Fouladou

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Le Fouladougou (partie supérieure, au centre) sur une carte de 1906
Le Fouladougou (partie supérieure, au centre) sur une carte de 1906

Le Fouladou (ou Fouladougou ou Fulaadu) est une région historique de la Haute-Casamance, dans le sud du Sénégal, à proximité de la frontière avec la Guinée. Aujourd'hui elle correspond à peu près au département de Kolda et ses environs.

Sommaire

[modifier] Histoire

Historiquement, le Fouladou était le dernier royaume créé au Sénégal, entre le milieu et la fin du XIXe siècle. Ce royaume a été fondé par le chef peulh Alpha Molo, appartenant au groupe des Fulbe firdou. Avant la création de ce royaume, les Mandingues régnaient en maîtres absolus sur la région. Ils avaient en effet fondé au XVe siècle sur cette région le grand royaume du Kaabu, vassal de l'empire du Mali.

Pasteurs nomades, les Peuls sont arrivés de façon importante dans la région attirés par la verdure vers le XIVe siècle. D'autres Peuls nomadisaient dans la région avant l'arrivée de la deuxième vague Fulbe, mais ils n'y restaient jamais bien longtemps, ce sont les seconds qui allaient y rester définitivement.

Les Peuls sont tout de suite devenus les vassaux des Mandingues au Kaabu, jusqu'au milieu du XIXe siècle. Les rois mandingues pratiquaient envers les Peuls un système apparenté à l'esclavage. Tout d'abord ils ont forcé les Peuls à la sédentarisation en leurs offrant des terres, les fulakunda, puis les ont forcés à effectuer des travaux agricoles, dont les rendements ne servaient qu'aux Mandingues. Ceux-ci leur imposaient des impôts très élevés. Les Peuls ont souvent été victimes de brimades et d'humiliations. Ils ont également fait beaucoup pour que les Peuls perdent leurs identités, langues, cultures, l'endogamie. Souvent pour échapper au joug mandingue, les Peuls se métissaient avec eux, pour monter dans la hiérarchie. C'est ainsi que les Peuls du Fouladou sont très fortement métissés avec les Mandingues. Malgré cela, les Peuls ont toujours lutté pour la sauvegarde de leur langue, de leurs traditions et de leur mode de vie nomade, et plus d'une fois il y a eu révolte, même si ça a toujours abouti à des échecs. Les raisons qui ont poussé les rois du Kaabu à agir ainsi envers eux est dû au fait que les Peuls en arrivant au Kaabu ont tout de suite crié leur fierté – ce qui n'a pas plus aux Mandingues qui ont tout de suite pratiqué toutes sortes d'exactions envers eux.

Puis un jour Alpha Molo, le futur fondateur du royaume du Fouladou, se souleva contre les Mandingues, réunit tous les Peuls du Kaabu, demanda l'appui des Peuls du Fouta Djallon, pour mener une révolte contre les rois du Kaabu, qu'on appelait Mansas, et réussit, suite à la révolte très difficile, et grâce aux nombreuses attaques du Fouta-Djallon qui subit d'énormes pertes humaines, à s'emparer des terres où dominait la population peule. C'est ainsi qu'il créa le Fouladou, de la Haute-Casamance jusqu'aux terres du nord de la Guinée-Bissau. Encore aujourd'hui dans la tradition orale on dit « Alpha, le libérateur ». Les Peuls avant l'entrée en scène de Alpha Molo, étaient surtout de traditions animiste, bien que l'on trouve quelques marabouts peuls. Les Peuls ont surtout commencé à se convertir massivement à l'Islam dans la région, pour bénéficier de l'aide du Fouta Djalon pour la révolte, car les Almamys du Fouta Djallon étaient contre les animistes, qu'ils soient Peuls, Mandingues, ou autres. Sans cette adoption de l'islam par les Peuls du Kaabu, le Fouta Djalon, État avant toute chose musulman, n'aurait pas accepté d'aider des païens. Au cours du XIXe siècle, de nombreux états islamiques peuls se forment de façon éphémère. L'Empire de Sokoto, l'Empire peul du Macina (Diina), l'État de l'Adamaoua, l'empire des Toucouleurs de El Hadj Oumar Foutihou Tall ou Alpha Molo ont ainsi profité de l'hégémonie peule pour renverser les Mansas du Kaabu.

Alpha Molo meurt en 1881 à Dandu, aujourd'hui situé en Guinée-Bissau, et c'est son fils Moussa Molo qui après lui tente d'achever ce que son père a commencé. À la mort de Alpha, les colons français commençaient à affluer de façon massive dans la région. Moussa Molo a été un grand résistant contre la colonisation en Haute-Casamance. Malgré son combat il est vaincu par les colons en Gambie en 1931 à Keserekunda où il meurt.

[modifier] Population

Comme son nom l'indique (fula signifie peul), le Fouladou est majoritairement peuplée de Peuls, sédentarisés à 55%. Beaucoup de Peuls au Fouladou sont agriculteurs. Les Peuls de la région appartiennent au groupe Fulbe firdou.

Dans la région, on trouve aussi beaucoup de groupes mandingues : Sossés, Malinkés, Diarankés, Djalonkés, ainsi que des Wolofs, des Diolas, des Bainuks, des Balantes et des Manjaques.

[modifier] Économie

On y cultive le coton et on y pratique l'élevage. L'agriculture est très rentable dans la région, plus que partout ailleurs qu'au Sénégal, car c'est l'une des plus arrosées du pays, la végétation est luxuriante, les fruits et les légumes cultivés sont très divers, ont y pratique également la riziculture.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Bibliographie

  • (fr) Moustapha Barry, L'implantation des Peuls du Fouta Djallon dans le Fouladou (1867-1958), Université Cheikh Anta Diop de Dakar, 2000 (Mémoire de Maîtrise)
  • (fr) Gloria Lex, Le dialecte peul du Fouladou (Casamance-Sénégal) : étude phonétique et phonologique, Munich, LINCOM Europa, 2001, 554 p. (ISBN 3895861758)
  • (fr) Abdarahmane N’Gaïdé, Le royaume peul du Fuladu de 1867 à 1936 (l’esclave, le colon et le marabout), Université de Dakar, 1998, 280 p. (Thèse)
  • (fr) Cl. Niang, Structures sociales et pouvoir politique traditionnel en milieu peul du Fouladou, Université de Dakar, Faculté des lettres et sciences humaines, 1982
  • (fr) Mouhamadou Mustapha Sow, Colonisation et domination économique en Casamance : l'exemple de la fiscalité au Fouladou, 1895-1920, Université Cheikh Anta Diop, 2000, 127 p. (Mémoire de Maîtrise)

[modifier] Liens externes