Louis Blanc

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Louis Blanc
Louis Blanc

Louis Blanc, né le 29 octobre 1811 à Madrid et mort le 29 janvier 1882 à Cannes (Alpes-Maritimes), est un homme politique et historien français.

Sommaire

[modifier] Biographie

Louis Blanc naît le 29 octobre 1811 à Madrid. Il est le fils d'un fonctionnaire impérial : Jean Charles Louis Blanc. Il fait de brillantes études et se rend à Arras, lui, qui était éloigné des idées socialistes il est gagné progressivement par la cause ouvrière principalement lorsqu'il devient le précepteur du fils d'un constructeur de machines M. Hallette, entre 1832 et 1834. Il y rencontre la classe ouvrière, et en écoute les préoccupations.

Il devient journaliste et collabore au journal " Le Bon Sens " et dès 1839, il fonde la Revue du Progrès. Il y publia la même année L'Organisation du travail, ouvrage fondamental dans lequel il s'attaque à la concurrence anarchique et préconise un système d'associations à but lucratif contrôlées par l'État la première année seulement.

C'est progressivement qu'il se fit une réputation d'historien pamphlétaire en publiant en 1841 L'histoire de dix ans (1830 à 1840).En 1843 il entre au comité de direction du journal "La Réforme " aux côtés de Ledru-Rollin, Lamennais, Schoelcher ou Cavaignac. Il participe activement à la campagne des banquets et devient membre du gouvernement provisoire constitué lors des journées révolutionnaires de février 1848. Il préside une commission du gouvernement pour les travailleurs, appelée communément la commission du luxembourg affirmant le droit au travail et proposant la formation d'ateliers sociaux qui seraient financés par l'État, assurant un salaire aux travailleurs soumis aux aléas du marché du travail. Son projet sera quelque peu déformé et donnera naissance aux ateliers nationaux dont la fermeture provoquera les journées révolutionnaires de juin 1848. Considéré comme responsable, alors qu'il n'y avait pas participé, Louis Blanc s'exile en Grande-Bretagne où il restera jusqu'à la chute du Second Empire. À son retour il devient député d'extrême gauche. Il publie alors en 1871 une histoire de la Révolution Française écrite entre 1847 et 1862.

[modifier] La découverte de la vie ouvrière et de sa vocation journalistique

Louis Blanc suit des études au collège de Rodez lorsqu'il perd sa mère et son père. Alors âgé de 19 ans il se retrouve prématurément chef de famille et doit assurer la subsistance de son jeune frère Charles. Il quitte le collège et monte sur Paris pour faire fortune. Lors de son voyage la nouvelle de la Révolution de Juillet le surprend. Pour survivre, le jeune Louis Blanc donne des cours et effectue des travaux de copie. Puis grâce à des relation de feu son père il trouve une place de précepteur dans la famille d'un industriel d'Arras. Ce poste lui permet lors de ses temps libres, de visiter la fonderie Hallette qui employait plus de 600 employés et qui fabriquait des locomotives et des presses hydrauliques. Arras est aussi le lieu d'une certaine agitation culturelle avec notamment des concours d'écriture. Les conséquences sociales de la Révolution industrielle sont désastreuses selon Louis Blanc. En effet, témoin des conditions de la vie ouvrière, il abandonne définitivement sa philosophie jusque là légitimiste et décide de remonter sur Paris en tant que journaliste en 1834. Dés lors il soumet ses articles au rédacteur du quotidien " Le Bon Sens ", journal d'opposition à la Monarchie de Juillet. Puis il collabore au journal " Le National " inscrit ouvertement à gauche, où il essaie de gagner la bourgeoisie à l'idée d'une extension du suffrage universel tout en éveillant parmi le peuple des idées démocratiques. L'insurrection de 1834 voit l'écrasement du mouvement républicain par le gouvernement. Louis Blanc s'associe à cette démarche et publie des articles en faveur des accusés. Il crée la "Revue du Progrès " l'objectif étant d'en faire une tribune ouverte aux diverses tendances de l'opinion républicaine mais il ne peut avoir une large audience dans les classes populaires. Les doctrines défendues par la Revue étaient très avancées : gouvernement de la société par elle-même par le suffrage universel, une seule chambre avec un double examen, suprématie du pouvoir législatif, réorganisation du travail avec partage équitable entre capitalistes et ouvriers. Il rencontre d'ailleurs Louis Napoléon Bonaparte emprisonné au fort de Ham et le défend devant la chambre des Pairs après sa tentative de Boulogne. Dans " l'organisation du travail " simple article de la " Revue du Progès " publié ensuite en brochure, il propose une solution pour l'avenir du problème social. Au contraire dans son " Histoire de 10 ans " il fait un bilan très négatif des premières années de règne de Louis-Philippe et loue l'action d'opposition des Républicains. Il entre au comité de rédaction du journal " La Réforme " où il collabore avec Ledru-Rollin, Lamennais, Schoelcher et de Cavaignac. " La Réforme " et " Le National " s'accorde entre socialistes et les membres de l'opposition dynastique espérant voir s'ouvrir les cercles du pouvoir jalousement gardés par le gouvernement de Guizot dont la majorité est confirmée par les élections de 1846 ; d'où une propagande accrue pour revendiquer la réforme électotale et la Campagne des Banquets. Ces réunions dans toute la France réunissaient différentes positions de l'échiquier politique et Louis Blanc fut à la tête des négociateurs radicaux lors des discussions ardues durant lesquelles furent exposés les moindres détails. Les talents d'orateur de Louis Blanc furent célébrés durant le banquet de Dijon où il déclara : "Quand les fruits sont pourris, ils n'attendent que le passage du vent pour se détacher de l'arbre ", phrase qui semble annoncer la crise qui détruira le régime qu'il combat.

[modifier] 1848: l'heure de l'engagement concret

Les causes de 1848. La situation sociale : la situation est critique, aux difficultés économiques s'ajoutent les problèmes de la Révolution Industrielle et donc de l'évolution sociale. Le pays est en retard face à la modernité de l'Angleterre, cependant la Révolution Industrielle commence, avec petit à petit l'utilisation de la machine à vapeur et un développement de l'emploi de la houille. Le chemin de fer fait son apparition. Ces évolutions techniques ont évidemment des répercussions sur la structure de la société : devant les nouvelles conditions de travail terribles et insalubres, la fatigue et la misère, on sent la nécessité de s'unir, suivant l'ancien modèle des compagnonnages. La bourgeoisie, elle, semble toute-puissante, le suffrage censitaire lui livre le pouvoir de faire les lois. La noblesse n'existant que de nom, elle n'a plus de classe au-dessus d'elle. La campagne des Banquets prit une allure que nombre de ses fondateurs n'avaient pas prévue. Un banquet devait avoir lieu à Paris le 22 février 1848 mais le gouvernement l'interdit. Sous l'impulsion de Louis Blanc, les membres les plus engagés se réunirent cependant, et le banquet se prolonge le jour suivant, renforcé par l'appui de la garde nationale, si bien que Guizot donne sa démission au Roi. Le soir même éclate une fusillade devant le Ministère des Affaires Etrangères. Les barricades gagnent toute la ville.

Louis-Philippe Ier préfère abdiquer en faveur de son petit-fils, le comte de Paris et part en Normandie. Les députés restés au Palais-Bourbon se joignirent plus ou moins aux insurgés et complétèrent la liste d'un gouvernement provisoire Dupont de l'Eure, Ledru-Rollin, Folcon, Marie, Garnier, Pagès, Lamartine et Louis Blanc, tous font partie de ce gouvernement. Cette liste résulte d'un compromis avec les membres du journal " Le National " avec Mairast et les participants à la Réforme dont Folcon et Louis Blanc. Dès lors ils se rendent à l'Hôtel de ville et proclament la République. Sous la pression d'ouvriers parisiens dans la salle des Séances le gouvernement provisoire publie un décret rédigé à la hâte par Louis Blanc garantissant le droit au travail : "Le gouvernement provisoire de la République s'engage à garantir l'existence des ouvriers par le travail. Il s'engage à garantir le travail [...] à tous les citoyens. Il reconnaît que les ouvriers doivent s'associer entre eux pour jouir du bénéfice légitime de leur travail " Pour essayer de tenir sa promesse, le gouvernement provisoire organisa alors les " ateliers nationaux ".

[modifier] Le projet des " Ateliers Nationaux " détourné.

La formule créée rappelle les " ateliers de charité ", partout en France en hiver procurant ainsi à tous les ouvriers au chômage un salaire même minime. Il remarque que les ouvriers sont soumis aux aléas du marché du travail et propose que l'État protège les plus faibles en nationalisant par exemple des secteurs clés. L'État quant à lui serait contrôlé par le suffrage universel et mettrait au profit du peuple ses pouvoirs. Son but serait de réguler la concurrence en levant un emprunt dont le produit irait à la création d'ateliers sociaux dans les branches les plus importantes de l'industrie nationale. Les ouvriers devraient garantir des valeurs morales pour y travailler, le capital étant destiné à l'achat de matériel et assurer une vie correcte aux ouvriers et tous les ans le compte serait réparti en trois parties égales entre les membres de l'association : 1) l'entretien des vieillards, des malades et infirmes, 2) l'allègement des crises touchant des industries par d'autres industries sur un système de solidarité, 3) l'achat de matériel. Le problème du machinisme serait résolu par l'emploi progressif des machines pour réduire le coût de production et le temps de travail. Ainsi le progrès technique, qui était alors pesant pour l'ouvrier, deviendrait un facteur de l'amélioration des conditions de travail. Ce progamme était un succès considérable pour l'époque, malgré les lacunes du projet ne prenant pas en compte le problème de fond financier pour la mise en exécution, ni le fait qu'il ne comptabilise pas le secteur de l'agriculture, qui représente plus de 80 pour cent de la population. Mais pour l'ouvrier, il a trouvé la formule magique, l'organisation du travail dont on attend l'amélioration des conditions de vie et de travail des ouvriers avec une augmentation des salaires, bref le soulagement presque immédiat de tous les maux de la classe ouvrière. Marie était chargé de la réalisation pratique de ce projet, mais il est contre ces idées socialistes, ce qui inquiète Louis Blanc. Une manifestation dont on ignore le facteur déclencheur éclate le 28 février. On réclame une nouvelle organisation du travail et un ministère du Progrès. La majorité du gouvernement s'oppose à ces nouvelles revendications, et les manifestants n'obtiennent pas gain de cause et doivent se contenter d'une commission pour les travailleurs, laquelle doit siéger au palais du Luxembourg. Dans l'esprit de Louis Blanc, ce devait être une sorte de " parlement du travail " pour annoncer les lois sociales que l'assemblée constituante n'aurait plus qu'à ratifier. Louis Blanc s'y voue et sa tentative de réaliser ses aspirations socialistes de 1848 se concrétise enfin. Mais il se rend vite compte des difficultés auxquelles il fait face. Dès la première séance, il doit annoncer aux ouvriers présents à l'assemblée que ses pouvoirs sont limités. Il doit se contenter d'étudier les problèmes du travail et de proposer des solutions à la future Assemblée Nationale. Il ne pouvait qu'exceptionnellement jouer un rôle d'arbitrage et insister pour qu'on prenne des mesures d'urgence. Louis Blanc s'attache à réduire le nombre d'heures de travail à 10 heures par jour à Paris et à 11 heures en Province et supprime le marchandage à moins qu'il ne soit du fait des ouvriers. Il obtient la suppression du Livret Ouvrier. Mais Louis Blanc se heurte aux aspirations personnelles de chaque métier, des ouvriers parisiens sur ceux de la Province. Louis Blanc se sent plutôt le dépositaire d'une doctrine assurant le bonheur de la classe ouvrière mieux qu'elle-même ne pourrait le faire. L'Assemblée est trop nombreuse et il fut (?) décidé que trois délégués par profession seraient désignés.

[modifier] La fermeture des " Ateliers Nationaux " l'exil et le rôle politique à son retour .

Après le succès des conservateurs aux élections du 23 avril 1848 pour l'Assemblée nationale Il est écarté de la Commission exécutive qui succède au gouvernement provisoire le 10 mai. La majorité conservatrice et en particulier Jules Favre tentent de le poursuivre en le tenant responsable des événements du 15 mai 1848. C’est le début de l’exil d’où il écrit Les Lettres d’Angleterre et L'Histoire de la Révolution française, de retour sous la IIIe République il n’aura plus le prestige d’antan même s'il effectue sur le terrain partout en France un travail considérable.

Le rôle de Louis Blanc fut pratiquement nul pendant les journées de juin. Il se rend à l'Assemblée qui s'était déclarée en permanence tandis que Falloux proposait la dissolution immédiate des Ateliers Nationaux. Louis Blanc détestait le général Cavaignac dans lequel il ne retrouvait pas les sentiments républicains de son frère et il devait par la suite le laisser l'accuser d'avoir laisser la situation s'aggraver pour permettre à l'armée d'effacer sa défaite de février. Il faillit même être tué par des gardes nationaux qui voyaient en lui le promoteur des Ateliaers si bien que le Président de l'Assemblée dut lui offrir de loger au Palais Bourbon. Une commission fut nommé pour enquêter sur les journées de juin et elle décida presque aussitôt de remonter aux évènements qui s'étaient déroulés depuis la proclamation de la République. Louis Blanc et Ledru-Rollin étaient directement visés et le procureur général demanda la levée de l'immunité parlementaire et après un discours de Cavaignac elle fut accordée à 6 heures du matin par 504 voix contre 252. Louis Blanc se reposa chez un ami et partit à Saint Denis pour la Belgique sans même attendre le retour de son frère parti à son domicile chercher papiers et argent. Il gagna Gand, il fut arrêté puis expulsé. Il débarqua en Grande-Bretagne. Son exil se prolongera jusqu'en 1870. Il fut condamné par contumace à la déportation.

Louis Blanc se fixa à Londres où il fut en désaccord avec les autres émigrés français. Il fut obligé de se créer des ressources : il fit des conférences et donna des cours notamment sur la Révolution Française dont il écrit l'histoire, qui aura plus de succès que celle de Thiers car bien plus documentée étant donné qu'il put se servir à loisirs de nombreux papiers des immigrés en Angleterre. En 1859, il refuse l'amnistie accordée par un gouvernement qu'il ne reconnaît pas et désapprouve. Le succès considérable de l'Empire inquiètait les exilés, la défaite de 1870 et la captivité de l'Empereur mit une fin brutale au Second Empire. Dés le 5 septembre au soir, Louis Blanc accourait à Paris pour apprendre la formation du gouvernement provisoire par Gambetta. Cependant Louis Blanc était encore assez populaire pour que son nom soit mis sur la liste de ce gouvernement, charge qu'il refusa. Aux elections de l'Assemblée constituante qui eut lieu pendant l'armistice de 21 jours il fut élu député avec un score dépassant même celui de Victor Hugo ou de Gambetta. Il part à Bordeau où il défend le maintien des frontière contre les partisans de la paix immédiate prêts accéder l'Alsace-Lorraine. Ceux-ci l'emportèrent et Louis Blanc revint sièger à Versailles. Une méfiance réciproque dressait les ruraux défenseurs de la paix et les parisiens aigris par leurs souffrances inutiles et l'installation du pouvoir politique à Versailles. Louis Blanc avait peu d'influence auprès de ces collègues et les modérés voyaient en lui le dangereux révolutionnaire de 1848; l'homme des Ateliers Nationaux. Ces idées d'association sous l'égide de l'État paraissent dépassées grâce à l'influence de Proudhon, ainsi que les idées de la coopération des classes remplacées par l'idée de corporation. Tout cela est visible dans le manifeste de la Commune auquel Louis Blanc est hostile car il supprime toute politique centralisatrice. Même s'il refusa de prendre part à la Commune car il condamnait l'idéologie, il prit la défense du mouvement après la défaite. Il se dresse contre les excès de la répression et dés septembre 1871 il dépose un projet de lois portant amnistie des délits politiques. Il récidive en 1872 puis en 1873 et il soutient des projets d'autres députés de gauche. Son âge et son long exil qui l'avaient écarté de la vie politique avaient atténué son influence mais réussit cependant avec Gambetta à repousser le projet de lois qui restreignait le suffrage universel. Ces interventions à la tribune de l'Assemblée le firent souvent prendre comme cible par les orateurs modérés dont il critiquait les projets avec la rigueur d'un doctrinaire l'empêchant d'être élu sénateur. Cependant il fut élu dans trois circonscriptions de la Seine (Saint Denis, V et XIII arrondissements). Il fut un des opposants violents au ministère Fourtou et avec Gambetta l'organisateur d'une campagne électorale en 1877 offrant la majorité aux Républicains. Il n'oubliait pas son idée de l'amnistie, organise des conférences à ses frais lui rappelant l'enthousiasme de la campagne des Banquets. En 1880 il obtient gain de cause. Il soutient la politique de l'extrême gauche, la laÏcité intégrale dépassant le projet de Jules Ferry et milite pour l'abolition du Concordat. Il propose un service militaire général de trois ans, la liberté de réunion et d'association et la réduction du nombre d'heures de travail. Il fut réélu en 1881 et à cause de santé délicate il devait souvent laisser à Clémenceau le soin de défendre leurs idées communes. Il dut bientôt partir se reposer à Cannes où il mourut des suites d'un refroidissement à l'âge de 71 ans.

[modifier] A titre posthume

Une station du métro de Paris et une rue du 10e arrondissement de Paris portent son nom, ainsi qu'une rue de Cannes et de Brest, un boulevard et une station du tramway de Montpellier, un boulevard limougeaud et une partie des quais de la Sarthe au Mans.

[modifier] Bibliographe

  • Mayaud Jean-Luc, 1848, société d'histoire de la Révolution de 1848 et des révolutions du XIXe siècle, Créaphis, Paris, 2002
  • Murat Inès, La seconde République, Fayard, Paris, 1987
  • Stern Daniel, Histoire de la Révolution de 1848, édition Balland, 1984, Poîtier
  • Vidalenc Jean, Louis Blanc, Presses Universitaires de France, Vendôme, 1848