Histoire de la Sicile grecque

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« [Alessandro I d'Epiro mostra ad Alessandro Magno il mare Adriatico]... E oltre l'Italia c'è la Sicilia, la terra più fiorente e bella che si conosca. Là ci sono la possente Siracusa e Agrigente, Gela e Sélinonte...  »

L'Histoire de la Sicile grecque remonte à la fondation de la première colonie, celle de Naxos en 735 a.C., fondée par les colons chalques. Dès cette date, la Sicile entre pleinement dans l'histoire de la Méditerranée grecque. Dans les années suivantes, c'est une suite de colonisations et de colons qui poseront les fondations de la Sicile des siècles successifs, en en déterminant la langue, la culture et l'art.

Syracuse naît en 734 av. J.-C. sur l'oeuvre de colons corinthiens, Catane en 729 av. J.-C. grâce au chalques, Gela en 689 av. J.-C. fondée par les Rhodiens et les Crétois, Selinonte en 650 av. J.-C. par les colons de Megara Hyblaea, Agrigente (Akragas) en 581 av. J.-C. par les Gelois: toute la côte orientale est ainsi colonisée par les Grecs, colonies qui elles-mêmes créeront d'autres colonies. C'est l'exemple de Syracuse, la plus importante ville grecque de l'île qui fondera les colonies de Akrai (664 av. J.-C.), Casmene (643av. J.-C.) et Camarina (598av. J.-C.).

Sommaire

[modifier] Les motivations de la colonisation

Selon l'historien grec Thucydide, les premières fondations coloniales furent l'œuvre d'"Aristoi", des aristocrates exclus des villes après les luttes intestines survenues au retour de la Guerre de Troie ; il était en effet difficile d'armer un navire, même petit, sans capitales.

Toutefois, le choix des premiers sites met en évidence une stratégie de type commercial. Naxos, Messine, Reggio Calabria, Catane et Syracuse sont tous des ports avec des fonctions de bases et de contrôle commercial en ce temps-là.

Il est attesté que le Détroit de Messine était une route commerciale, non seulement par le fait que les plus antiques colonies grecques en Sicile se situent toutes le long de la côte orientale de l'île, mais aussi du fait que celles-ci furent précédées dans la Grande Grèce (la "Magna Grecia") par la première colonie, la plus ancienne, celle de Cumes (environ 750 av. J.-C.), sur la côte tyrrhénienne de la Campanie. Cumes fut précédée elle-même quelques décennies auparavant par l'"Emporion" de Pithecusae (Lacco Ameno, Ischia). À Ischia (Casamicciola - Castiglione) ont été retrouvés des fragments de céramiques mycéniennes (1580-1400 av. J.-C. environ).

Et dans l'île voisine de Procida, à Vivara, des traces de l'Âge du Bronze ont été retrouvées caractérisées par de la céramique locale associée à des fragments de céramique mycènienne remontant à l'Helladique Récent I (1580-1400 a.C. environ) et des scories ferreuses qui se sont révélés comme provenant de l'île d'Elbe. Tout ceci témoigne que cette route maritime existait déjà dès la fin de l'époque mycénienne et était due à la nécessité des Grecs de s'approvisionner en métaux - en particulier le fer qu'ils allaient se procurer en Toscane.

Les villes grecques desquelles les colons provenaient, les "metropolis" ont généralement donné l'origine du nom des nouvelles villes ainsi fondées, les "polis". Celles-ci, une fois consolidées, donnaient des sous-colonies à but militaire ou commercial. Akre et Casmene furent en effet les probables avant-postes militaires de Syracuse.

[modifier] Les rapports et les relations avec les peuples autochtones

Les rapports avec les populations non grecques, Sicanes, Sicules, et Élymes et tout particulièrement avec les Carthaginois, furent souvent très conflictuels, mais quelquefois, au départ, favorables aux changements.

En règle générale, seul le chef de l'expédition amenait sa femme avec lui ; tous les autres membres négociaient avec les autochtones ou recouraient au rapt des femmes nécessaires. C'est en grande partie ceci qui déterminait des rapports conflictuels ou amicaux.

Du point de vue commercial, la stratégie consistait à insérer dans les villes siciliennes un noyau de Grecs qui s'occupait des acquisitions et des transactions de marchandises et de produits. C'est ce qui doit s'être passé, d'une manière ou d'une autre, aussi avec les cités phéniciennes. Leur capitale, Motya demeura sans défenses pendant près de deux siècles : ses murailles n'ont en effet été construites que durant le VIe siècle a.C. et couvrent en partie la nécropole archaïque dans laquelle ont été découverts des fragments de céramique grecque du VIIe siècle av. J.-C.. Tout ceci porte croire que les rapports entre Phéniciens et Grecs étaient initialement pacifiques, et axés principalement sur le commerce. Il est très probable qu'une communauté de Grecs ait vécu de manière stable dans la ville elle-même, comme il est attesté par les historiens antiques qui, parlant de la destruction de Motya par Dionisio de Syracuse, nous disent que le tyran, avant de se retirer de l'île dévastée et mise à sac, ne manqua pas d'exécuter les citoyens Grecs de Motya qui s'étaient rangés du côté des Phéniciens durant le siège plutôt qu'avec leur compatriotes.

Aussi à Grammichele et à Morgantina il semble y avoir eu un noyau grec implanté, probablement chalques depuis la moitié du VIe siècle av. J.-C..

Aux alentours de l'an av. J.-C., il semble que la région sicule ait été hellénisée jusqu'à Enna. Toutefois, les Sicules se retrouvèrent rapidement dans une position d'esclavage semblable à celle des Ilotes à Sparte: ils étaient liés à leur territoire sans toutefois n'avoir aucune possession. Selon Hérodote ils étaient définis des killichirioi.

La pression des nouvelles populations grecques a determiné le déplacement des populations préexistantes (les Sicules et les Sicanes) toujours plus à l'intérieur des terres ; contraintes à abandonner la côte, elles devinrent souvent un problème pour les nouvelles colonies. En effet, des affrontements survinrent fréquemment pour le contrôle des territoires, et devinrent par la suite des révoltes populaires.

[modifier] La période des premiers tyrans

Le VIe siècle av. J.-C. fut pour la Sicile une période de prospérité et d'augmentation démographique, accompagnées de conflits sociaux dans les villes et entre les populations locales et les Grecs. Certains individus en profitèrent et prirent le pouvoir en promouvant des politiques expansionnistes avec des méthodes despotiques et brutales. En 570 av. J.-C., Falaride devint tyran d'Akragas; en 505 av. J.-C., Cléandre le devint à Gela ; il fut suivi par son frère Hippocrate. Ce dernier, lorsque son pouvoir fut affirmé, s'embarqua dans une campagne de conquête de la Sicile orientale : il annexa Zancle, Naxos et Leontines et leur imposa d'autres tyrans qui lui étaient fidèles. Sa tentative de conquête de Syracuse ne réussit pas, mais grâce à un traité en 492 av. J.-C., il eut Camarina ; il lança ensuite une campagne contre les Sicules dans laquelle il trouva la mort.

Il fut suivi par Gélon en 491 av. J.-C., lequel se transféra à Syracuse après l'avoir conquise en 485 av. J.-C. ; il en fut le puissant tyran, laissant son frère Hiéron Ier à la tête de Gela. L'arrivée au pouvoir de Gélon à Syracuse détermina un renforcement de la présence grecque en Sicile. Celui-ci en effet conduisit une série de batailles visant à éloigner les pressions croissantes des Sicules et des Sicanes. En outre, il transforma Syracuse en une ville puissante, dotée d'une marine et d'une armée aguerries, en la repeuplant avec la population de Gela et en incorporant une partie des habitants de Megara Hyblaea vaincus. En seulement dix ans, Gélon devint l'homme le plus riche et puissant du monde grec et grâce à son alliance avec Téron il eut le contrôle de la majeure partie de la Sicile grecque, exceptés Sélinonte et Messina (qui était sous le contrôle de Anassila de Reggio Calabria). Quand Terrillo d'Himère et Anassila demandèrent l'aide de Carthage, elle ne se fit pas prier et intervint. Mais il rassembla toutes les forces grecques de la Sicile : l'affrontement décisif eut lieu à Himère (Himera), dans une fameuse bataille, en 480av. J.-C.Gélon grâce à son alliance avec Téron à Agrigente réussit à remporter une victoire historique : Hamilcar fut tué, ses navires brûlés et les Carthaginois vendus comme esclaves. En outre, Carthage eut de lourdes indemnisations à payer et - écrit Hérodote - dans le traité, Gélon ajouta qu'ils devraient renoncer aux sacrifices humains (particulièrement l'immolation des fils aînés ; voir Tofet).

En 476 av. J.-C., à sa mort, lui succéda son frère Hiéron Ier ; dans la même année, Catane et Naxos vaincues, il en déporta les habitants à Lentini et refonda Catane avec le nome d'Etna, et la confia à son fils Dinomène en la repeuplant avec des colons du Péloponnèse. En 474 av. J.-C. en réponse à un appel de la ville grecque de Cumes, ou peut-être pour contraster les idées expansionnistes des Etrusques, il arma une puissante flotte et les vainquit dans la bataille au large de la ville campane.

[modifier] La période démocratique (466-405 av. J.-C.)

Les récits de Diodore de Sicile présentent un cadre  fosco  ⇔  sombre des derniers tyrans: autant Trasibulo qui succéda à Hiéron Ier à Syracuse, que Trasideo à Akragas viennent définis "violents et assassins". Ce sera en effet leur despotique cruauté qui poussera aux révoltes qui mettront un terme à la première période de Tyrannie en Sicile. Selon Aristote toutefois, ce furent surtout les luttes intestines des familles à déterminer la chutes des tyrans.

Le premier a avoir été renversé fut Trasideo d'Akragas, qui, après une lourde défaite de la part de Hiéron Ier à Syracuse, fut chassé et remplacé par un gouvernement démocratique.

Ce fut ensuite le tour de Trasibule, défait par une coalition d'insurgés syracusains et de troupes sicules d'Akragas, Gela, Sélinonte et Himère.

Le seul à rester au pouvoir sera Dinomène à Etna (Catane) jusqu'à ce qu'une coalition siculo-syracusaine contraigne la population à fuir et se réfugier sur les mont à l'est de Centuripe à Inessa rebaptisée Etna. En conséquence, Catane repris son ancien nom et fut repeuplée par les exilés chassés aux temps de Hiéron Ier ainsi que par des colons syracusains et sicules.

Durant cette même période, Messine se libéra de la seigneurie de Reggio Calabria.

En 452 av. J.-C., un Sicule hellenisé du nom de Ducezio qui avait participé au siège d'Etna aux côtés des Syracusains, souleva un vaste mouvement de révolte nationaliste, une vraie  lega  ⇔  coalition sicule. En partant de la ville Autochtone de Mineo, il attaquea et détruisit Inessa-Etna et Morgantina et fonda quelques colonies à des points stratégiques pour le contrôle du territoire; parmi lesquelles Palike dans les environs de l'ancien sanctuaire de Palici.

Vers 450 av. J.-C. pourtant, attaqué par les Syracusains, il fut lourdement déconfit et contraint d'aller en exil à Corinthe. Il n'y resta que peu de temps: avec un petit groupe de Grecs du Péloponnèse il débarqua en Sicile et y fonda une ville, Kale Akte où il resta jusqu'à sa mort en 440 av. J.-C.. Durant les années qui suivirent, Syracuse parvint à soumettre presque tous les territoires par lui "libérés".

Pendant ce temps-là, en Grèce (en 431 av. J.-C.) la guerre du Péloponnèse avait éclaté, impliquant lourdement les colonies de Sicile. En 427 av. J.-C., dans la guerre entre Lentini et Syracuse étaient de nouveau impliqués des groupes de Sicules, ainsi que Catane, Naxos, Camarina du côté de Lentini et Himère et Gela du côté de Syracuse. Après 3 ans, en 424 av. J.-C. un traité de paix fut signé avec l' patrocinio  ⇔  accord du syracusain Hermocrate, préoccupé par la présence de troupes athéniennes. Suite à ceci, celles-ci rentrèrent en Grèce.

En 422 av. J.-C.la guerre civile éclata à Lentini et ceci fournit un prétexte pour une nouvelle intervention de Syracuse; la ville fut rasée et le parti oligarchique vainqueur se déplaça à Syracuse.

Le conflit se déplaçait dans la partie occidentale de l'île; en 416 av. J.-C., c'étaient Sélinonte (appuyée par Syracuse) et Ségeste (qui après que Carthage eut refusé de les aider s'était adressée à Athènes) qui luttaient entre elles. En 415 av. J.-C., Athènes envoya Alcibiade avec une flotte de 250 navires et 25'000 hommes en renfort, mais l'expédition finit en désastre. D'ultérieurs renforts en 414 av. J.-C. et en 413 av. J.-C., avec une armée guidée par Démosthène, ne réussirent pas à plier la coalition qui s'étsit entre temps ralliée à Syracuse. A la fin de l'an 413 av. J.-C., les athéniens étaient en déroute; 7000 d'entre eux furent faits prisonniers et furent enfermé dans les caves de pierre où la majeure partie mourut; les survivants, marqués comme du bétail, furent vendus comme esclaves, pendant que les commandants Démosthène et Nicia étaient exécutés.

Syracuse fêta la victoire, mais celle-ci ne leur accorda pas la paix intérieure. Le gouvernement guidé par l'un des généraux, Dioclès, lança une série de réformes sur le modèle athénien et un code de lois, favorisé par l'absence d'Hermocrate, occupé à commander une flotte venant en aide à Sparte.

En 410 av. J.-C. le conflit se relança et Sélinonte attaqua Segeste. Une petite armée de mercenaire de Carthage lui vint en aide. L'année suivante, Hannibal débarqua avec une autre armée et conquit Sélinonte, la détruisant et massacrant ses habitants. Hannibal marcha ensuite vers Himère, où il trouva Dioclès et l'armée de Syracuse. Après de lourds affrontements, les syracusains se retirèrent et les habitant d'Himère fuirent, mais la moitié d'entre eux fut tuée. Hannibal rentra ensuite à Carthage.

Entretemps Hermocrate, qui avait été destitué du commandement de la flotte de la Mer Egée, pris d'assaut les restes de Sélinonte et attaqua les villes tributaires de Carthage avec un petit contingent de fidèles et de mercenaire et une flotte de cinq navires.

En cette période, Syracuse était en plein chaos, Dioclès (Syracuse) fut condamné à l'exil et Hermocrate rentré avec l'espoir de régner à nouveau fut tué. Au printemps de 406 av. J.-C. les Cartaginois revinrent avec une armée très puissante. Ils expugnèrent Akragas qui fut saccagée et pillée de ses oeuvres d'art ; pendant sept mois les Syracusains se défendirent valeureusement sous le commandement du jeune Dionisio, nommé commandant suprême.

Entretemps, Gela tomba, suivie de Camarina. A ce point des hostilités, Dionisio réussi à conclure un traité qui mettait fin à la guerre, délimitant les respectives zones d'influence, stipulant que les villes puniques, élymes et sicanes seraient sous contrôle de Carthage. Les populations de Sélinonte, Akragas, Himère, Gela et Camarina seraient renvoyées dans leurs villes en payant un tribut à Carthage à condition de ne pas ériger de murailles. Lentini, Messine et les Sicules auraient été libres et Dionisio aurait gouverné Syracuse. C'est ainsi que se termina la parenthèse démocratique.

La période historique de 405 av. J.-C. jusqu'à la conquête romaine aura été dominée par les souverains de Syracuse