Privat de Mende

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Saint Privat
Evêque et martyr
Naissance
Décès Entre 255 et 260  ( ans)
Mende, France
Nationalité Gabale (Gaule aquitaine, France)
Fête le 21 août
Saint patron Mende
Serviteur de Dieu - Vénérable - Bienheureux - Saint

Saint Privat de Mende est un saint de l'Église catholique, né vraisemblablement près de Clairmont, et qui serait mort vers 255 ou 260[1]. Il est connu pour son martyr sur les versants du Mont Mimat à Mende en Gévaudan. Son ermitage est un lieu de pèlerinage, qui fut très populaire au Moyen Âge. La date de sa mort est cependant contestée, certains avançant parfois le Ve siècle[2], mais grand nombre d'écrits tendent à prouver que la date du IIIe siècle est la plus probable.

Il fait partie des grands saints des Gaules[3] avec Denis de Paris, Saturnin de Toulouse, Martial de Limoges, Martin de Tours, Ferréol de Vienne et Julien de Brioude.

Sommaire

[modifier] Biographie

Sur cette carte on trouve Anderitum (Javols), Mimate (Mende) et Gredone (Grèzes)
Sur cette carte on trouve Anderitum (Javols), Mimate (Mende) et Gredone (Grèzes)
Le Mont Mimat : la croix (à gauche, au sommet), et l'ermitage
Le Mont Mimat : la croix (à gauche, au sommet), et l'ermitage

Grégoire de Tours donne le nom de « épiscopus urbis gabalitanae », soit « évêque du pays de Gabalum »[4]. Il serait en effet le premier évêque du Gévaudan, bien qu'un certain Sévérien fut longtemps célébré[5]. Le terme Gabalum est l'autre nom de Anderitum (aujourd'hui Javols), alors capitale du Gévaudan. Mende n'est qu'un bourg, où Privat serait le "chef" ou le guide. Privat aurait été envoyé par Austremoine depuis Clairmont pour évangéliser le Gévaudan. La place logique de l'évêché semble être cependant Anderitum, et non Mende. Il semble en effet que l'évêché, d'abord installé à Anderitum, ait ensuite transité par Banassac (à l'époque de saint Frézal) après la destruction de la capitale gabale, avant d'arriver à Mende. Le premier évêque à signer comme évêque de Mende étant Étienne, au Xe siècle.

À Privat on accorde son bon cœur envers le peuple Gabale, protégeant les plus pauvres. Les écrits veulent qu'il achetait parfois du blé (très cher) pour les revendre à moindre coût (voire l'offrir) aux habitants. Un dicton occitan est d'ailleurs tiré de cette générosité : « Faire coma sen Privat de Mende totjorn crompar per jamai vendre » (ce qui donne en français : « Faire comme Saint Privat, toujours acheter, jamais vendre »)[6]

Au IIIe siècle, la Gaule est envahie par les Alamans, menés par leur chef Chrocus, à qui on accorde de nombreux pillage dont le temple de Mercure sur le Puy de Dôme. Quand ils arrivent en pays gabale, les habitants se sont réfugiés dans la forteresse de Grèzes, Privat lui est en période de jeûne, retiré dans une crypte du Mont Mimat. Pendant deux ans[7] se défendent de l'envahisseur. Les Alamans finissent par trouver Privat et tentent de se servir de lui, comme otage, afin de parvenir à faire ouvrir la forteresse. Depuis les grottes qu'il aurait aménagé sur les hauteurs, jusqu'au village de Mende, il est tiré, frappé et mutilé. Toujours selon Grégoire de Tours, Privat aurait refusé de livrer son peuple malgré tous les supplices barbares qu'on lui faisait subir (« Le bon pasteur refusa de livrer ses brebis aux loups, et on voulut le contraindre de sacrifier * aux démons »[8]). Exténués, les Alamans auraient laissé libre les Gabales en leur promettant la paix[9]. Privat, lui, succombera à ses blessures dans les jours qui suivent. Le sentier d'interprétation du causse, installé par la ville de Mende, rapporte une autre version de son martyr. Ainsi il aurait été enfermé dans un tonneau, des clous étant pointés vers l'intérieur, et jeté dans la falaise, roulant de son ermitage jusqu'au pied de la ville (le causse n'étant alors pas boisé). Toujours est-il que la colline où le supplice aurait pris fin, au dessus du quartier de la Vabre, se dénomme la colline du bourreau, sans doute en rapport avec cet épisode.

Cependant Grégoire de Tours donne peut-être une trop grande importance à Privat, qui pourrait n'être en fait qu'un ermite et non pas un chef. Son acte de résistance[10], refusant de livrer ses compatriotes n'en reste pas moins un fait, et les Alamans ont pu jouer sur le fait de la solidarité entre chrétiens pour obtenir l'ouverture de la forteresse, qu'il soit ou non un chef. Le terme d'évêque lui aussi est sujet à caution, en effet, en 314, Genialis représente le Gévaudan au concile d'Arles en temps que diacre et non d'évêque, cette notion n'arrivant sans doute que plus tard dans la région[11].

Privat aurait été enterré vers le lieu où pris fin son martyr, sur la colline du bourreau, où son corps aurait été transporté par Saint Ilpide, qui subira lui aussi un martyre. Privat est depuis enterré au pied du mont Mimat, là où Urbain V fit ériger la Cathédrale Notre-Dame-et-Saint-Privat de Mende. Une chapelle était auparavant dressée à la même place, au dessus du tombeau du Saint.

[modifier] L'ermitage de Saint-Privat

La grotte de l'ermitage est située en haut d'un escalier de 53 marches, une structure protégeant les pèlerins.
La grotte de l'ermitage est située en haut d'un escalier de 53 marches, une structure protégeant les pèlerins.

On associe bien des miracles à l'ermitage de Saint Privat dans les grottes qu'il aurait aménagé au dessus de Mende. Plusieurs ermites y ont élu domicile au fil des siècles. C'est en 1873 que fut percée la grotte du Calvaire, et bâties les stations du chemin de croix qui y mène encore de nos jours[12]. Une relique (tibia) du Saint est conservée dans la chapelle qui jouxte la grotte. La grotte percée se situe juste en dessous des grottes naturelles où Privat se serait retiré, elle permet de célébrer de cérémonies en extérieur. Deux grottes naturelles sont ouvertes au public, la plus haute des deux semblant être celle où les Alamans ont délogé l'évêque des Gabales. La photographie ci-contre montre ces grottes, aménagée pour les pèlerins.

L'ermitage a longtemps été un lieu de pèlerinage, qui permit à la ville de Mende, devenue successivement siège épiscopal et capitale du Gévaudan, de prospérer. Vers 1315, l'évêque Guillaume Durand y instaure une collégiale (collège Saint-Privat-La Roche). Il disparaîtra en 1562, incendié durant les guerres de religion. La collégiale sera rétablie en 1584, et les frères ermites auront pour tâche de veiller sur les grottes à partir de leur installation dans la maison en 1673. Cet ermitage là sera détruit en 1793, avec la saisie des biens du clergé. La nouvelle chapelle sera érigée en 1850. En 1960 c'est l'hôtel de l'ermitage qui est construit, ainsi qu'un centre d'accueil culturel (le bâtiment blanc de la photographie précédente).

On associe plusieurs miracles dans la grotte du pèlerinage, celle qui est d'ailleurs accessible au public exhibe des béquilles et autres prothèses, ainsi que des messages de remerciements au Saint et à Notre Dame.

Un peu plus haut que l'ermitage, à la cime du Mont Mimat, se dresse une croix, éclairée la nuit, la croix de Saint Privat qui domine entièrement la vallée du Lot.

Sur la photographie précédente on peut voir la croix au sommet du mont (légèrement masquée les arbres dans l'alignement, elle est à gauche de l'antenne), et sur la droite (un peu en retrait) on aperçoit l'hôtel (en blanc) situé à côté de la chapelle de l'ermitage. On devine l'aménage de la grotte naturelle, la grotte percée est elle légèrement masquée par la chapelle.

[modifier] Plan de l'ermitage

Plan de l'ermitage
Plan de l'ermitage
La chapelle de l'ermitage établie en 1850
La chapelle de l'ermitage établie en 1850
Entrée de la crypte Saint-Privat depuis l'intérieur de la cathédrale de Mende
Entrée de la crypte Saint-Privat depuis l'intérieur de la cathédrale de Mende

Le plan ci-contre illustre comment est constitué l'ermitage de Saint Privat. En haut (en vert foncé) et en bas (en marron) ce sont les barrière naturelle du belvédère : les flancs de montagne. À droite, la partie en blanc est la route par laquelle on arrive, une fois la porte franchit, on arrive dans la cours de l'hôtel (ici en rose). En passant sous un porche on arrive sur le belvédère lui même. L'escalier (en orange) monte jusqu'à la grotte originelle. En vert clair, on retrouve l'ancien jardin de l'hôtel, qui n'est plus qu'une pelouse aujourd'hui. En noir, en dessous (à gauche) de la grotte, se trouve la grotte artificielle. Le bâtiment en jaune la jouxtant est la chapelle. Enfin on peut voir une partie en marron clair sur la gauche, il s'agit de l'arrivée du chemin de croix.

[modifier] Les pèlerinages

Trois fêtes étaient dédiées au Saint gabale. Outre le 21 août, on le célébrait le 3e dimanche après Pâques (pour commémorer la re-découverte de ses reliques en 1170), et le 3e dimanche d'octobre (transfert de ses reliques en 1256).

Les pèlerinages de Saint Privat se font, depuis 1170 jusqu'à l'ermitage, selon la volonté d'Aldebert III du Tournel.

Bien que plus d'actualité, les pèlerinages avaient lieux entre ses deux dernières dates, du 10 mai au 10 octobre. Leur popularité ont assuré la prospérité de la ville. En 1913 on dénombre encore plus de 13 000 pèlerins[13]

[modifier] Ses reliques

Enterré au pied du mont, son corps aurait été transporté vers 631 dans la banlieue de Paris, à Saint-Denis. Puis en direction de la Lorraine au VIe siècle, en l'église à Salone[14]. C'est un moine du Gévaudan qui ramènera le corps en son pays, les mendois se chargeant de conserver ses reliques dans une crypte aménagée en dessous de ce qui sera leur chapelle, puis la cathédrale de Mende. Ce retour est une volonté de l'évêque de Mende au Xe siècle. Cachées dans une crypte, ces reliques disparaissent vers 1110 mais sont retrouvées par l'évêque Aldebert III, vers 1170. Une grande partie de ses reliques ont disparu suite aux guerres de religions, puis à la Révolution française. La crypte est toujours présentes sous la cathédrale de Mende, mais les dernières reliques se trouvent en la chapelle de l'ermitage.

[modifier] Ses représentations

Il existe plusieurs représentations du saint patron du Gévaudan. Elles sont toutes des visions artistiques puisque les informations les plus précises sur Saint Privat sont celles de Grégoire de Tours, où il n'évoque pas son physique. Il est cependant toujours représenté de la même façon, à savoir assez grand, barbu, et portant la couronne et le sceptre épiscopal. Ces derniers artifices sont très certainement fantaisistes pour l'époque.

Le Gévaudan, et par conséquent la Lozère, possède beaucoup de représentation du saint. Des statues sont ainsi visibles à Mende, dans la cathédrale qui lui est dédiée, ou au Massegros. La peinture et la gravure ont aussi donnés plusieurs visage à Saint Privat, ces objets d'arts s'exportant même au-delà des frontières de la province. Ainsi la sépulture Guillaume V Durand, l'un des successeurs de Privat à l'évêché, est ornée d'une mosaïque représentant la Vierge à l'enfant, accompagnée de Saint Dominique et de Saint Privat. Ce tombeau se trouve en l'église Sainte-Marie-de-la-Minerve à Rome[15]

[modifier] Autres informations

  • Date de béatification : ?
  • Date de canonisation :
  • Fête : le 21 août
  • Dicton lié à la fête : A la Saint-Privat, La noisette est dans les bolats (fossés)[16]
  • Nom latin : privatus (privé)

[modifier] Anecdotes

  • La ville de Carmaux (Tarn) organise chaque année le fête annuelle de la Cavalcade pour la Saint Privat (21 août)[17].
  • Les grandes fêtes de la ville de Mende se tiennent en août, initialement proche de cette date du 21.

[modifier] Les lieux associés

[modifier] Sources et références

Wikisource
Wikisource propose des textes de : Grégoire de Tours, l'Histoire des francs
  1. Grégoire de Tours in Histoire des Francs (livre I, 32-34).
  2. Marius Balmelle et Albert Grimaud in Précis d'histoire du Gévaudan, 1925, p 90
  3. Grégoire de Tours in Histoire des Francs (livre X)
  4. Félix Remize in Saint Privat, évêque du Gévaudan, IIème siècle, Mende, 1910
  5. Félix Buffière in Ce tant rude Gévaudan, Tome I, p.176
  6. La voix domitienne, n°14, mai 1990, p.66 (ISSN : 0988-4920)
  7. Benjamin Bardy in Mende, édition SAEP Colmar-Ingersheim, p. 14
  8. (fr) Histoire des Francs - Livre premier
  9. Félix Buffière in Ce tant rude Gévaudan, Tome I, p.178
  10. Dr. Marcel Barbot in Les siècles obscurs de la primitive histoire de Mende, 1958, p.250
  11. « Lozère », encyclopédie Bonnneton, 2004, p.13
  12. Félix Buffière in Ce tant rude Gévaudan, Tome I, p.185
  13. panneau du chemin de croix
  14. diplome de Charlemagne, daté de 777 il atteste la présence des corps de Privat et de Saint Hilaire
  15. (it) Site sur l'église et photo : à droite saint Dominique, à gauche Saint Privat
  16. (fr) Saint Privat sur nominis
  17. (fr) plus d'informations
  18. (fr) origine du nom
  19. (fr) origine du nom du village
  20. (fr) origine du nom

[modifier] Lien externe