Stellio Lorenzi

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Stellio Lorenzi, scénariste et réalisateur français, fut un téléaste français reconnu pour ses émissions historiques. Né le 7 mai 1921, il est décédé le 25 septembre 1990 à Paris.

Sommaire

[modifier] Les années de formation

Stellio Lorenzi est né le 7 mai 1921 à Paris d’un père italien originaire de San Remo. Lorenzi passe son enfance et adolescence à Cannes et rejoint la capitale. Après trois années d’études supérieures en mathématiques, il s’oriente vers des études d’architecture. Le concours d’entrée à l'École Polytechnique lui est interdit car les lois du régime de Vichy en refusent l’accès aux fils d’étrangers. En 1943, il rejoint la première promotion de l'IDHEC. Dès 1945, il est un assistant réalisateur de Jacques Becker sur Falbalas. Il poursuivra cette carrière jusqu’en 1951 auprès de réalisateurs comme Jacques de Baroncelli, Marc Maurette ou Louis Daquin.

[modifier] Les débuts à la télévision française

En 1952, il intègre la télévision naissante qu'il connaît depuis 1949, alors qu'il appartenait à un Télé-club d'Aubervilliers. Après la réalisation d’émissions artistiques (série des Visites à), il s'essaie aux dramatiques (La parole est au prophète de Ben Hecht, Arthur Adamov, La Servante). Il filme de grands vaudevilles comme ceux de Georges Feydeau ou Eugène Labiche, dont il goûte la critique du mode de vie bourgeois. Dans le même temps il adapte de grandes œuvres romanesques comme Volpone de Stefan Zweig (1954), Thérèse Raquin d'Emile Zola (1957), Montserrat d’Emmanuel Roblès (1960), Crime et châtiment de Fédor Dostoïevski (1955), La dame de pique d’Alexandre Pouchkine (1958).

Son appartenance au Parti Communiste marque de son empreinte des œuvres télévisuelles. Ainsi, La Charrue et les étoiles de Seán O'Casey met en scène les Pâques sanglantes de Dublin en 1916 vécues par des prolétaires.

[modifier] Les émissions historiques

Jean d’Arcy à la tête de la télévision française était en quête d’idées pour de nouvelles émissions autres que des adaptations. Lorenzi propose une série historique. Il contacte André Castelot et Alain Decaux, porteurs d’une émission de radio : La Tribune de l'Histoire. Decaux et Castelot refusent le projet, ne voyant pas d’avenir dans ce nouveau média. Lorenzi finit par les persuader. Les premières émissions mêlent propos d'historiens et des scènes de fiction. Progressivement l’émission devient une dramatique à part entière. Se succèdent alors Mayerling, L’Enigme du Temple, L’Homme au masque de fer, Anastasia… Ces titres font partie d'une série intitulée Les Enigmes de l'histoire. Du 14 septembre 1957 au 29 mars 1966, 39 épisodes de La Caméra explore le temps tournés en direct font les beaux jours de la télévision française. On peut citer Les Templiers en 1961, La Terreur et la Vertu en 1964 sur Danton et Robespierre, Les Cathares en 1965…

On dira de Lorenzi qu’il a fait « la première grande histoire nationale en images imprégnée d’un civisme éthique ». C’est ce qui lui vaut quelques soucis, à l'image des problèmes soulevés par Cinq mars, dramatique relatant la vie d’un conspirateur opposé au cardinal de Richelieu et par L’affaire Calas relatant une erreur judiciaire dont Voltaire s’était fait l’écho. Lorenzi instaure avec le public une réflexion sur l’arbitraire, le fanatisme religieux ou les injustices sociales. La série s’arrête en 1966 sous la pression politique qui s’inquiète du pouvoir grandissant de la télévision et des opinions pour le moins tranchées de Lorenzi.

[modifier] "Jacquou le croquant", un succès populaire

Lorenzi évoque les années 1950 et 1960 en disant que les moyens techniques ne permettaient que des scènes d’intérieur, réduisant les séries historiques aux relations entre les grands personnages de l’Histoire. Plus tard, les nouveaux moyens techniques permettent de découvrir le quotidien des gens simples tout autant acteurs de l’Histoire. Ainsi, en 1967, naît le feuilleton Jacquou le croquant, adapté d’Eugène Le Roy. Les six épisodes d’1 heure 30 sont écrits par Lorenzi et Michèle O’Glor. Cette fresque paysanne met en scène une famille de métayers du Périgord entre 1819 et 1830. Elle permet à Lorenzi d’explorer ses thèmes de prédilection comme l’injustice et l’arbitraire. Les nouveaux moyens techniques rendent réalistes des scènes qu’il filme en caméra portée. Il puise son inspiration visuelle dans les peintures des frères Le Nain tout autant que dans le documentaire Farrebique de Georges Rouquier.

[modifier] Une fin de carrière en cohérence avec son engagement politique

En mai 1968, Lorenzi participe à l'Opération Jéricho qui consistait en une grève des personnels de l'ORTF. Dans les années 1970, il réalise entre autres une série de quatre épiosodes : Zola ou la conscience humaine d’après Armand Lanoux qui avait consacré une biographie à l’auteur des Rougon-Macquart. Dans les années 1980, Stellio Lorenzi devient producteur délégué à Antenne 2. Il dirige une collection de douze émissions s’intitulant L’Histoire en marche qu'il définit comme « une série de films d’aventure pris au sens large, dont la conception serait la résultante d’une collaboration entre Alexandre Dumas, pour les intrigues et le contexte historique, Simenon pour les reflets sociaux et Emmanuel Le Roy Ladurie pour ce qui est de la nouvelle histoire au niveau du peuple ». La première émission (Le Serment) est diffusée en 1985 et se déroule dans le Montpellier du XVIe siècle. Pour cette nouvelle collection il est surtout scénariste et confie les réalisations à d'autres. Lorenzi termine sa carrière comme conseiller à la présidence d’Antenne 2 et meurt le 25 septembre 1990 à l’âge de 69 ans des suites d’un cancer.

Stellio Lorenzi est un téléaste qui a contribué au développement de la télévision au même titre que Claude Barma ou Marcel Bluwal en France toujours à la recherche de nouvelles formes télévisuelles et ses œuvres sont en cohérence avec son engagement politique notamment par le biais de ses émissions historiques.

[modifier] Filmographie cinéma

En tant qu'assistant réalisateur

En tant que réalisateur

[modifier] Filmographie sélective de télévision

En tant que réalisateur

[modifier] Sources

  • Christain Bosseno, 200 téléastes français, éditions Corlet-Télérama, Paris, 1989.
  • L'Humanité, 27 septembre 1990, article de Jack Ralite sur Stellio Lorenzi
  • ina.fr
  • imdb.com

[modifier] Liens externes