Hugues Bigot

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Hugues Bigot ou Hugues Bigod (10951177), 1er comte de Norfolk, fut un baron anglo-normand important des règnes d'Étienne et d'Henri II, un personnage controversé dans l'Histoire de l'Angleterre, connu pour ses fréquents revirements de loyauté et ses réactions vives face aux démonstrations d'autorité.

Il était le deuxième fils de Roger Bigot († 1107), shérif de Norfolk et Suffolk, et d'Alice de Tosny.

Sommaire

[modifier] Jeunesse

Il hérita de vastes territoires dans l'Est-Anglie à la mort de son frère aîné Guillaume, qui périt dans le naufrage de la Blanche-Nef en 1120. Il devint constable du château de Norwich et gouverneur de cette cité en 1122. Il avait aussi des fonctions de prestige auprès du roi Henri Ier.

[modifier] Sous le règne d'Étienne

Il fut d'abord soutien d'Étienne d'Angleterre dans la guerre civile qui l'opposa à Mathilde l'Emperesse. Sa première action dans l'Histoire eut lieu quand Étienne usurpa le trône de sa cousine, brisant la promesse qu'il avait faite. Bigot jura à l'archevêque de Canterbury et aux barons du royaume que sur son lit de mort, Henri Ier avait fait d'Étienne son héritier et successeur. Cela permit à Étienne de se faire couronner, et Bigot obtint le comté de Norfolk en récompense.

Étienne avait initialement réussi à garder ses soutiens unis, mais en 1136 il fut frappé par la maladie. Il subit une grave léthargie, et la rumeur de sa mort se diffusa rapidement. Un soulèvement des turbulents barons survint immanquablement, et Bigot fut le premier à prendre les armes. Il s'empara alors de Norwich. Étienne, ayant récupéré rapidement de son état assiégea la ville, et Bigot fut contraint de se rendre. Étienne agit alors avec une clémence inhabituelle pour l'époque et épargna le rebelle, qui pendant un temps lui demeura fidèle.

La guerre civile débuta vraiment en Angleterre quand en 1139, Mathilde put réunir suffisamment de troupes sur le sol anglais. Elle fut alors en mesure de combattre Étienne sur ses propres terres. En 1141, Mathilde connut son plus grand triomphe à la bataille de Lincoln. Bigot, présent à cette bataille fut rapidement mis en déroute et quitta le lieu des combats. Il abandonna Étienne qui fut finalement capturé, et plus tard emprisonné puis déposé. Bigot déserta la cause d'Étienne et choisit de rester neutre dans la suite du conflit.

Plus tard dans l'année, Mathilde perdit son avantage quand son demi-frère Robert de Gloucester fut capturé, suite à la bataille de Winchester. Robert étant le capitaine en chef de son armée, elle dut se résoudre à l'échanger contre Étienne. Ce dernier fut donc libre en décembre 1141 et il retrouva son trône. Dans les années qui suivirent, Bigot resta dans son domaine, consolidant son pouvoir et fortifiants ses châteaux.

En 1153, Henri, comte du Maine et Anjou, duc de Normandie et fils de Mathilde, débarqua en Angleterre en vue de continuer le combat de sa mère, mais à son profit cette fois-ci.

Bigot joignit ses intérêts à ceux du pouvoir montant. Il tint Ipswich contre le siège d'Étienne, pendant que Henri assiégeait Stamford. Les deux places tombèrent. Étienne était dans une position inconfortable, et pas du tout en mesure de punir Bigot avec Henri qui parcourait son royaume prenant place forte sur place forte. Bigot s'en tira une fois de plus.

[modifier] Sous le règne d'Henri II

À la suite de l'accession au trône d'Henri II en décembre 1154, Bigot fut confirmé dans son comté de Norfolk par une charte publiée en janvier 1155. Les premières années du nouveau roi furent passées à restaurer l'ordre dans le royaume, et à briser le pouvoir des barons qui étaient devenus trop indépendants sous le règne d'Étienne.

Il ne fallut pas longtemps pour que Bigot s'agite devant les mesures d'autorité d'Henri telles que l'apparition du scutage, une redevance payée par les vassaux à la place des services militaires. Le comte montra quelques signes de résistance, mais fini par céder. En 1157, le roi marcha sur les comtés de l'est, et reçu la soumission de Bigot.

A la suite de cet événement, les chroniques ne mentionnent que rarement son nom. Il fit néanmoins partie de ceux qui furent excommuniés par l'archevêque Thomas Becket pour avoir occupé des terres appartenant au monastère de Pentney dans le comté de Norfolk.

[modifier] La révolte de 1173-1174

Icône de détail Article détaillé : Révolte de 1173-1174.

En 1173, le jeune prince couronné Henri (Henri le jeune roi), déclencha une révolte contre son père avec l'aide de deux de ses frères, et de sa mère Aliénor d'Aquitaine.

Cela donna à Bigot une nouvelle chance de se rebeller avec la ligue des barons anglais et l'appui des rois de France et d'Écosse. Il devint l'un des meneurs de leur cause, probablement avide de recréer le pouvoir féodal qu'Henri II avait amoindri. Le château de Norwich et l'Honneur de Eye lui furent promis par le jeune prince en récompense.

Pendant que le roi tenait en échec ses vassaux en France, ses loyaux barons battaient ses ennemis en Angleterre. Robert III de Beaumont, comte de Leicester débarqua à Walton dans le Suffolk, le 29 septembre 1173 et marcha sur Framlingham, joignant ses forces à celles de Bigot. Ensemble, ils assiégèrent et, le 13 octobre, prirent le château de Hagenet tenu par Randal de Broc pour la couronne.

Mais le comte de Leicester fut vaincu et fait prisonnier alors qu'il partait de Framlingham par Richard de Lacy et d'autres barons. Ces derniers s'attaquèrent ensuite à Bigot, qui n'étant pas assez puissant pour espérer une issue heureuse préféra ouvrir des négociations. Il est dit qu'il les acheta et qu'il s'assura une voie de retour pour lui et ses mercenaires flamands.

L'année suivante, toutefois, il fut encore sur le champ de bataille avec l'aide des troupes de Philippe de Flandre. Il assiégea Norwich qu'il prit d'assaut et qu'il brûla. Mais Henri II, de retour en Angleterre à l'été, alla directement vers les comtés de l'est. Quand Bigot entendit que le roi avait déjà détruit son château de Walton et qu'il approchait celui de Framlingham, il se dépêcha de faire acte de soumission à Laleham, le 25 juillet. Il dut restituer ses châteaux, qui furent par la suite démantelés, et payer une amende.

[modifier] Fin de vie

Bien que battu et forcé de rendre ses châteaux, Bigot garda la main sur ses terres et son comté, et vécu en paix avec Henri II. Il mourut en Palestine lors d'un pèlerinage qu'il effectuait avec Philippe de Flandre fin 1176, début 1177.

[modifier] Mariage et descendance

Il se maria deux fois :

  • Avant 1140, il épousa Juliane de Vere († vers 1190), fille d'Alberic II de Vere et d'Adélaïde de Clare. Ils eurent un fils :
    • Roger Bigot (v. 1145-1221), qui succéda à son père.
  • Sa seconde femme fut Gundreda Warwick (v. 1135-1200), fille de Roger II de Beaumont, 2e comte de Warwick. Ils eurent deux enfants :
    • Hugues
    • William.

[modifier] Source externes

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