Hergé

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Georges Prosper Remi, dit Hergé (Etterbeek, 22 mai 1907 à 7H30 - Woluwe-Saint-Lambert, 3 mars 1983), était un auteur de bande dessinée belge francophone, particulièrement connu grâce aux Aventures de Tintin et Milou.

Sommaire

[modifier] Biographie

[modifier] Jeunesse

Georges Prosper Remi est né à Etterbeek, une commune de l'agglomération bruxelloise, le 22 mai 1907. Ses parents, Alexis Remi (18821970) et Élisabeth Dufour (18821946), appartiennent à la classe moyenne et vivent à Bruxelles. Son père était né d'une employée d'une maison de maître et d'un père inconnu, ce qui a fait évoquer à Serge Tisseron le poids d'un secret de famille dans une partie de son œuvre. Ses quatre années d'école primaire coïncident avec la Première Guerre mondiale (1914-1918), alors que sa ville est occupée par les Allemands ; le petit Georges montre déjà une grande affinité pour le dessin, les marges de ses cahiers sont remplies des aventures d'un petit garçon aux prises avec l'envahisseur. Hergé a également un frère, Paul, de cinq ans son cadet, né le 26 mars 1912 ; au début des années 50, Hergé, jugeant son comportement irrationnel, tentera sans succès d'adopter ses deux enfants, dont Georges Remi Jr., né en 1946.

Le jeune Georges Remi entame en 1920 ses études secondaires à l'Institut Saint-Boniface-Parnasse à Ixelles, un établissement où François Weyergans, lauréat du Prix Goncourt, a aussi mené sa scolarité. Il entre dans la troupe scoute du collège, où il recevra le nom totémique de Renard curieux. Là il créera une peinture monumentale sur un mur qui survit jusqu'à aujourd'hui [1]. Ses premiers dessins paraissent dans Jamais assez, le journal scout du collège, puis à partir de 1923, dans Le Boy-Scout belge, le mensuel des scouts de Belgique. Dès 1924, il signe ses illustrations du nom d'Hergé, formé phonétiquement de ses initiales RG=Hergé.

[modifier] Les débuts au Vingtième Siècle

[modifier] Premières armes

En 1925, Hergé est engagé comme employé au service des abonnements du journal catholique (et politiquement très à droite) Le Vingtième Siècle. En 1926, il crée Totor, CP des Hannetons pour Le Boy-Scout belge ; cette même année, ses parents tenteront en vain de lui faire suivre des cours de dessin à l'école Saint-Luc. Il effectue ensuite son service militaire en 1926-1927, service durant lequel il continue d'écrire les aventures de Totor, qu'il poursuivra jusqu'à l'été 1929 [2]. À son retour à la rédaction du Vingtième Siècle en août 1927, il a désormais les fonctions de reporter-photographe et dessinateur, avec l'appui du directeur, l'abbé Norbert Wallez, qui l'encourage à s'instruire et à se cultiver : Hergé effectue pour son journal des illustrations, des portraits, du lettrage ; il signe en outre des illustrations pour divers organes officiels de l'Action catholique de la jeunesse belge [2].

[modifier] Les débuts du Petit Vingtième

En 1928, Hergé est nommé rédacteur en chef du Petit Vingtième, le supplément jeunesse du Vingtième Siècle, créé pour l'occasion. Le premier numéro sort le 1er novembre. Il dessine avec un enthousiasme modéré Les Aventures de Flup, Nénesse, Poussette et Cochonnet, sur un scénario de Desmedt, un rédacteur sportif du journal. Pour le moment, les récits d'Hergé, y compris les aventures de Totor, restent encore des successions d'images, généralement muettes, sous chacune desquelles figure le récit ; mais il découvre à cette époque les comics américains et leur système de bulles, qui permettent aux personnages d'exprimer leurs pensées ou de parler directement dans le dessin : Hergé va passer progressivement du récit illustré à la bande dessinée [2].

Toujours en 1928, il se fiance avec Germaine Kieckens, secrétaire de l'abbé Wallez.

[modifier] Le Sifflet

Parallèlement, Hergé publie toujours dans d'autres revues : ainsi, dessine-t-il sept planches pour l'hebdomadaire satirique Le Sifflet, parmi lesquelles, dans le numéro du 30 décembre 1928, une histoire intitulée La Noël du petit enfant sage au contenu scatologique : le héros de ce récit dépose une assiette auprès du poêle en espérant que le Père Noël n'oublie pas d'apporter du pain d'épices ; son chien découvre plus tard le cadeau attendu en s'exclamant contrapétiquement « Joie ! Une pisse d'epain ! » ; après l'avoir mangé, il éprouve un besoin pressant, et ne pouvant faire sur le tapis, se soulage d'un étron dans l'assiette ; son maître découvre au matin, stupéfait, « le crime du chien ». On remarquera que le personnage de cette histoire ressemble étrangement à Totor et au futur Tintin (la houppe en moins) et que le chien est un fox-terrier semblable à ce que sera Milou. De plus, et pour la première fois, Hergé présente ses dialogues exclusivement au sein de bulles. L'auteur cachera autant qu'il le pourra l'existence de ces récits politiquement incorrects qui ne seront exhumés qu'en 1994 [3] [4].

[modifier] Tintin, Milou, Quick, Flupke et les autres

Le 10 janvier 1929, dans le numéro onze du Petit Vingtième paraît le premier épisode de Tintin au pays des Soviets : c'est le début des Aventures de Tintin et Milou. Le reporter et son fidèle fox-terrier parcourront le monde pendant plus de cinquante ans. Le récit est une commande directe de l'abbé Wallez et dénonce, non sans humour, le système bolchevique.

Le 23 janvier 1930, Quick et Flupke, deux garnements de Bruxelles, font leur première apparition.

La même année, Hergé se voit pourvoir un assistant en la personne de Paul Jamin qui sera plus tard connu en tant que caricaturiste sous le pseudonyme d'Alidor.

Le 8 mai, Tintin et Milou font un retour triomphal à la Gare du Nord de Bruxelles : Le Petit Vingtième a engagé un figurant, Lucien Peppermans, pour jouer le rôle de Tintin et publie un reportage relatant cette arrivée.

Tintin vient de terminer sa première aventure et en enchaîne une nouvelle : toujours à la demande de son directeur, Hergé envoie Tintin au Congo belge, via un récit à l'esprit missionnaire et colonialiste : Tintin au Congo. Le 9 juillet 1931, le journal organise à nouveau le retour de Tintin, dans une mise en scène similaire à celle organisée un an et demi plus tôt, mais avec un autre figurant, Henry Den Doncker [2].

En septembre, le reporter part pour le Nouveau Monde, dans Tintin en Amérique. Hergé commence à se documenter davantage, lisant notamment un ouvrage sur l'histoire des Peaux-Rouges.

Le 20 juillet 1932, Georges Remi épouse Germaine Kieckens.

En 1934, Casterman, l'éditeur de Tournai, commence à publier les albums de Tintin : jusque là, ce sont Les éditions du Petit Vingtième qui s'en chargeaient. La même année, Hergé publie dans Le Petit Vingtième un récit baptisé Les Aventures de Popol et Virginie au Far West, (édité ensuite en album sous le titre Popol et Virginie chez les Lapinos). Ce sera l'unique histoire d'Hergé mettant en scène des animaux anthropomorphes.

[modifier] Extension de l'œuvre d'Hergé

[modifier] Tchang Tchong-Jen

Après les Cigares du pharaon, Hergé désire envoyer son héros en Chine. On le met en contact avec un jeune chinois, Tchang Tchong-jen, étudiant à l'Académie royale des beaux-arts de Bruxelles. Celui-ci pousse Hergé à s'informer et à se documenter sérieusement sur les pays que visite Tintin. Il le sensibilise à la situation en Chine. À travers le Lotus bleu, première aventure de Tintin dotée d'un scénario solide, Hergé prend position en faveur du peuple chinois, qui subit l'occupation japonaise. On est loin des premières aventures de Tintin, où Hergé ne faisait que refléter la mentalité de son époque et de son milieu : l'anticommunisme virulent (Tintin au pays des Soviets) et le colonialisme (Tintin au Congo) ou l'anti-américanisme (Tintin en Amérique), très à la mode à l'époque. Pour Hergé, la bande dessinée devient de moins en moins un amusant passe-temps, et de plus en plus un travail très sérieux.

[modifier] Jo, Zette et Jocko

En 1935, l'hebdomadaire français Cœurs Vaillants trouve que Tintin n'est pas forcément un bon modèle pour la jeunesse : pas de parents connus, il ne va pas à l'école, il ne travaille pas beaucoup… Hergé avait pourtant été contacté plusieurs années avant pour la parution de Tintin première manière dans Cœurs Vaillants, mais ce journal estimait une bande à base de seuls phylactères trop peu littéraire pour son public (les « histoires à ballons » comme on les nommait alors étaient considérées comme appauvrissant le vocabulaire des jeunes lecteurs compte tenu de leur absence de texte narratif et descriptif). Il demanda donc des commentaires en-dessous de chaque image, comme dans les œuvres du siècle précédent de Christophe. Hergé s'y essaya, et on peut parfois voir dans les expositions qui lui sont consacrées une partie de ces essais, mais au bout du compte, il considéra que ce style était trop redondant et brisait de surcroît le rythme des scènes d'action. L'affaire était alors restée sans suite.

Le journal, qui a fini par s'ouvrir sur les « histoires à ballons », passe commande à Hergé d'une nouvelle série : Jo, Zette et Jocko. La revue catholique souhaite avoir une histoire qui met en scène une "famille" (Tintin n'a pas de parents). Trois histoires seront publiées sous forme de cinq albums.

[modifier] Période 1935-1940

Entre 1935 et 1940, paraissent successivement :

  • L'Oreille cassée (1935) dans laquelle Hergé transpose la guerre du Chaco entre la Bolivie et le Paraguay sur fond de combinations entre différentes compagnies pétrolières
  • L'Île Noire (1937), qui fait suite à un voyage d'Hergé en Grande-Bretagne, et qui évoque les faux billets émis par les nazis (le docteur Müller est un Allemand) pour fragiliser les démocraties européennes
  • Le Sceptre d'Ottokar (1938), récit d'un Anschluss qui va être déjoué, la tentative de coup d'Etat étant montée par un certain "Musstler", et dont le nom[5] n'est pas sans évoquer la contraction de ceux de Mussolini et Hitler, les deux dictateurs du moment. Cet ouvrage est sans équivoque en faveur d'un régime royaliste (la Belgique) victime des sombres machinations du régime totalitaire voisin (l'Allemagne) ici dénoncé.

La parution de Tintin au pays de l'or noir, débutée en 1939, est interrompue par la mobilisation de Georges Remi, puis par l'invasion allemande de la Belgique. Le Vingtième Siècle et son supplément jeunesse disparaissent. Hergé ne poursuivra ce récit qu'en 1948, en le reprenant depuis le début et en le remaniant. En 1971, à la demande de ses éditeurs anglais, Hergé modifiera certains éléments de l'histoire trop près de l'actualité de 1948. Ainsi, les luttes entre terroristes juifs et arabes pour le contrôle de la Palestine disparaissent. A noter qu'Hergé trouvera en fin de récit une pirouette, que l'on peut trouver frustrante, pour expliquer l'absence, tout au long de l'album, du capitaine Haddock, devenu entretemps un personnage incontournable des aventures de Tintin.

[modifier] Hergé sous l'Occupation

[modifier] Parcours professionnel d'Hergé durant cette période

Juste avant la guerre, Hergé prête son concours à un journal financé par l'ambassade d'Allemagne à Bruxelles: L'Ouest, dont le rédacteur en chef était le journaliste belge Raymond de Becker et y publie une série qualifiée aujourd'hui de "neutraliste" (il s'agit en réalité 4 strips anti-bellicistes parus du 7 au 28 décembre 1939) intitulée les Aventures de Mr Bellum. À partir de 1940, le Vingtième Siècle, pour lequel Hergé travaillait, arrête sa parution ; le dessinateur est embauché dès octobre par le quotidien belge Le Soir, qui reparaît sans l'accord de ses propriétaires, ce qui vaudra au journal le surnom de Le Soir volé, sous le contrôle de l'occupant et la direction de Raymond de Becker. Le 17 octobre, Tintin est de retour dans un supplément hebdomadaire intitulé Le Soir jeunesse, supplément qui disparaîtra à l'automne 1941 suite entre autres à des restrictions de papier, Hergé publiant dès lors les aventures de Tintin au rythme d'un strip quotidien, à côté des cours de la bourse[2]. Ainsi paraissent Le Crabe aux Pinces d'Or, (une aventure marquée par l'apparition du capitaine Haddock et dans laquelle Tintin s'attaque à des trafiquants), puis L'Étoile Mystérieuse (récit d'une expédition scientifique à la recherche d'une météorite), Le Secret de la Licorne et Le Trésor de Rackham le Rouge (une course au trésor s'étalant sur deux volumes, et menée avec l'aide d'un nouveau venu, le professeur Tournesol), et enfin Les Sept Boules de cristal (une variante de la malédiction de la momie).

Alors qu'avant la guerre Hergé n'hésitait pas à s'inspirer du climat politique ambiant, il prend soin désormais d'écrire des récits d'évasion, évitant de faire référence à la situation politique internationale. Seule L'Etoile mystérieuse, malgré un scénario anodin, reflète l'époque à laquelle elle a été écrite : les scientifiques participant à l'expédition sont tous ressortissants de pays neutres ou alliés de l'Allemagne, le navire concurrent est américain (Hergé remplacera ultérieurement les Etats-Unis par l'état fictif du Sao Rico), son financier au nez proéminent rappelle clairement les caricatures antisémites de l'époque, il porte d'ailleurs un nom à consonance juive, Blumenstein (il sera ensuite rebaptisé Bohlwinkel), et un dialogue fait allusion à l'avarice des commerçants juifs (dans un passage coupé lors de la parution en album).

C'est en 1943 qu'Hergé rencontre Edgar P. Jacobs. Le futur créateur de Blake et Mortimer l'aide à refondre ses anciens albums, pour les coloriser et les faire tenir dans le cadre strict des soixante-deux pages, l'éditeur Casterman étant lui aussi touché par les restrictions de papier dues à la guerre ; jusqu'ici, certaines des aventures de Tintin faisaient jusqu'à cent trente pages.

La parution des Sept Boules de cristal est interrompue à la Libération, le 3 septembre 1944. En quelques jours, Hergé est arrêté à quatre reprises et presque immédiatement relâché, successivement par la Sûreté de l'État, la police judiciaire, le Mouvement National Belge et le Front de l'indépendance. Tous les journalistes ayant participé à la rédaction d'un journal pendant l'Occupation se voient ainsi interdire provisoirement toute publication.

[modifier] Les accusations

Les caricatures antisémites d'Hergé parues dans la presse ou dans des livres [6] ; son admiration pour le curé, antisémite[7] et admirateur de Mussolini[8], Norbert Wallez ; ses relations avec les catholiques ultra-conservateurs et l'extrême-droite rexiste [9] ; son comportement équivoque pendant l'Occupation lui vaudront d'être inquiété après la Libération de la Belgique.

[modifier] Antisémite

Si l’on peut considérer que ces caricatures sont révélatrices de la pensée collective dominante de l'époque où elles ont été réalisées, certains considèrent qu'il n’en demeure pas moins qu’Hergé eut une attitude plus qu'équivoque durant l'occupation nazie.

Même si pendant la guerre, Hergé a soigneusement évité de faire référence à la situation politique dans ses œuvres, on notera que la première édition de L'Étoile Mystérieuse [10] raconte une course entre deux équipes : une expédition américaine dirigée par un Juif sournois (Blumenstein) et une expédition regroupant les pays de l'Axe et des pays neutres, dirigée par un Allemand. Or, au moment où les États-Unis entrent en guerre contre l'Allemagne nazie, Tintin se joint à l'équipe scientifique allemande plutôt qu'au camp américain.

Le nom de Blumenstein sera dans des versions ultérieures remplacé par Bohlwinkel et le pavillon américain par celui d'un pays imaginaire. Hergé s’explique :

« J'ai effectivement représenté un financier antipathique sous les apparences sémites, avec un nom juif: le Blumenstein de L'étoile mystérieuse. Mais cela signifie-t-il antisémitisme?... Il me semble que, dans ma panoplie d'affreux bonshommes, il y a de tout: j'ai montré pas mal de "mauvais" de diverses origines, sans faire un sort particulier à telle ou telle race. On a toujours raconté des histoires juives, des histoires marseillaises, des histoires écossaises. Ce qui, en soi, n'a rien de bien méchant. Mais qui aurait prévu que les histoires juives, elles, allaient se terminer, de la façon que l'on sait, dans les camps de la mort de Treblinka et d'Auschwitz?... A un moment donné, j'ai d'ailleurs supprimé le nom Blumenstein et je l'ai remplacé par un autre nom qui signifie, en bruxellois, une petite boutique de confiserie: bollewinkel. Pour faire plus "exotique" je l'ai ortographié Bohlwinckel. Et puis, plus tard, j'ai appris que ce nom était, lui aussi, un véritable patronyme israélite![11]. »

L’édition originale parue dans Le Soir[12] montre également deux Juifs aux physiques et aux noms évocateurs (Salomon et Isaac) s'exprimant en ces termes alors que la fin du monde approche :

  • Salomon : « tu as entendu Isaac ? ...La fin du monde !.. Si c’était vrai ? »...
  • Isaac : « Hé ! Hé ! ...Ce serait une bonne bedide avaire, Salomon ! Che tois 50.000 Frs à mes vournisseurs... gomme za che ne tefrais bas bayer...[13]

Lorsque le Soir publie ces strips d’Hergé, nous sommes le 11 novembre 1941. Si on ne peut pas reprocher à Hergé son ignorance du génocide qui était en cours (fin 1941, les massacres n’avaient pas encore touché l’Europe de l’Ouest), il est possible de lui reprocher son manque de cœur à l’égard des Juifs : ceux-ci sont, en Belgique depuis le 28 octobre 1940, l’objet des pires vexations de la part des autorités nazies : ils sont exclus des Universités, des écoles, de tous les conseils d’administration ; ils ne peuvent exercer aucune fonction ou activité professionnelle, etc.[14] Les Juifs étaient nombreux à Bruxelles (surtout suite à la vague de réfugiés juifs en provenance du Troisième Reich et de Tchécoslovaquie), Hergé savait que les Juifs souffraient de ces exclusions. En 1941, il savait que les Juifs n’avaient plus de « vournisseurs », ni même de commerces...

Il est vrai que Hergé, à travers Tintin, défend vigoureusement la Chine soumise aux exactions japonaises[15], à des milliers de kilomètres de la Belgique, mais il ne semble pas faire preuve de la même considération pour les Juifs sur le palier de sa porte[16]. À aucun moment, il n’a émis le moindre remords, ni la moindre excuse pour n’avoir jamais représenté un Juif autrement que négativement[17].

[modifier] Profiteur de guerre ?

Maxime-Benoît Jannin s'est fait connaître par ses critiques envers Hergé, déclarant que ce dernier a profité de la situation, puisque le journal pour lequel il travaillait (Le Vingtième Siècle) ne pouvant plus paraître, il va publier ses dessins dans Le Soir passé aux mains des partisans de l'Ordre Nouveau et de la propagande allemande. Et donc d'un journal tiré à 15 000 exemplaires à un journal tiré à 200 000 puis 300 000 exemplaires. Jannin ajoute : De l'effondrement de 1940, date, il faut s'en souvenir, l'entrée d'Hergé dans le succès et son corollaire, la richesse..., ainsi, Hergé vendit 600 000 albums durant l'occupation. Le même auteur a cherché à montrer à charge qu'il y avait une proximité entre le futur directeur du « Soir volé », Raymond De Becker, et Hergé, qu'il existait des sympathies du dessinateur de Tintin pour Léon Degrelle et les rexistes. Hergé a illustré la brochure de ce dernier « Histoire de la guerre scolaire », en 1932[18] et a fait des caricatures de la position de la France en décembre 1939 dans l'éphémère hebdomadaire L'Ouest.

[modifier] « Providence des inciviques » ?

Certains accuseront aussi Hergé d'être la « providence des inciviques » [19] pour avoir aidé après la libération des personnes qu'il considérera comme « des victimes faciles des résistants de la dernière heure », et qu'il trouvait injustement traitées alors que d'autres ne furent pas inquiétées (il fera référence aux bouchers et boulangers qui vendaient à toute la population, occupants compris). Selon lui, ils continuaient simplement, à faire leur métier[réf. nécessaire].

[modifier] Le journal de Tintin et les Studios Hergé

Interdit de publication, Hergé ne peut (même sous le pseudonyme de Olav (pris en commun avec E. P. Jacobs)[20] continuer à travailler, sauf à la refonte de ses anciens albums. En 1946, il est contacté par un ancien résistant, Raymond Leblanc, qui lui propose de créer un journal. Le 26 septembre 1946 paraît le premier numéro de l'hebdomadaire Tintin. De nombreux dessinateurs viennent collaborer au magazine. Les aventures de Tintin se poursuivent: Le Temple du Soleil en 1946 (qui poursuit l'intrigue des Sept Boules de cristal ), Au pays de l'or noir en 1948 qui reprend l'histoire interrompue par le début de la guerre, Objectif Lune en 1950 et On a marché sur la Lune. Hergé désirant être particulièrement rigoureux et voulant se documenter au maximum pour ces aventures lunaires, il fonde en 1950 les Studios Hergé. Ces studios compteront jusqu'à une dizaine de collaborateurs qui aideront Hergé dans sa tâche. Les aventures de Tintin continuent d'être publiées dans le journal éponyme et ce seront: L'Affaire Tournesol (1955) puis Coke en stock (1958) et Tintin au Tibet (1958)

Icône de détail Article détaillé : Studios Hergé.

[modifier] Crise personnelle

Une liaison a débuté en 1956 entre Georges Remi et Fanny Vlamynck, coloriste aux Studios. Son mariage avec Germaine se brise (le divorce ne sera prononcé qu'en 1960, et Georges ne se mariera avec Fanny qu'en 1977). De plus, Hergé est assailli par des cauchemars récurrents, où tout est blanc. Il consulte un psychanalyste suisse, élève de Jung, qui lui conseille d'arrêter de travailler. C'est pourtant à travers Tintin au Tibet, sans doute son album le plus sombre et le plus intense, qu'Hergé exorcisera ses démons. C'est également à partir de 1960 qu'il découvre l'art contemporain, qui deviendra une passion chez lui.

[modifier] Tintin sous toutes les formes

Tintin devient un succès mondial. Les ventes d'albums s'envolent, il est traduit en un nombre toujours plus grand de langues, et il commence à intéresser les publicitaires. Tintin est adapté au cinéma, d'abord sous forme de films avec acteurs (Tintin et le mystère de la Toison d'or en 1960, Tintin et les oranges bleues en 1964). C'est un jeune belge, Jean-Pierre Talbot, qui interprète le rôle de Tintin. Des dessins animés sont ensuite produits par les studios Belvision. On retiendra notamment une adaptation du Temple du Soleil (1969), et une aventure sur un scénario original de Greg, Tintin et le lac aux requins, réalisée par Raymond Leblanc en 1972 (ainsi qu'un film publicitaire de 10', Tintin et la SGM en 1970, toujours par Belvision).

Simultanément, les parutions des aventures de Tintin s'espacent de plus en plus : Les Bijoux de la Castafiore en 1963, Vol 714 pour Sydney en 1968 et Tintin et les Picaros en 1976. Un portfolio (le seul de l'auteur) sort aussi en 1966 chez Casterman (les 8 Portraits "Tintin", au pelliculé fripé), ainsi qu'une histoire en 4 planches pour Paris Match, Apollo XII - Ils ont marché sur la Lune, en 1969. Tintin est moins une priorité pour Hergé, qui se met à voyager : en 1971, il va pour la première fois aux États-Unis, puis il honore en 1973 une invitation faite trente-cinq ans plus tôt par le gouvernement du Guomindang (pour le remercier de la prise de position en faveur du peuple chinois dans Le Lotus bleu) en se rendant à Taiwan.

[modifier] Les dernières années

En 1978, Hergé débute son travail pour un nouvel épisode de Tintin.

L'année suivante, Andy Warhol réalise sur lui une série de quatre portraits, et les éditions Septimus rééditent en six tomes les Chromos Voir et Savoir du journal Tintin des années 1950, consacrés aux différents moyens de transports humains à travers le temps, avec Tintin et Milou dans divers costumes pour support introductif aux images (les voitures, avions, bateaux et autres aérostats ayant été reproduits par Bob de Moor, Roger Leloup et Jacques Martin : ce dernier reprendra cette idée didactique 45 ans plus tard, pour ses Voyages de Lefranc).

En 1980, Georges Remi tombe malade. Une leucémie sera diagnostiquée par la suite. Il est anémié et très faible. Le 18 mars 1981 ont lieu les retrouvailles entre Hergé et Tchang Tchong-jen, l'ami chinois qui avait inspiré le Lotus bleu et le personnage de Tchang, le seul qui aura pu tirer des larmes à Tintin (Tintin au Tibet).

Hergé s'éteint après une semaine de coma le 3 mars 1983 à la clinique Saint-Luc située dans la périphérie bruxelloise. Bien qu'il soit officiellement mort de leucémie, Philippe Goddin, un de ses plus célèbres biographes, affirme qu'Hergé pourrait être mort du SIDA. En effet, à cause d'une maladie congénitale rare, Hergé devait changer son sang régulièrement (« faire le plein » disait-il). Or à cette époque le VIH était très mal connu et encore indétectable dans le sang. Hergé aurait donc contracté le SIDA lors d'une de ces transfusions ce qui expliquerait les fréquentes grippes, pneumonies et bronchites qu'il avait à répétition à la fin de sa vie.[21] Grâce à une dérogation exceptionnelle, l'autorisation est accordée, suivant le souhait d'Hergé, d'être inhumé dans le cadre du cimetière du Dieweg, qui n’accueillait plus de nouvelle sépulture depuis une trentaine d'années.

Tintin et l'Alph-Art, la dernière aventure du reporter, paraît sous sa forme inachevée en 1986 (une seconde version présentant des planches inédites a été publiée en 2004).

Ce sera ensuite l'occasion de publications parfaitement apocryphes qui, en reprenant le style et le synopsis de l'auteur, proposeront différentes fins.

On dénombre à présent plus d'une centaine d'albums, de qualités très variables tant dans le dessin que le texte, plagiant, parodiant, détournant ou rendant hommage à Hergé et à ses personnages clefs. Leur diffusion se fait de façon confidentielle car ils sont pousuivis farouchement par les héritiers des droits d'auteurs qui exploitent à présent commercialement la marque et ses très nombreux produits dérivés.

L'œuvre d'Hergé fait aussi l'objet d'un très grand nombre d'études, publications, colloques, livres, articles, rencontres, séminaires ou sujets de mémoires et thèses.

[modifier] Distinctions autour de l'Univers Tintin

(et les Éditions Casterman en 1978 pour leur déclinaison pour adultes (A SUIVRE) : Yellow Kid du Meilleur éditeur étranger de Bandes Dessinées )

[modifier] Bibliographie

Les études, travaux et publications sont si nombreux que l'on ne peut être exhaustifs. Néanmoins méritent d'être considérés par les amateurs:

  • Le monde de Tintin par Paul Vandromme, éditions Gallimard, 1959.
  • Spécial Hergé collectif pour Schtroumpf les cahiers de la bande dessinée, 1971.
  • Hergé écrivain par Jan Baetens, éditions Labor, Bruxelles, 1989.
  • Spécial Hergé collectif hors-série du fanzine A Suivre, 1983.
  • Tintin et le secret d'Hergé par Serge Tisseron, éditions Presses de la Cité, Paris, 1993.
  • L'archipel Tintin, par Albert Algoud, Jean-Marie Apostolidès, Dominique Cerbelaud, Benoît Peeters et Pierre Sterckx, éditions Impressions Nouvelles ISBN 2-906131-70-9.
  • Hergé par Benoit Peeters, editions Décembre, Bruxelles, 1981. Accompagné d'une cassette audio avec des interviews d'Hergé à la R.T.B.F.
  • Nous Tintin, ouvrage collectif pour Télérama sous la direction de Michel Daubert, éditions Moulinsart, 2004 ISBN 2-874-24050-8.
  • Tintin et moi, entretiens avec Hergé, par Numa Sadoul, publié aux éditions Casterman, 1975.
  • Le monde d'Hergé, par Benoît Peeters, publié aux éditions Casterman, 1983.
  • Générations Hergé par Olivier Delcroix, édition des Equateurs, 2006.
  • Hergé et Tintin reporters par Philippe Goddin, éditions du Lombard, Bruxelles, 1986.
  • Hergé, fils de Tintin par Benoît Peeters, publié aux Éditions Flammarion, 2006.
  • A l'ombre de la ligne claire par Benoît Mouchart, éditions Vertige graphic, 2002 ISBN 2-908-98171-8 .
  • Chronologie d'une œuvre par Philippe Goddin, publié aux éditions Moulinsart.
  • Hergé par Pierre Assouline, Plon, 1996.
  • Tintin, les secrets d'une oeuvre collectif hors-série de Lire, 2006
  • Hergé par Alain Bonfand et Jean-Luc Marion, Hachette, coll. Coup double, 1996.
  • Le monde inconnu d'Hergé par Bertrand Portevin, Dervy, Paris, 2001.
  • Le Mythe Hergé par Maxime Benoît-Jeannin, éditions Golias, 2001.
  • Le démon inconnu d'Hergé par Bertrand Portevin, Dervy, Paris, 2004.
  • Tintin et le mythe du surenfant par Jean-Marie Apostolidès, éditions Moulinsart, 2003.
  • Tintin and the secret of litterature par Tom Mc Carthy, éditions Granta,
  • Jules Verne et Hergé par Bob Garcia, éditions Mac Guffin, 2005.
  • Tintin est-il de droite ou de gauche, la transcription du débat parlementaire du 3 février 1999 publié chez l'Archer, collection Antidote.
  • Tintin, le rêve et la réalité par Michael Farr, éditions Moulinsart,2001.
  • Tintin au pays des savants ouvrage collectif dirigé par Sven Orti pour Sciences & Vie, éditions Moilinsart, 2003.
  • Tintin reporter du siècle ouvrage collectif pour Le Figaro, numéro hors-série, 2004.
  • Tintin à Baker Street par Bob Garcia, éditions Mac Guffin, 2005.
  • Les Guerres d'Hergé. Essai de paranoïa-critique, par Maxime Benoît-Jeannin, éditions Aden, 2007 ISBN 2-930402-23-7.
  • Tintin, grand voyageur du siècle collectif hors-série de Geo, 2000.
  • Dossier Tintin par Frederic Soumois, publié chez Jacques Antoine, Bruxelles, 1987.
  • Tintin chez Jules Verne par Jean-Paul Tomasi et Michel Deligne, Claude Lefrancq, Bruxelles, 1998.
  • L'école d'Hergé par François Rivière, éditions Jacques Glénat, Grenoble, 1976.
  • Tintin chez le Psychanalyste par Serge Tisseron, editions Aubier Archimbaud, Paris, 1985.
  • Les métamorphoses de Tintin par Jean-Marie Apostolidès, Seghers, Paris, 1984.
  • Tintin, Haddock et les bateaux par Yves Horeau, éditions Moulinsart, 1999.
  • Hergé mon ami par Michel Serres, éditions Moulinsart
  • D'Abdallah à Zorrino par Cyrille Mozgovine, éditions Casterman
  • Les aventures d'Hergé, biographie en bande dessinée par Bocquet, Fromental, Stanislas, éditions Reporter, 1999, réédité en 2007, ISBN 978-2-908710-45-8.

[modifier] Musée

Un musée sera ouvert à Louvain-la-Neuve au parc de la Source à partir de 2009. La première pierre a été posée par Fanny le 22 mai 2007, jour du centenaire de la naissance d'Hergé.

[modifier] Notes et références

  1. Mural d'Hergé trouvé sur un mur
  2. abcde Pierre Assouline, Hergé, Plon, 1996.
  3. Volker Hamann, Hergé, Eine Illustrierte Bibliographie, Ed. Alfons,Barmstedt, 2007, p. 07.
  4. (en) Hergé & the clear line : part 1, Paul Gravett.
  5. Anton Adriaen Mussert(1894-1946) fut le chef d'un organisation fascite puis nazie aux Pays-Bas
  6. Hergé illustra de deux caricatures antisémites le recueil de fables de Robert de Vroylande. C.F. Anne Morelli, les Grands mythes de l'histoire de Belgique de Flandre et de Wallonie
  7. Anne Morelli, Les grands mythes de l'histoire de Belgique de Flandre et de Wallonie, Evo-histoire, Bruxelles, 1995, p.283
  8. Anne Morelli, Les grands mythes de l'histoire de Belgique de Flandre et de Wallonie, Evo-histoire, Bruxelles, 1995, p.283
  9. Anne Morelli, Les grands mythes de l'histoire de Belgique de Flandre et de Wallonie, Evo-histoire, Bruxelles, 1995, pp.282-283
  10. Publiée en 1941 dans le Soir.
  11. Numa Sadoul, Entretiens avec Hergé, édition définitive, Casterman, 1989, p.251
  12. Le Soir, 11 novembre 1941.
  13. En français correct : Hé ! Hé ! ...Ce serait une bonne petite affaire, Salomon ! Je dois 50.000 Frs à mes fournisseurs... comme ça je ne devrais pas payer...
  14. Anne Morelli, Op.Cit., p.286.
  15. Le Lotus bleu
  16. Anne Morelli, Op.Cit., p.287.
  17. Anne Morelli, Op.Cit., p.287.
  18. Petit rappel sur la jeunesse d'Hergé et les années de guerre avec illustration de la couverture du livre sur le site Tintin est vivant
  19. L'Histoire-n°317-février 2007- page 12
  20. Hergé est scénariste avec Edgar P. Jacobs de Tom Colby - Le Canyon Mystérieux, coll. Document n°1, éd. Magic Strip-diffusion Futuropolis, en 1979 -synopsis de 1945 pour le dessinateur Paul Cuvelier)
  21. [1] Hergé mort du SIDA, Le Figaro, 22/05/2007

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes


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