Agathe de Rambaud

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Agathe de Rambaud
Agathe de Rambaud âgée, par le peintre Jacques Commarmond, d'après des gravures des années 1830
Agathe de Rambaud âgée, par le peintre Jacques Commarmond, d'après des gravures des années 1830
Nom Agathe Rosalie Mottet
Naissance 10 décembre 1764
à Versailles (paroisse Saint-Louis)
Décès 19 octobre 1853 (à 88 ans)
à Aramon (Gard)
Nationalité Française
Profession berceuse des enfants de France
Distinctions Pensionnaire de l'ancienne liste civile
Autres fonctions Femme de chambre du Dauphin, fils de Louis XVI
Famille Famille Mottet

Agathe de Rambaud, née Agathe-Rosalie Mottet, est née à Versailles et a été baptisée dans l'église Saint-Louis de Versailles[1] le 10 décembre 1764[2]. Elle est morte à Aramon, dans le Gard, le 19 octobre 1853 et a été enterrée au cimetière Saint-Véran, à Avignon.

Elle a été femme de chambre de Marie-Antoinette, berceuse des enfants de France, attachée à la personne du Dauphin de 1785 à 1792.

Sommaire

[modifier] Avant la Révolution

Agathe Mottet est la fille de Louis Melchior Mottet, commissaire général responsable des colonies[3] et de Jeanne Agathe Le Proux de La Rivière, elle-même fille d'un premier commissaire de la Marine. Son père est le fils du baron Claude Nicolas Louis Mottet de La Motte, seigneur de la Motte, officier dans la vénerie du roi, baron fieffé de de l'abbaye Saint-Corneille, et Agathe est la nièce du baron Benoît Mottet de La Fontaine, commissaire-ordonnateur des établissements français de l'Inde, gouverneur de Pondichéry[4].

On donne quelquefois à Agathe de Rambaud, née Mottet, le titre de comtesse de Ribécourt [5] qui est alors usité comme titre de courtoisie.

Agathe de Rambaud à l'époque où elle se charge de l'éducation du duc de Normandie, qui devient le Dauphin à la mort de son frère ainé.
Agathe de Rambaud à l'époque où elle se charge de l'éducation du duc de Normandie, qui devient le Dauphin à la mort de son frère ainé.

Agathe Mottet épouse André Rambaud, dont le père appartenait à la bourgeoisie de Marseille[6], capitaine et chevalier de l'Ordre de Saint-Louis, le 7 mars 1785, à Versailles, en l’église Saint-Louis[7]. Les témoins du marié sont le bailli Pierre André de Suffren et Louis Thomas Villaret de Joyeuse. Elle devient par son mariage la belle-sœur de Georges-René Pléville Le Pelley, capitaine des vaisseaux du roi, futur amiral et ministre de la Marine et des Colonies sous le Directoire.

Agathe de Rambaud est choisie par la reine pour être la berceuse du duc de Normandie, né en 1785, qui devient le Dauphin à la mort de son frère aîné Louis de France (1781-1789). Alain Decaux écrira : Madame de Rambaud a été placée auprès du Dauphin depuis le jour de sa naissance jusqu'au 10 août 1792, soit pendant sept ans. Durant ces sept ans, elle ne l'a pas quitté, elle l’a bercé, elle l’a soigné, elle l’a vêtu, elle l’a consolé, elle l’a grondé. Dix fois, cent fois plus que Marie-Antoinette, elle a été pour lui, une véritable Mère[8]

Auguste de Rambaud, son premier enfant, naît le 11 janvier 1786 et est baptisé[9] le lendemain à la paroisse Saint-Louis de Versailles. Le parrain est son oncle Georges-René Pléville Le Pelley.

Quand naît Madeleine Célinie de Rambaud, le 29 juillet 1787 à Versailles, son père n'y est déjà plus. Il a été nommé commandant de trois forts et gouverneur du royaume de Galam, pour la compagnie du Sénégal[10].

Son mari, André de Rambaud, est tué en 1789 au fort Saint-Joseph de Galam, situé à cinq cents kilomètres des côtes du Sénégal.

[modifier] De la Révolution à l'Empire

Son beau-frère, le ministre Georges-René Pléville Le Pelley, peint à Versailles, au moment de la naissance de son fils, dont il est le parrain.
Son beau-frère, le ministre Georges-René Pléville Le Pelley, peint à Versailles, au moment de la naissance de son fils, dont il est le parrain.

L'assassinat du maire Jacques Guillaume Simonneau, beau-frère de l'une de ses tantes, le 3 mars 1792 à Étampes l'effraie et les imposantes cérémonies qui suivent ne la rassurent pas.

Le 10 août 1792, Agathe de Rambaud fuit du Palais des Tuileries avec Jean-Baptiste Cléry – qui, longuement, parle d'elle dans son Journal de ce qui s'est passé à la tour du Temple pendant la captivité de Louis XVI. Ils évitent de peu la prison de l'Abbaye.

Dès les premiers jours de l'emprisonnement de la famille royale, Madame de Rambaud demande en vain à servir à la prison de la Tour du Temple le Dauphin, Louis-Charles, et ses parents.

Agathe de Rambaud n'émigre pas ; elle doit toutefois se cacher du fait de ses anciennes fonctions, comme le font également certains membres de sa parenté. Après la chute de Robespierre, la plupart de ses proches, qui étaient épris d'idées nouvelles et francs-maçons, servent avec zèle le Directoire, le Consulat et le Premier Empire.

Elle devient la proche parente de plusieurs ministres, du maire de Toulouse, le savant Philippe-Isidore Picot de Lapeyrouse[11], et de généraux.

Georges-René Pléville Le Pelley, ministre et beau-frère de Madame de Rambaud obtient un poste pour son père, sans revenu depuis 1792.

[modifier] La Restauration

Sa bru, Françoise Gaudelet d'Armenonville, remariée au comte d'Allonville.
Sa bru, Françoise Gaudelet d'Armenonville, remariée au comte d'Allonville.

Auguste, son fils, donne sa démission et rejoint les troupes alliées, puis le roi, à Compiègne le 29 mars 1814. La famille se rallie au nouveau régime. Toutefois, les illusions disparaissent rapidement. Agathe ne touche qu'une pension de mille francs du roi, à partir du 6 septembre 1815, en tant qu’ancienne attachée à la personne du Dauphin. Son fils, Auguste de Rambaud, commissaire des guerres à Gand, est mis en demi-solde.

Agathe de Rambaud revoit à Montfort-l'Amaury la duchesse d'Angoulême, la duchesse de Berry, et Louise-Elisabeth de Croÿ de Tourzel, chez l'oncle de sa bru, Françoise Gaudelet d'Armenonville, le général-comte Louis Groult des Rivières, ancien capitaine-colonel en survivance de la Compagnie des Suisses de Monsieur le comte d’Artois.

Quand Louis XVIII meurt, Agathe de Rambaud est reçue à la Cour plus régulièrement. Sa petite-fille se souviendra avoir vu sa grand-mère discuter avec la la duchesse d'Angoulême, lors du passage du roi de Naples, en 1827, au château, où Charles X, posant sa main sur nos têtes, chacun nous demandant notre âge, causait quelques instants avec notre grand-mère et s'informait de ce qui l'intéresse[12].

Madame de Rambaud fréquente la bonne société parisienne, aussi bien les amis du duc Sosthène de La Rochefoucauld, qui écrira : Madame de Rambaud fut une femme fort honnête[13], que ceux du comte Charles d'Hozier, ou bien encore de Philippe Louis Marc Antoine de Noailles, prince de Poix.

[modifier] La Monarchie de Juillet

Agathe de Rambaud en 1835.
Agathe de Rambaud en 1835.

Les Trois Glorieuses n'ont aucune conséquence négative sur la vie d'Agathe de Rambaud[14]. Cette dernière semble être l’une des très rares pensionnaires de l'ancienne liste civile qui est considérée comme digne de recevoir, en tant qu'ancienne femme de chambre du Dauphin, fils de Louis XVI, une pension de mille francs. Sa belle-fille, Françoise Gaudelet d'Armenonville], se voit attribuer par le nouveau roi une pension de six cents francs, comme enfant d’anciens serviteurs de la Maison des enfants du roi.

Son fils, d'abord commissaire des guerres, puis demi-solde, ayant constaté à Vendôme que son avenir dans l'armée était inexistant, avait préféré partir aux Indes, puis au Mexique, où il meurt en 1834. Comme la femme de ce dernier, Françoise Gaudelet d'Armenonville[15], se remarie avec le comte Amédée d'Allonville[16], Agathe de Rambaud doit élever ses petits-enfants, Ernest de Rambaud, futur polytechnicien, et Ernestine.

C'est à cette époque qu'un homme qui prétend être Louis XVII devenu adulte ressurgit dans sa vie. Pendant plus d'une année, il va vivre chez elle et elle va le questionner et évoquer de vieux souvenirs, constater également des marques sur son corps identiques à celles qu'elle avait notées à la demande de Marie-Antoinette sur le corps du Dauphin.

Agathe de Rambaud mène presque jusqu'à sa mort un long combat pour défendre vigoureusement les droits de cet homme, Charles-Guillaume Naundorff. Son appartement est perquisitionné par des policiers qui saisissent outre des centaines de documents appartenant à ce dernier, des archives familiales et même des cadeaux de la famille royale. Sa cousine germaine, femme d'Henry II Russell, rencontre à Londres la duchesse de Berry et Arthur Wellesley de Wellington dans son château familial, voisin du sien, et leur demande d'aider le duc de Normandie. Mais ces derniers refusent, alors qu'ils aideront l'un de ses parents à devenir officier de l'armée des Indes.

[modifier] La fin de sa vie

Plaque sur le caveau familial au cimetière Saint-Véran (Avignon).
Plaque sur le caveau familial au cimetière Saint-Véran (Avignon).

Pendant des années elle va entretenir une correspondance avec son prince, lui demandant d'abandonner ses projets de nouvelle religion, de se méfier des illuminés qui l'entourent et détournent de lui, les personnes qui croient qu'il est le fils de Louis XVI. Malgré son âge, elle fait plusieurs fois le voyage à Londres.

Agathe de Rambaud vit depuis des années chez le mari de sa petite-fille, rue Banasterie, à Avignon, au pied du Palais des Papes. Elle meurt très âgée à Aramon. Elle est enterrée dans un premier temps à Aramon, puis elle rejoint le nouveau caveau familial au cimetière Saint-Véran (Avignon)[17].


Icône de détail Article détaillé : Famille Mottet.

[modifier] Notes

  1. Devenue depuis cathédrale Saint-Louis de Versailles
  2. Acte de baptême d'Agathe Rosalie Mottet, numérisé par les archives départementales des Yvelines, 1112625, B, Versailles paroisse Saint Louis, 1764, p. 78, le parin a eté messire Jean Augustin Accaron, intendant général des colonies
  3. Un commissaire-général équivaut à un chef d’escadre
  4. Annales historiques de la révolution française, organe de la Société des études robespierristes... Société des études robespierristes - 1930, Page 279.
  5. [1] ; La grande encyclopédie d'Henri Monin Inventaire raisonné des sciences, des lettres et des arts. Tome vingt-quatrième, Moissonneuse-Nord. 1995. p.851 article sur Karl-Wilhelm Naundorff
  6. Montgrand, comte Godefroy de, Armorial de la ville de Marseille : recueil officiel dressé par les ordres de Louis XIV / publ. pour la première fois, d'après les manuscrits de la Bibliothèque impériale, par le ..., éd. de, Marseille : A. Gueidon, 1864 [2]
  7. Acte de mariage d'Agathe de Rambaud numérisé par les AD 78, 1112523, M, Versailles paroisse Saint Louis, 1785, p. 23, mais aussi conservé par les archives de la ville de Versailles
  8. Alain Decaux, Louis XVII retrouvé, p. 306
  9. Acte de baptême de Georges, Auguste, Benoît de Rambaud, numérisé par les AD 78, 1112631, B, Versailles paroisse Saint Louis, 1786, p. 9
  10. Acte de baptême de Madeleine Célinie de Rambaud, fille légitime de Messire André, Benoist, Thérèse de Rambaud, commandant la troupe du Sénégal..., numérisé par les AD 78, 1112632, B, Versailles paroisse Saint-Louis, 1786, p. 57.
  11. Annuaire de la noblesse de France et des maisons souveraines de l'Europe, 19O2, pp. 228 à 233, voir barons de Buissaison [3]
  12. Archives familiales Guy de Rambaud, lettre citée en partie par Guy de Rambaud, Pour l'amour du Dauphin, p. 156.
  13. Mémoires de M. le vicomte de Larochefoucauld, by Sosthène La Rochefoucauld, citées par Guy de Rambaud, Pour l'amour du Dauphin, p. 193 : Les personnes que le Louis XVII actuel avait intéressées d'abord (...) n'avaient pu cependant résister au témoignage d'une femme fort honnête, jadis au service de la famille royale, et qui affirmait que dans le personnage qu'on lui présentait, elle reconnaissait parfaitement le fils de l'auguste Marie-Antoinette...
  14. Agathe de Rambaud
  15. Françoise Gaudelet d'Armenonville
  16. Famille d'Allonville
  17. Une rue d'Avignon portera son nom de jeune fille : Agathe Rosalie Mottet et bien des années après la mort de Madame de Rambaud, alors que des centaines de livres et de revues parleront d'elle, son caveau deviendra l'une des tombes célèbres du cimetière Saint-Véran (Avignon). Un tailleur de pierre sera chargé de son entretien après la guerre. Sa fille, une petite avignonnaise ignorant visiblement tout de l'histoire si captivante de cette Agathe sera fascinée par celle-ci, et aimera à lire et relire l'épitaphe sur sa tombe. Elle racontera un jour tout cela dans ses mémoires, Oui je crois, de Mireille Mathieu.

[modifier] Bibliographie

[modifier] Sources et documents

  • Otto Friedrichs,Correspondance intime et inédite de Louis XVII, Charles-Louis, duc de Normandie "Naundorff" avec sa famille : 1834-1838 / avec introduction, notes et éclaircissements historiques en partie tirés des archives secrètes de Berlin par Otto Friedrichs, préface par Jules Bois. - Paris : H. Dargon, 1904-1905. - 2v : ill.
  • Jean-Baptiste Cléry, Journal de ce qui s'est passé à la tour du Temple pendant la captivité de Louis XVI, Londres, 1798.
  • Gruau, dit de la Barre, Abrégé de l'histoire des infortunes du Dauphin depuis l'époque où il a été enlevé de la Tour du Temple, jusqu'au moment de son arrestation par le gouvernement de Louis-Philippe, et de son expulsion en Angleterre ; suivi de quelques documents à l'appui des faits racontés par le Prince, et des incidents qui ont si péniblement traversé sa vie. À Londres, chez C. Armand, nov. 1836, Rédigé en collaboration avec Karl-Wilhelm Naundorff. Le 21 novembre 1836.

[modifier] Études

[modifier] Liens et documents externes

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Wikimedia Commons propose des documents multimédia libres sur Agathe de Rambaud.


[modifier] Filmographie


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