Sertorius

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Quintus Sertorius (né v.-122, mort en 72 av. J.-C.), homme d'État et général romain. Il est originaire de Nursie en Sabine (actuellement au nord-est de Rome).

Après s'être fait une réputation à Rome comme juriste et orateur, il entama une carrière militaire. Il apparaît sous les ordres de Marius en 102 av. J.-C. à la grande bataille d'Aquæ Sextiæ (aujourd'hui Aix-en-Provence) contre les Teutons. En 97, il servit en Espagne. En 91, il fut questeur en Gaule Cisalpine et à son retour à Rome il aurait dû être élu tribun de la plèbe mais Sylla s'y opposa.

Il appuya alors Marius et le parti populaire, bien qu'il eût une mauvaise opinion de l'homme Marius. Il dut participer aux horribles massacres organisés par Marius et Cinna en 87 mais il semble avoir fait son possible pour en atténuer les atrocités. Avec le retour d'Orient de Sylla, en 83, Sertorius partit en Espagne mais sans ordres précis.

Ayant du se replier en Afrique suite à l'avance des forces de Sylla dans les Pyrénées, il mena une campagne en Mauritanie où il défit l'un des généraux de Sylla et prit Tingis (l'actuelle Tanger). Ce succès le fit reconnaître des peuples d'Espagne, plus particulièrement des tribus des Lusitaniens, dans l'ouest, opprimés par les généraux et gouverneurs du parti de Sylla.

Brave, humain et doué pour l'éloquence, Sertorius était fait pour les impressionner favorablement, et les milices locales, qu'il organisa, le qualifièrent de « nouvel Hannibal ». De nombreux fugitifs et déserteurs romains le rejoignirent, et avec ceux-ci et ses volontaires espagnols il vainquit près de Lacobriga un général de Sylla et chassa Q. Caecilius Metellus Pius, qui venait spécialement de Rome contre lui, de Lusitanie ou Hispania Ultérieure comme la nommaient les Romains.

Sertorius devait la plupart de ses succès à ses talents d'homme d'État. Son but fut de construire un gouvernement stable dans la région avec le soutien et la coopération du peuple, qu'il voulait civiliser sur le modèle romain. Il établit un Sénat de 300 membres, choisis parmi les émigrants romains avec une poignée de l'élite locale, et s'entoura d'une garde du corps espagnole. Pour les enfants des principales familles locales il créa une école à Osca (Huesca), où ils reçurent une éducation romaine et furent même vêtus comme les jeunes romains.

Il était strict et sévère avec ses troupes. Lui-même, selon Plutarque, ne s'enivrait jamais, pouvait marcher de longues distances et se contentait de peu de nourriture. Néanmoins, il portait une attention particulière au peuple en général, et allégeait les charges autant que possible. Il semble évident qu'il avait un don particulier pour déclencher l'enthousiasme chez les tribus et l'on comprend facilement comment le fameux faon blanc, cadeau d'un autochtone, qui l'accompagnait continuellement et qui était supposé lui transmettre les conseils de la déesse Diane, accrut sa popularité.

On peut dire qu'il gouverna l'Espagne pendant six années. En 77 av. J. Chr. il fut rejoint par M. Perperna (ou Perpenna) Vento venant de Rome, avec une suite de nobles romains, et la même année Pompée fut envoyé pour le vaincre. Sertorius se révéla supérieur à ses adversaires et écrasa leurs forces réunies alors aux environs de Sagonte. Pompée écrivit à Rome pour demander des renforts, sans lesquels, écrivit-il, lui et Metellus seraient expulsés d'Espagne.

Sertorius était allié avec les pirates de la Méditerranée, négociait avec Mithridate et avait des contacts avec les esclaves révoltés en Italie. Mais les jalousies entre les officiers romains sous ses ordres et les chefs autochtones ne lui permirent pas de conserver sa position et, bien qu'il fût victorieux jusqu'à la fin, son influence sur les tribus déclina. En 72 il fut assassiné au cours d'un banquet : il semble que Perperna Vento en fut l'instigateur.

La vie de Sertorius inspira à Pierre Corneille une pièce éponyme.

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