Aldebert III du Tournel

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Aldebert III du Tournel, né vers 1100 au château de Montialoux (Saint-Bauzile) et mort vers 1187-1188, est un ancien évêque de Mende en Gévaudan. Il a marqué l'histoire de la ville de Mende en obtenant la Bulle d'or, mais également en retrouvant, selon ses dires, les reliques de Saint Privat.

Sommaire

[modifier] Biographie

[modifier] Débuts à l'évêché et expansion de Mende

Le château de Montialoux qui l'a vu naître
Le château de Montialoux qui l'a vu naître
les boulevards circulaires ont pris la place des fortifications
les boulevards circulaires ont pris la place des fortifications
Les modestes ruines du château de Chapieu
Les modestes ruines du château de Chapieu

Aldebert est le fils d'Odilon-Guerin I, baron du Tournel. Il devient prévôt du Chapitre entre 1123 et 1150, puis évêque de Mende vers 1150-1153. À son accession à l'évêché il devient par conséquent le vassal du Comte de Barcelone qui est également le vicomte du Gévaudan. Son pouvoir est d'autant plus réduit face à la puissance des trois seigneurs environnants, ceux de Canilhac, de Cabrières et de Dolan. Ce dernier possède d'ailleurs une partie du pouvoir épiscopal qu'Aldebert lui rachètera au nom du Chapitre[1]. Il achète également aux deux autres seigneurs les droits d'archidiacre et de trésorerie.

Il rachète ensuite les possessions du Comte de Barcelone à Mende, et devient ainsi le régent de toute la ville, mettant fin au système qui régnait jusque là pour s'approprier le pouvoir[2]. Il rachète ou récupère ensuite les anciennes possessions du Chapitre, et étend donc son pouvoir au-delà du bourg. Puis il fait bâtir le château de Chapieu, permettant de loger plusieurs personnes de garde. Le château est situé sur le mont Mimat au dessus de Mende, mais sur le versant du Valdonnez, aujourd'hui sur la commune de Lanuéjols. Il servait de forteresse sur le chemin reliant le mont Lozère et, au delà, Villefort, La Garde-Guérin et, surtout, la voie Regordane[2].

À cette époque le bourg de Mende ne possède aucune fortification, et Aldebert songe à la protéger de l'extérieur. Il fait creuser un fossé et bâtit les murs tout en permettant au bourg de s'agrandir, il multiplie ainsi par 6 la superficie de ce qui devient une ville[3]. Tout ceci permet une incroyable relance de l'économie dans la ville qui devient prospère[4]. Les remparts arrivent d'ailleurs à point nommé puisque peu de temps après une guerre entre les comtes de Toulouse et ceux d'Aragon amène un siège de la ville, face à des troupes de Basques, de Teutons et d'Aragonais.

[modifier] L'hommage au roi et la bulle d'Or

Louis VII, le jeune
Louis VII, le jeune

Aldebert sera le premier évêque du Gévaudan à vraiment reconnaître la couronne de France, et entertiendra avec le roi Louis VII plusieurs correspondances et se rendra à Paris pour lui rendre hommage. De ses lettres avec le roi, on apprend ainsi les démêlés qu'il a avec son frère, contre qui il demande l'aide de Louis-le-jeune[5].

En 1161 il va alors trouver ledit roi et ramènera de son périple la « Bulle d'Or ». Cet acte signé du sceau royal accorde à l'évêque Aldebert et à ses successeurs, à perpétuité, la puissance royale, et les pleins pouvoirs de justice sur les habitants de l'évêché. Ce fait est assez rare puisque seulement quatre en six siècles furent accordés par les Rois de France. Cet acte contient :

«  Nous, Louis, par la grâce de Dieu roi des Français, à Aldebert, vénérable évêque du Gévaudan et à tous ses successeurs, à jamais. Aucun de nos contemporains n'a mémoire qu'un évêque de Gévaudan soit venu à la cour des rois de France nos prédécesseurs, qu'il ait reconnu leur puissance et leur ai fait acte de fidélité. Quoique tout ce pays, d'accès difficile et montagneux, ait toujours été en la puissance des évêques, non seulement pour porter des censures ecclésiastiques, mais encore pour juger les coupables par le glaive, l'illustre évêque Aldebert, pensant dans un esprit religieux que la justice du glaive matériel regarde le sceptre royal, est venu vers notre Sérénité à Paris, et là, en présence de tous nos barons, à reconnu que son évêché était dans la mouvance de notre Couronne et, la main sur le Saint Évangile, a solennellement prêté serment de fidélité à nous et à notre royaume.[6]  »

Grâce à cet acte l'évêque obtient donc le pouvoir politique en Gévaudan, et par conséquent les droits régaliens.

En 1161, il accueille dans la cité le Pape Alexandre III, exilé en France. Il le retrouvera peu de temps après au Concile de Tours.

[modifier] Les reliques de Saint Privat

Aldebert accordait énormément d'importance aux reliques des Saints. Et le fait que le Saint patron du diocèse, Saint Privat, l'un des grand Saints de Gaule selon Grégoire de Tours[7] et martyr en Gévaudan, ne repose pas en ses terres de martyre cause de graves soucis à Aldebert. À Mende on sait que les reliques ont été transférées à Saint-Denis, mais on ignore certainement qu'elles ont ensuite fait route en Lorraine à Salone. Au XIe siècle lesdites reliques sont ramenées en Gévaudan et protégées dans la crypte de Sainte-Thècle (sous l'actuelle cathédrale), dont l'entrée est gardée secrète. Mais ce secret est perdu en 1100 à la mort du prévôt Guy.

Selon ses écrits, Aldebert aura une vision dans laquelle il voit où se situe la crypte contenant des reliques dont celles de Saint Privat, portant la marque inéluctable que ce sont les siennes (il faut savoir que la mâchoire du saint était dévolue au diocèse du Puy et son absence peut faire office de preuve).

Historiquement, alors qu'Aldebert est en Auvergne, des travaux afin de creuser un puits sont en cours dans le jardin de l'évêché. Et c'est en creusant ce puits que l'entrée de la crypte est découverte. Parmi les reliques, Aldebert croit également reconnaître celles des Saints Innocents dont la ville s'est longtemps flattée d'en posséder une partie. Il fait alors transférer le reliquaire de Saint Privat dans sa crypte d'origine. Le jour de cette « translation » sera d'ailleurs longtemps fêté par l'église de Mende (15 septembre).

Aldebert aurait également trouvé d'autres reliques dans la grotte de l'ermitage du mont Mimat, dont il aurait associé l'appartenance entre autre à Sainte Hélène.

[modifier] La fin de l'évêque Aldebert

Aldebert a longtemps eu des querelles avec son frère, seigneur du Tournel. Ce dernier réussit finalement à s'emparer de la forteresse de Chapieu, et l'y fait emprisonner. Piégé dans son propre château, Aldebert meurt sans doute en 1187. Cette date semble correcte, puisque son successeur à l'évêché, Guillaume IV de Peyre, célèbre sa vingtième année d'épiscopat dans divers écrits de 1207[5]

[modifier] Écrits

  • Opuscules (livre expliquant sa vie et sa découverte miraculeuse des reliques)
  • Livre de Saint Privat
  • Brève chronique des faits et gestes d'Aldebert

[modifier] Sources et références

  1. Félix Buffière, Ce tant rude Gévaudan [détail des éditions], tome I, p. 415
  2. ab Brève chronique des faits et gestes d'Aldebert, transcription de Clovis Brunel, Paris, Picard, 1912
  3. Ce tant rude Gévaudan, op. cit., tome I, p.418
  4. Mende, Histoire urbaine, L. Causse, 1974
  5. ab (fr) Histoire literaire de la France sur Google Books
  6. Archives départementales de la Lozère
  7. Grégoire de Tours in Histoire des Francs (livre X)
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