Alcibiade

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Buste d'Alcibiade, copie romaine d'un original grec du IVe siècle, musées du Capitole
Buste d'Alcibiade, copie romaine d'un original grec du IVe siècle, musées du Capitole

Alcibiade, en grec ancien Ἀλκιϐιάδης / Alkibiadês, né à Athènes vers 450, mort à Melissa (Phrygie) en 404, homme d'État et général athénien.

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[modifier] Biographie

Il était le fils aîné de Clinias, un Eupatride, et de Dinomaché, descendante de l'Alcméonide Mégaclès. Il appartenait donc aux plus éminentes familles aristocratiques d'Athènes. Après que son père eut été tué à Coronée en 446, il fut éduqué par son tuteur Périclès, et il devint le disciple et l'ami de Socrate, qui dans le Premier Alcibiade se proclame son premier éraste (§ 103a). Il mena la vie de la jeunesse dorée d'Athènes, multipliant les scandales. Il était renommé pour sa grande beauté. Plutarque écrivit ainsi au début de la Vie qui lui est consacrée :

« Quant à sa beauté physique, il n'y a sans doute rien à en dire, sinon qu'elle s'épanouit et conserva son éclat à tous les âges de sa vie : enfant, adolescent, homme fait, il fut toujours d'un aspect aimable et charmant. Il n'est pas vrai, quoi qu'en dise Euripide que chez tous les hommes beaux, l'arrière-saison même soit belle. Mais tel fut le privilège d'Alcibiade et de quelques autres. Il le dut à l'heureuse nature et à l'excellence de sa constitution physique. Quant à sa manière de parler, on dit que même son défaut de prononciation lui seyait et prêtait à son langage une grâce qui contribuait à la persuasion. »
    — Plutarque, Vie d'Alcibiade

Sa carrière militaire commença lors du siège de Potidée, auquel Socrate participait également. A cette occasion, celui ci lui sauva la vie :

« Il était dans sa première jeunesse lorsqu'il alla à l'expédition de Potidée. Tant qu'elle dura, il logea dans la tente de Socrate, et ne le quitta jamais dans les combats. À une grande bataille qui se donna, ils se conduisirent tous deux très vaillamment; et Alcibiade ayant été renversé d'une blessure qu'il avait reçue, Socrate se mit devant lui, et le défendit avec tant de courage à la vue de toute l'armée, qu'il empêcha les ennemis de se rendre maîtres de sa personne et de ses armes. Le prix de la valeur était incontestablement dû à Socrate; mais les généraux ayant témoigné le désir d'en déférer l'honneur à Alcibiade, à cause de sa haute naissance, Socrate, qui voulait augmenter en lui son émulation pour la véritable gloire, fut le premier qui rendit témoignage à sa bravoure, qui demanda qu'on lui adjugeât la couronne et l'armure complète. »
    — Plutarque, Vie d'Alcibiade

« Dans cette affaire dont les généraux m’attribuèrent tout l’honneur, ce fut lui qui me sauva la vie. Me voyant blessé, il ne voulut jamais m’abandonner et me préserva, moi et mes armes, de tomber entre les mains des ennemis. »
    — Platon, Le Banquet

Il était également présent à la bataille de Délion en 424, où les Athéniens furent mis en déroute par les Thébains:

« À la bataille de Délium, qui se donna longtemps après, les Athéniens ayant été mis en fuite, Socrate se retirait à pied avec quelques autres soldats: Alcibiade était à cheval; et le voyant dans cet état, il ne voulut pas s'éloigner de lui; mais se tenant toujours à ses côtés, il le défendit courageusement contre les ennemis, qui poursuivaient les fuyards et en tuaient un grand nombre. »
    — Plutarque, Vie d'Alcibiade

« La conduite de Socrate, mes amis, mérite encore d’être observée dans la retraite de notre armée après la déroute de Délium. Je m’y trouvais à cheval, et lui à pied pesamment armé. Nos gens commençant à fuir de toutes parts, Socrate se retirait avec Lachès. Je les rencontre et leur crie d’avoir bon courage, que je ne les abandonnerai point. C'est là que j’ai connu Socrate beaucoup mieux encore qu’à Potidée. »
    — Platon, Le Banquet

Grâce à son expérience, il fut élu stratège en 420 ; il était alors déjà chef des démocrates extrêmes. Son impérialisme ambitieux contribua en majeure partie à la rupture de la paix de Nicias et à l'envoi, en 415, de l'expédition de Sicile, dont il fut un des trois chefs.

La mutilation des Hermai juste avant le départ de l'expédition passa pour être l'œuvre d'Alcibiade et de ses partisans (cf. Hermocopides), et il fut aussi accusé d'avoir profané les mystères d'Éleusis ; il fut néanmoins décidé qu'il pouvait s'embarquer et qu'il serait jugé plus tard.

Lorsqu'il fut convoqué à Athènes pour le procès, on lui permit de faire le voyage sur son propre vaisseau, mais il s'échappa à Thourioi. Il fut condamné à mort en son absence, et ses biens furent confisqués.

Il se rendit à Sparte, où il donna aux Spartiates deux conseils précieux : Sparte devait envoyer le général Gylippe aider les Siciliens, et il fallait occuper Décélie en Attique, qui serait une menace permanente pour Athènes.

En 412, il partit en Ionie et, avec une armée spartiate, il fomenta une révolte contre Athènes, d'abord à Chios, et ensuite dans d'autres cités, mais les Spartiates ne tardèrent pas à se méfier de lui.

Il entreprit des négociations avec Tissapherne, le satrape perse qui, extraordinairement, ne semblait soutenir ni Athènes, ni Sparte.

Alcibiade avait désormais très envie de revenir à Athènes. Après des mois de diplomatie délicate, la flotte athénienne à Samos le fit général pendant l'été 411, et depuis cette date jusqu'en 406 il dirigea les opérations militaires.

Mort d'Alcibiade, Michele de Napoli, vers 1839
Mort d'Alcibiade, Michele de Napoli, vers 1839

En 407, le régime démocratique restauré à Athènes le rappela, espérant trouver en lui un capitaine capable et un moyen d'alliance avec les Perses, mais en 406 la défaite de la flotte grecque à la bataille de Notion lui fit perdre son prestige et il ne fut pas élu stratège pour 406-405.

Il se retira en Chersonèse de Thrace, où les recommandations qu'il donna aux commandants athéniens avant la bataille d'Aigos Potamos en 405 furent ignorées ; les Athéniens furent battus.

Il finit par mourir assassiné en Phrygie à l'instigation de Lysandre en 404.

[modifier] Sources

[modifier] Voir aussi

[modifier] Bibliographie

  • (en) Walter M. Ellis, Alcibiades, Routledge, Londres et New York, 1989 ;
  • Jean Hatzfeld, Alcibiade. Étude sur l'histoire d'Athènes à la fin du Ve siècle, Presses universitaires de France, Paris, 1951 ;
  • Jacqueline de Romilly, Alcibiade ou les dangers de l'ambition, Livre de Poche, Paris, 1998 (1re édition 1995) (ISBN 2-253-14196-8).
  • Philippe-Joseph Salazar, "Sex and Rhetoric:An Assessment of Rocco’s Alcibiade", Italian Studies in South Africa, 12(2),1999, 5-19 (au sujet d'un livre vénitien célèbre, du XVIIe siècle, longtemps interdit, qui fut composé dans la tradition pédérastique de l'éducation socratique; l'Alcibiade historique sert de modèle).

[modifier] Liens externes

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