaire des principes de l'économie politique, 1796
  • Description géographique ou physique du département de Seine-et-Oise, 1802
  • Théorie des banques d'escompte, 1806
  • Rapport, au nom de la commission spéciale de sept membres, relativement au projet de loi sur les finances en 1815, 1816
  • Deux mémoires sur la valeur des monnaies de compte chez les peuples de l'antiquité, 1817
  • Observations en réponse aux « Considérations générales sur l'évaluation des monnaies grecques et romaines », 1818
  • Histoire de la monnaie, depuis le temps de la plus haute antiquité, jusqu'au règne de Charlemagne, 1819

[modifier] Sources

  • Dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889, tome 3 (Garnier-Garrau), p. 112
  • Philippe Le Bas, Dictionnaire encyclopédique de la France, Firmin Didot et frères, 1842, p. 630-631
  • Abbé Jean Lebeuf, Ambroise Challe, Maximilien Quantin, Mémoires concernant l'histoire civile et ecclésiastique d'Auxerre et de son ancien diocèse, Perriquet, 1855, p. 439
  • Jean-Chrétien Ferdinand Hoefer (dir.), Nouvelle biographie générale, Firmin Didot et frères, tome 19, notice d'A. Guillard, p. 521

[modifier] Notes et références

  1. La page de titre de la traduction donne à tort le nom d'Ann Radcliffe comme auteur de ce roman, paru en 1803 sous le titre Romance of the Pyrenes.