Histoire de la Lettonie

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Sommaire

[modifier] Préhistoire

Les premières tribus baltes, indo-européennes proches des lituaniens, ainsi que des Lives, peuple finno-ougrien, s'installent autour du golfe de Rīga vers 3 000 avant J.C. L'actuelle Lettonie se trouve alors sur la route de commerce entre les Vikings et les Grecs ainsi que les anciens Russes. Le couloir d'échange principal est le long de la Daugava. Les ancêtres du peuple letton tirent alors parti de ce flux pour organiser un commerce autour de l'ambre car cette matière est alors particulièrement prisée.

Il n'existait pas vraiment d'organisation sociale à grande échelle et il faut attendre le Xe siècle pour voir apparaître des rassemblements de tribus. Elles sont à ce moment là au nombre de quatre :

  • Les latgaliens, les plus avancés au niveau socio-culturel et les plus nombreux (Latgale)
  • Les sémigaliens, reconnus pour l'agriculture (Zemgale)
  • Les couronniens, surnommé les vikings baltes en raison de leur penchant pour le pillage et la rafle (Courlande)
  • Les séloniens

[modifier] Occupation des chevaliers germaniques

La confédération de Livonie en 1260
La confédération de Livonie en 1260

Au IXe siècle, les commerçants de l'Europe occidentale utilisent de plus en plus la Daugava à des fins commerciales, ceux d'Allemagne entraînent avec eux des missionnaires, dans le but de convertir les tribus baltes païennes à la foi chrétienne.

1170: les Princes du nord du Saint-Empire se lancent dans la colonisation et l'évangélisation des rives de la Baltique. Pour venir à bout de la résistance autochtone (notamment contre la cérémonie du baptême), le pape Innocent III appelle à la croisade contre les « peuples barbares ».

1201: Création de la ville de Rīga, tête de pont de l'invasion germanique.

1280: Rīga entre dans la Ligue hanséatique et commence à prospérer grâce au commerce de marchandises provenant de Russie. Plusieurs désastres militaires mettent un coup d'arrêt à l'expansion des chevaliers teutoniques vers l'intérieur des terres.

[modifier] Occupation polonaise et suédoise

De 1558 à 1583 : Le territoire est en proie à la guerre dite de Livonie, les peuples de l'ouest et du nord acceptent la foi luthérienne alors que le Latgale reste catholique.

1561: Passage sous la souveraineté de la Pologne, mais la domination économique allemande confère en réalité une large autonomie à cette province. Suite à des tensions avec les Suédois, ces derniers l'emportent et se partagent les territoires avec les Polonais en 1621.

[modifier] Occupation russe (empire)

1721: au terme de la Grande Guerre du Nord, le tsar Pierre le Grand s'empare de Rīga et de la Livonie suédoise. Puis la Russie prend possession des provinces restées polonaises au cours du XVIIIe siècle. Jusqu'à la Première Guerre mondiale, les provinces lettones sont donc administrées par l'empire russe. Parallèlement, une société urbaine et industrielle se développe sous contrôle allemand. L'abolition du servage, l'alphabétisation et les progrès sociaux permettent la naissance d'une bourgeoisie nationale à côté des barons baltes, descendants des chevaliers teutoniques.

Le XIXe siècle voit l'émergence d'un sentiment national letton. On assiste durant cette période à une prise de conscience de la culture lettone. Des journaux sont imprimés en letton. Krišjānis Barons continue le travail de collecte des Dainas entreprit par Fricis Brīvzemnieks dont il publie l'intégralité de l'œuvre, de 1814 à 1915. Il fait partie, comme beaucoup d'intellectuels de l'époque, du courant de pensée appelé les Nouveaux Lettons. À la suite de ces derniers, le peuple letton commence a réclamer les mêmes droits que ceux auxquels ont accédé d'autres nations européennes.

[modifier] Guerres et indépendance

1914-1917 : Face à la perspective d'être annexée par le Reich allemand et d'être à nouveau les victimes du pangermanisme, la population lettonne soutient massivement l'effort de guerre russe. Mais très rapidement après la défaite de Tannenberg, l'armée allemande entre rapidement en Courlande et menace Riga. Une grande partie de la population et de l'outillage économique du pays sont alors évacués vers Moscou et le reste du pays. Le gouvernement russe accepte alors en 1915 la formation d'unités lettonnes qui symbolisent bientôt les aspirations nationales. Le courage et l'héroïsme de ces troupes qui parviennent à stopper l'avance allemande dépassent bientôt les frontières du pays. L'armée russe se montre cependant très peu disposée à leur donner des moyens et à les soutenir, ce qui aboutit à des pertes énormes et à une stabilisation du front. Au niveau politique, le gouvernement tsariste puis celui de Kerensky (après la révolution de février 1917)se refusent à accorder toute forme d'autonomie politique. Le fossé s'accroît donc avec la Russie.

1917-1918 : L'effondrement de la Russie aboutit à la prise de Riga en septembre 1917 et du reste des pays baltes. Les Lettons vivent jusqu'en novembre 1918 sous la domination militaire allemande et ne peuvent faire entendre leur opinion au contraire des élites allemandes qui demandent d'être rattachés sous forme ou une autre à l'Allemagne. Une partie des divisions lettonnes va alors soutenir l'effort des bolcheviques et devenir le fer de lance de l'Armée Rouge en luttant les forces blanches (mais des unités lettonnes seront également formées en Sibérie au sein des forces blanches).

1919 : En novembre 1918, l'effondrement de l'Allemagne aboutit à l'entrée des troupes rouges en Lettonie. Le élites lettonnes se décident à proclamer l'indépendance le 18 novembre 1918. Jusqu'à l'été 1919, l'autorité du nouveau gouvernement letton reste très faible (pas d'administration, peu de moyens financiers et militaires, difficulté à convaincre la population de sa légitimité). Riga, la Latgale et une partie de la Livonie sont occupées par les forces bolchéviques, et les communistes lettons proclament la naissance d'une république soviétique de Lettonie. Réfugié à Libau, le gouvernement letton est brimé et persécuté par les troupes allemandes qui soutiennent les anciennes élites allemandes du pays, les "barons baltes". Les volontaires allemands affluent et forment les fameux corps francs. Riga est libérée en mai 1919 mais, devant la menace de ces corps francs, les puissances alliées se décident enfin à réagir par l'intermédiaire des missions militaires et des flottes alliées. Le gouverment letton peut enfin s'installer à Riga en juillet 1919.

Les corps francs se refusent cependant à évacuer la Courlande. Pire, en se qualifiant désormais de troupes au service d'un gouvernement russe fantôche (dirigé par l'aventurier Bermondt), elles attaquent à nouveau les Lettons et sont près de conquérir à nouveau Riga. Seul un sursaut national de grande ampleur (analogue à celui de la Marne pour la France), soutenu par les navires alliés, parvient à repousser ce dernier assaut et à l'évacuation allemande du pays.

En janvier 1920, l'Etat letton peut enfin commencer à fonctionner dans un pays ayant souffert considérablement. Après des réticences (désir de voir renaître une Russie forte et doutes sur la viabilité de la Lettonie), les puissances reconnaissent de jure la Lettonie le 26 janvier 1921 et acceptent en septembre 1921 son entrée à la SDN.

[modifier] Première indépendance

La Constitution du 15 février 1922 intègre la Lettonie à l'Occident démocratique, alors qu'une réforme agraire modifie les structures anciennes de la société.

15 mai 1934, Kārlis Ulmanis, un des pères de l'indépendance, prend le pouvoir par un coup d'état et installe un régime dictatorial. Cependant, un renouveau économique calme une population déjà acquise à Ulmanis.

[modifier] Occupation Russe (URSS)

[modifier] Seconde Guerre mondiale

17 Juin 1940 : l'URSS entre en Lettonie suite au pacte Molotov-Ribbentrop.

5 août 1940 : à la suite d'un simulacre d'élections la République socialiste soviétique de Lettonie est proclamée.

Dans la nuit du 13 au 14 Juin 1941, 35 000 Lettons sont déportés en Sibérie

juillet 1941 : l'Allemagne occupe le pays. Voyant là une chance de se libérer du joug soviétique, de nombreux Lettons s'enrôlent aux côtés de la Wehrmacht. La vie quotidienne est terrible, et 85% des 95 000 juifs lettons sont exterminés.

1941-1942: les nationalistes lettons (groupe de Arajs) ont supprimé 26 000 juifs lettons.

1943-1944: les 15e et 19e divisions Waffen SS étaient formés de Lettons.

En 1944, l'URSS "libère" la Lettonie.

[modifier] Après-guerre

1945: Près de 200 000 habitants se réfugient aux États-Unis, au Canada, en Allemagne ou en Australie, et des centaines de milliers sont déportés par Staline en Sibérie. Malgré la résistance armée des forêts de Courlande, le pays est peu à peu normalisé.

Les années d'après-guerre sont une période de troubles et environ 120 000 Lettons sont déportés vers les goulags de Sibérie.

L'alignement économique, politique et culturel sur le modèle soviétique devient complet au cours du processus de russification. Les postes à responsabilité sont confiés à des Russes, et la langue lettone perd son statut officiel. Toutefois, comme dans toutes les républiques fédérales soviétiques, la langue locale avait toujours un rôle officiel et aux postes principaux de l'appareil fédéral se trouvaient des représentants de la nationalité locale. Le parti communiste de Lettonie et le conseil des ministres étaient présidés par les Lettons.

1945-1990 : Durant la période où la Lettonie était un membre de l'Union soviétique en tant que République socialiste soviétique de Lettonie, le pays s'industrialise grâce aux investissements soviétiques. Les grandes entreprises et les ports sont créés. Mais l'exode et les déportations ont conduit à une carence en main d'œuvre qui sera remplacée par une majorité de Russes. Rīga devient le quatrième plus grand pôle d'éducation en URSS.

Suite à la perestroïka, des partis se forment en Lettonie avec comme ligne de mire l'indépendance du pays. Parmi lesquels : Tautas Fronte (le Front populaire), Latvijas Nacionālās Neatkarības Kustība (le Mouvement d’indépendance nationale de la Lettonie) et Pilsoņu Kongress (le Congrès des citoyens)

23 août 1989 : Une grande chaîne humaine se crée à travers les trois pays baltes (de Vilnius à Tallin en passant par Rīga) pour le cinquantième anniversaire du pacte germano-soviétique (pacte Molotov-Ribbentrop).

4 mai 1990 : le Soviet suprême de Lettonie et son président Anatolijs Gorbunovs proclament le retour à l'indépendance après une période transitoire.

Alors que l'URSS tente de reprendre le contrôle par la force, le coup d'État de 1991 à Moscou précipite les événements.

21 août 1990: la période transitoire est levée.

20 janvier 1991: Jour des barricades, déclaration d'indépendance.

[modifier] Deuxième indépendance

[modifier] Voir aussi

[modifier] Bibliographie

  • Suzanne Champonnois, François de Labriolle, Dictionnaire historique de la Lettonie, Crozon, Éditions Armeline, 2003. ISBN 2-910878-25-2
  • Suzanne Champonnois, François de Labriolle, Estoniens, Lettons, Lituaniens. Histoire et destins, Crozon, Éditions Armeline, 2004. ISBN 2-910878-26-0
  • Jean Meuvret, Histoire des pays baltiques, Paris, Armand Colin, 1934.
  • Yves Plasseraud, Les États baltiques. Des sociétés gigognes. La dialectique majorités-minorités, 2e éd., Brest, Éditions Armeline, 2006. ISBN 2-910878-23-6

[modifier] Références

  1. 2007/801/CE Décision du Conseil du 6 décembre 2007 sur l'application de la totalité des dispositions de l'acquis de Schengen à la République tchèque, à la République d'Estonie, à la République de Lettonie, à la République de Lituanie, à la République de Hongrie, à la République de Malte, à la République de Pologne, à la République de Slovénie et à la République slovaque ([pdf] EU L 323 du 8.12.2007)

[modifier] Liens externes


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