Denise Bloch

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Denise Bloch (1915-1945) fut, pendant la Seconde Guerre mondiale, un agent français du service secret britannique Special Operations Executive. Ses actions de résistance lui valurent d'être arrêtée, emprisonnée, déportée et finalement exécutée par les Allemands.

Note : pour accéder à des photographies de Denise Bloch, se reporter au paragraphe Sources et liens externes en fin d'article.

Sommaire

[modifier] Sa famille

Origine juive :

  • Son père : Jacques Henri Bloch.
  • Sa mère : Suzanne, née Lévi-Strauss.
  • Ses frères : 3

[modifier] Biographie

1915[1]. Naissance de Denise Madeleine Bloch en France.

1942.

  • À Lyon, elle est secrétaire du lieutenant Jean Maxime Aron « Joseph », employé chez Citroën et chef de la Résistance. Elle est fiancée à M. Mendelsohn (fiançailles de convenance, pour qu'il l'aide dans son travail).
  • La famille de Denise Bloch, qui est juive, est raflée par Gestapo en France occupée.

[modifier] Clandestinité. Les débuts, à Lyon

  • Juillet. Elle est recrutée par René Piercy « Adolphe/Étienne ». À son tour, elle recrute son fiancé. Elle travaille d'abord dans le réseau DETECTIVE d'Henri Sevenet « Rodolphe » avec l'opérateur radio Brian Stonehouse « Célestin ». Elle est courrier du réseau ; de plus, elle aide et accompagne Stonehouse, dont le français est insuffisant.
  • Octobre. Le 24, elle assiste à l'arrestation de Brian Stonehouse dans la rue. Le 26, elle quitte Lyon pour Marseille. Le 31, elle a un rendez-vous à son hôtel pour recevoir des documents secrets de l'agent L'Allemand. Le lendemain, il est arrêté.
  • Elle se porte volontaire pour emporter les documents à Lyon, à la place d'Aron. Mais Aron et Sevenet insistent pour l'accompagner, parce qu'elle est une femme seule. Ils ignorent avoir été trahis. À la gare, Aron est arrêté près de la petite entrée[2]. Sevenet, qui marche juste derrière lui, passe au travers. Denise aussi, car elle a emprunté la sortie principale. Elle retrouve Amédée Contran.

[modifier] Interruption

  • Novembre. Le 3, Denise, Sevenet et Contran se cachent près de Lyon, dans la maison de Madame Saint-Victor à Saint-Laurent-de-Chamousset. Le 10, elle part se cacher à Villefranche-sur-Mer et interrompt pendant deux mois son activité clandestine.

[modifier] Reprise d'activité à Toulouse et Agen

1943.

  • Janvier. Elle se déplace à Toulouse. Sevenet la présente à Maurice Dupont du réseau DIPLOMAT, qui doit l'aider à aller en Espagne à partir d'Oloron. Une première tentative échoue en raison de l'abondance de la neige et de la présence de patrouilles ennemies. Ils rentrent à Toulouse. Elle y rencontre George Starr « Hilaire », chef du réseau WHEELWRIGHT, qui la confie à Philippe de Vomécourt, avec qui elle commence à travailler à Agen, Lot-et-Garonne.

[modifier] En Angleterre

  • Avril. Le 13, deux agents juifs, Maurice Pertcchuk « Eugène » et l'opérateur radio Marcus Bloom « Urbain », sont arrêtés. George Starr décide de renvoyer à Londres avec Maurice Dupont. Elle deviendra son opérateur radio, car il ne dispose plus de liaison avec Londres. Le 29, en compagnie de Maurice Dupont, elle quitte Agen et entame un voyage de 22 jours pour rejoindre Londres. Premières étapes : Toulouse, Montrejeau.
  • Mai. Suite du voyage : Cier-de-Luchon (Hôtel des Trois Ormeaux) ; traversée des Pyrénées (jusqu'à 3300 m, à pied, avec l'aide de deux passeurs) ; samedi à 15 h, arrivée à Bausen ; attente d'un bus pendant 3 jours ; confiscation par la police espagnole de tous ses papiers, y compris le rapport de George Starr ; Veille ; 5 mai, arrivée à Lerida, où elle rencontre le consul britannique de Barcelone, qui l'invite à dîner et qui lui donne ses papiers pour continuer ; 8 mai, arrivée à Madrid, où elle reste cinq jours et rencontre quatre aviateurs alliés ; 15 mai, arrivée à Gibraltar, où elle reste tois jours ; Lisbonne ; 21 mai, arrivée à destination à Londres. Dans son rapport verbal au SOE, elle souligne notamment la pénurie d'armes, d'argent, d'émetteurs radio et de fournitures générales (vêtements et nourriture font cruellement défaut à George Starr).
  • Le SOE lui fait suivre l’entraînement complet d’opérateur radio et de parachutiste. Elle est enrôlée comme Ensign du FANY.

[modifier] Mission SOE en France

Définition de la mission. Sous le nom de guerre « Ambroise », elle sera à la fois courrier, codeur et opérateur radio du réseau CLERGYMAN que Robert Benoist « Lionel » doit tenter de relancer dans la région de Nantes. Elle doit aider aux sabotages de pylônes sur la Loire à l'île Héron[3], aux coupures de voies ferrées et de lignes téléphoniques vers Nantes, qui doivent désorganiser les communications de l'ennemi avant le débarquement. De plus, elle aura autorité pour les questions techniques, les question de transmission ou de sécurité radio. Elle devra coder les messages elle-même (Leo Marks lui a communiqué son "poem code" personnel).

1944.

  • 2/3 mars. Avec Robert Benoist, elle est renvoyée en France. Un Lysander les dépose vers Chartres[4].
  • Ils procèdent à un premier repérage de leurs cibles dans la région de Nantes.
  • Ils retournent chez Benoist dans la banlieue sud-ouest de Paris. Ils y reprennent contact avec Jean-Pierre Wimille et y retrouvent des armes de CHESTNUT. Benoist remet le réseau en marche et annonce à Londres qu'il est en mesure de lever 2000 hommes autour de Rambouillet.
  • Juin. Le 18, Robert Benoist est arrêté.

[modifier] Aux mains de l'ennemi

  • Juin (suite). Le lendemain, le 19, elle est arrêtée à son tour. Elle sera interrogée et torturée, puis envoyée en Allemagne.
  • Elle est emprisonnée à Torgau et à Königsberg, où elle souffre de privation, de froid et de malnutrition.
  • Finalement elle est envoyée au camp de concentration de Ravensbrück.

1945.

  • À une date comprise entre le 25 janvier et le 5 février, Denise Bloch, âgée de 29 ans, est exécutée par les Allemands, et son corps est jeté dans un four crématoire[5].

[modifier] Reconnaissance

[modifier] Distinctions

[modifier] Monuments

Denise Bloch est honorée sur les monuments suivants :

[modifier] Sources et liens externes

  • Photographies de Denise Bloch sur le site Special Forces Roll of Honour.
  • Michael Richard Daniell Foot, Des Anglais dans la Résistance. Le Service Secret Britannique d'Action (SOE) en France 1940-1944, annot. Jean-Louis Crémieux-Brilhac, Tallandier, 2008, ISBN : 978-2-84734-329-8 / EAN 13 : 9782847343298. Traduction en français par Rachel Bouyssou de (en) SOE in France. An account of the Work of the British Special Operations Executive in France, 1940-1944, London, Her Majesty's Stationery Office, 1966, 1968 ; Whitehall History Publishing, in association with Frank Cass, 2004. Ce livre présente la version officielle britannique de l’histoire du SOE en France. Une référence.
  • Article wikipédia de langue anglaise.
  • (en) Jewish virtual library : Daughters of Yael - Two Jewish Heroines of the SOE, par Martin Sugarman, archivist, British Association of Jewish Ex-Servicemen and Women – AJEX - Jewish Military Museum, London.

[modifier] Notes

  1. Point à élucider : selon le site Special Forces Roll of Honour, la date de naissance est le 21 janvier 1916.
  2. Les hommes de la Gestapo possèdent sa photographie depuis qu'ils ont fait une descente dans son appartement. Plus tard, Aron parviendra à s'évader et à rentrer en Angleterre le 26 juillet 1944.
  3. L'Île Héron : île de la Loire à Saint-Sébastien-sur-Loire, en amont de Nantes.
  4. Selon Hugh Verity, le terrain est situé à l'E/SE de Chartres, à 1,5 km à l'ouest de Baudreville (28)
  5. Lilian Rolfe and Violette Szabo, deux autres femmes du SOE détenues aussi à Ravensbrück, sont exécutées dans la même période. En mai, juste avant la capitulation allemande, l’agent SOE Cecily Lefort est aussi exécutée à Ravensbrück.
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