Epte

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Epte
L'Epte à Gisors
L'Epte à Gisors
Longueur 113 km
Débit moyen 9,8 m3.s-1
mesurés à Gommecourt (exutoire)
Surface du bassin 1 490 km2
Régime pluvial océanique
Se jette dans Seine
Bassin collecteur Seine
Pays France France
Cours d’eau - Hydrologie

L’Epte est une rivière française, longue de 113 kilomètres[1], affluent de rive droite de la Seine. Elle naît en Seine-Maritime, dans le pays de Bray, près de Forges-les-Eaux et rejoint la Seine près de Giverny dans l’Eure. La rivière marque la limite entre la Normandie et l'Île-de-France; cette situation géographique a marqué profondément son histoire au Moyen Âge avec la construction de toute une série de places fortes sur chacune de ses rives.

Sommaire

[modifier] Géographie

L'Epte prend sa source à Serqueux, à quelques kilomètres au nord de Forges-les-Eaux (Seine-Maritime), coule dans une direction nord-ouest - sud-est jusqu'à Gournay-en-Bray, puis s'oriente vers le sud jusqu'à la Seine.

Sur la quasi-totalité de son parcours, elle marque la limite entre la Haute-Normandie, d'une part, et la Picardie et l'Île-de-France d'autre part, séparant d'abord la Seine-Maritime de l'Oise, puis à partir de Bouchevilliers marquant la limite de l'Eure avec successivement l'Oise, le Val-d'Oise et les Yvelines.

[modifier] Hydrologie

L'Epte présente un régime pluvial océanique typique avec un étiage estival et un maximum hivernal, son débit est modeste : 9,8 m³ par seconde à Gommecourt, à la confluence avec la Seine[2].

Comme la plupart des cours d'eau de l'extrémité ouest du bassin versant de la Seine, l'Epte est une rivière remarquablement régulière. Son débit moyen annuel, calculé sur 47 ans à Fourges (de 1961 à 2007), est de 9,31 m³ par seconde pour une surface de 1 403 km², soit près de 95 % de la totalité du bassin.

La rivière présente un régime très régulier, avec de faibles fluctuations saisonnières de débit. Les hautes eaux sont hivernales et poussent les moyennes mensuelles à un niveau de 10,6 à 12,6 m³ de décembre à avril inclus. Les basses eaux d'été, d'août à octobre, restent confortables et caractérisées par une faible baisse du débit moyen mensuel, jusque 6,3 m³ par seconde au mois d'août[3]. Le VCN3[4] peut chuter à 3,5 m³ par seconde, en cas de période quinquennale sèche, ce qui reste relativement fort élevé.

Les crues sont généralement peu importantes mais nullement inexistantes. Ainsi le débit instantané maximal enregistré a été de 50,7 m³ par seconde le 24 mars 2001, tandis que la valeur journalière maximale était de 48,8 m³ par seconde le même jour. Le QIX 10 ou débit calculé de crue décennale est de 38 m³ par seconde, le QIX 20[5] de 43 m³ et le QIX 50[6] de 50 m³. Les QIX 2 et QIX 5[7] valent quant à eux respectivement 25 et 33 m³ (voir note). D'où il ressort que les crues de mars 2001 étaient cinquantennales.

La lame d'eau écoulée dans le bassin est de 210 millimètres annuellement, un peu inférieure à la moyenne du bassin versant de la Seine (220 millimètres), mais nettement inférieure à la moyenne française (environ 300 millimètres). Le débit spécifique ou Qsp se monte dès lors à 6,6 litres par seconde et par kilomètre carré de bassin, ce qui est fort modéré.

[modifier] Affluents

Les principaux affluents de l'Epte (de l'amont vers l'aval) sont :

[modifier] Histoire

Vue du donjon du château de Gisors
Vue du donjon du château de Gisors

Cette rivière forme la frontière historique entre la Normandie et la France, puis l’Île-de-France, depuis le traité de Saint-Clair-sur-Epte signé en 911 par Charles III le Simple et Rollon, chef viking[8]. À l'occasion de cet accord, les aventuriers du Nord reçurent les territoires compris entre le cours de l'Epte et celui de la Dives, à savoir le Vexin à l'ouest de la rivière, désormais appelé Vexin normand, le Pays de Caux, le Roumois, l'Evrecin[9], le Lieuvin et le Pays d'Auge.[10]. La signature de ce traité donna lieu à un épisode cocasse, relaté par une chronique anonyme, dont fut victime le roi de France: Rollon refusant de baiser les pieds du souverain, pourtant son suzerain[11].

« Celui qui reçoit un tel don, lui disaient les évêques, doit baiser le pied du Roi.
Jamais, répondit-il, je ne fléchirai le genou devant quelqu'un, ni ne baiserai son pied.
Cependant, poussé par les prières des Francs, il ordonna à l'un de ses guerriers de le faire à sa place,
Celui-ci saisit le pied du Roi et le porta à sa bouche, mais il le baisa sans s'incliner et fit tomber le Roi à la renverse.
De là de grands éclats de rire, un grand tumulte dans la foule.... »

L'étang aux nympheas de Claude Monet alimenté par un bras de l'Epte à Giverny
L'étang aux nympheas de Claude Monet alimenté par un bras de l'Epte à Giverny

Zone frontalière, la vallée de l'Epte se couvrit de mottes castrales surmontées de tours de surveillance, puis de châteaux forts; quelque peu en arrière, une seconde ligne de forteresses servait de couverture en cas d'attaque[12]. Du côté normand, la première ligne de fortification s'organisait autour du puissant château de Gisors[13] encadré par les ouvrages secondaires de Gournay-en-Bray, Neuf-Marché au nord, Neaufles-Saint-Martin, Dangu, Château-sur-Epte, Baudemont, et Gasny au sud[14]. Ce premier rideau était complété par une seconde série de places fortes édifiées le long de la vallée de l'Andelle, à Radepont et à Douville-sur-Andelle, mais également par un réseau intermédiaire de forteresses: châteaux d'Étrépagny, de Lyons-la-Forêt et surtout des Andelys (le célèbre Château-Gaillard), tours de guet sur mottes à Hacqueville et à Longchamps. Du côté français, la ligne de défense s'appuyait sur les ouvrages militaires de Gerberoy, Trie-Château, Chaumont-en-Vexin, Courcelles-lès-Gisors, Boury-en-Vexin, Saint-Clair-sur-Epte et La Roche-Guyon à la confluence de l'Epte et de la Seine[14]. La vallée de l'Epte et le Vexin furent ravagés pendant plus de deux siècles et demi (surtout entre 1087 et 1204) par des combats incessants, des pillages, des dévastations; ce fut l'annexion de la Normandie au royaume de France par Philippe Auguste en 1204 qui amena la paix[11]. La région n'en avait pas pour autant terminé avec les malheurs de la guerre car elle fut de nouveau ruinée par la Guerre de Cent Ans qui, conjuguée à l'épidémie de Peste noire, entraîna déclin démographique et déprise agricole. Sa reconquête définitive par les Français, en 1449, mit un terme à ces périodes sombres[11].

[modifier] Voir aussi

Peupliers au bord de l'Epte par Claude Monet (huile sur toile National Gallery of Scotland)
Peupliers au bord de l'Epte par Claude Monet (huile sur toile National Gallery of Scotland)

Parmi les localités arrosées par l’Epte figure Giverny, où le peintre Claude Monet vécut plus de quarante ans (de 1883 à 1926) et y aménagea un jardin aquatique, avec un étang aux nénuphars et son célèbre pont japonais, en faisant détourner un bras de l’Epte. La rivière figure dans plusieurs de ses œuvres, notamment la série des « Peupliers au bord de l’Epte »[15].
Un autre peintre impressioniste, Camille Pissarro, a quant à lui vécu et peint à Éragny-sur-Epte (Tableaux sur Commons).

[modifier] Départements et communes traversés

[modifier] Annexes

[modifier] Bibliographie

  • Albert Hennetier, Aux sources normandes: Promenade au fil des rivières en Seine-Maritime, éd. Bertout, Luneray, 2006 (ISBN 2867436230)
  • André Châtelain, Châteaux forts et féodalité en Ile-de-France - XIe-XIIIe siècles, éd. Créer, 1983. (ISBN 2902894163)
  • Darvil - Eriamel - Balland, L'Epte des Vikings aux Plantagenets (t. 1): Le Sang de Rollon pour Saint-Clair coulera, AssorBD, 1987, Fichtre! Distribution. (ISBN 2950241050)
  • Darvil - Eriamel - Balland, L'Epte des Vikings aux Plantagenets (t. 2): Le Face à face des rois, AssorBD, 2000, Fichtre! Distribution. (ISBN 2951666020)
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[modifier] Articles connexes

[modifier] Notes et références

  1. Fiche de l'Epte sur le site du SANDRE. Consulté le 11 juin 2008.
  2. Débit de l'Epte à l'exutoire selon l'AREHN. Consulté le 11 juin 2008.
  3. Station hydrologique de Fourges. Naviguer sur la page pour obtenir les différentes données hydrologiques, code de la station : H8042010. Consulté le 11 juin 2008.
  4. Le VCN3 est la quantité minimale écoulée ou débit minimal sur trois jours consécutifs.
  5. Le QIX 20 ou débit calculé pour une crue vicennale, est la valeur du débit calculé pour une crue n'ayant statistiquement lieu que tous les 20 ans.
  6. On calcule aussi le QIX 50, c'est à dire la valeur du débit calculé pour une crue cinquantennale, n'ayant statistiquement lieu que tous les 50 ans.
  7. Enfin le QIX 2 et le QIX 5 sont les débits calculés pour une crue biennale et quinquennale, c'est à dire une crue qui doit se produire en moyenne tous les deux ou cinq ans. Ils permettent d'apprécier les risques à plus court terme.
  8. Le traité de Saint-Clair-sur-Epte et les limites territoriales du premier duché de Normandie sur entraideweb.org. Consulté le 11 juin 2008.
  9. Région d'Evreux, le terme est peu usité aujourd'hui.
  10. D'autres traités permirent l'extension du territoire normand en direction du sud et de l'ouest : évêchés de Bayeux, de Sées et du Mans en 924, de Coutances et d'Avranches en 933.
  11. abc Le traité de Saint-Clair-sur-Epte. Consulté le 11 juin 2008.
  12. Certains historiens, comme André Châtelain, ont employé le terme de ligne Maginot médiévale. Voir son ouvrage, Châteaux forts et féodalité en Ile-de-France - XIe-XIIIe siècles, p. 117.
  13. Histoire du château de Gisors. Consulté le 11 juin 2008.
  14. ab Guide bleu Normandie, Hachette, éd. de 1988, p.352.
  15. Site de la fondation Claude Monet à Giverny. Consulté le 11 juin 2008.