Mystères d'Éleusis

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Déméter remettant à Triptolème les graines sous les yeux de Coré, Musée national archéologique d'Athènes
Déméter remettant à Triptolème les graines sous les yeux de Coré, Musée national archéologique d'Athènes

Dans la religion grecque antique, les mystères d’Éleusis (en grec : Ἐλευσίνια Μυστήρια) faisaient partie d'un culte à mystères effectué dans le temple de Déméter à Éleusis (à 20 km au nord-ouest d'Athènes). Consacrés à Déméter et sa fille Perséphone, ils figurent parmi les plus célèbres et sur lesquels nous avons plus d'informations que tout autre culte grec, depuis le témoignage le plus ancien (dans l'Hymne homérique à Déméter), jusqu'à la suppression de ce culte par l'empereur romain Théodose en 393.

Sommaire

[modifier] Origine mythologique du culte

Selon la mythologie grecque, Perséphone, fille de Zeus et de Déméter, fut enlevée par Hadès pour être son épouse et la reine des Enfers, alors qu'elle cueillait des fleurs dans les prairies d'Enna (Sicile). Les cultures cessèrent de croître dans les champs alors que Déméter parcourait le monde à la recherche de sa fille. Un jour, alors qu'elle errait sur les terres de Grèce sous les traits d'une vieille mendiante, elle entra dans la cité d'Éleusis et demanda l'hospitalité. Les citoyens l'accueillirent avec une grande générosité et, en reconnaissance, la déesse dévoila sa véritable identité et récompensa ses bienfaiteurs : elle leur dévoila ses mystères et la maîtrise de l'agriculture.

Par la suite, Déméter retrouva sa fille mais elle ne put être entièrement libérée des Enfers, puisque ceux qui mangent la nourriture des morts ne peuvent retourner chez les vivants et que Perséphone avait mangé sept pépins de la grenade (fruit associé au mariage) offerte par Hadès. Zeus décréta toutefois que Perséphone passerait la moitié de l'année sur terre (durant la saison des cultures) avec sa mère et le reste de l'année (l'hiver) en compagnie d'Hadès.

[modifier] Le culte des mystères

Déméter et Perséphone accueillant une procession des mystères, plaque votive en terre cuite peinte, milieu du IVe siècle av. J.-C., Musée national archéologique d'Athènes
Déméter et Perséphone accueillant une procession des mystères, plaque votive en terre cuite peinte, milieu du IVe siècle av. J.-C., Musée national archéologique d'Athènes

Les rituels des mystères étaient toujours accomplis par les prêtres de Déméter. Parmi les plus connus d'entre eux, on retrouve Céléos et son fils Triptolème, à qui Déméter avait donné la tâche d'enseigner l'agriculture et de semer le blé sur Terre. Ce prêtre avait aussi institué les Éleusinies, fêtes associées au culte. Parmi les autres premiers prêtres se trouvent Dioclès, Eumolpos et Polyxène. On célébrait le culte dans le télestérion d'Éleusis. L'aspect principal de ce culte se construisait autour de la culture du blé et le cycle vie entreposage–semis–renaissance des cultures. Tous les initiés préservaient les secrets de la religion et croyaient fermement qu'ils connaîtraient eux aussi une vie après la mort à cause de leur initiation à ces mystères. Comme la divulgation des rites était strictement défendue et qu’aucun auteur n’a trahi ce secret, aucun écrit ne documente avec précision les cérémonies.

L'Hymne homérique à Déméter est la principale source de données sur les rituels. Très respectés, ces mystères attiraient des visiteurs de toute la Grèce. Nous avons des preuves de la pratique d'un culte sur ce site dès l'époque mycénienne : le magnifique télestérion (« salle d'initiation ») qui date de l'époque de Pisistrate au VIe siècle av. J.-C. et de nombreux bas-reliefs et sculptures.

Annuellement, il existait deux célébrations des mystères d’Éleusis : les Grands mystères et les Petits mystères. Ces derniers avaient généralement lieu au printemps. C’était alors que les prêtres purifiaient les mystes et que l’on sacrifiait un cochon à Déméter.

Les Grands mystères duraient neuf jours, d’après la durée de l’errance de Déméter à la recherche de sa fille. En septembre, avant l’automne, on se préparait aux cérémonies préliminaires qui se déroulaient à l’extérieur et qui sont donc mieux documentées. La première partie du rituel débutait par une procession durant laquelle on transportait des reliques sacrées (les hiéra) jusqu’à Athènes pour les placer dans l’Éleusinion, un sanctuaire à la base de l’Acropole. Les mystes (candidats dignes des mystères) se plongeaient dans la mer pour se purifier. Une période de jeûne s’écoulait avant que la procession de mystes suivent la statue d'Iacchos, les hiéra et les prêtres en direction d’Éleusis le long de la route sacrée. Dans le télestérion, après avoir rompu le jeûne en consommant le kykéôn (nourriture à base de blé), le rite secret d’initiation avait lieu et les mystes recevaient des révélations des initiés et accédaient au salut et à la vie après la mort.

Quiconque parlait le grec et n’avait commis d’homicide était admissible à participer aux rituels. Les participants se constituaient : des mystes (nouveaux initiés) qui y participaient pour une première fois pour y être initiés, des mystes initiés y retournant une seconde fois pour passer à un niveau supérieur, les époptes qui étaient passés à ce niveau et les prêtres qui présidaient aux rites. Parmis ceux qui dirigaient la cérémonie, on trouvait quatre ministres: le Hierophante (celui qui révèle les choses sacrées), le Dodonque (chef des lampadophores), le Hierocéryce (chef des hérauts sacrés), et l'Assisstant (dont le costume symbolisait la lune). L'archonte-roi d'Athènes était le surintendant de la cérémonie. La cérémonie était également dirigée par une multitude de "ministres" subalternes répartis en différentes classes. Les mystères étaient néanmoins interdits aux femmes.

Inscription des comptes des épistates éleusiniens et des trésoriers de Déméter et de Korè, datés de 329/8 av. J.-C. (IG II² 1672) (Musée épigraphique d'Athènes)
Inscription des comptes des épistates éleusiniens et des trésoriers de Déméter et de Korè, datés de 329/8 av. J.-C. (IG II² 1672) (Musée épigraphique d'Athènes)

Le sanctuaire cessa toute activité après sa mise à sac par Alaric Ier et les Wisigoths en 395. (Cependant, d'après Carl Gustav Jung, Essai d'exploration de l'inconscient, les mystères d'Éleusis « furent finalement supprimés au début du VIIe siècle de l'ère chrétienne ».)

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Fiction

  • Le Mystère d'Éleusis, troisième tome de la série romanesque Titus Flaminius.

[modifier] Liens externes