Louis-Michel Lepeletier de Saint-Fargeau

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Lepeletier de Saint-Fargeau

Nom Louis-Michel Lepeletier de Saint-Fargeau
Naissance 1760
à Paris
Décès 1793 (à 33 ans)
à Paris
Nationalité France France
Profession Homme politique, juriste

Louis-Michel Lepeletier, marquis de Saint-Fargeau né le 29 mai 1760 à Paris où il est mort assassiné le 20 janvier 1793, est un homme politique et juriste français.

Issu d’une illustre famille de parlementaires, petit-fils de Michel Robert Le Peletier des Forts, comte de Saint-Fargeau, fils de Michel-Étienne Le Peletier de Saint-Fargeau (1736-1778) et de Suzanne-Louise Le Peletier de Beaupré (morte le 20 février 1762 à l’âge de 28 ans), Louis-Michel Lepeletier de Saint-Fargeau fut conseiller au Parlement de Paris par dispense d’âge dès 1779, et Président à mortier avant 1789. A partir de 1788, il présida la chambre des vacations, et c’est devant lui que fut plaidé le fameux procès Kornmann, du nom du banquier strasbourgeois défendu par le célèbre avocat lyonnais Nicolas Bergasse, ancien partisan de Mesmer, frondeur pré-révolutionnaire et l’un des futurs chefs de file du courant dit des « monarchiens » au début de la Révolution. Ce dernier, dans une péroraison brûlante d’éloquence, s’engageait à poursuivre à outrance le crime et ses iniquités ; puis, s’adressant au président de Saint-Fargeau, il prononça ce vibrant éloge, non dénué d’intérêts : « Et vous, qui présidez ce tribunal ; vous, l’ami des mœurs et des lois ; vous, dans lequel nous admirons tous, à côté des talents qui font les grands magistrats, les vertus simples et douces qui caractérisent l’homme de bien et l’homme sensible … recevez mes serments …. »

Il est élu député de la noblesse de Paris aux États généraux de 1789, renie ses origines nobles et devient l’un des avocats les plus ardents de la cause du peuple.

Le 19 juin 1790, jour de la suppression des titres de noblesse, il fait voter qu’aucun citoyen ne pourra porter d’autre nom que celui de sa sa famille réduit à sa plus simple portion. Dès le lendemain, Louis Michel Lepeletier, marquis de Saint-Fargeau, ne signe plus désormais que par Michel Lepeletier. Le 21 juin 1790[1], il devient président de l’Assemblée nationale constituante.

L’assassinat de Lepeletier de Saint-Fargeau.
L’assassinat de Lepeletier de Saint-Fargeau.

Il est élu à la Convention par le département de l'Yonne. Il se joint aux Montagnards et rédige un plan d’organisation de l’Education Nationale. Après avoir été un opposant de la peine de mort, il se ravise, et non sans avoir hésité, il vote la mort de Louis XVI (20 janvier 1793), ce pourquoi il est assassiné dans un restaurant du Palais-Royal, par un ancien garde du corps de Louis XVI, Philippe Nicolas Marie de Pâris, le 20 janvier 1793. Les raisons réelles de son assassinat demeurent aujourd’hui obscures, certaines sources faisant état d’un complot impliquant l’Espagne. Quoiqu’il en ait été, la récupération politique de sa mort va servir de répétition générale à ce que la mort de Marat mettra en branle quelques mois plus tard : le culte des « héros révolutionnaires tombés pour l’exemple ».

[modifier] Hommages posthumes

Louis-Michel Lepeletier
Louis-Michel Lepeletier

Considéré comme le « premier martyr de la Révolution », son corps fut exposé dans une mise en scène grandiose place Vendôme et ses obsèques donnèrent le coup d’envoi à d’interminables célébrations révolutionnaires pétries de propagande. Il fut inhumé au Panthéon de Paris.
Sa famille récupéra son corps le 14 février 1795.

Le plan d’éducation élaboré par Michel Lepeletier, présenté par Robespierre le 13 juillet 1793 (le jour même où Marat fut assassiné) fut voté le 13 août 1793 par les députés de la Convention, mais ne fut pas exécuté. Nombre de ses idées se retrouveront bien plus tard, au XIXe siècle, dans la pensée de Jules Ferry.

Sous la Révolution, les îles de Lérins prirent le nom d'îles Marat et Lepeletier. Sa mort fut peinte par Jacques-Louis David sous le titre Les derniers moments de Michel Lepeletier ou Lepelletier de Saint-Fargeau sur son lit de mort. Exposé dans la salle de la Convention nationale où devait le rejoindre plus tard son pendant, La Mort de Marat, le tableau fut récupéré par David en 1795, et tenu caché. Après la mort du peintre, en 1826, il fut racheté aux héritiers de ce dernier par la fille de Lepeletier, Louise Suzanne de Mortefontaine. Depuis, le tableau a cessé d’être visible. Il serait caché dans le château de Saint-Fargeau, ou fut peut-être détruit (en 2006, sa « repeinture » fut entreprise par le peintre Luc Scaccianoce). Cette « absence » a longtemps occulté qu’il s’est agi du premier tableau achevé (ce que le Serment du jeu de paume, commencé plus tôt, ne fut jamais) de la Révolution, une œuvre capitale d’un point de vue iconographique, d’une grande modernité en ce qu’elle fut conçue pour un public à l’échelon national. Que Lepeletier ait été assassiné un 20 janvier, jour coïncidant avec la fête religieuse de saint Sébastien (date qui figurait sur le tableau de David), a récemment favorisé son interprétation, entre autres, comme saint Sébastien révolutionnaire. En ce, il se serait agi de laïciser une imagerie chrétienne séculaire, notamment en s’inspirant de modèles romains, ce qui ne pouvait que correspondre favorablement à l’effort politique tour à tour subtil et catégorique de renouer avec l’idéal républicain de la Rome antique, aspect que le parcours personnel de Lepeletier, homme de dialogue et de jurisprudence, a incarné dès 1789.

La station de métro parisienne Saint-Fargeau rend hommage à ce personnage, dans le Quartier de Saint-fargeau dont le nom tire son origine du parc Saint-Fargeau, reste du château de Lepeletier de Saint-Fargeau ou château de Ménilmontant. Saint-Fargeau est le seul nom utilisé deux fois dans la dénomination des stations de métro et de RER puisqu’une gare de RER s’appelle également Saint-Fargeau, celle-ci étant située sur la commune de Saint-Fargeau-Ponthierry.

Il eut pour frères l’entomologiste Amédée Louis Michel Lepeletier (1770-1845) et l’homme politique Félix Lepeletier. Il compte parmi ses descendants l’écrivain académicien Jean d'Ormesson.

[modifier] Bibliographie

  • M. Déy, Histoire de la Ville et du Comté de Saint-Fargeau, Auxerre, 1856
  • Jeannine Baticle, La seconde mort de Lepeletier de Saint-Fargeau. Recherches sur le sort du tableau de David in Bulletin de la Société Française d’Histoire de l’Art, 1988, Paris, 1989, pp. 131-145
  • Robert Simon, David’s Martyr-Portrait of Le Peletier de Saint-Fargeau and the conundrums of Revolutionary Representation in Art History, vol.14, n°4, december 1991, pp.459-487
  • Roberto Martucci, En attendant Le Peletier de Saint-Fargeau in Annales historiques de la Révolution française, 2002, n°2, pp.77-104
  • Marc Vanden Berghe, Ioana Plesca, Lepelletier de Saint-Fargeau sur son lit de mort par Jacques-Louis David : saint Sébastien révolutionnaire, miroir multiréférencé de Rome, Bruxelles, 2005 - online in www.art-chitecture.net/publications.php [1]
  • Informations détaillées sur le site www.repeinture.com/index.html (site consacré à la repeinture du tableau perdu de David) [2]

[modifier] Notes et références


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