Prison de l'Abbaye

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La prison de l’Abbaye en 1793.
La prison de l’Abbaye en 1793.

La prison de l’Abbaye est une prison française qui fut en usage à Paris de 1522 à 1854.

Cette prison d’État construite par Gamard en 1631, était composée d’un rez-de-chaussée et de deux étages, flanquée de deux tourelles et d’une échauguette. Elle a été le théâtre de l’un des épisodes les plus terribles de la Révolution française.

Sommaire

[modifier] Emplacement

Elle occupait une partie de l'actuel boulevard Saint-Germain à Paris et se trouvait située à l’angle de l’enclos de l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés. Ladite abbaye datait des premiers temps de la ville de Paris quand Childebert Ier fonda, à l’emplacement d’un temple voué à Isis ou Cérès selon la légende, un monastère consacré à la Sainte-Croix et à Saint Vincent et qui prendra le nom de Germain, l’évêque qui l’administra. La basilique de Saint-Germain où fut enterré, entre autres, Childebert Ier était le « Saint-Denis des Mérovingiens ». Ceci la situe dans une très ancienne tradition de l’Histoire, et donne une valeur symbolique d’autant plus grande aux massacres qui y furent perpétrés en septembre 1792.

[modifier] Massacres

La chapelle de l’Abbaye en 1793.
La chapelle de l’Abbaye en 1793.

Pendant la Révolution, on y renferma une foule de personnes de toutes conditions, accusées d’opposition au régime qui suivit la chute de la monarchie. Les 2 et 3 septembre 1792, un groupe de forcenés, conduits par Stanislas-Marie Maillard, dit Tappe dur, y massacrèrent 164 prisonniers, dont 18 prêtres. Parmi les prisonniers, se trouvaient le comte Montmorin de St-Hérem, l’abbé Lenfant, Cazotte et Charles François de Virot de Sombreuil.

De toutes les prisons de Paris qui furent le cadre des massacres de septembre 1792, comme la prison voisine des Carmes, celle de l’Abbaye est, en un certain sens, la plus marquante comme lieu de profanation. Dans cette prison plus de 300 personnes furent tuées dans des conditions qui dépassent l’entendement, victimes de la folie meurtrière d’une cinquantaine d’énergumènes conduites par Stanislas-Marie Maillard, qui était pourtant supposé les maîtriser. À l’Abbaye, on avait fait du massacre un spectacle. On avait entassé des vêtements au milieu de la cour pour en faire une sorte de matelas. La victime, lancée de la porte dans cette sorte d’arène, était passée de sabre en sabre et tombait sur le « matelas » trempé et retrempé de sang. Les spectateurs s’intéressaient à la manière dont chacun courait, criait et tombait. Ils relevaient le courage ou, au contraire, la lâcheté qu’avait montré telle ou telle vicime, et semblaient juger en connaisseurs. Les femmes, surtout, prenaient un grand plaisir : leur première répugnance passée, elles devenaient des spectatrices terribles, insatiables, comme furieuses de plaisir et de curiosité. Les massacreurs avaient installé des bancs, des bancs pour les messieurs, des bancs pour les dames.

[modifier] Destruction

La prison de l’Abbaye fut ensuite transformée en prison militaire.
Elle a été démolie en 1854 pour le percement du boulevard Saint-Germain.

[modifier] Liens internes