Armée de Vichy

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L’Armée de Vichy est l’armée française qui, à partir du début de l’été 1940, obéit à l’État français instauré par Philippe Pétain, appelé également Régime de Vichy.

Cette armée serait simplement l’Armée française s’il ne fallait lui donner un autre nom pour la distinguer de l’armée de la France libre puis de l’armée française qui contribue à la libération de la France.

Sommaire

[modifier] Les faits

[modifier] Composition

Cette armée comprend l’Armée d’Armistice stationnée en métropole et limitée à 100 000 hommes, mais également les armées présentes dans l’Empire colonial français : Armée d’Afrique, armée du Moyen-Orient, armée d’Extrême-Orient en Indochine, troupes présentes aux Antilles, marine, aviation…

Sa composition et son champ d’action vont se restreindre au fil du temps. D’abord en raison des démobilisations, puis de l’adhésion spontanée de quelques territoires à la France libre, puis de la perte par les armes du Gabon, de la Syrie, de Madagascar et finalement de l’Afrique du Nord. Suite à cet évènement l’armée métropolitaine est presque entièrement dissoute[1] et après le sabordage de la flotte à Toulon[2] et le retour dans le camp allié des forces des Antilles et de l’escadre d’Alexandrie, ne perdure jusqu’en 1945 que l’armée stationnée en Indochine.

[modifier] Combats

L’histoire de l’armée de Vichy n’est pas le récit d’une attente passive. Elle est une suite de combats défensifs de plus ou moins grande importance menés contre les Alliés.

Le premier de ces affrontements se passe à Mers El Kébir et est suivi par le bombardement de Gibraltar par l’aviation française.

À la fin septembre 1940, les Français libres et les Britanniques se présentent devant Dakar dans le but de rallier l’AOF. Leurs émissaires sont mitraillés et une canonnade de plusieurs heures s’en suit.

En novembre 1940, la Campagne du Gabon permet à la France libre de conquérir ce territoire qui était le seul en AEF resté fidèle à Vichy.

En juin 1941, après les accords Darlan permettant aux Allemands de fournir de l’armement français aux rebelles Irakiens et d’utiliser les bases aériennes en Syrie pour soutenir cette rébellion, la Campagne de Syrie permet aux Britanniques et aux Français libres de s’emparer de la Syrie et du Liban au prix de durs combats contre l’armée Dentz. Vichy renonce à demander l’intervention de la Luftwaffe contre les troupes terrestres mais celle-ci attaque quand même la flotte anglaise au large.

À partir de mai 1942, les Britanniques attaquent Madagascar, craignant d’être pris à revers dans leur lutte contre le Japon. L’armée de Vichy résiste, notamment à Diego-Suarez.

Le 8 novembre 1942, les Anglo-Américains débarquent en Afrique du Nord (Opération Torch). L’armée de Vichy résiste partiellement pendant trois jours puis accepte de cesser le combat. Les Italo-Allemands réagissent en envoyant des troupes en Tunisie où, sur ordre de Vichy, ils ne rencontrent aucune résistance.

Après l’Armistice de 1940 l’armée japonaise s’introduit progressivement en Indochine et cohabite avec l’armée de Vichy. Le 9 mars 1945, les Japonais l’attaquent subitement et massacrent ou internent ceux qui n’ont pu s’échapper vers la Chine.

[modifier] Plans d’action non aboutis

Différentes actions ont été projetées, notamment la reconquête de l’AEF, du Proche-Orient dans le sillage de Rommel et même de la Nouvelle-Calédonie avec l’aide des Japonais.

[modifier] Les intentions

Selon François Delpla[3],[4] – qui cite l'historien Philippe Burrin[5] ainsi le que procès verbal allemand de la conversation, signé par Paul Schmidt (interprète de Hitler) paru en 1961[6] –, une des intentions principale de Pétain lors de l'entrevue de Montoire, le 24 octobre 1940, était la collaboration militaire avec le camp de l’Axe en faisant participer l’armée de Vichy à une action militaire anti-anglaise en Afrique. Il se heurte à de l'indifférence de la part de Hitler[7]. Cet élément est également pris en compte par Jean-Pierre Azéma et Olivier Wieviorka[8].
Pétain, dans son discours du 30 octobre 1940 (annonçant son engagement sur la voie de la collaboration) parle d'ailleurs de « réduire les dissidences » des colonies [9].
Cependant, bien qu'à Montoire Hitler n'ait rien répondu à la proposition de Pétain, il a fait quelques concessions afin d'encourager la collaboration militaire de Vichy. Quelques officiers français furent libérés dans le but de monter une opération de reconquête du Tchad[10].

De nombreux facteurs peuvent expliquer l’attitude de cette armée française. Le premier évoqué est la discipline. Il y avait la confiance dans le maréchal Pétain, vainqueur de Verdun et instaurateur d’un régime autoritaire.

De nombreux militaires de cette armée pensent préparer la revanche et s’emploient à camoufler des armes ou des hommes en surnombre[11].

[modifier] Notes, sources et références

  1. À l’exclusion par exemple d’unités de DCA, de « Sapeurs de chemin de fer », du « 1er Régiment de France » et des noyaux de la Marine française subsistant dans les grands ports où ils assurent l’encadrement des arsenaux, les réparations des navires sabordés, la lutte contre les bombardements aériens (marins pompiers) ou encore le maintien de l’ordre (gendarmerie maritime).
  2. herodote.net, « 27 novembre 1942 La flotte française se saborde à Toulon »
  3. delpla.org, « Montoire : les raisons d’une cécité » Article publié dans le no 220 de la revue Guerres Mondiales et conflits contemporains, octobre 2005
  4. François Delpla, Montoire, Albin Michel, Paris, 1996
  5. Philippe Burrin, La France à l’heure allemande, Éditions du Seuil, Paris, janvier 1995, p. 107-108 : « Pétain exprima sa volonté de reprendre les colonies gaullistes et indiqua qu’une collaboration serait possible sur ce terrain »
  6. Publié en anglais à partir de 1949 sous le titre : Documents on German Foreign Policy, 1918-1945, From the Archives of the German Foreign Ministry, Washington United States Governement Print Office, et London : H.M. Stationery Office, 1949-1964. Le volume 11-1de la série D (1937-1941), concernant le second semestre de 1940, est paru en 1961.
  7. « Mais son but essentiel était de présenter une proposition de collaboration militaire et, se heurtant là-dessus à un mur d’indifférence [...]. Sur Montoire, en revanche, la vérité s’étalait toute nue : Pétain avait, d’entrée de jeu, proposé une « collaboration » consistant en une action militaire anti-anglaise de l’armée de Vichy en Afrique » in delpla.org, « Montoire : les raisons d’une cécité », op. cit.
  8. Jean-Pierre Azéma et Olivier Wieviorka, Vichy 1940-44, Perrin, Paris, 1997, réédit. Poche, p. 62 : « Gage de loyauté, il [Pétain] propose même de reconquérir les colonies gaullistes [...] » et : « [...] Montoire ne saurait se réduire à un non-événement, puisque Vichy a formulé des offres aussi précises que dangereuses »
  9. Philippe Burrin, La France à l’heure allemande, op. cit.
  10. François Delpla, Montoire, op. cit., p. 372-377
  11. Voir notamment dans : R.Paxton, L'Armée de Vichy, le chapitre IX : « Le Parti de la Revanche, la Résistance dans l'Armée d'Armistice », p. 307-335

[modifier] Bibliographie

  • Jean Planchais, Une histoire politique de l’armée - Tome 2 - 1940-1967 - de De Gaulle à de Gaulle, Éditions du Seuil, 1967
  • François Delpla, Montoire, Albin Michel, Paris, 1996
  • Général Maurice Schmitt, Le double jeu du Maréchal, Presses de la Cité, 1996
  • Claude d’Abzac-Epezy, L’Armée de l’air des années noires, Economica, 1998
  • Claude d’Abzac-Epezi, « La rénovation de la formation militaire dans l’armée de l’armistice », article paru dans la Revue historique des armées, no 223, 2001, Service historique de la Défense, [lire en ligne]
  • Robert O. Paxton , L’Armée de Vichy ; le Corps des officiers français 40-44, Tallandier, 2004 [présentation en ligne]
  • Henri de Wailly, Syrie 1941, La guerre occultée, Perrin, 2006

[modifier] Liens internes