Bassari (peuple)

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Bassari

Population totale env. 17 000
Populations significatives en Sénégal, Guinée, Guinée-Bissau
Langue bassari
Religion animisme
Groupes ethniques relatifs Bédiks, Coniaguis, Badiaranké

Les Bassari sont un groupe ethnique établi principalement sur les plateaux du Sénégal oriental et dans le nord de la Guinée. Ils forment, avec les Bédiks, les Coniaguis et les Badiaranké un groupe plus large nommé Tenda.

Sommaire

[modifier] Le pays bassari

Le pays Bassari est une région de collines sur la frontière entre le Sénégal et la Guinée, plus précisément dans une zone située à l'Est de Youkounkoun, à l'Ouest de Kédougou et au Sud du fleuve Gambie. Côté sénégalais, le pays Bassari est inclus en quasi-totalité dans le territoire du Parc national du Niokolo-Koba. Côté guinéen, certains villages ne sont accessibles qu'à pied ou en deux-roues. Cet isolement explique en partie le fort maintien des traditions au sein de la population bassari.

[modifier] Histoire

D'après les recherches effectuées par les scientifiques, les Bassari seraient apparentés aux Bantous d'Afrique centrale et australe. Pour affirmer cela, ils se sont appuyés sur les ressemblances physiques (plutôt bien bâtis, plutôt de taille moyenne, parfois petite, les traits du visages assez forts, le teint un peu rougeâtre) et les ressemblances culturelles, telle que la façon de s'habiller, les coiffures.

On pense qu'à l'époque de l'empire du Ghana, puis du Mali, ils auraient migré de l'Afrique du sud-ouest et centrale, pour s'installer dans les hautes collines du sud-ouest du Sénégal et au Fouta-Djalon, où ils vivent dans les montagnes les plus hautes. Un récit historique parle d'eux à l'époque où Soumaoro Kanté se battait contre Soundiata Keita. On dit qu'ils étaient partisans du premier. Quelques Bassari, à l'époque de Koli Tenguella lors de sa remontée vers le Fouta-Toro qu'il voulait conquérir, le suivirent avec d'autres individus appartenant a plusieurs ethnies, pour grossir son armée. Ainsi quelques Bassari se sont installés au Fouta-Toro et se sont fondus dans la population. Là-bas ils ont intégré la grande caste des soldats de Koli, les Sebbe Kolyaabe.

Contrairement à d'autres peuples d'Afrique de l'Ouest, les Bassari ont résisté aux razzias esclavagistes et à l'islamisation. Cette ethnie résolument animiste s'est réfugiée sur les contreforts montagneux du Fouta-Djalon pour échapper au harcèlement séculaire des Peuls musulmans. Les Bassari ont toujours été plus ou moins protégés des djihads peulhs, grâce à leur isolement et au fait qu'ils vivent en altitude. Malgré cela, beaucoup ont été convertis à l'islam par le chef peulh Alpha Yaya Molo et Thierno Timbo. D'autres sont devenus chrétiens avec les missionnaires européens au XXe siècle.

[modifier] Population

Leur nombre total est estimé entre 10 000 et 30 000.

Selon le recensement de 1988 au Sénégal, les Bassari étaient 6 195, sur une population totale estimée à 6 773 417 habitants, soit 0,1 %[1].

Ils sont généralement cultivateurs ou chasseurs. Les pratiques animistes restent prépondérantes, y compris chez ceux qui pratiquent la religion catholique. Beaucoup se sont installés dans la grande ville du Sénégal oriental, Tambacounda. D'autres sont partis vers Dakar.

Ils sont réputés pour leur discrétion, leur rigueur aux travail, et aussi pour être renfermés sur eux-mêmes. Ils veulent que leur culture perdure, malgré le fait que beaucoup se marient avec des personnes appartenant à d'autres ethnies. Beaucoup se wolofisent, ou sont bilingues, parlent wolof et bassari. Traditionnellement ils cohabitent avec les autres groupes tenda, les Peulhs, et les Mandingues, Malinké, Soninké, Diakhanké et Diallonké.

[modifier] Culture

Icône de détail Article détaillé : bassari (langue).

Leur langue est le bassari.

Le passage d'une classe d'âge à une autre se fait à travers des rites d'initiation faisant un large appel aux génies.
Pour les rites d'initiation, les bassaris se déguisent en "Lokouta". Pour eux, ces êtres ("Lokouta"), à la tête enserrée d'un disque de raphia et couverts de boue ocre, ne sont pas des hommes mais l'incarnation visible des génies bienfaiteurs qui peuplent les grottes. Les "Lokouta" font des combats rituels contre des adolescents qu'ils jettent à terre. L'adolescence vaincue préfigure l'entrée dans l'âge adulte. Les initiés vont se réfugier dans les bois aux abords de la grotte sacrée. Là, le "père-caméléon", un ancien, gardien de la coutume, leur révélera les premiers rudiments de l'histoire secrète du peuple bassari et, en perpétuant le cycle initiatique, fera de chaque adolescent un homme accompli, digne "fils du caméléon", leur totem.

La société bassari est organisée en classes d'âge, chaque classe ayant des rôles et prérogatives définis en fonction des circonstances (fêtes, repas, tâches agricoles...).

Traditionnellement, seuls 7 noms de famille sont utilisés : Bonang, Bindia, Bydiar, Boubane, Biès, Bianquinche, Bangar.

[modifier] Notes

  1. Chiffres de la Division de la Statistique de Dakar cités dans Peuples du Sénégal, Éditions Sépia, 1996, p. 182

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Bibliographie

  • (en) Riall W. Nolan, Bassari Migrations: The Quiet Revolution, Westview Pr, 1986, 199 p. (ISBN 0813372976)
  • (fr) Olivier Barrière, Catherine Barrière, Paul Soto et Emmanuel Rousseau, Bassari : De l'ocre à la lumière, Romain Pages, 2005, 158 p. (ISBN 2843502217)
  • (fr) Robert Cornevin, Les Bassari du nord Togo, Éditions Berger-Levrault, 1962, 156 p.
  • (fr) Monique Gessain, Les migrations des Coniagui et Bassari, Paris, Société des Africanistes, 1967, 106 p.
  • (fr) Monique Gessain, « Les classes d’âge chez les Bassari d’Etyolo (Sénégal oriental) », in D. Paulme (éd.), Classes et associations d’âge en Afrique de l’ouest, 1971, Plon, Paris, p. 157-184.
  • (fr) Monique Gessain, Environnement végétal et anthropologie écologique des Bassari du Sénégal oriental : évolution du village d'Etyolo depuis 1900, Paris, Université Pierre et Marie Curie, 1976 ?, 342 p.
  • (fr) Monique Gessain, « Démographie historique des Bassari (Sénégal oriental) : l’évolution du mariage », L’Anthropologie (Paris), 1981-1982, 85-86, 4, p. 627-650.
  • (fr) Monique Gessain, et Annabel Degrées du Loû, , « L’évolution du lévirat chez les Bassari », Journal des africanistes 68, 1-2, 1998, p. 225-247.
  • (fr) Monique Gessain, Bassari : Guinée et Sénégal, 1927-2002, Sepia, 2003, (ISBN 2842800710)
  • (fr) Monique Gessain et Albert Jacquard, La femme et le masque : Ou l'éloge de l'équilibre chez les Bassari, Sepia, 2006, 272 p. (ISBN 2842801067)
  • (fr) Jean Girard, Les Bassari du Sénégal : fils du caméléon. Dynamique d’une culture troglodyte, L’Harmattan, 2000, 965 p. (ISBN 2858024529)
  • (fr) Modibo Sounkalo Keita, L'Archer bassari, Karthala, 2000, 198 p. (ISBN 2865370755) (roman)
  • (fr) Monique de Lestrange, Les Coniagui et les Bassari, L’Harmattan, 2006 (1re édition 1955), 84 p. (ISBN 2296004490)
  • (fr) Marc Gautron, Kaly, photographe bassari, Albin Michel, 1992, 243 p. (ISBN 2226058559)
  • (fr) Babacar Ndong, Menaces sur l'avenir du patrimoine culturel bassari le cas des masques, Dakar, Université Cheikh Anta Diop, 2002, 92 p. (Mémoire de Maîtrise)
  • (fr) Babacar Ndong, Les Bassari du Sénégal : permanence et changement, Dakar, Université Cheikh Anta Diop, 2003, 98 p. (Mémoire de DEA)
  • (fr) Souleymane Niang, Recherches ethnographiques sur les populations Bassari du Sénégal oriental, Dakar, Université Cheikh Anta Diop, 1992, 98 p. (Mémoire de Maîtrise)
  • (fr) Gilles Pison, « Les Coniagui, les Bassari et la démographie » in Documents du CRA (Centre de recherches anthropologiques), n° spécial Bibliographie commentée de Monique Gessain, Paris, Musée de l'Homme, 1986, p. 65 à 80
  • (fr) Makhourédia Samb, « Cérémonie d'initiation en pays bassari », Sénégal-Carrefour, n° 3, juillet 1967, p. 23-28 (initiation traditionnelle à Ethiolo)

[modifier] Liens externes

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