Honoré Gabriel Riqueti de Mirabeau

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Mirabeau
Portrait par Joseph Boze
Portrait par Joseph Boze
Nom Honoré Gabriel Riqueti, comte de Mirabeau
Surnom L’orateur du peuple
Naissance 9 mars 1749
à Le Bignon-Mirabeau
Décès 2 avril 1791 (à 42 ans)
à Paris
Nationalité France France
Profession Homme politique

Honoré Gabriel Riqueti, comte de Mirabeau, plus communément appelé Mirabeau, né le 9 mars 1749 au Bignon-Mirabeau, mort le 2 avril 1791 à Paris, fut simultanément ou successivement un révolutionnaire français, ainsi qu’un écrivain, diplomate, franc-maçon, journaliste et homme politique français.

Surnommé l’Orateur du peuple et la Torche de Provence, il reste le premier symbole de l’éloquence parlementaire en France.

== Un noble déclassé adversaire de l'absolutisme Fils aîné de Victor Riqueti, marquis de Mirabeau, économiste de renom, et de Marie-Geneviève de Vassan, Mirabeau est issu de la moyenne noblesse provençale en proie à de fortes difficultés économiques, voire à la faillite[1] .

Il fut caractérisé par une « laideur grandiose et fulgurante »[2]. Il naquit avec un pied tordu, deux grandes dents et surtout une tête énorme, ce qui a fait dire qu’il était hydrocéphale. À l’âge de trois ans, il fut défiguré par une petite vérole mal soignée. Son enfance fut marquée par la sévérité de son père.

En 1768, il est incorporé à un régiment mais contracte des dettes, ce qui provoque de nouveau la colère de son père. Il gagne une réputation de libertinage.

Après avoir participé à la campagne de Corse en 1768-1769, il épousa Émilie, fille du puissant marquis de Marignane, qui avait refusé sa main au comte de Valbelle. Ils eurent un fils mort en bas-âge.

Celle-ci demanda la séparation de corps en 1782 et fut défendue par celui qui deviendra par la suite l’un des rédacteur du Code Civil : Jean Étienne Marie Portalis. Mirabeau défendit sa propre cause dans ce procès qu’il perdit par ailleurs, tenant à jamais rancune contre Portalis.

Pour le soustraire à ses créanciers son père le fit plusieurs fois enfermer au fort de Vincennes, et finalement exiler au château de Joux, dans le Doubs, d’où il s’enfuit aux Provinces-Unies avec Marie Thérèse Sophie Richard de Ruffey, épouse du marquis de Monnier, le président de la Cour des comptes de Dole.

En 1776, dans sa fuite, il publie son Essai sur le despotisme qui dénonce l’arbitraire du pouvoir royal : « le despotisme n’est pas une forme de gouvernement (...) s’il en était ainsi, ce serait un brigandage criminel et contre lequel tous les hommes doivent se liguer.»

Mirabeau fut condamné à mort par contumace, puis extradé et emprisonné au château de Vincennes de 1777 à 1780. Il y écrivit des lettres, publiées après sa mort sous le titre de Lettres à Sophie, chef d’œuvre de la littérature passionnée ainsi qu’un virulent libelle contre l’arbitraire de la justice de son temps, Des Lettres de cachet et des prisons d'État.

Sommaire

[modifier] L’Hercule de la liberté [3]

[modifier] Le député du Tiers et le tribun

Le 7 mai 1789, le journal publié depuis le 2 mai par Mirabeau (le Courrier de Provence) est saisi. Une interdiction de publier des comptes rendus des séances des États généraux est édictée. Mirabeau n’en tint pas compte et continua à publier le compte rendu des séances de l’Assemblée ainsi que les analyses sur les questions politiques à l’ordre du jour, d’abord sous le titre Lettres du comte Mirabeau à ses commettants du 10 mai au 25 juillet 1789, puis sous le titre Courrier de Provence, qui parut, encore après la mort de son fondateur, jusqu’au 30 septembre 1791.

Mirabeau sortit de Vincennes et se présenta en Provence aux élections des États généraux de 1789. Repoussé par la noblesse, il publia un discours véhément adressé aux nobles provençaux. Il est alors nommé par le Tiers état, à Aix et à Marseille. Il ne tarda pas à devenir l’un des plus énergiques orateurs de l’Assemblée nationale. La dégradation de la monarchie détermina son revirement politique, il était devenu le plus solide appui de Louis XVI et de Marie-Antoinette.

Plat commémoratif de la mort de Mirabeau. Vers 1791, Musée Carnavalet, Paris.
Plat commémoratif de la mort de Mirabeau. Vers 1791, Musée Carnavalet, Paris.

Il mourut à Paris, le 2 avril 1791, d'une maladie que certains attribuèrent à un empoisonnement[réf. nécessaire] ; mais sa vie débauchée est considérée comme la raison de sa mort. Son corps, transporté en grande pompe au Panthéon de Paris, y resta jusqu’au 21 septembre 1794. Mais la découverte de l’armoire de fer en novembre 1792 révéla qu’il avait pris clandestinement contact avec le roi et sa cour. Espérant être ministre de la monarchie constitutionnelle, il avait prodigué ses conseils et donné des informations. Sa sépulture fut alors profanée et ses cendres jetées aux égouts de Paris.

[modifier] Citations de Mirabeau

La mémoire collective se souvient de Mirabeau pour :

« Oui, Monsieur, nous avons entendu les intentions qu’on a suggérées au Roi ; et vous qui ne sauriez être son organe auprès des États-Généraux, vous qui n’avez ici ni place ni voix, ni droit de parler, vous n’êtes pas fait pour nous rappeler son discours. Cependant, pour éviter toute équivoque et tout délai, je vous déclare que si l’on vous a chargé de nous faire sortir d’ici, vous devez demander des ordres pour employer la force ; car nous ne quitterons nos places que par la puissance des baïonnettes. »

La tradition la ramenant à «Allez dire à ceux qui vous envoient que nous sommes ici par la volonté du peuple, et qu’on ne nous en arrachera que par la puissance des baïonnettes ».[5]

  • « Il existe quelqu’un de pire que le bourreau, c’est son valet ».[citation nécessaire]
  • « La présomption une fois déroutée dans un sot cause la confusion et la haine, dans une âme honnête elle opère la reconnaissance et la docilité. Ce fut mon cas. Je priai mon maître de s’expliquer et de m’instruire, car j’étais un pauvre jouvenceau de quarante-deux ans » (à propos de sa rencontre avec François Quesnay).[citation nécessaire]
  • « Êtes-vous Bretons ? Les Français commandent. ». Discours à l’Assemblée Constituante du 9 janvier 1790.

[modifier] Œuvres de Mirabeau

[modifier] Discours

  • 1785 : Dénonciation de l’agiotage au roi et à l’assemblée des notables
  • 1787 : Suite de la dénonciation de l’agiotage au roi et à l’assemblée des notables
  • 10 mai 1789 : Sur la liberté de la presse
  • 26 septembre 1789 : sur la Contribution du quart
  • 20 et 22 mai 1790 : sur le Droit de paix et de guerre
  • novembre 1790 et janvier 1791 : sur la Constitution civile du clergé
  • février 1791 : sur l’Émigration

[modifier] Œuvres

[modifier] Armoiries

D’azur, à la bande d’or, accompagnée en chef d’une demi fleur de lis du même, défaillante à dextre et florencée d’argent, et en pointe de trois roses du dernier

[modifier] Voir aussi

Mirabeau (Vaucluse) : buste de Mirabeau dans le village (été 2006)
Mirabeau (Vaucluse) : buste de Mirabeau dans le village (été 2006)

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Mirabeau (Vaucluse) : la famille a initialement détenu les droits de justice sur ce village proche d’Aix-en-Provence.

[modifier] Articles connexes

[modifier] Bibliographie

François Quastana, La pensée politique de Mirabeau (1771-1789). Républicanisme classique et régénération de la monarchie, Aix-en-Provence, PUAM, 2007.

  • Paul et Pierrette Girault de Coursac, Le Secret de la Reine : la politique personnelle de Marie-Antoinette pendant la Révolution, F.X. de Guibert, 1996.
  • Mémoires biographiques, littéraires et politiques de Mirabeau, Paris, 1841.

[modifier] Notes

  1. Pierre Serna, « Sade et Mirabeau devant la Révolution français », Politix, numéro 6, 1989, pp. 75 – 76
  2. Victor Hugo, « Étude sur Mirabeau », 1834
  3. Collection complète des travaux de Mirabeau l’aîné à l’Assemblée nationale, t. 1, préface par Etienne Méjan, p. 26
  4. Moniteur Universel, 25 juin 1789, page 48. Mirabeau lui-même en donne dans sa treizième lettre à ses commettants une version presque identique:«Oui, Monsieur, nous avons entendu les intentions qu’on a suggérées au roi, et vous qui ne sauriez être son organe auprès de États généraux, vous qui n’avez ici ni place, ni voix, ni droit de parler, vous n’êtes pas fait pour rappeler son discours. Cependant, pour éviter toute équivoque et tout délai, je vous déclare que si l’on vous a chargé de nous faire sortir d’ici, vous devez demander des ordres pour employer la force, car nous ne quitterons nos places que par la puissance de la baïonnette. »
  5. Assemblée nationale - Séance du 23 juin 1789