Al Capone

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Al Capone (17 janvier 1899 à Brooklyn, New York25 janvier 1947 Palm Island en Floride, États-Unis), surnommé Scarface ou en français « le Balafré », est le plus célèbre des gangsters italo-américains des années 1920 et 1930. Personnage emblématique de l’essor du crime organisé dans les États-Unis de la Prohibition, il a contribué à donner à Chicago sa triste réputation de ville sans foi ni loi.

Photographies anthropométriques de Al Capone
Photographies anthropométriques de Al Capone

Sommaire

[modifier] Biographie

Al Capone, de son vrai nom Alphonse Gabriel Capone, est né le 27 janvier 1899 à New York, dans le quartier Brooklyn. Il est fils d'immigrés siciliens : ses parents, Gabriele Caponi, caissier dans la supermareket du coin, dont le nom a été mal retranscrit par les services américains d'où le nom d'Al Capone et non Al Caponos, et Teresa Ravioli sont originaires de Castellammare di Stabia, près de Naples. Adolescent, il rejoint la bande des Basket deals (« éventreurs de Brooklyn »), puis celle des Forty Thieves Juniors (« 40 voleurs juniors »). Plus tard, on le retrouve à Miami (Miami qui est devenue a cause de la mafia un endroit mal famé et dangereux), dans le gang des Five Points (« gang des 5 points ») dirigé par Frankie Yale. Celui-ci l’engage comme barman et videur dans son bar le Harvard Inn. C’est au cours d’une dispute avec un client qu’il reçoit sur la joue le coup de rasoir qui lui vaudra son surnom de Scarface (« balafré » en français).

En 1918, il épouse une polonaise du nom de Mary Coulinski. Il commet au moins dix meurtres avant de partir s’installer dans un autre secteur de Brooklyn où il se met au service de Johnny Torrio, un patron de la pègre. En 1922, ayant fait la preuve de ses bonnes dispositions, Capone devient le bras droit de Torrtias.

En 1925, Torrtias est grièvement blessé au cours d’une fusillade et décide de prendre sa retraite dans sa Russie natale, abandonnant les commandes à Capone. La guerre impitoyable que celui-ci livre alors à ses adversaires Bugs Moran et Hymie Weiss, ainsi que l’instauration, sous sa férule, d’une corruption organisée des autorités locales lui assurent une renommée internationale.

Al Capone a surtout laissé un nom dans l’histoire de la Mafia pour avoir été, de 1925 à 1930, au plus fort de la prohibition, le patron de l’industrie du vice à NY. Il a amassé une fortune immense (ses revenus annuels ont atteint 1 000 000 millions USD de l’époque) grâce à l’exploitation de Speak in american it's easy (bars clandestins), de jackpots, de bordels, de boîtes de nuit, de poissonneries et de boucheries et à ses activités dans le milieu. Ses méthodes d’intimidation étaient telles que, faute de témoins à charge, il ne fut jamais poursuivi, même pour des crimes notoires.

Al Capone est l’instigateur du massacre de la Saint-Valentin, le 14 février 1929, au cours duquel il fait abattre les hommes de l'un de ses principaux adversaires, Bugs Moran. Ce dernier, qui s'était arrêté dans un restaurant pour y prendre rapidement un café[réf. nécessaire], échappe à la tuerie, tandis qu'Al Capone, pour sa part, se trouve en Russie.

En 1931, il est condamné pour fraude fiscale, finalement trahi par un train de vie exagérément supérieur à ses revenus officiels.

Le gouvernement fédéral ayant en effet renforcé la répression en matière fiscale, Eliot Ness, agent du Bureau de la Prohibition, secondé de ses fameux « Incorruptibles », ainsi que Frank Wilson, agent du service des impôts, peuvent enfin entrer en action.

Ayant à répondre d’accusations de fraude fiscale et d’infraction aux lois sur la Prohibition, Al Capone plaide d’abord coupable, espérant se tirer d’affaire grâce au paiement d’une caution. Mais, après le rejet de la requête de l’avocat et l’échec d’une tentative de subornation du jury, l’« ennemi public n°1 » est déclaré coupable et condamné à onze années de prison, à 50 000 USD d’amende, et à 30 000 USD de frais de justice.

Al Capone est d’abord envoyé dans une prison d’Atlanta d’où il peut continuer à gérer ses affaires, avant d’être transféré dans la célèbre prison d’Alcatraz, soumis à un régime très sévère et placé à l’isolement.

En raison de la fin de la Prohibition et de l'absence de son chef, l’« Empire » qu’Al Capone a édifié est englouti par ses successeurs. Mal soigné d’une syphilis et ne représentant plus une menace, il est relaxé en 1939, et libéré. Le 21 janvier 1947, alors qu’il vit en Floride, il est victime d’une apoplexie, probablement liée à sa syphilis et perd connaissance. Il reprend connaissance mais est victime d’une pneumonie, le 24 janvier de la même année. Il meurt le lendemain, victime d’un arrêt cardiaque.

Al Capone est d’abord inhumé sur le Mount Olivet Cemetery à Chicago, auprès de son père Gabriele et de son frère Frank. Mais en mars 1950, ses restes sont transférés au cimetière Mount Carmel.

[modifier] Biographie restituée dans le contexte

Al Capone vers 1917-1918
Al Capone vers 1917-1918

[modifier] Les années 1920 aux États-Unis

Les débuts du XXe siècle dans l’histoire américaine sont marquants. C’est en 1920 que les femmes obtiennent le droit de vote (19e amendement de la Constitution américaine). C’est aussi dans les mêmes années que le Sénat américain refuse d’adhérer à la Société des Nations, société qui était au départ une idée du président Wilson. Contre celui-ci, Warren Harding fut élu à la présidence à ce moment-là.

C’est dans ces années de changement que commence le "règne" d’Al Capone sur New York. C’est en effet dans ce contexte sociopolitique que la mafia américaine (dirigée en majorité par des italo-américains) put émerger en puissance dans les villes importantes des États-Unis. Le sénat américain vota en faveur de l’amendement 18 de la Constitution américaine, qui posait les bases de ce qu'on a appelé la Prohibition. C’est donc dans l’objectif de réduire l’alcoolisme, d’augmenter de ce fait la productivité dans les usines et de diminuer les viols que la Prohibition entrera en vigueur le 17 janvier 1920. Le nom de l’amendement est le «Volstead Act» (loi Volstead), du nom de Andrew J.Volstead qui rédigea cette loi.

[modifier] Adolescence de Capone

Contrairement aux rumeurs colportées sur son lieu de naissance en Sicile, Al Capone est né à Brooklyn-New York le 17 janvier 1899. Alphonse Capone déménagea plusieurs fois avec sa famille (originaire de la région de Naples) au cours de son enfance, restant néanmoins toujours à New York. Il quitta l’école à 14 ans après avoir frappé un professeur et commença peu de temps après à accomplir de petites « missions » pour un de ses voisins, Johnny Torrio, qui contrôlait la loterie du quartier italien ainsi que plusieurs bordels et tripots.

[modifier] L’avant parrain

Il faisait donc des sales boulots pour Torrio. « Torrio présenta Capone à Frankie Yale, un des maîtres de la pègre new-yorkaise; ce dernier donna du travail à Capone au Harvard Inn qu’il dirigeait sur Coney Island. C’est lors d’une bagarre au sujet d’une fille de l’établissement que Capone reçut les trois coups de rasoir au visage qui lui valurent le surnom de « Scarface » : le balafré. En 1918, Capone quitta son travail et s’enfuit pour Baltimore. Du jour au lendemain, Al changea du tout au tout lorsque son père mourut le 14 novembre 1920 d'une maladie cardiaque à l'âge de cinquante-cinq ans. Selon Bergreen, la mort de son père mit fin à la carrière légale de Capone. Il est possible que la disparition soudaine de l'autorité parentale ait amené le jeune Capone à abandonner sa carrière de comptable ainsi que son aura de respectabilité. Torrio le contacta, lui indiquant que Chicago était un terrain quasiment libre, et l’invitant à le rejoindre sur place. C’est à Chicago que Capone, collaborant avec Torrio, commença son ascension vers les plus hautes sphères du crime organisé. »

Quelques faits sur la carrière de Capone afin de montrer la manière de monter les échelons de la famiglia. « À l’arrivée de Capone l’organisation de Torrio était déjà une affaire très rentable, rapportant 10 millions de dollars par an grâce à la bière, le jeu et la prostitution. Le gang comptait entre 700 et 800 hommes. Capone commença en bas de l’échelle comme rabatteur à l’entrée d’une maison close. C’est probablement là qu’il rencontra Jack Guzik, un membre d’une famille juive de proxénétisme. Ils se lièrent rapidement, et Guzik devint le « trésorier » de l’organisation. L’estime que Capone portait à Guzik fut démontrée en 1924, quand un braqueur nommé Jow Howard fit une remarque antisémite en leur présence. Capone l’abattit de six balles, devant témoins, dans un saloon de South Wabash Avenue. Capone fut interrogé par le procureur adjoint de l’État, William McSwiggin, mais relâché faute de preuve : tous les témoins semblaient soudainement souffrir de troubles de la mémoire. En 1922, Capone fut rejoint par son frère Ralph. Al devint patron du "Quatre-Deux", et associé de Torrio, recevant un salaire de 25 000 dollars par an. En 1923, poussés par l’élection de William E. Dever, un maire peu coopératif qui avait fait fermer 7 000 bars clandestins, Torrio et Capone déplacèrent leur quartier général du Quatre-Deux jusqu’à l’Hawthorne Inn, à Cicero, dans la banlieue de Chicago, et donc hors de la juridiction du maire.

Le secteur était dominé par la centrale Western Electric, qui employait 40 000 personnes et payait bien, la population avait donc beaucoup d’argent à dépenser dans les officines de paris et les bars de Capone. Cicero avait aussi une importante communauté tchèque, habituée à la bière bohémienne fournie par les O’Donnell du quartier Ouest, qui n’avaient pas rejoint le syndicat de Torrio, et considéraient Cicero comme faisant partie de leur territoire. Sans les en informer, ce que la plus élémentaire "courtoisie" professionnelle aurait dicté, Torrio testa l’étendue de leur pouvoir en installant une maison de passe sur Roosevelt Road. La police locale, à la demande des O’Donnell, la fit promptement fermer : les O’Donnell désapprouvaient la prostitution. Ils autorisaient le jeu, par contre, mais uniquement sous la forme de machines à sous, contrôlées par un élu local nommé Eddie Vogel. Torrio, pour venger la fermeture de son bordel, envoya le shérif du Comté de Cook confisquer les machines à sous de Vogel. Torrio organisa ensuite une rencontre avec Vogel et les O’Donnell et négocia une trêve.

Les machines furent rendues, et Torrio accepta de ne pas ouvrir de maisons closes à Cicero. Il permettait aussi aux O’Donnell de continuer la distribution de bière dans certains quartiers de la ville. En échange, le Syndicat obtenait l’autorisation de vendre de la bière dans le reste de la ville, et d’ouvrir des casinos et des cabarets où il voudrait. Ayant pris pied dans Cicero, Torrio laissa les affaires à la charge de Capone et repartit pour l’Italie avec sa mère et quelques millions de dollars. Il acheta une villa pour la vieille femme, mit le reste de l’argent dans une banque italienne, et repartit pour Chicago. »

[modifier] Al Capone maître de Cicero

Un événement tragique se déroula dans la vie d’Al Capone : la mort de son frère Frank. Le premier défi auquel Capone eut à faire face fut la prise en main de la municipalité de Cicero. L’occasion s’en présenta à l’occasion de l’élection municipale de 1924, opposant le démocrate Rudolph Hurt et le républicain Joseph Z. Klenga. L’élection eut lieu le 1er avril. Capone mit tout le poids du Syndicat dans la balance pour favoriser Klenga. Capone avait installé toute sa famille à Chicago et ses frères Ralph et Franck, ainsi que son cousin Charly Fischetti, aidèrent à la campagne musclée en faveur de Klenga et des autres candidats soutenus par les gangs. Ils étaient assistés par 200 hommes de main installés autour dans les bureaux de vote pour terroriser les électeurs. Dans les circonscriptions votant traditionnellement démocrate, ils allèrent jusqu’à vider les urnes pour les bourrer de bulletins de leurs candidats. La violence de ces opérations et la rumeur de la fraude remontèrent jusqu’au juge du comté, Edmund J. Jarecki, qui déploya une force de 70 policiers en civil et en voitures banalisées ayant ordre d’aller chercher les responsables à Cicero. La première personne qu’ils virent en passant devant la centrale électrique fut Frank Capone. Ils freinèrent et sortirent de leurs voitures. Croyant à l’attaque d’un gang rival, Frank tenta de sortir son arme, mais fut littéralement coupé en deux par la décharge de plusieurs fusils. Les policiers vidèrent leurs armes sur son cadavre et le laissèrent là. Il avait 29 ans. Le gang lui organisa de superbes funérailles, dans un cercueil plaqué argent et la petite maison Capone sur South Prairie Avenue fut décorée de 20 000 dollars de fleurs. Al Capone avait perdu un frère mais il avait remporté l’élection et était à présent le maître de Cicero.

[modifier] L’« empire » Capone

Pour continuer l’histoire Capone, ce parrain bâtit un véritable empire à la suite de tout cela. La base des opérations de Capone à Cicero était l'Hawthorne Inn, au 4833 de la 22e rue. L’attaque qui avait coûté la vie à son frère lui fit renforcer la sécurité et il fortifia l’endroit, postant des hommes armés dans le hall et faisant poser des volets blindés aux fenêtres. Capone contrôlait à présent 161 bars clandestins à Cicero et 150 tripots. L’un d’entre eux, l’Hawthorne Smoke Shop, situé dans Hawthorne Inn, rapportait 50 000 dollars par jour. Capone possédait aussi 22 maisons de passe, ne se sentant plus lié à l’accord passé avec les O’Donnell. C’était des établissements de dernière catégorie où les filles se vendaient pour 5 dollars et où les clients attendaient assis sur des bancs de bois. Le chiffre d’affaires de l’empire de Capone avoisinait les 105 millions de dollars par an mais les coûts de fonctionnement étaient élevés. Les pots-de-vin à la police représentaient 30 millions à eux seuls. Malgré tout, les bénéfices restaient colossaux. Les hommes travaillant pour Capone gagnaient 250 dollars par semaine. Comparés aux employés de la Western Electric, ils étaient riches. Capone portait des costumes à 5000 dollars (et n’avait que 25 ans). Capone continue donc à prospérer des années durant. Éliminant sur son passage plusieurs adversaires tels O’Bannion et Weiss. Il continua sa vie de "pacha" dans le crime. Tous les meurtres qu’il commit restèrent impunis. Tous les procès contre les coups qu’il porta furent abandonnés soit faute de preuve, soit faute de témoin… En 1927, suite au procès opposant Sullivan (un gangster opérant dans la vente d’alcool illicite) au ministère public des États-Unis, la Cour suprême fit passer une loi autorisant le fisc à taxer les revenus de la vente illicite d’alcool au même titre que n’importe quel autre revenu. Même si la loi pouvait sembler absurde à première vue – pourquoi quelqu’un gagnant illégalement de l’argent irait-il le déclarer ?- elle devint vite une arme puissante contre les trafiquants. Ils pouvaient à présent être envoyés en prison pour fraude fiscale s’ils ne déclaraient pas la totalité de leurs revenus. Et s’ils la déclaraient, ils admettaient eux-mêmes leur participation à des activités illégales. Le bureau du procureur fédéral à Chicago estima à 105 millions de dollars le chiffre d’affaire de l’organisation de Capone, au titre du trafic d’alcool, du jeu, du proxénétisme et des rackets sur lesquels personne n’avait payé d’impôts. Une loi qui pourrait bien défaire l’empire Capone. Capone avait un train de vie très dispendieux et empruntait souvent de fausses identités, il était donc difficile de l’inculper.

[modifier] Le massacre de la Saint-Valentin

Icône de détail Article détaillé : Massacre de la Saint-Valentin.

Capone avait plusieurs adversaires. L’un d'eux, dirigeant un gang à majorité irlandaise, était particulièrement tenace. C’est pourquoi l’équipe de Capone mit en place une opération probablement imaginée par Jack McGurn, dans le but d’éliminer George Moran et les membres clés de son gang des quartiers nord. Capone quitta Chicago pour la Floride, laissant l’exécution du plan à la charge de Mcgurn, se taillant pour sa part un alibi parfait. Le quartier général de Moran était le garage de la SMS Cartage Company, au 2122 North Clark Street. Capone devait être certain que Moran et ses hommes soient tous réunis avant d’agir. Pour amorcer le piège il demanda à un braqueur de cargaison de Detroit de proposer à Moran de lui vendre un camion de whisky de contrebande (du Canada). Moran accepta de l’acheter et demanda qu’on lui amène le camion au garage à dix heures et demie du matin, le 14 février, jour de la Saint-Valentin.

À l’heure dite, en lieu et place du camion ce furent trois hommes portant l’uniforme de la police de Chicago et des mitraillettes Thompson qui se présentèrent accompagnés de deux hommes en civil. Leur voiture traversa la porte du garage. Il y avait là 7 personnes, 6 membres du gang et un respectable oculiste de Chicago, dont le seul crime était d’aimer fréquenter les gangsters. Les membres du gang ne s’en inquiétèrent pas outre mesure, pensant à une simple descente de police. On leur ordonna de s’aligner face au mur. Puis les « policiers » (des hommes de Capone) ouvrirent le feu, les tuant tous. Les experts en balistique retrouvèrent par la suite entre 80 et 100 balles de calibre 45. Bugs Moran, le chef du clan, visé par l'attaque mais qui, miraculeusement, ne s'était pas trouvé sur les lieux au moment du massacre, déclara: « Seul Capone tue des gens comme cela »

[modifier] Ennemi public numéro 1

La première arrestation d’Al Capone fut arrangée. Il fut décidé qu’à cause de la publicité du massacre de la Saint-Valentin, il serait plus sage de calmer l’opinion publique et de lui donner une peine d’au moins un an. Donc Capone et Hoff, le chef d’un poste de police de Chicago, se mirent d’accord pour qu’il soit arrêté pour cause de port d’arme illégal. Il fut donc condamné à un an de prison où il fit arranger sa cellule luxueusement (moquette et meubles anciens). Il fut libéré après dix mois de prison. Fait amusant, chaque policier ayant procédé à l’arrestation de Capone reçut 10 000 dollars pour sa capture.

Plusieurs manifestations anti-prohibition se faisaient sentir et l’opinion publique, suite au massacre de la Saint-Valentin, avait changé face à la mafia. Effectivement, avant le massacre, les syndicats du crime jouissaient d’une popularité inouïe. Procurant de l’alcool aux gens malgré la Prohibition, ils avaient le soutien populaire. Mais le massacre sanglant et immoral pour certains, choqua l’opinion publique. La mafia, n’ayant plus l’appui du public, devait se faire plus discrète. Et les manifestations anti-prohibition et anti-mafia se succédèrent, l’amendement 18 de la constitution semblait de plus en plus en passe de disparaître.

En 1930, alors que l’abrogation de la Prohibition devenait probable, un associé de Capone, Murray Llewellyn Humphreys, suggéra une autre source de revenus. Il avait remarqué que les marges sur le lait étaient plus importantes que sur le whisky de contrebande et le marché plus important, puisque les enfants en consommaient. Capone apprécia cette idée. Humphreys fit enlever le président du Syndicat local des livreurs de lait, touchant une rançon de 50 000 dollars, qu’il utilisa pour monter sa propre entreprise de livraisons, Meadowmoor Dairies et mina la concurrence en employant des chauffeurs non syndiqués. Les prix baissèrent, et bientôt Meadowmoor détint un monopole de fait sur ce marché, rare exemple de prise en main d’un marché, par un gang, à avoir bénéficié au public.

[modifier] La soupe populaire

À 31 ans, Capone était l’homme le plus puissant de Chicago. Son revenu net tiré des rackets et du proxénétisme était estimé à 6 millions de dollars par semaine. Pourtant, on était au début de la Grande Crise Années 1930 . On voyait partout dans le pays des entreprises faire faillite et des sommes folles être englouties par la bourse qui s’effondra le 29 octobre 1929, entraînant à sa suite les marchés financiers du monde entier. Début 1931, alors que la crise s’aggravait, des milliers de chômeurs se retrouvèrent dans les rues de Chicago. Capone saisit l’occasion de combattre son image d’ennemi public numéro 1 en ouvrant une soupe populaire sur South State Street pendant les mois d’hiver. Le jour de Thanksgiving, il donna à manger à plus de 5000 personnes. Ces preuves de bonne volonté aidèrent à améliorer son image auprès du peuple américain, mais ne fit rien pour calmer le fisc qui se demandait d’où sortait l’argent.

[modifier] La fin de Capone

Alcatraz, où Capone fut incarcéré
Alcatraz, où Capone fut incarcéré

Le fisc et la police, qui s’acharnaient toujours sur Scarface, n’étaient toujours pas capables de prouver ni ses meurtres, ni ses trafics d’alcool, ni ses rackets, les enquêteurs se concentrèrent donc sur les dépenses de ce dernier, les comparant méticuleusement à ses revenus déclarés. Le fisc enquêta dans les boutiques de Chicago et de Miami pour calculer le prix de ses meubles, de sa vaisselle et même de ses sous-vêtements. Après des centaines d’interrogatoires, il était clair que ses revenus étaient bien plus importants que ce qui était déclaré. On chiffra ses revenus nets en 1924 et 1929 à 1 035 654 dollars et 84 cents, représentant 215 080,48 dollars d’impôt. On lui laissa une chance de payer, il refusa. Le 5 juin 1931, il fut inculpé pour fraude fiscale, fut jugé le 7 octobre et condamné à 11 ans de prison et 80 000 dollars d’amende. Il passa d’une prison du comté de Cool à la prison d’État d’Atlanta, puis en 1934 à Alcatraz. En 1939, attaqué par la syphilis, il fut envoyé à Terminal Island, près de Los Angeles, puis rendu à sa famille. Capone mourut chez lui, d’une crise cardiaque, le 25 janvier 1947. Il fut inhumé au cimetière Mount Carmel de Chicago aux côtés de sa famille.

[modifier] L’après Capone

Quand Capone était arrivé à Chicago en 1921, la ville était un méli-mélo de gangs de différentes origines combattant pour un territoire. Dix ans plus tard, quand il fut envoyé en prison la situation avait bien changé. Quand la Prohibition fut abrogée le 5 décembre 1933 par le 21e amendement de la constitution des États-Unis, les vieux gangs avaient disparu, absorbés par l’organisation de Capone. Les autorités et le peuple américain croyaient qu’en éliminant Capone, en le confinant à Alcatraz, son gang s’effondrerait. La presse avait donné du gangster l’image du génie du crime, seul responsable de la corruption politique et de la violence qui tenait la ville. Mais tous étaient dans l’erreur. Bien sûr, Capone a instauré un modèle dans les organisations criminelles mais avec sa mort, l’organisation ne disparut pas. Capone avait fait de l’organisation de Torrio une entreprise moderne destinée à survivre à ses créateurs. La Prohibition lui avait permis d’amasser assez d’argent pour pouvoir créer et diversifier un réseau la liant à d’autres groupes criminels : à New York, dans le New Jersey, à Buffalo, à Cleveland, à Kansas City, au Canada et dans les Caraïbes : tous avaient été impliqués dans la production et la logistique de la contrebande d’alcool. Ces groupes, au départ indépendants, étaient maintenant en contact permanent. Toute la technologie moderne (téléphone, voiture, etc.) leur permit de faciliter les contacts et de créer un réseau très étendu du crime organisé dans différents domaines : drogue, prostitution, construction.

[modifier] Culture populaire

Al Capone est sans aucun doute le plus célèbre et le plus populaire des gangsters américains du XXe siècle. C’est à ce titre qu’il a fait l’objet de nombreux articles, livres et films. Les interprètes d’Al Capone au cinéma sont nombreux : citons en particulier Marlon Brando, Wallace Beery, Rod Steiger, Neville Brand, Jason Robards, Robert De Niro et Ben Gazzara.

À la télévision, la « légende » d’Al Capone constitue l’un des thèmes de la série des Incorruptibles, commencée en 1959 et adaptée par la suite au cinéma par Brian de Palma, qui a donné naissance au mythe d’une rivalité personnelle entre le tristement célèbre Balafré et l’Incorruptible Eliot Ness.

Mentionnons, pour finir, une apparition d’Al Capone dans l’album d’Hergé Tintin en Amérique, unique exemple dans les Aventures de Tintin, où l’on peut voir l’intrépide reporter affronter un personnage ayant vraiment existé.

[modifier] Filmographie

Quelques célèbres interprètes d'Al Capone au cinéma :

[modifier] Bibliographie

  • Roger Delorme, Al Capone et la guerre des gangs, Paris, Tallandier, 1986, ASIN 2235016928
  • J. Kobler, Al Capone et la guerre des gangs à Chicago, Paris, R. Laffont, 1972, ISBN B0000DL9JU
  • Robert Nippoldt, Danièle Ball-Simon (traduction), Gangsters de Chicago, Paris, La Joie de Lire, 2005, ISBN 2882583346
  • Neil Elliott, My years with Capone: Jack Woodford and Al Capone, Woodford Memorial Editions, Seattle 1985, ISBN 0960157441

[modifier] Lien externe

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Wikimedia Commons propose des documents multimédia libres sur Al Capone.