Sibérie

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District fédéral de Sibérie (rouge foncé) et Sibérie au sens large (rouge moyen).
District fédéral de Sibérie (rouge foncé) et Sibérie au sens large (rouge moyen).
Paysage de taïga dans la plaine de Sibérie occidentale : le cours de la Vassiougan
Paysage de taïga dans la plaine de Sibérie occidentale : le cours de la Vassiougan

La Sibérie (Сибирь, du russe Sibir) est une immense région d'une surface de 13,1 millions de km² (environ 24 fois la surface de la France) très peu peuplée (39 millions d'habitants soit environ 3 habitants au km²). Située à l'est de la Russie elle s’étend de l'Oural jusqu'à l'océan Pacifique vers l'ouest et de l'océan Arctique au nord jusqu'aux monts Altaï au nord du Kazakhstan et aux frontières mongoles et chinoises. La Sibérie constitue la partie asiatique de la Russie et la partie nord de l'Asie. Cette région, qui représente 77% de la surface de la Russie mais seulement 27% de sa population, est caractérisée par un climat froid et extrêmement continental, et un paysage au relief modéré sillonné par d'énormes fleuves. Longtemps habitée par des populations pastorales, elle a été progressivement colonisée par l'Empire russe. La Sibérie a connu un formidable développement au cours du XXe siècle grâce à une politique d'investissement volontariste du régime soviétique cherchant à mettre en valeur les immenses ressources minières et énergétiques de cette région. Sibérie tient son nom de la petite ville de Sibir. L'étymologie du mot est incertaine mais le terme pourrait provenir du turco-mongol sibir désignant un peuplement très dispersé.

Sommaire

[modifier] Géographie

Toundra au pays des Nenets
Toundra au pays des Nenets

On subdivise généralement la Sibérie en trois grands ensembles, géologiquement distincts et séparées par les fleuves Ienisseï et Lena :

  • La Sibérie occidentale (2 427 000 km²), à l'est de l'Oural, vaste plaine de 2000 km de large, constituée de terres de faible altitude et mal drainées, truffées de lacs et de marécages
  • Le plateau de Sibérie centrale (4 122 000 km²), à l'est du fleuve Ienisseï, qui culmine entre 300 et 1 200 mètres d'altitude, est entrecoupé de canyons ou de lacs profonds comme le lac Baïkal. Au sud, s'élève une haute chaîne montagneuse composé de l'Altaï et des monts Saïan avec des sommets de 3 000 à plus de 4 000 mètres.
  • La Sibérie orientale, appelée également Extrême-Orient russe (plus de 6 millions de km²), à l'est du fleuve Lena, constitué de divers massifs montagneux et finissant à l'est par la péninsule du Kamchatka et sa chaîne de volcans actifs.

Certaines régions de Sibérie (notamment la vallée inférieure de l'Ob) sont riches en ressources naturelles (pétrole, gaz naturel). La Iakoutie représente 25 % de la production mondiale de diamants. Leur exploitation provoque de graves pollutions et nuisances environnementales et perturbe considérablement le mode de vie traditionnel des populations autochtones, dont les droits les plus élémentaires sont souvent bafoués par les grandes compagnies pétrolières.

De par son éloignement, la nécessité de la défricher, dans l'empire russe, puis dans l'Union soviétique, la Sibérie était une région traditionnelle de déportation et d'emprisonnement. Une grande partie des camps d'internement du Goulag de l'époque soviétique se situaient en Sibérie, en particulier dans la région de la Kolyma.

[modifier] Une région aux contours mal définis

La limite occidentale de la Sibérie est traditionnellement fixée à la ligne de partage des eaux entre les bassins des fleuves se jetant dans la mer Caspienne (Kama, Volga, Oural) et ceux faisant partie du bassin de l'Ob (la ligne de crêtes de l'Oural n'est donc pas retenue). Toutefois les découpages administratifs russes ont tendance à exclure de la Sibérie dans leurs statistiques les provinces de Sverdlosk et de Tchéliabinsk rattachées à une région Oural, alors que ces régions sont pour l'essentiel à l'est de la ligne de partage des eaux. De même les Russes distinguent une région qualifiée d'Extrême-orient russe dans lequel ils regroupent la république de Sakha, l'oblast d'Amour et les autres régions situées plus à l'est[1].

[modifier] Histoire

La Conquête de la Sibérie par Yermak, peinture de Vassili Sourikov
La Conquête de la Sibérie par Yermak, peinture de Vassili Sourikov

[modifier] Préhistoire

Les berges de tous les lacs sibériens sont parsemées de nombreux artefacts datant du Néolithique. De nombreux tumulus, fours et autres objets archéologiques témoignent d'une occupation dense. Durant les grandes migrations qui eurent lieu en Asie d'est en ouest, de nombreux peuples furent amenés aux limites nord du grand plateau central de Sibérie puis regagnaient la Sibérie.

Selon Vassili Radlov, les premiers habitants de la Sibérie furent les Ienisseïens qui parlent une langue qui ne fait partie de la famille des langues altaïques ; ils subsistent quelques traces de ces populations dans la région des monts Saïan comme les Enets, les Saïan-Ostiaks et les Kettes.

Les Ienisseïens furent suivis des Ougro-Samoyedes, qui venaient comme les peuples précédents des hauts plateaux et qui furent également obligés de s'installer en Sibérie après avoir traversé les montagnes de l' Altaï et les monts Saïans par la grande migration des Huns au IIIe siècle après J.-C. On les crédite des nombreux restes de l'Âge de Bronze qui sont éparpillés dans le sud de la Sibérie. Le fer leur était inconnu, mais ils excellaient dans le travail du bronze, de l'argent et de l'or. Les bijoux et les objets, souvent polis, démontrent un grand sens artistique, et leurs champs irrigués couvraient de grandes zones.

Huit siècles plus tard des populations turques comme les Khakasses et les Ouïghours, également contraints de migrer vers le nord-ouest soumirent les Ougro-Samoyedes. Ces nouveaux envahisseurs ont laissé de nombreux objets et on peut distinguer deux périodes distinctes. Ils maitrisaient la fabrication des objets en fer et apprirent des peuples soumis le travail du bronze qu'ils utilisèrent à des fins uniquement artistiques. Leurs poteries sont plus sophistiquées et dénotent un sens artistique plus avancé que celles de l'âge de bronze. Certains de ces objets sont exposés au musée de l'Ermitage à Saint-Pétersbourg.

L'empire des Khakasses dura jusqu'à ce que, au XIIIe siècle, les Mongols commandés par Genghis Khan les soumettent et détruisent leur civilisation. Un net déclin, perceptible dans les tombes qui ont été découvertes, réduisit la population au faible nombre constaté par les Russes à leur arrivée en Sibérie au XVIe siècle.

[modifier] Le khanat de Sibérie

Le khanat de Sibérie aux XVe et XVIe siècles
Le khanat de Sibérie aux XVe et XVIe siècles

Au début du XVIe siècle, des réfugiés tatars originaires du Turkestan soumirent les tribus qui habitaient à l'est de l'Oural. Des agriculteurs, des tanneurs, des marchands et des mollahs vinrent alors du Turkestan et des petites principautés se créèrent le long de l'Irtych et de l'Ob. Elles furent réunies par Khan Yadegar et entrèrent en conflit avec les Russes qui étaient en train de coloniser l'Oural ce qui amena une confrontation avec la Moscovie. Les envoyés de Khan vinrent à Moscou en 1555 et consentirent à payer un tribut annuel de 1 000 fourrures de zibeline.

[modifier] La république de Novogorod et la Moscovie

Dès le XIe siècle les habitants de Novgorod commencèrent à pénétrer en Sibérie. Au XIVe siècle (1364) les Novgorodiens explorèrent la mer de Kara et le fleuve Ob. Après la chute de la république de Novgorod, Moscou hérita des échanges qui existaient entre la Russie du nord et la Sibérie. Le 9 mai 1483 les troupes moscovites du prince Feodor Kourbski-Cherny et d’Ivan Saltyk-Travin firent route vers la Sibérie occidentale. Les troupes se déplaçant le long des rivières Tavda, Toura, Irtych jusqu'à l'Ob. 1 499 moscovites et novgorodiens après avoir skié jusqu'à l'Ob, soumirent les tribus locales. En 1570 l'entrepreneur Strogonov engagea à Perm de nombreux cosaques pour protéger les établissements de l'Oural des attaques des tatars sibériens. Strogonov suggéra à leur chef Yermak de conquérir le khanat de Sibérie, promettant de l'aider en lui fournissant armes et nourriture.

[modifier] Yermak et les cosaques

Une carte ancienne de Irkoutsk, du lac Baïkal et de ses environs
Une carte ancienne de Irkoutsk, du lac Baïkal et de ses environs
La tour du fort de Yakoutsk construit au XVIIe siècle
La tour du fort de Yakoutsk construit au XVIIe siècle

Yermak pénétra en Sibérie avec une troupe de 1 636 hommes en suivant le cours des rivières Tagil et Toura. L'année suivante il atteignait la rivière Tobol et 500 hommes s'emparèrent de Isker la résidence de Khan Koutchoum, située à proximité de la ville moderne de Tobolsk. Kutchum s'enfuit dans les steppes en abandonnant son territoire à Yermark, qui selon la tradition, demanda sa grâce au tsar Ivan IV en lui offrant la possession de la Sibérie.

En 1584 à la suite d'une offensive de Koutchoum, les cosaques durent abandonner la Sibérie et Yermak se noya dans l'Irtych lors de la perte d'Isker. Les cosaques, pour éviter les zones plus densément peuplées du sud de la Sibérie, progressèrent par la suite vers l'est de la Sibérie en passant par les latitudes nordiques. Moscou commença à édifier des forts en installant des fermiers pour approvisionner les garnisons en nourriture. En moins de 80 ans, les Russes atteignaient l’Amour et la côte de l’océan Pacifique. Cette conquête rapide est due au fait que les populations tatares comme turques n'étaient pas en mesure d'opposer une résistance sérieuse.

[modifier] L’expansion de l’Empire russe

La principale ressource qui attirait les cosaques en Sibérie était les fourrures de zibeline, renard et hermine. Les explorateurs ramenaient un grand nombre de fourrures de leurs expéditions. Les populations autochtones qui se soumettaient à l'autorité des Russes, étaient protégées par les cosaques des peuples nomades vivant plus au sud en échange d'un impôt, le yasak, payable sous forme de fourrures. Des chemins dits yasachnaya furent tracés pour ramener les produits du yasak à Moscou.

Un certain nombre de peuples s'opposèrent ouvertement à la Russie. D'autres se soumettaient et demandaient même à être placés sous la protection russe même si parfois ils refusaient d'acquitter par la suite le yasak ou d'accepter l'autorité russe. Plus les Russes avançaient vers l'est, moins ils rencontraient de peuples développés capables de leur opposer une résistance sérieuse. Les groupes qui se défendirent le plus vigoureusement furent les Koryaks et les Chouchkis (dans la péninsule de Chouchki), ces derniers ayant une civilisation du niveau de l'âge de Pierre.

Entre 1607 et 1610 les Tongouses combattirent vigoureusement pour conserver leur indépendance mais ils furent soumis vers 1623. En 1628 les Russes atteignaient la rivière Lena puis fondaient le fort de Iakoutsk en 1637; deux ans plus tard ils atteignaient les rivages de la mer d'Oskhotsk et l'embouchure de la rivière Oulya. Les Bouriates opposèrent une certaine résistance mais les cosaques érigèrent entre 1631 et 1641 plusieurs forts sur leur territoire ainsi qu'en 1648 le fort sur le cours supérieur de la rivière Ouda derrière le lac Baïkal. En 1643 les bateaux de Vassili Poïarkov descendaient l'Amour et revenaient à Iakoutsk par la mer d'Okhotsk et la rivière Aldan ; en 1650 Yerofey Khabarov créait le fort d'Albazin sur la rive de l'Amour.

La résistance de l'empire mandchou obligea les cosaques à quitter Albazin et par le traité de Nertchinsl (1689) la Russie abandonna son avancée sur le bassin de la rivière et se concentra sur la colonisation des vastes zones de la Sibérie et le commerce avec la Chine par la route de Sibérie. En 1852 une expédition militaire russe sous le commandement de Nikolay Muravyov explora l'Amour et à compter de 1857 des paysans et des cosaques furent installés tout au long du cours du fleuve. Cette occupation de fait fut reconnue par la Chine en 1860 par le traité d'Aigun.

L'année ou Khabarov explorait l'Amour (1648), le cosaque Semion Dejnev parti depuis la rivière Kolyma fit le tour de l'extrémité nord-est de l'Asie dont le détroit fut redécouvert et décrit 80 ans plus tard par Bering. James Cook en 1778, et La Pérouse après lui, achevèrent de reconnaître la côte du Pacifique Nord.

Bien que l’océan Arctique ait été atteint dès la première moitié du XVIIe siècle, l'exploration de ses côtes ne commença qu'au XVIIIe siècle ; elle fut l'œuvre d'une série d'expéditions menées par Dmitry Ovtsyn, Fyodor Minin, Vasili Pronchishchev, Lasinius, et Laptev dont les travaux constituent une page brillante des annales de la découverte géographique.

[modifier] Les scientifiques en Sibérie

L'exploration scientifique de la Sibérie démarre entre 1733 et 1742 avec les expéditions de Messerschmidt, Gmelin, et De L'isle de la Croyere qui sont suivies par celles de Müller, Fischer, et Georgi. Pallas, assité de plusieurs étudiants, pose les premières pierres d'un inventaire complet de la topographie, faune, flore et des habitants de la région. Les expéditions de Christopher Hansteen et Georg Adolf Erman constituent l'étape la plus importante de l'exploration du territoire. Humboldt, Ehrenberg, et Gustav Rose font également de courts séjours en Sibérie, ce qui donne une nouvelle impulsion à l'accumulation de connaissances scientifiques sur la région, tandis que Ritter élabore dans ses Asies (18321859) les fondations d'une connaissance rationnelle de la Sibérie. L'exploration du nord-est de la Sibérie par T von Middendorff (18431845) contemporaine du voyage de Castrén consacré à l'étude des langages ouro-altaïques attire l'attention sur l'extrême nord et éveille l'intérêt pour le fleuve Amour dont le bassin constitue la cible des expéditions de Akhte et Schwarz (1852).

La branche sibérienne de la Société géographique russe est créée à la même époque à Irkoutsk et organise par la suite de manière régulière des expéditions d'exploration en Sibérie. À la même époque l'ouverture de l'Amour et de Sakhaline attirent Maack, Schmidt, Glehn, Radde, et Schrenck qui publient des ouvrages sur la flore, la faune et les habitants de la Sibérie.

[modifier] Premiers établissements

Aux XVIIe et XVIIIe siècles, les Russes qui émigraient en Sibérie étaient des chasseurs et des personnes fuyant la Russie centrale : paysans fugitifs à la recherche d'une vie sans servage, évadés de prisons et vieux-croyants. Les nouveaux établissements de Russes et les populations indigènes avaient besoin de se défendre des nomades, ce pour quoi les forts furent fondés. C'est ainsi que furent créés les forts de Tomsk et de Berdk.

Au début du XVIIIe siècle la menace des nomades faiblit; aussi la région se peupla de plus en plus; le mode de vie se normalisa dans les villes.

[modifier] La vie en Sibérie

Au XVIIIe siècle, une nouvelle guberniya (région) administrative est créée à Irkoutsk, puis au XIXe siècle le territoire est subdivisé plusieurs fois par la création de nouvelles guberniyas : Tomsk, Ienisseï et plus tard Krasnoïarsk.

En 1730, le premier grand établissement industriel de fabrication métallurgique est fondé par la famille Demidov et donne naissance à la ville de Barnaoul. Plus tard, l'entreprise finance la création d'équipements culturels tels que bibliothèque, club, théâtre. Pyotr Semenov-Tyan-Shansky, qui séjourne à Barnaoul en 1856-1857 écrivait : « la richesse des ingénieurs de la mine de Barnaoul n'est pas visible seulement à travers leurs propriétés et leurs vêtements mais plus encore à travers leur niveau d'éducation, leur connaissance des sciences et de la littérature. Barnaoul était, sans aucun doute, la place la plus cultivée de Sibérie et je l'avais appelé l'Athènes de la Sibérie laissant le rôle de Sparte à Omsk ».

Le même phénomène se reproduit dans d'autres villes : librairies, musées, collèges et théâtres sont construits, mais la première université ne sera créée qu'en 1880 à Tomsk.

Les paysans de Sibérie plus que ceux de Russie d'Europe devaient compter sur leurs propres forces et facultés. Ils devaient lutter contre un climat rude sans aide extérieure. L'absence de servitude et de maîtres contribua à leur donner un esprit d'indépendance. Contrairement aux paysans de la Russie d'Europe, les Sibériens n'étaient pas confrontés au manque de terres disponibles ; la faible densité de la population leur donnait la possibilité de cultiver intensivement une parcelle de terrain pendant plusieurs années de suite, puis de la laisser en jachère pendant une longue période pour cultiver d'autres parcelles. Les paysans sibériens disposaient d'une nourriture abondante tandis que la paysannerie de la Russie européenne devait modérer l'appétit de leur famille. Leonid Blummer nota que le mode de consommation de l'alcool différait de manière significative. Les paysans sibériens buvaient souvent mais modérément « Pour un Sibérien, la vodka n'est pas une merveille tandis qu'un paysan russe (non sibérien), lorsqu'il y avait accès, était prêt à se noyer dedans ». Les maisons des Sibériens, selon les voyageurs, différaient des maisons russes typiques : les maisons étaient grandes, souvent avec deux étages, un plafond élevé et les murs étaient recouverts avec une peinture à l'huile.

[modifier] Décembristes et autres exilés

La Sibérie était considérée comme un endroit idéal pour exiler des opposants politiques car elle était loin de tout pays étranger. Un citoyen de Saint-Pétersbourg ne cherchait pas à s'évader dans la vaste campagne sibérienne comme aurait pu le faire un paysan ou un criminel. Même les grandes villes comme Irkoutsk, Omsk ou Krasnoïarsk n'avaient pas l'intense vie sociale et le niveau de vie élevée de la capitale.

Environ 80 personnes impliquées dans la révolte des décembristes furent condamnées à des peines de travaux forcés en Sibérie et à y résider pour toujours. Onze de leurs femmes les suivirent et s'installèrent près des bagnes. Dans leurs mémoires, elles notèrent la gentillesse et la prospérité des Sibériens des campagnes et les traitements sévères infligés par les soldats et les officiers.

À Omsk une plaque commémorative sur laquelle est écrit : dans cet immeuble de l'administration principale de Sibérie occidentale ont vécu de 1826 à 1841 les décembristes S. M. Semyonov, N. A. Chizhov, N. V. Basargin.
À Omsk une plaque commémorative sur laquelle est écrit : dans cet immeuble de l'administration principale de Sibérie occidentale ont vécu de 1826 à 1841 les décembristes S. M. Semyonov, N. A. Chizhov, N. V. Basargin.

En voyageant à travers la Sibérie, j'admirais et j'étais fasciné à chaque étape par la cordialité et l'hospitalité que je rencontrais partout. J'étais fasciné par la richesse et l'abondance, dans laquelle les gens vivaient alors (1861). L'hospitalité était particulièrement développée en Sibérie. Nous étions partout reçues comme dans des pays amis, partout nous étions bien nourris, et lorsque nous demandions ce que nous devions, ils ne voulaient rien recevoir, disant seulement de brûler une chandelle pour Dieu.

« … La Sibérie est un pays extrêmement riche, la terre est généralement généreuse et peu de travail est nécessaire pour avoir de riches récoltes. »

Notes de Polina Annenkova femme de décembriste.[2]

Un certain nombre de décembristes moururent de maladie, souffrirent de chocs psychologiques ou même devinrent fous.

Après avoir purgé leur peine de travaux forcés, ils étaient assignés à résider dans petites villes ou villages. Là, certains démarraient un commerce, ce qui était bien vu. Seulement plusieurs années plus tard, dans les années 1840, ils furent autorisés à emménager dans des grandes villes ou à s'installer où ils le souhaitaient en Sibérie. Ce ne fut qu'en 1856, 31 ans plus tard, qu'Alexandre II leur pardonna au moment de son couronnement.

En vivant dans les villes de Omsk, Krasnoïarsk et Irkoutsk, les décembristes contribuèrent fortement au développement de la vie sociale et de la culture. A Irkoutsk, leurs maisons sont désormais des musées. Dans de nombreux endroits, des plaques commémoratives avec leurs noms ont été installées.

Monument à Dostoïevski à Omsk
Monument à Dostoïevski à Omsk

Il y eut malgré tout des exceptions : Vladimir Raevskiy arrêté pour sa participation aux cercles décembristes en 1822 et en 1828 fut exilé dans le village de Onlok près d'Irkoutsk. Il se maria et eu 9 enfants, se fit boulanger et fonda une école pour enfants et adultes pour leur enseigner la grammaire et l'arithmétique. Pardonné par Alexandre II, il revint visiter sa ville natale puis retourna à Olonki.

Contrairement aux souhaits des autorités, les révolutionnaires exilés ne se sentaient pas rejetés en Sibérie. Au contraire, les Sibériens qui avaient du survivre sans aide des autorités, ne ressentaient aucune tendresse pour celles-ci. Dans de nombreux cas, les exilés furent reçus chaleureusement et obtinrent des situations rémunérées.

Fedor Dostoïevski fut exilé dans une katorga près d'Omsk et dut faire son service militaire à Semipalatinsk. Durant son service, il dut faire des voyages à Barnaoul et à Kouznetsk où il se maria.

Anton Tchekhov ne fut pas exilé mais réalisa un voyage en 1890 de sa propre iniative à Sakhaline en traversant la Sibérie et visita là-bas une katorga. Durant son voyage, il visita Tomsk qui lui déplut puis Krasnoïarsk qu'il appela « la plus belle des villes de Sibérie ». Il nota que bien que ce fut un endroit où se trouvaient plus de criminels de droit commun que d'exilés politiques, l'atmosphère morale était bien meilleure : il ne vit aucun vol. Tchekhov observa qu'à côté de signes évidents de prospérité, il y avait une demande pressante de développement culturel.

Krasnoyarsk a conservé son centre historique avec toutes ses maisons du XIXe siècle
Krasnoyarsk a conservé son centre historique avec toutes ses maisons du XIXe siècle

Beaucoup de polonais furent également exilés en Sibérie (voir Sybiraks)

[modifier] Le Transsibérien

Le développement de la Sibérie est handicapé par l'absence de moyens de transport dans la région ainsi qu'entre la Sibérie et le reste du pays. Hormis la route sibérienne, les routes de qualité utilisables par des véhicules à roues sont peu nombreuses et le réseau est peu dense. Durant environ 5 mois de l'année, la circulation passe pour l'essentiel par les fleuves; durant les 6 mois les plus froids de l'année, marchandises et passagers voyagent sur des traineaux tirés par des chevaux sur les routes disponibles en hiver qui sont souvent constituées par les fleuves gelés.

Le premier bateau à vapeur sur l'Ob – l’Osnova de Nikita Myasnikov - est lancé en 1844; mais les débuts seront difficiles et ce n'est pas avant 1857 que le transport par bateau à vapeur se développe de manière sérieuse. Les bateaux à vapeur sont introduits sur l'Ienissei en 1863 puis sur la Léna et l'Amour dans les années 1870.

Alors que la Sibérie occidentale relativement plate est plutôt bien desservie par le gigantesque réseau fluvial constitué par l'ensemble Ob-Irtych-Tobol-Choulyl, les grands fleuves de la Sibérie orientale - Ienisseï, cours inférieur de l'Angara (l'Angara avant Bratsk est difficilement navigable à cause des rapides), Léna - ne permet de circuler que selon un axe nord-sud. On tente à l'époque de remédier à ce handicap en construisant le canal Ob-Ienisseï mais le résultat ne fut pas une réussite. Seule une ligne de chemin de fer pouvait apporter une véritable réponse aux problèmes de transport.

Les premiers projets de chemin de fer en Sibérie remontent à la création de la ligne Moscou-Saint-Pétersbourg. L'un des premiers projets porte sur la ligne Irkoutsk-Tchita destiné à relier Irkoutsk à l'Amour et par conséquent à l'Océan Pacifique.

Avant 1880, le gouvernement central est peu réceptif à ce genre de ce projet, du fait de la faible taille des entreprises implantées en Sibérie et de la crainte qu'une meilleure intégration des territoires sibériens à la région Pacifique les fasse tomber sous l'influence des États-Unis et du Royaume-Uni. La bureaucratie lourde et inefficace ainsi que la peur des risques financiers contribuent également à paralyser le projet : les financiers sous-estiment l'effet d'entraînement du chemin de fer, en établissant des prévisions de trafic basés sur le volume des échanges existants.

Finalement la peur de perdre la Sibérie convainquit, en 1889, Alexandre II de lancer la construction du chemin de fer. Celle-ci démarra en 1891.

Le Transsibérien donne un grand élan à l'agriculture sibérienne, en permettant d'accroitre ses exportations vers la Russie centrale et les pays européens. Non seulement le chemin de fer dynamise les territoires proches du chemin de fer mais également les régions les plus méridionales reliées à la ligne par les fleuves comme l'Altaï (Ob) et les régions d'Abakan et de Minusinsl (Ienisseï).

Tomsk était à la fin du XIXe siècle la plus grande ville de Sibérie, mais ne fut pas connectée au Transsibérien. L'agriculture sibérienne exporta beaucoup de céréales bon marché à l'ouest. L'agriculture de la Russie centrale était encore dépendante du système de servage pourtant abandonné théoriquement en 1861. Aussi en 1896 (alors que les parties occidentales et orientales du Transsibérien n'étaient pas encore achevées) pour protéger l'agriculture des régions de la Russie centrale d'une possible déstabilisation sociale, le gouvernement introduit la barrière tarifaire de Tcheliabinsk pour les céréales et une barrière similaire en Mandchourie. Cette mesure modifia la nature des exportations céréalières : le millet est cultivé dans l'Altaï, autour de Novossibirsk et Tomsk tandis que de nombreuses fermes se mettent à la fabrication de beurre. Entre 1896 et 1913, la Sibérie exporte chaque année en moyenne 500 000 tonnes de produits céréaliers (grains ou farine).

[modifier] Le programme de colonisation de Stolypine

Moulins dans la région de Tobolsk
Moulins dans la région de Tobolsk

La seule tentative de peuplement significative de la Sibérie eu lieu sous Nicolas II sous l'impulsion du premier ministre Stolypine (1906-1911) dans le cadre d'un programme plus vaste de réforme agraire. Les zones rurales de la Russie centrale étaient surpeuplées, tandis que l'Est de la Russie était très faiblement peuplé malgré l'existence de vastes zones fertiles. En 1906, un décret du tsar autorisa les paysans à s'installer en Russie d'Asie tout en leur fournissant des terres gratuites ou à un prix peu élevé. L'État russe consentait des prêts aux colons pour l'établissement de leur exploitation.

Une grande campagne publicitaire est menée : 6 millions de brochures et de dépliants intitulés Ce que la colonisation apporte aux paysans et Comment les paysans vivent en Sibérie sont distribués dans les zones rurales. Des trains de propagande parcourent la campagne tandis que les trains destinés au transport des volontaires pour la colonisation sont mis à disposition.

Tous les colons ne restèrent pas (17,8% des migrants revinrent) mais 3 millions de personnes vont s'installer officiellement en Sibérie et 750 000 s'y établissent en dehors du programme. Entre 1897 et 1914, la population de Sibérie va s'accroître de 73% et la surface cultivée doubler.

[modifier] La guerre civile

Au moment de la Révolution russe en 1917, la Sibérie est une région agricole presque dépourvue de classe possédante et de classe ouvrière. L’intelligentsia a des idées politiques assez vagues. Seuls 13% de la population vit dans les villes et a certaines notions de politique. L'absence de différences de classe, la faible proportion de la population urbaine et le faible nombre d'intellectuels conduisent à l'unité des différents partis au nom du régionalisme.

Les forces antibolchéviques n'arrivent pas à unir leurs forces. Tandis que l'amiral Koltchak appuyé par les alliés, combat les bolchéviques, les socialistes-révolutionnaires et les mencheviks signent un accord avec les bolchéviks en échange d'une certaine autonomie. Les alliés, bien qu'ayant la capacité d'intervenir de manière décisive dans la région, préfèrent rester neutres; Koltchak lui-même rejette une proposition d'aide du Japon.

Après une série de défaites en Russie centrale, les forces de Koltchak font retraite en Sibérie. Les alliés évacuent Omsk pour Irkoutsk et finalement Koltchak, qui s'est rendu plus impopulaire que les bolcheviks, est exécuté par les socialistes révolutionnaires.

[modifier] Les années 1920 et 1930

Théatre de Novossibirsk
Théatre de Novossibirsk

Durant les années 1920, l'agriculture en Sibérie décline. Le grand nombre d'immigrants arrivés dans les dernières décennies ont épuisé le sol et les mauvaises récoltes deviennent fréquentes. L'agriculture n'est pas détruite par la guerre civile, mais la désorganisation des exportations ruine l'industrie agro-alimentaire et réduit les revenus des paysans. De plus la Prodrazvyorstka (réquisition des surplus agricoles) instituée durant la guerre civile puis la taxe sur les produits agricoles qui la remplace durant la NEP alimentent un mécontentement croissant des agriculteurs. Entre 1920 et 1924, il y a de nombreux émeutes anti-communistes dans les zones rurales qui rassemblent jusqu'à 40 000 personnes. D'anciens blancs (cosaques) et de vieux partisans rouges qui avaient combattu auparavant Koltchak prennent part aux émeutes. Selon un rapport de 1927 sur l'oblast d'Irkoutsk, les paysans disaient ouvertement qu'ils participaient à une rébellion antisoviétique et qu'ils souhaitaient l'appui des pays étrangers.

La génération qui est parvenue à l'age adulte durant la guerre est hautement militarisée et le gouvernement soviétique l'embrigade à travers des organisations comme le Komsomol. Il existe de nombreux documents témoignant d'un banditisme rouge dans la campagne : profanation des tombes et des églises, meurtres de prêtres et de croyants. A de nombreuses occasions, un activiste des Komsomol ou un représentant de l'État, au cours d'un échange avec un opposant aux soviets, se met en colère et tue son interlocuteur.

Dans les années 1930, le parti applique en Sibérie le plan de collectivisation des terres qui succède à la NEP. Les paysans installés de longue date en Sibérie sont considérés comme des koulaks. De nombreuses familles de Russie centrale sont déportées dans les zones de Sibérie forestières ou marécageuses faiblement peuplées. Les paysans de Sibérie soient tentent de s'échapper, soient sont déportées vers les territoires du nord (comme les districts des Evenks ou de Khanty-Mansi ou la partie septentrionale de l'oblast de Tomsk). La collectivisation détruit la classe sociale existante des paysans de Sibérie et, avec elle, un des moteurs d'un développement économique naturel de la région avec des conséquences qui se prolongent jusqu'à la période contemporaine.

Durant la NEP, les nouvelles autorités, conduites par des idées socialistes romantiques, essaient de construire de nouvelles cités socialistes en accord avec les principes du mouvement constructiviste, mais il en résultat essentiellement un grand nombre de bâtiments aux formes carrées. Par exemple le théatre de Novossibirsk est conçu initialement dans le plus pur style constructiviste. C'est le projet ambitieux d'architectes exilés. Au milieu des années 1930, avec l'arrivée du néo-classicisme, les plans du théâtre sont revus de manière substantielle.

[modifier] La deuxième guerre mondiale

En 1941, de nombreuses entreprises ainsi que les populations sont évacuées vers les villes de Sibérie par le chemin de fer pour échapper à la progression des troupes allemandes. Pour pallier le besoin urgent de munitions et d'équipement militaires, des usines sont reconstruites en urgence dans les villes d'accueil et les nouveaux arrivants sont immédiatement mis au travail.

La plupart des entreprises ainsi délocalisées vont rester dans leurs nouvelles implantations une fois la guerre achevée. Ce phénomène entraine un accroissement très important de la production industrielle en Sibérie à l'origine de la création de nombreuses villes comme Roubtsovsk. Les villes situées à l'est d'Oulan-Oudé , comme Tchita, ne bénéficièrent pas de cette délocalisation car elles étaient considérées comme dangereusement proches de la Chine et du Japon.

Le 28 aout 1941, le Soviet Suprême ordonna le déplacement des allemands de la Volga, décret qui entraina leur déportation dans les zones rurales de la Sibérie et du Kazakhstan.

A la fin de la guerre, des milliers de prisonniers allemands et japonais sont condamnés à plusieurs années de travail forcé dans les camps qui sont situés dans toute les régions de Sibérie. Ces camps sont gérés par une administration différente du Goulag. Mais, bien que les camps soviétiques n'avaient pas pour objectif d'exterminer les prisonniers, le taux de décès est particulièrement élevé en particulier en hiver. Les travaux allaient de la culture maraichère à la construction de la ligne Baïkal Amour Magistral (BAM).

[modifier] L'expansion industrielle

Barrage de KrasnoIarsk
Barrage de KrasnoIarsk
Vue aérienne de Akademgorodok
Vue aérienne de Akademgorodok

Durant la seconde moitié du XXe siècle, la prospection et la mise en exploitation des ressources minières et hydro-électriques continuent. De nombreux projets sont planifiés mais sont repoussés au gré des guerres et des changements d'orientation des dirigeants russes.

Le projet le plus connu est celui de la ligne ferroviaire du Baïkal Amour Magistral (BAM). La construction de cette ligne, planifiée initialement avec celle du Transsibérien, ne commence que peu de temps avant la seconde guerre mondiale, puis est gelé durant celle-ci, pour être redémarré à la fin du conflit. Après la mort de Staline, le projet est à nouveau arrêté puis est relancé sous Brejenev.

La chaine de centrales hydroélectriques sur l'Angara est construite des les années 1970-1980 dans le cadre d'un projet similaire à celui de la Tennessee Valley aux Etats-Unis. Les centrales électriques ont permis la réalisation et l'alimentation de grandes implantations industrielles comme les usines de fabrication d'aluminium de Bartsk, Oust-Ilimsk ainsi que l'exploitation de terres rares dans le bassin de l'Angara. Mais l'exploitation du potentiel hydro-électrique de l'Angara reste aujourd'hui inachevé : la centrale de Bogoutchany est en attente d'achèvement ainsi qu'un certain nombre d'installations industrielles.

Ce développement s'est fait au détriment de l'enviromment, du fait d'une réglementation relativement laxiste et de la taille démesurée des barrages (les projets les plus importants avaient la faveur des décideurs car recevaient des subventions plus importantes). L'accroissement de l'humidité a contribué à rendre le climat encore plus rude. Le projet de construction d'une centrale hydro-électrique sur le fleuve Katoun dans les montagnes de l'Altaï dans les années 1980 a du être stoppé à la suite d'une forte mobilisation de la population.

Il existe alors un grand nombre de complexes orientés vers la production militaire comme le NPO Vektor et des villes fermées comme Seversk. A la fin des années 1980, une grande partie de la production industrielle de Omsk et Novossibirsk (plus de 40%) était consacrée à des productions militaires et aéronautiques. L'effondrement de commandes reposant sur les dépenses de l'Etat entraina une crise économique.

La branche de l'Académie des sciences de Russie située en Sibérie comprend un grand nombre d'instituts de recherches dans les plus grandes villes : le plus important est l'institut de physique nucléaire Boudker à Akademgorodok (une ville scientifique) située près de Novossibirsk. D'autres villes ou districts scientifiques existent dans les villes de Tomsk, Krasnoïarsk et Irkoutsk. Ces sites sont les centres de l'industrie informatique en particulier Novossibirsk.

Un grand nombre de sociétés étendent la commercialisation de leurs produits de consommation à un périmètre transrégional et national. Moscou n'est plus le centre exclusif des activités artistiques et culturelles.

[modifier] Perspectives

Gratte-ciel résidentiel à Novossibirsk
Gratte-ciel résidentiel à Novossibirsk

Jusqu'à l'achèvement de l'autoroute Tchita-Khabarovsk, la Transbaïkale était une impasse pour le transport routier. Bien que cette nouvelle liaison bénéficie initialement au trafic de transit à destination et en provenance des provinces du Pacifique, elle devrait également favoriser la colonisation et l'industrialisation des régions faiblement peuplées de Tchita et Blagovechtchensk.

L'extension du réseau de transports continue aujourd'hui à définir les axes de développement de la Sibérie. Dans ce domaine, le prochain projet qui doit être mené à son terme est l'achèvement de la desserte ferroviaire de Iakoutsk. Un autre grand projet, déjà proposé au XIXe siècle en tant qu'option nord du Transsibérien, est la ligne de Sibérie du Nord qui passe par les villes de Nijnevartovsk, Bely Iar, Lessossibirsk et Oust-Ilimsk. Les chemins de fer russes soutiennent un autre projet ambitieux consistant à construire une liaison vers Magadan, la péninsule Tchouktche et ensuite un hypothétique tunnel sous le détroit de Béring assurant la desserte de l'Alaska.

Tandis que les Russes continuent d'émigrer depuis les régions de Sibérie et d'Extrême-Orient vers la Russie occidentale, les villes de Sibérie attirent la main d'œuvre (légale ou clandestine) originaire des républiques d'Asie centrale et de Chine. Alors que les locaux évaluent à leur juste mesure la situation, le mythe d'une invasion des zones transbaïkales et d'extrême-orient par des millions de chinois est largement répandu en Russie occidentale. La crainte d'une annexion par la Chine de la Sibérie du Sud-est est en effet très répandue dans la société russe en particulier à l'ouest de l'Oural.

[modifier] Géologie

La Sibérie occidentale, constituée par des dépôts alluviaux du Cénozoïque, est caractérisée par une altitude si faible qu'une augmentation du niveau de la mer de 50 mètres suffirait à inonder l’ensemble des terres de l'océan Arctique jusqu'à Novossibirsk. Les alluvions déposées dans la plaine résultent pour l'essentiel des barrières créées par les glaciers qui à l'époque fermaient l'accès à l'Océan Arctique et qui ont infléchi le cours des fleuves Ob et Ienisseï vers la mer Caspienne (et peut-être la mer d'Aral). La Sibérie occidentale est particulièrement marécageuse. Au sud de la plaine, là ou le pergélisol est pratiquement absent, de riches terres, constituant une extension de la steppe kazakh ont permis l'installation d'une végétation originale (pratiquement disparue aujourd'hui).

Le mont Belukha dans les montagnes de l'Altaï
Le mont Belukha dans les montagnes de l'Altaï
Paysage de taïga dans la région de Magadan au nord est de la Sibérie
Paysage de taïga dans la région de Magadan au nord est de la Sibérie

Le plateau central sibérien est un craton extrêmement ancien qui constituait au Permien, un continent séparé. Il est extrêmement riche en minéraux tels que or, diamant, manganèse, plomb, zinc, nickel, cobalt et molybdène. La région comprend une grande partie du trapps de Sibérie qui constitue une grande province ignée. L'éruption massive à l'origine de cette formation coïncide à peu près avec l'extinction massive de la fin du Permien. Cet événement volcanique est considéré comme l'éruption volcanique la plus puissante de l'histoire qu'ait connue la planète.

Durant le quaternaire, seul l'extrême nord-ouest de la Sibérie fut recouvert par les glaciers, mais sur pratiquement tout le reste de la région un permafrost s'installa jusqu'à une grande profondeur. Les seuls arbres qui arrivent à prospérer est le mélèze de Sibérie grâce à ses racines peu profondes. La taïga domine partout sauf dans l'extrême nord-est.

L'est et le centre de la république de Sakha comprend de nombreuses chaînes de montagnes orientées nord-sud qui sont apparues à différentes époques géologiques. Ces montagnes qui s'élèvent à pratiquement 3000 mètres d'altitude, sont presque dénuées de végétation dès qu'on dépasse quelques centaines de mètres d'altitude. Les monts de Verkhoïansk étaient entièrement couverts de glacier au Pléistocène mais le climat était alors trop sec pour que la glace s'étende aux basses altitudes. En basse altitude, il y a de nombreuses vallées parfois encaissées et couvertes de forêts de mélèzes à l'exception de l'extrême nord où la toundra domine. Les sols sont essentiellement des tourbières et la couche de sol active a une épaisseur inférieure à un mètre sauf au bord des rivières.

Le plus haut sommet de Sibérie est le Klioutchevskaïa Sopka,, volcan actif situé dans la péninsule de Kamtchatka.

[modifier] Climat

Le climat de la Sibérie est sujet à des variations de température de grande amplitude. Sur la côte nord, au-delà du cercle arctique, l'été est très court (environ un mois). La plus grande partie de la population vit au sud de la Sibérie le long de la ligne du Transsibérien. Dans cette région, la température moyenne est d'environ 0°C oscillant entre -15°C en moyenne au mois de janvier et +20°C au moins de juillet[3]. La durée de la période fertile, l'abondance de l'ensoleillement et les sols particulièrement fertiles (chernozem) du sud de la Sibérie permettent à l'agriculture de prospérer comme le montra le rapide développement de l'agriculture au début du XXe siècle.

Au sud de la Sibérie, les vents du sud-ouest amènent l'air chaud de l'Asie centrale et du Moyen-Orient. Les températures moyennes en Sibérie occidentale (Omsk, Novossibirsk) sont supérieures de plusieurs degrés à celles en Sibérie orientale (Irkoutsk, Chita). Avec une température record de -71,2°C, Oïmiakon (République de Sakha) la Sibérie a presque le plus grand record de froid de la planète. Mais par ailleurs dans plusieurs régions la température atteint l'été +36 à +38°C. Sakha est la région la plus froide de Sibérie et on trouve les températures les plus faibles dans le bassin de la rivière Yana, ou la terre est gelée jusqu'à 1493 mètres de profondeur (la terre gelée est appelée pergélisol ou permafrost). Malgré ces conditions, le froid n’a jamais été considéré par l'Empire russe comme un obstacle à la colonisation. En hiver, l'anticyclone sibérien s'installe généralement de manière semi-permanente sur la Sibérie méridionale si bien que les vents sont normalement faibles.

Les précipitations en Sibérie sont faibles, dépassant 500 mm uniquement au Kamtchatka, où les vents humides venus de la mer d'Okhotsk se heurtent aux massifs montagneux - produisant le seul glacier important de la région - et dans le krai de Primorsk, à l'extrême sud-est, où l'influence de la mousson peut engendrer de fortes précipitations durant l'été. Malgré le froid qui règne en hiver, les chutes de neige sont faibles, en particulier dans l'est de la région.

[modifier] Économie

Mine de diamant d'Udachnaya (Yakoutie)
Mine de diamant d'Udachnaya (Yakoutie)
La région arctique nord est de la Sibérie
La région arctique nord est de la Sibérie

La Sibérie est particulièrement riche en minéraux avec la présence de gisements de pratiquement tous les métaux recherchés; cette concentration est en partie liée à l'absence de couverture glaciaire durant le quaternaire (hormis les zones situées en haute altitude). La région concentre certains des plus grands gisements de nickel, or, plomb; molybdène, diamant, argent et zinc ainsi que d'immenses gisements de pétrole et de gaz naturel souvent sous-exploités. La plupart des gisements sont situés dans l'est de la région, zone la plus froide, ce qui rend leur extraction particulièrement difficile. Celle-ci n'a démarré que lorsque Staline, arrivé au pouvoir, ait eu recours aux déportés.

L'agriculture est limitée par la faible durée de la période fertile dans la plus grande partie de la région. Malgré tout, dans le sud-ouest, là où des terres noires particulièrement fertiles sont présentes et où le climat est un peu plus tempéré, se sont créées de grandes exploitations extensives cultivant le blé, l'orge, le seigle et les pommes de terre ainsi que des grands élevages de mouton et de bovidés. Ailleurs, du fait de la pauvreté du sol et de la brièveté de la période fertile, les ressources agricoles se restreignent à l'élevage de rennes dans la toundra : cette activité est pratiquée par les autochtones depuis près de 10 000 ans. La Sibérie a les plus grandes forêts de la planète. Le bois reste une ressource économique importante en dépit du fait que de nombreuses forêts situées dans l'Est de la région ont été exploitées trop vite pour qu'elles puissent se régénérer. La mer d'Okhotsk est une des deux ou trois régions les plus poissonneuses de la planète grâce à ses courants froids et à ses marées de grande amplitude ce qui permet à la Sibérie de fournir environ 10% du poisson pêché dans le monde, bien que l'activité ait quelque peu déclinée depuis l'éclatement de l'URSS.

L'industrie, qui s'était développée durant les années 1920 et 1930 avec une croissance particulière forte durant la seconde guerre mondiale, a fortement décliné depuis l'éclatement de l'URSS. Plusieurs des gigantesques usines situées en Sibérie occidentale et autour du lac Baïkal ont fermé leurs portes ces dernières années.

[modifier] Démographie

La Sibérie a une densité d'environ 3 personnes/km². La plupart des habitants sont des Russes ; ceux-ci descendent des Slaves qui vivaient en Europe de l'Est quatre siècles auparavant. Les populations autochtones sont formées de groupes mongols et turcs tels que les Bouriates, les Touvains, les Yakoutes et les Tatars de Sibérie. D'autres groupes ethniques comprennent les Kets, les Tchouktches, les Koryaks et les Youkaguires.

Environ 70% de la population vit dans les villes en majorité dans des appartements. Dans les zones rurales, les habitants vivent dans des demeures simples mais souvent plus spacieuses.

Novossibirsk est la plus grande ville de Sibérie. Tobolsk, Tomsk , Irkoutsk et Omsk sont des villes plus anciennes dotées d'un centre-ville historique.

[modifier] Religion

La religion joue un rôle important dans la vie des habitants de la Sibérie. Un grand nombre de cultes sont pratiqués. La religion dominante est le culte orthodoxe. Il y a par ailleurs de nombreux pratiquants parmi les peuples autochtones. Pour ceux-ci, certains lieux sont sacrés comme l'île d’Olkhon sur le lac Baïkal.

[modifier] Transport

Le moyen le plus aisé de circuler en Sibérie est d'utiliser le Transsibérien. Celui-ci traverse la Sibérie depuis Moscou jusqu’à Vladivostok à l'extrême est. Le train comporte des compartiments de 2e classe à 4 couchettes, des compartiments de 1re classe à 2 couchettes ainsi qu'une voiture restaurant. Le Baïkal Amour Magistral est une autre voie ferrée reliant le lac Baïkal au fleuve Amour.

[modifier] Divisions administratives

La Sibérie comprend plusieurs sujets fédéraux :

[modifier] Villes

La Sibérie présente une densité de population extrêmement faible. On y trouve néanmoins un certain nombre de villes :

[modifier] Peuples

[modifier] Liens internes

[modifier] Notes et références

  1. La Russie, dictionnaire géographique de Roger Brunet p.234 ISBN 2-11-004882-4
  2. Анненкова П. Е., «Записки жены декабриста». Онлайновая версия текста Воспроизводится по: «Своей судьбой гордимся мы». Иркутск, Восточно-Сибирское книжное издательство, 1973 г. Annenkova P. Journal d'une femme de Décembriste. Version en ligne repris dans l'ouvrage Nous somme fiers de notre destin, Irkoutsk, Vostochno-Sibirskoye izdatelstvo, 1973.
  3. Historique météréologique pour Novossibirsk (Russie). weatherbase.com consulté le 6/11/2006.