Bataille de Brécourt

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La bataille de Brécourt est une pseudo-bataille qui opposa durant la Révolution française, le 13 juillet 1793, les partisans de la Convention nationale aux Fédéralistes normands. La fuite de ces derniers détermina l’échec de la révolte.

Bataille de Brécourt
Informations générales
Date 13 juillet 1793
Lieu château de Brécourt
Issue Victoire républicaine
Belligérants
Français républicains de Paris et de Vernon Français fédéralistes de Normandie et de Bretagne
Commandants
Guillaume Brune Joseph de Puisaye
Forces en présence
Quelques centaines ? 3000-4000 ?
Pertes
aucune aucune
Première coalition
Guerre de la Coalition

Verdun — Valmy — Lille — 1er Mayence — Jemappes — Neerwinden — Famars — 2e Mayence — 1er Arlon — Hondschoote — Méribel — Wattignies — Kaiserslautern — 2e Arlon — Tourcoing — Tournai — Ouessant (navale) — Fleurus — Calvi — Sprimont — Luxembourg — Helder — 3e Mayence — Groix (navale) — Irlande (1796) — Droits de l'Homme (navale) — Cap Saint-Vincent (navale) — Santa Cruz de Tenerife (navale) — Camperdown (navale)


Guerre du Roussillon
Mas Deu — Trouillas — Boulou — Sierra Negra


Campagne d'Italie
Loano — Montenotte — Millesimo — Dego — Mondovi — Pont de Lodi — Mantoue — Castiglione — Rovereto — Bassano — Pont d'Arcole — Rivoli — Tyrol — Pâques véronaises

Sommaire

[modifier] La révolte fédéraliste

Depuis le printemps 1793, la Convention nationale est partagée par la rivalité entre ses deux groupes extrêmes : les Montagnards et les Girondins. Cette opposition tourne à l’affrontement sans retour lorsque le 2 juin, les Montagnards, sur la pression des sans-culottes parisiens, votent l’arrestation de 29 députés girondins. Ces derniers s’enfuient en province et tentent de la soulever contre la Convention nationale. La plupart des départements se contentent d’envoyer une protestation écrite à Paris pour désapprouver la manœuvre des Montagnards. Seuls le Bordelais, la côte méditerranéenne, le Lyonnais et la Normandie entrent en rébellion. Et encore, ce n’est pas toute la Normandie qui se soulève. Une partie du Calvados (Caen) et de l’Eure (Pont-Audemer, Évreux) s’engagent clairement tandis que le reste de la région tergiverse ou reste attentiste.

[modifier] La bataille sans larmes

Les Girondins confient au général Georges Félix de Wimpffen, aidé de Joseph de Puisaye, la direction militaire des opérations. Caen est le point de départ de l’expédition, son but étant Paris, accusée d’être soumise aux sans-culottes. Début juillet, l’armée part donc de Caen mais sans Wimpffen qui laisse le commandement à son adjoint le comte de Puisaye. Les Normands sont peu nombreux. L’approche de la moisson explique peut-être le manque de volontaires. L’incorporation de Bretons donne un peu de consistance à la troupe[1]. Direction ÉvreuxJoseph de Puisaye, en tant qu’ancien commandant de la garde nationale de la ville, dispose de quelques appuis. Le chef-lieu du département de l’Eure passé, la troupe se dirige en direction de Vernon, ville de 4 500 habitants située sur la Seine, afin de menacer l’approvisionnement de la capitale. Le 13 juillet, Joseph de Puisaye s’arrête dans son château voisin de Ménilles et laisse continuer son armée. Les Vernonnais s’inquiètent de l’avancée des fédéralistes d’autant plus qu’ils disposent de peu de troupes et de matériel pour se défendre. Avant l’assaut, les fédéralistes décident de faire un arrêt au château de Brécourt, à 8 km de Vernon.

Les heures passent et les Vernonnais ne voient toujours pas l’ennemi arriver. Ils se portent alors à sa rencontre. Arrivés au château de Brécourt, ils font parler leur artillerie. Le coup de tonnerre sème la panique chez les fédéralistes, surpris. C’est le sauve-qui-peut. Le repli s’organise sur Évreux puis sur Lisieux.

La bataille de Brécourt est surnommée la « bataille sans larmes » car elle n’engendra aucun blessé, ni aucun mort. Les historiens se sont étonnés de voir la rapidité de la déroute fédéraliste. D’autant plus que les Vernonnais n’attaquèrent qu’avec de modestes forces. Leur artillerie se résumait à deux pierriers. On a supposé que l’armée de Joseph de Puisaye était alanguie par la boisson, après avoir pillé les caves du château de Brécourt. À défaut de cadavres humains, s’amuse l’historien Michel de Decker, le champ de bataille fut sûrement jalonné de cadavres de bouteilles vides.

[modifier] La Normandie rentre dans le rang

La bataille de Brécourt signifie l’échec de la révolte fédéraliste en Normandie. Les vaincus se dispersent. Certains, tel Joseph de Puisaye, entrent dans la clandestinité, d’autres comme le baron de Wimpffen se retirent dans leur propriété, des soldats rejoignent même l’armée des Conventionnels. Celle-ci pénètre dans une Normandie déjà tranquille. Elle ne se heurte à aucune résistance. La facilité de la campagne militaire révèle la quasi-absence de soutien populaire au mouvement fédéraliste en Normandie. En conséquence, le 2 août 1793, le cœur de la révolte, Caen, ouvre ses portes. Dans les mois suivants, on procède à l’épuration des sociétés populaires et des administrations locales. D’une manière générale, la reprise en main de la province témoigne de modération, la faute de la révolte étant rejetée sur les députés girondins.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Sources

  • Michel de Decker, « Brécourt 1793. Ni sang, ni larmes », Eure Inter magazine, n°30, juin 1991.
  • Boivin-Champeaux, Notes historiques sur la Révolution dans le département de l’Eure, 2 vol., 1893.
  • Christine Le Bozec, La Normandie au XVIIIe siècle, Croissance, Lumières et Révolution, Rennes, Ouest-France Universités, 2002.

[modifier] Notes

  1. « Il fut impossible de mettre sur pied une armée de volontaires en Normandie et les troupes fédéralistes que devaient commander Wimpffen et Puisaye furent surtout composées de Bretons » Christine Le Bozec, La Normandie au XVIIIe siècle, Croissance, Lumières et Révolution, Rennes, Ouest-France Universités, 2002, p.172