Peuls

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Peuls

Peuls Wodaabe du Niger (parfois surnommés M'Bororos)
Population totale Il existe deux identités peules, l'ethnique et "l'assimilée". Cette donnée longtemps ignorée des ethnologues et des observateurs est désormais prise en compte par l'O.M.S lors des statistiques et les chiffres sont au final souvent majorés. On estime qu'il

y a actuellement 10 millions de Peuls dont plus d'1 500 000 en diaspora partout dans le monde et 8 millions de locuteurs.

Populations significatives en Mauritanie, Sénégal, Guinée, Mali, Burkina Faso, Niger, Nigeria, Cameroun, Bénin
Langue Pulaar (Fulfulde) terme étranger d'après les Peuls.
Religion Islam sunnite 80%. NB : des traces de religion Shivaïte ont été retrouvées lors d'études comparatives ainsi que du shamanisme d'élevage, cf. Chiffres et signes cryptiques peuls.
Groupes ethniques relatifs {{{Apparentés}}}

Les Peuls constituent une ethnie présente dans une quinzaine de pays, en Afrique de l'Ouest, mais également au Tchad, en République centrafricaine et au Soudan – une implantation géographique liée aux besoins des troupeaux de zébus que la plupart élevaient à l'origine. D'abord nomades, beaucoup se sont sédentarisés. Ils se sont également convertis à l’islam en grand nombre. Dispersion et mobilité ont favorisé les échanges et les métissages avec d'autres populations. La question de l’origine des Peuls et celle de leur identité, pas uniquement liée à la langue peule (pulaar), continuent de faire débat.

Sommaire

[modifier] Dénomination

Les Peuls s'appellent eux-mêmes fulbé ou pulla (pluriel). Les termes fula, fulbé, foulbé, fulani, foute sont des termes attribués par d'autres ethnies d'après les Peuls eux-mêmes . Fulla « érrants » ('Pullo au singulier).

En langue peule, la racine pul (« se réaliser » et non pas « être ») suppose que l'identité requière un « travail » sur soi. La racine d'origine viendrait de l'Inde : pul « mélangé », « qui voyage », « qui vient de loin » ; et qui donnera à l'époque védique Réf Pulastya « Sage aux cheveux lisses », Pulaha « Poil-Hérissé (figures mythologiques de l'Inde ancienne), ne concernerait pas seulement des personnes mais des « catégories » de personnes[1].

« Peul » est le terme le plus utilisé dans les textes contemporains en français. Dans le passé on l'orthographiait plutôt « Peulh » mais cette forme subsiste parfois et l'on rencontre également « Peuhl ». En allemand : Ful ou Fulen" ; en anglais; " Fulani" ; en arabe : Fulani ; en wolof : pë'l qui désigne ce peuple [2].

[modifier] Population

Éleveurs peuls du Gourma, sud de Gao, Mali
Éleveurs peuls du Gourma, sud de Gao, Mali

Les Peuls, ainsi que les Bororos (Woodabe), sont une ethnie de nomades et semi-nomades vivant en Afrique régions sud sahel : Mauritanie, Sénégal, Guinée, Mali, Burkina Faso, Niger, Nigeria, Cameroun, Tchad, Soudan.

Au Mali, les Peuls, principalement implantés dans la région de Mopti, constituent la deuxième ethnie après les Bambaras. La Mauritanie, le Mali, le Sénégal et la Guinée sont des pays a forte population peule.

Les Peuls sont traditionnellement des nomades, essentiellement des éleveurs transhumants de vaches zébus et de chevaux (boucle du Niger/Basse-Égypte)

Les anciennes ethnies assimilées qui parlent le peul sont appelées Haal Pulaaren. Ceci concerne, entre autres, les Haoussa, les Sérères, les Soninkés, Mandingues, Wolofs, les Toucouleurs.

[modifier] Origines et histoire

Selon Henri Lhote[3], les Peuls seraient originaires de la haute vallée du Nil : Haute-Égypte, Nubie et Éthiopie. Les peintures rupestres de bovins permettent de suivre l'avancée de ce peuple, puisque c'est lui qui apporte la technique de représentation dans le Sahara. Arrivé en Mauritanie et au Sénégal, les traces deviennent plus difficiles à suivre : les grottes et rochers permettant la reproduction sont plus rares. Les Peuls auraient introduit l'élevage bovin et équin en Afrique.

Si les peintures rupestres permettent de suivre « l'avancée » de ces prétendus Peuls en Afrique de l'Ouest, elles n'ont jamais permis d'expliquer leur arrivée sur le continent. Les remarques d'Henri Lhote, d'abord contestées par de nombreux spécialistes, ne peuvent concerner que les images des chars dits à « spirales » du IIe millénaire avant notre ère qui étaient des motifs prisés par les Égéens et sans doute repris par des Libyens pour servir au prestige d'aristocraties locales. Ces mêmes chars ont été retrouvés sur des tombes à fosse du cercle A de Mycène et au Péloponnèse[4].

D'après leurs légendes orales, les Peuls sont un peuple venu d'Orient en Égypte ancienne sous l'ère des Ptolémées. D'abord fixés à l'Est de l'Afrique en particulier en Égypte et au Soudan, ils vont entreprendre une migration est-ouest, en traversant la région du Sahara, fertile à l'époque, jusqu'a atteindre la vallée du fleuve sénégal, cohabitant avec diverses ethnies comme les Soninkés, Wolofs, Sérères à l'époque de l'empire du Ghana, ensemble ils vont donner naissance à l'ethnie toucouleurs résultat du brassage ethnique entre Peuls et les ethnies cités surtout Sérères dans le Tekrour. À partir du XIII{e} siècle les Peuls commençent avec le nomadisme leur migrations ouest-est, en atteignant les régions du Massina au Mali, du Foutah Djallon en Guinée, jusqu'à atteindre les régions du lac Tchad et le nord du Cameroun. C'est ainsi qu'ils se sont étendus sur une bonne partie de la bande sahélienne, du Sénégal au Soudan. Les Peuls vont résister durant trois siècles à l'avancée islamique. Ils seront convertis par Sékou Amadou aux alentours du XIXe siècle et cette islamisation leur permettra d'avoir une certaine unité politique. Seuls les Peuls Bororos « les bannis » en réchapperont. Les « convertis » fonderont alors un empire, l'Empire Peul du Macina au Mali, l'État du Fouta-Toro et le royaume Peul et Mandingue du Fouladou en Guinée, le Fouta-Djalon et au Nigéria, l'Empire de Sokoto, tous les États à part les deux Foutah, nés aux XIX{e}, ont été très éphémères, malgrés cela c'est ce qui leur a permis durant ce siècle, d'établir une certaine unité des fulbe, ce qui n'avait jamais été le cas avant. Les Peulhs aujourd'hui sont presque tous musulmans, on compte quelques évangélisations sous la période coloniale, les traditions animistes sont toujours présentes au quotidien. Ils ont été parmi les propagateurs de l'islam en Afrique de l'ouest, notamment avec les personnages comme, Ousmane Dan Fodio, fondateur de l'empire du Sokoto, Sékou Amadou, fondateur de l'empire Peulh du Macina, Modibo Adama, fondateur du royaume Peulh de l'Adamaoua. Les Peuls conquérants pratiquant le Djihad islamique, sont souvent des familles peules sédentaires, et métissées avec les populations avec lesquelles ils cohabitent.

[modifier] Culture

Parure d'une vieille femme peule (in Colonel Frey, Côte occidentale d'Afrique, 1890)
Parure d'une vieille femme peule (in Colonel Frey, Côte occidentale d'Afrique, 1890)
Village peul aux environs de Ndioum (nord du Sénégal)
Village peul aux environs de Ndioum (nord du Sénégal)

[modifier] Anthropologie

Du point de vue du physique, les Peuls à l'origine, avait le teint clair a cuivré, ou comme les Peuls disent, bodeejo, qui désigne la couleur rouge. Après des métissages, des teints de peaux variés ont commencé à apparaître, d'ailleurs les Peuls ont un vocabulaire élaboré, pour désigner les différentes teintes. A l'heure actuelle, ont rencontre des Peuls avec différentes nuances de couleurs allant du teint dit rouge, au teint noir pur, appelé baleejo. Avec les nombreux brassages ethniques, ont rencontre aujourd'hui, chez les Peuls, des individus de toutes les tailles, teints, et traits du visage. Mais la « couleur de peau » n'est pas la seule de leurs caractéristiques, l'aspect longiligne à maigre, la finesse des traits et des attaches (chevilles, poignets), les yeux fluides en amande, les cheveux lisses, l'aspect « europoïde » en général, ont toujours intrigué les différents observateurs.

[modifier] Héritage culturel

La transmission orale des traditions et des légendes est très importante chez les Peuls. Enseignée auprès des adolescents par les personnes les plus âgées et en particulier les femmes au travers de chants, de contines. La langue est encore essentiellement orale et transmise par les femmes. Elles véhiculent l'histoire du peuple, ses exploits, ses rites et ses vertus.

Goût prononcé pour les langues, la poésie, les louanges, les épopées (joutes verbales : Kirlé au plur. ; Hiirdé au sing.), développement d'une littérature. La plupart des Peuls sont polyglottes. La beauté est recherchée, la probité, la sagesse, l'intelligence et la discrétion figurent parmi les règles à suivre du pulaaku, ces règles souples régissant la « pulanité ».

[modifier] Artisanat

L'artisanat peul est également important : couvertures munja, bijoux en or et en fer, colliers en cuir et perles. La manufacture et l'affaire des « actants ».

[modifier] Le Pulaaku

Pulaaku : « être" peul »[5]

Le pulaaku[6] est « un ensemble de règles très subtiles »[7], morales et sociales, un « code de comportements jugés spécifiquement peuls »[8], voire « l’idéal projeté dans la manière d’être peul »[9].

« Le pulaaku se retrouve chez tous les groupes peuls, dans toutes les régions. C'est une preuve de stabilité de la catégorie et une première indication sur sa signification et sa fonction qui, manifestement ne relève pas seulement du besoin d'identification liés à des contextes historiques particuliers. Dans cette acception très générale, on peut parler de la « pulanité » en tant que conscience d'une identité durable, conscience unissant les Peuls, indépendamment de toute explicitation au niveau du contenu — Elizabeth Boesen[10]. »

Néanmoins José van Santen, dans ses études sur le terrain au Nord-Cameroun, constate que bien des Peuls ne voient pas de quoi il s’agit[11].

L'Indianiste Stein ajoutera une note enrichie à la notion de segmentary State élaborée par Aidan Southall, à propos du pulaaku comme critère de sélection à chaque niveau de pouvoir. Il note par exemple, l'absence de « séniorité » (contrairement aux successions et élections des groupes africains et au groupe de culture moyen-orientale proches) mais à « l'empilement d'élection » par le conseil de même niveau et de confirmation ou d'intronisation par le niveau supérieur.

« Dès lors, la langue elle-même, serait le pivot de plusieurs champs de signification, au tuilage des sons correspondants aux glissements de sens et le chevauchement des institutions et des groupes. En témoigne le fait que dans les sociétés peules où la "mise en caste" est la plus poussée, les groupes sociaux sont moins cloisonnés que ne le laissaient penser les taxinomies étiques élaborées dans les années 60.[12]. »

Parmi ces valeurs peules figure la « suavité » beldum qui n’existerait que chez les Fulbe (bele sey to Pullo) et qui se concrétise non seulement dans leur hospitalité et leur générosité, mais dans tout leur comportement.

On observe également une réticence à dire « non » (e woodi). C’est ainsi qu’un Peul n’opposera jamais un « non » ferme, il dira « e woodi » (c'est bien). Or, quand un Peul donne gentiment son accord, cela ne veut souvent pas dire grand-chose. D'eux-mêmes les Peuls disent qu'ils sont tous des « hypocrites » ou bien que c'était « pour faire semblant » (Pullo fuu munaafitiijo nun). Ils décrivent leur comportement comme étant forcé : le sentiment de honte, leur pudeur (semteende) ne leur laisse pas le choix. Le comportement peul n'aurait en quelque sorte aucun rapport avec autrui, mais avant tout avec lui-même.

La vie nomade a développé un caractère indépendant et une hypersensibilité ne favorise pas le contact avec autrui.

La société peule est fortement hierarchisée : l'aîné est respecté et même craint.

Les formules de politesse et les règles du savoir-vivre sont nombreuses et très importantes : le vouvoiement est de rigueur.

Enfin, les yeux (yitèrè) ont une grande importance et les Peuls n'aiment pas être confrontés à leur image, ni même que l'on en discute. C'est un trait caractéristique que l’on observe également à des degrés divers dans la civilisations africaine, de l'Égypte pharaonique à l'Afghanistan. Le fait de se montrer (photos, films) n'a pas de valeur dans cette culture.

[modifier] Organisation politique et intégration spaciale

Le corpus peul est dit « souple » et adaptable. Il est en évolution perpétuelle, tout en conservant ses traits caractéristiques initiaux.

On décrit parfois les Peuls comme « foncièrement individualistes et toujours prêts à fuir devant toute contrainte». « Être Peul », ce serait être libre. Se réaliser en effet, ne peut se faire ni sous le joug de, ni sous la séduction de, ni même sous les conseils de.... La « pulanité » est autonome. Il n'y a pas de communautarisme chez les Peuls, mais il y a des revendications culturelles et identitaires, des clans, des individualités, des groupes épars. Le chef ou une autorité quelconque, est élu à la participation active. On observe ainsi une alternance politique (Haute-Guinée) au XVIIe siècle - XIXe siècle et des audits sont réalisés dès le XVIe siècle pour certains groupes. Le Moyen-âge verra l'avènement des chefferies aux petits chefs auto-proclamés : impérialismes, servitudes, multiplicité des contacts de populations ont favorisé des contextes d'acculturation, exclusion et/ou marginalisation chez certains groupes. Les actes délictueux sont sanctionnés par une radiation pure et simple de la sphère identitaire. Infiltrations et tactiques de replis : les Peuls se soumettent généralement aux lois des pays qu'ils traversent.

[modifier] Une nourriture pastorale

Souvent, ils pratiquent presque un lacto-végétarisme naturel sans prétentions idéologiques ou religieuses. La consommation de la viande de boeuf en particulier est prohibée sauf en de rares occasions, mariage, naissance, visites importantes. Consommation de miel sauvage et consommation presque exclusive de lait de vache, jument, chamelle (rare) sous toutes ses formes hormis le fromage non acclimaté (kétugol : crème de lait ; kosam : lait caillé ; tiakuré : petit lait ; néba : beurre en motte ou clarifié ; komboïri : la soupe au lait est un plat peul.

Dans les villes, la nourriture est plus diversifiée : fruits secs, dattes, miel, riz, mil, couscous viennent agrémenter des plats en sauces. Les léporidés (lapins sauvages) dit « lapin rouge » du Sénégal", petit gibier autrefois chassé à l'arc, petites perdrix, sont les viandes préférées des Peuls largement devant le mouton consommé lors des fêtes musulmanes ou plus couramment le poulet. Un civet de lapin est un plat de choix pour un Peul. Néanmoins, la consommation de viande est toujours rare et vue comme exceptionnelle. Certains consomment de l'alcool sous forme de bières locales ou de vin et savent reconnaître et appréçier ce dernier avec parfois beaucoup d'acuité. Certains Peuls sont de fins gourmets. (La plupart des pays d'A.O.F vendent de l'alcool, pays laïques) - Pas de consommation de porc. Les repas sont espacés un jour/sur deux en moyenne et la journée elle-même peut ne comporter qu'un plat unique (même dans une société d'abondance). Le thé à la menthe est la boisson la plus courante.

[modifier] Pharmacopée

Le savoir concernant la pharmacopée est assez succint chez les Peuls, si on la compare à celle d'autres ethnies, ce qui laisserait supposer qu'une transmission complète n'a pas pu se faire. Néanmoins, elle sert à soigner la « bobologie ».

[modifier] Sociétés

Il n'existe pas un modèle de société peule, mais des modèles de sociétés ; « Planète Peule ».

Les Peuls sont endogames.La femme n'est pas voilée et il n'y a pas de lévirat. L'excision, pratique égyptienne affectant le "premier cercle" sous les Ptolémées ( entourage proche du Pharaon) - (voir Coptes), n'est pas attestée partout et semble relever d'un contexte famililal, clanique particulier (isolement / impérialisme /shémas archaïques ), actuellement en voie de régression.

Il existe quatre mariages traditionnels peuls avec quatre divorces correspondants :

  • le premier mariage est décidé par les parents ; ce mariage (dewgal) a lieu vers 21 ans,
  • le deuxième après un divorce ou un veuvage,
  • le troisième, le « mariage-don » (politique),
  • enfin, le culnol, concubinage d'un noble avec une kordo, femme de condition servile.

Un cinquième mariage islamique a été rajouté aux alentours du XVIe siècle. Il est rendu par le cadi, juge musulman, et possède deux divorces associés. Tous les types de mariages existent chez les Peuls. Les « Peuls rouges » sont monogames[13]. Les Peuls sont monogames dans l'ensemble. Ils peuvent divorcer plusieurs fois et ils contractent souvent plusieurs mariages au cours de leur vie 2 ou 3 ; la polygamie se rencontre surtout dans les villes chez les Peuls islamisés[14]. Règles du cousinage (cousins de lait endam et cousins de noms, cousins de clans). Chez les Peuls wodaabe, les enfants sont mariés très jeunes car il existe un mythe fondateur du garçon et de la petite fille. Mais la jeune fille a le droit de vivre sa vie de célibataire jusqu'à ses dix-huit ans. Chez les Bororos, lors du worso « fêtes du Printemps », les hommes dansent le guerewol (photo) où elles peuvent choisir un fiancé. Les Wodaabe sont des monogames « successifs » avec nombreux divorces ou séparations. Le concubinage est interdit et rapidement scellé par un teegal « épousailles ». On note une survivance d'une ancienne gynocratie, l'héritage est utérin (matrilinéaire).

[modifier] Les Pasteurs

La diversité peule tient à un éclatement des cadres géographiques. Autrefois disposé en archipels[15] dans la zone sahélo-saharienne, le peuplement tend à se diffuser et à s'atomiser. Contesté par des cultivateurs et des agroéleveurs, le pastoralisme l'est également par d'autres pasteurs du Sahel : Touaregs, Toubous). Dernièrement, les Arabes du Tchad , descendus de façon massive dans les savanes de ce pays, ont poussé les pasteurs Peuls à descendre en Centre-Afrique, Côte d'Ivoire, Cameroun, Nigeria) où la réussite de ce pastoralisme sur de nouvelles bases écologiques en savanes humides est le plus grand défi actuel des pasteurs Peuls [16].

[modifier] Castes

Les règles des castes ne semblent pas être remises en cause par le développement économique :

  • les Bâ ouvrent des associations d'entraides, d'alphabétisation de masses, deviennent avocats, juristes, informaticiens, militaires, entrepreneurs,
  • les Barî sont souvent professeurs, médecins, universitaires, chercheurs,
  • les Sow ont souvent des exploitations agricoles ou forestières, des fermes (entrepreneurs agricoles) qu'ils cultivent.

Néanmoins, la distance entre groupes nomades et groupes urbanisés tend à s'accroître...

Dans les villes, il existe trois classes sociales :

  • RimBé « nobles »
  • Djaawondo « guerriers, nobles »
  • Kordo et MaccuBé : anciens serviteurs pour le bétail, l'agriculture, la forge. Ils sont devenus autonomes et développent des entreprises.

L'ensemble comporte de nombreux homonymes suivant les parlers locaux ainsi que des articulations inter-castes, mais relèvent toujours des mêmes distinctions sociales.

[modifier] La musique

Exemple d'adaptation : la musique accompagne tous les évènements importants de la vie (bâptème, mariages, initiation, rites funéraires, récoltes, etc).

Chez certains Peuls musulmans fondamentalistes, la musique profane est interdite, seule la musique sacrée est acceptée.

La musique est sous deux formes : verbale et instrumentale.

On distingue quatre sorte d'instruments (idéophones, cordes, aérophones et membranophones) :

  1. idéophones : instruments dont le son provient de la vibration de la matière par une frappe directe
  • laala « sistres » composés de rondelles de calebasses enflées le long d'un axe et agitées d'avant en arrière.
  • horde « cithare » sur rideau constitué d'une calebasse taillée.Sert à rythmer la danse des acrobates.
  • kunna taillé dans un tronc de fromager utilisé par les acrobates au cour de cérémonies comme la circoncision.
  1. cordes : son produit à partir de cordes tordues ou pincées)
  • baylol « arc musical » instrument le plus simple et le plus ancien. Semblable à la « guimbarde ».
  • nheenheru « vielle » angulaire calebasse à quatre cordes recouverte d'une peau d'iguane et prolongée par un manche. On en joue à l'aide d'un archer tendu de crins de cheval.
  • bolon « harpe » angulaire grosse calebase à cinq cordes recouverte de peau de chêvre au manche légèrement recourbé.
  • Kerona « luth » instrument le plus ancien, calebasse semi-ovale prolongée par un manche sur lequel sont tendues trois ou quatre cordes. Le manche est recouvert d'une plaque de métal (sanjeere), portant des anneaux servant de « castagnettes ».
  1. aérophone : instruments de musique dont le son est produit par la vibration de l'air
  • tunni « flûte » longitudinale à 5 ou 7 trous ; l'extrêmité supérieure est taillée en forme de bec et coiffée d'une petite calebasse,
  • serdu « flûte traversière » en roseau de 3 à 4 trous
Les flûtes sont les instruments préférés des Peuls, facilement transportables ce sont des instruments pastoraux et ont sans doute traversé les siècles.
  1. membraphones : son produit par percussion d'une peau tendue
  • jimbe « tam-tam » est une sorte de mortier à fond ouvert recouvert d'une peau de chêvre retenue par des lanières de cuir et deux ou trois plaques de tôle sur les côtés supérieurs.
  • tabala ou tabalde est une sorte de tambour formé d'une cuve en bois semi-sphérique et recouverte d'une peau de vache tendue et retenue par des lanières de cuir ; la peau est frappée à l'aide de deux bolde, baguette en peau de bête arrondie.

[modifier] Langue

Icône de détail Article détaillé : peul.

[modifier] Patronymes

A l'origine:[]; [ Barî] et [ Saw]. Les noms Bâ et Barî viendraient de la même racine indienne drav.? [ Bhar] " L'Êloquence" ( Bhâratî ).Mais aussi "le refus de la société"; " qui s'extrait, s'isole" ( période bouddhique).[pul] [ baar- ] " s'esquiver, échapper, abandonner, rejeter totalement". Les Peuls auraient cherché à recréer leur idéal de société, à savoir la "trifonctionnalité" propre aux sociétés iraniennes Réf que les Portugais après les avoir découvertes en Inde appelleront "casto", "distinction, séparation". Ainsi les Bâ sont les " guerriers", "Les Porteurs de Tambours" et "'vont au combat avec le sourire'" d'où une confusion étymologique avec Diallow [jaal] " taquiner,plaisanter" (Peul + Mandingue) mais [ba'] en racine Peule veut dire " tourner en dérision".Les vont au combat avec le sourire article, mais "ils ne peuvent pas expliquer les choses", ce sont les Barî qui en ont la charge. Ils s'occupent de la transmission, de l'éducation, de la mémoire et de "l'élévation spirituelle". En Inde on le notera cette lignée a donné des poètes et beaucoup d'ascètes.Saw / Sow viendrait à l'origine de l'iranien occi.[sau] " doubler, séparer, distinguer" par euphé. "métis" article puis plus tard en Inde,il aurait donné le sanskrit [sou(r)/suu(d)/svah] " disciples du feu"; " faire brûler de l'encens", "fumigation"; " libations" ( préposés aux rites funéraires; bois pour l'incinération ) 3° fonction. Dans la société Peule ils sont les artisans, les commerçants. 3° fonction.Pul. / [ so'] "suivre"," se mêler de" ;" apporter du bois"; " impurs "; Il signifierait également "métis". Le patronyme "Dial" est apparu aux alentours des XIVe et XVe siècles / Ka et Hama ( autre nom des Peuls),seraient des toponymes.

Les patronymes peuls les plus courants de nos jours sont : Ba, Barro, Dia, Barry, Ka, Diallo, Sall, Sow ou Sidibé, Baldé,... On en compte encore une dizaine.

[modifier] Notes

  1. Possibilité de commerce ancien avec Sumer, car la racine [ pul ] en Inde est une référence au trafic de fruits-secs entre les royaumes indusiens du Balouchistan et Sumériens -3000 av. J.C.) On compte plusieurs rois; Pulu (roi para-indien de Syrie)/Pulakesha ~550 av. J.C / Pulumâyi ou Pulomâ ~128/ ~156 av. J.C. de la dynastie Shâtavâhana, etc.
  2. Arame Fal, Rosine Santos et Jean L.Doneux, Dictionnaire wolof-français,Paris, Karthala, 1990, p.169
  3. Henri Lhote, « L'extraordinaire aventure des Peuls », Présence africaine, n° 22, octobre-novembre 1958, p. 48-57. L'auteur est un spécialiste des peintures rupestres de bovins du Sahara.
  4. p. 16 - Roger Botte & Jean Boutrais, in Figures Peules, 1999 ,ed. Karthala
  5. « être peul », titre du chapitre II dans Aboubacar Barry, « Le sujet nomade : lieux de passage et liens symboliques », Paris ; Budapest ; Turin, L'Harmattan, 2003, p. 66
  6. Le suffixe aaku est propre aux mots abstraits tels que sukanaaku : « jeunesse » ou dimaaku : « noblesse ».
  7. (A. Barry, « Le sujet nomade », op. cit., p. 69
  8. (José van Santen, « Garder du bétail, c’est aussi un travail » : les relations entre les pasteurs peuls et agriculteurs, du centre Bénin et du Nord-Cameroun » in Youssouf Diallo et Günther Schlee (dir.), « L'Ethnicité peule dans des contextes nouveaux », Karthala, 2000, p. 146
  9. Alpha Ousmane Barry, « Mode d’expression poétique et stratification sociale dans l’État théocratique du Fouta Djallon », Presses universitaires de Franche-Comté, 2004, p. 140 [1]
  10. Elizabeth Boesen, « Pulaaku, Sur la foulanité » in Roger Botte et Jean Boutrais (ed.), « Figures peules », Karthala, 1999, 539 p.
  11. José van Santen, « Garder du bétail, c’est aussi un travail », loc. cit., p. 146
  12. p30 in « Figures peules »
  13. p.392-393 Amadou Ampâté Bâ
  14. p.249, Marguerite Dupire
  15. Botte & Schmitz 1994a
  16. p.49-50, Jean Boutrais, « Figures Peules », ed. Karthala, 1999, France.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Bibliographie

  • (fr) Les Peuls du Manding, Organisation de l'Unité Africaine. Centre d'études linguistique et historique par tradition orale / 19XX
  • (fr) Cheikh Ba, Les Peuls du Sénégal : étude géographique, Paris, Université de Paris VII, 1982, 541 p. (Thèse d'État, publiée)
  • (fr) Oumar Ba, Les Peuls du Fouta Toro à travers leur tradition nationale orale et écrite, Paris, Université de Paris, 1973, 1724 p. (TDU)
  • (fr) Bonheur et souffrance chez les peuls nomades, Conseil international de la langue française, 1984
  • (fr) Boubacar Hama Beïdi, Les Peuls du Dallol Bosso : coutumes et mode de vie, Sépia, 1993, 188 p.
  • (fr) Philippe Bernardet, Association agriculture-élevage en Afrique : les Peuls semi-transhumants de Côte-d'Ivoire, Éd. l'Harmattan, 1984
  • (fr) Youssouf Tata Cissé, L'Empire du Mali : Les Peuls du Manding, Fondation SCOA pour la recherche scientifique en Afrique noire, s.d.
  • (fr) Issaga Corera, Le mythe du héros dans la geste pular, Nouakchott, mémoire ENS, 1980, 126 p.
  • (fr) Alain Daniélou, La Civilisation des différences, Kailash, 2004 ((ISBN 2842680979)
  • (fr) Alain Daniélou, Mythes et Dieux de l'Inde , Flammarion, 2007 (ISBN 2080813099)
  • (fr) Bernard Descamps, Le Don du fleuve : Poèmes Peuls, Filigranes, 1999, 124 p. (ISBN 2910682560)
  • (fr) Thierno Diallo, Sur l’origine et la dispersion du peuple peul avant le XIXe siècle, Paris, Université de Paris, 1964 (Diplôme d’Études Supérieures, publié en 1972, Dakar, Université de Dakar, Annales Faculté des Lettres, n°2, p. 118-193
  • (fr) Marguerite Dupire, Organisation sociale des Peul. Étude d’ethnographie comparée, Paris, Plon, 1970, 624 p. (Thèse Doctorat)
  • (fr) Pierre Gourou, Les aventures de Kataboum (conte bilingue), L'Harmattan, 1997, 24 p. (ISBN 2-7384-5020-2)
  • (fr) Henri Lhote, « L'extraordinaire aventure des Peuls », Présence africaine, n° 22, octobre-novembre 1958, p. 48-57 [2]
  • (fr) Aboubacry Moussa Lam, De l'origine égyptienne des peuls, Présence africaine, 1993, 463 p. (ISBN 2708705709)
  • (fr) Alain Le Pichon, Souleymane Balde et Diawne Diamanka, Le troupeau des songes. Récits, Maison des Sciences de l'Homme, mai 1991 (ISBN 2735104117)
  • (fr) Sandrine Loncke, Les peuls Bororos : nomades du Sahel, Vilo, 2000
  • (fr) Siré Mamadou Ndongo, La création culturelle dans le Fantang (texte épique et mythique peul), Dakar, Université de Dakar, 1977, 223 p. (Mémoire de Maîtrise)
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[modifier] Liens externes

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