Élisabeth de Bavière (1876-1965)

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Élisabeth de Belgique
Élisabeth de Belgique

Élisabeth de Belgique, née Élisabeth von Wittelsbach, duchesse en Bavière, épouse d'Albert Ier, fut la troisième reine des Belges.

Née le 25 juillet 1876 à Possenhofen (Allemagne), elle était la fille du duc Charles-Théodore en Bavière, ophtalmologue de renom, et de l'infante Marie-José du Portugal. Sa marraine n'est autre que sa tante l'impératrice Élisabeth d'Autriche, la célèbre Sissi. Elle effectue ses études au pensionnat Saint-Joseph à Zandberg, parle l'allemand, le français et l'anglais, et apprend le piano et le violon.

Lors des funérailles de sa tante la duchesse Sophie d'Alençon victime du tragique incendie du bazar de la Charité à Paris en mai 1897, Élisabeth rencontre le prince Albert de Belgique, neveu du roi Léopold II. Quelques mois plus tard, au cours d'une promenade, celui-ci lui demandera très pudiquement: "Croyez vous que vous pourriez supporter l'air de la Belgique"...

Le mariage est célébré le 2 octobre 1900 à Munich. Le couple aura trois enfants :

À la suite du décès du roi Léopold II en 1909, son neveu Albert monte sur le trône de Belgique. De 1909 à 1934, la reine Élisabeth lui apporte son soutien et son aide dans l'accomplissement de ses tâches de chef d'État. Son style est différent des deux premières reines (Louise-Marie et Marie-Henriette) qui avaient un rôle public limité.

Le roi Albert Ier et la reine Élisabeth - d'origine Allemande - entrent dans la légende durant la Première Guerre mondiale où ils refusent de quitter la Belgique - pays neutre - envahie illégalement par les Allemands et restent quatre ans avec l'armée belge derrière les tranchées de l'Yser. Par cynisme, bêtise ou cruauté, l'empereur Guillaume II d'Allemagne nomme sur le front Belge des membres de la famille de la Reine. On surnomme Albert et Elisabeth le « Roi Chevalier » et la « Reine Infirmière ». Leurs enfants poursuivent leurs études en Grande-Bretagne et en Italie. La reine Élisabeth apporte régulièrement son soutien aux soldats et blessés et fonde l'Orchestre symphonique de l'armée de campagne, mais, contrairement à ce que prétend la littérature hagiographique de l'époque, elle ne travaillait pas tous les jours comme infirmière à l'hôpital L'Océan de La Panne. La reine joue également un rôle politique : sous prétexte d'aller voir ses enfants, elle transmet des messages confidentiels de son époux aux autorités britanniques. Après l'armistice de 1918, le couple royal connaîtra une grande popularité et la reconnaissance des États alliés.

Après la guerre, la Reine multiplie seule ou avec son mari les voyages officiels et privés à travers le monde. Passionnée par l'Égypte ancienne, elle assiste en 1922 à l'ouverture du tombeau de Toutankhamon et soutient la création de la Fondation égyptologique Reine Élisabeth, qui existe encore de nos jours. Elle est aussi à l'origine de la Fondation médicale Reine Élisabeth et du Fonds Reine Élisabeth pour l'Assistance médicale aux indigènes du Congo belge. La reine convainc les responsables politiques de construire le palais des Beaux-Arts de Bruxelles, dû à l'architecte Victor Horta et inauguré en 1928.

Le roi Albert Ier fait une chute mortelle le 17 février 1934 lors d'un après-midi d'escalade à Marche-les-Dames. Élisabeth n'est plus la première dame de Belgique et se retire au profit de sa belle-fille. Suite au décès de la reine Astrid en août 1935, elle revient à l'avant-plan et reprend toutes ses activités. Elle consacre également plus de temps à ses petits-enfants orphelins (Joséphine-Charlotte, Baudouin et Albert) qu'elle n'en a accordé à ses propres enfants.

À la fin des années 1930, elle soutient la création de l'Orchestre national de Belgique, du Concours musical international Eugène Ysaye (rebaptisé plus tard du prénom de la souveraine), de la Bibliothèque royale Albert Ier et de la Chapelle musicale Reine Élisabeth, construite près d'Argenteuil sur un terrain offert par le baron Paul de Launoit.

Durant la Seconde Guerre mondiale, elle reste au château de Laeken et tente de sauver des juifs de la déportation en Allemagne. Elle est surveillée par l'armée allemande mais peut circuler librement en Belgique et à l'étranger. Elle appelle Lilian Baels pour distraire son fils le roi Léopold III déprimé après la capitulation. Le couple se marie en 1941. On a souvent écrit que la reine Élisabeth avait sauvé des prisonniers politiques et des juifs de la déportation, mais les différentes sources se contredisent et ne permettent pas d'affirmer avec certitude que ses protestations atteignaient leur but.

Lors de la Question royale de 1945 à 1950, elle défend l'attitude de son fils aîné le roi Léopold III mais pas publiquement pour ne pas gêner l'action de son fils cadet le prince Charles, régent de Belgique, avec qui elle a des relations difficiles. En 1951, Léopold III abdique au profit de Baudouin et Élisabeth s'installe au Château du Stuyvenberg.

La reine Élisabeth est connue pour son amour de la culture. Musicienne et sculptrice durant ses temps libres, la reine Élisabeth était l'amie de nombreux écrivains et artistes : Émile Verhaeren, Maurice Maeterlinck, Colette, Eugène Ysaÿe, Yehudi Menuhin, André Gide, Jean Cocteau, Pablo Casals, etc. Elle est élue en 1964 à l'Académie française des Beaux-Arts.

Son intérêt pour la médecine lui vaut de se voir attribuer le titre de docteur honoris causa de plusieurs universités et en 1954 de membre d'honneur de l'Académie royale de médecine de Belgique. Elle était également l'amie du professeur Albert Schweitzer et du physicien Albert Einstein.

Ayant toujours eu de la sympathie pour les régimes de gauche, elle entreprend à la fin de sa vie des voyages officiels dans des pays communistes (Pologne, Union soviétique, Yougoslavie et Chine), ce qui lui vaut le surnom de « Reine rouge » et la colère du gouvernement belge. Elle soutient différentes initiatives en faveur de la paix durant la guerre froide entre l'Ouest et l'Est.

Le 23 novembre 1965, la reine Élisabeth s'éteint au château du Stuyvenberg et reçoit des funérailles nationales marquées par la présence de nombreux anciens combattants reconnaissants de son soutien lors des deux guerres mondiales.

Plus de quarante ans après son décès, l'ombre de la reine Élisabeth plane encore sur la Belgique. De nombreuses rues, places et institutions portent son prénom, dont le prestigieux Concours musical international Reine-Élisabeth, la Fondation Médicale Reine Elisabeth et l'Institut Reine Elisabeth à Oostduinkerke.L'actuel prince héritier, le prince Philippe de Belgique, a prénommé sa fille aînée (probablement future souveraine Belge) Elisabeth en l'honneur de son arrière-grand-mère décédée quand il avait 5 ans.

La famille grand-ducale luxembourgeoise, les familles royales italienne et belge sont des descendants de la reine Élisabeth.