Histoire de l'Andorre

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Armoiries de l'Andorre
Armoiries de l'Andorre

L'histoire de l'Andorre commence avec une légende selon laquelle la principauté doit son indépendance à Charlemagne. Même si cette légende est bâtie sur la vérité, l'Andorre fut peuplée pendant la Préhistoire et son originalité reconnue dès l'Antiquité.

Longtemps isolée et peu peuplée, l'Andorre a cultivé sa part de mystère et d'étrangeté, notamment avec son système d'administration hors d'âge, qui partage le trône entre le chef de l'État français et un évêque espagnol.

Depuis quelques décennies cependant, l'Andorre est sortie de l'anonymat et de la déshérence et est devenue un État attractif, bien que toujours à l'écart de la politique mondiale.

Sommaire

[modifier] Origines

[modifier] Préhistoire

Peintures rupestres pyrénéennes
Peintures rupestres pyrénéennes

L'Andorre actuelle est peuplée à partir du Néolithique, par des tribus diverses installées dans des grottes, près de la rivière Valira ou dans les hauteurs[1]. Le lieu qui était le plus peuplé est l'actuelle paroisse Sant Julià de Lòria[2]. Les tout premiers habitants de la vallée d'Andorre ont laissé de nombreuses traces ; des dolmens à Encamp, des peintures rupestres dans quelques grottes, la Roca de les Bruixes, la grotte de Prats et celles d'Ordino et de La Massana[3].

Des fouilles ont également permis la découverte de silex taillés et de débris de poterie. Le squelette d'une femme ayant vécu en Andorre il y a 4 000 ans a été découvert en 1959[4].

Les tribus s'installent durablement pendant l'Âge de Bronze et construisent des villages. Les métaux trouvés à Arinsal permettent aux artisans de rester dans la vallée. Des pièces de monnaies de cette époque ont par ailleurs été découvertes à Sant Julià de Lòria[5].

Les populations préhistoriques parlaient probablement un langage proche du basque actuel. Certains toponymes ont d'ailleurs gardé des traces de cette langue, comme Arinsal, Erts, Certers...[6]

[modifier] Antiquité

Les « habitants des Vallées » sont mentionnés pour la première fois dans un texte de l'historien grec Polybe au IIe siècle avant J.C ; celui-ci décrit le passage d'Hannibal Barca dans les Pyrénées et fait référence aux tribus des « andosins »[7][8].

La domination romaine a laissé peu de traces en Andorre, sinon les quelques monnaies trouvées pendant des fouilles archéologiques et des traces latines dans la toponymie. Le latin est aussi à l'origine du dialecte catalan nord-occidental encore parlé aujourd'hui en Andorre.

[modifier] Les Grandes Invasions

Au Ve siècle, l'Andorre est conquise par les Wisigoths ; ceux-ci, arrivés par Narbonne en 414, envahissent dans le même temps l'Espagne. Au XIIIe siècle, les Wisigoths sont chassés par les Arabes[9] et ces derniers, tout en restant en possession de l'Andorre, cessent de s'aventurer sur le côté nord des Pyrénées après la bataille de Poitiers, en 732, puis celle de Roncevaux en 778.

[modifier] Le Moyen-Âge

[modifier] La fondation

L'église romane Sant Joan de Caselles, à Canillo
L'église romane Sant Joan de Caselles, à Canillo

Le combat ordonné par Charlemagne contre les Arabes dans les Pyrénées en 788 marque la création véritable de l'Andorre. La tradition dit qu'un Andorran, Marc Almugàver, a conduit 5 000 de ses compatriotes à Puymorens et à Campcardos où les hommes de Charlemagne livraient le combat contre les Sarrasins.

Le futur empereur d'Occident, reconnaissant, aurait alors déclaré les Andorrans comme « peuple souverain » et leur aurait fourni une charte. L'Histoire véritable se mêle ici aux légendes et il est difficile de savoir comment l'Andorre a réellement obtenu son indépendance. Il est cependant sûr que Charlemagne a fait de l'Andorre une partie de la Marca Hispanica. Cette « marche », constituée d'États tampons, protégeait la France de nouvelles invasions arabes[10].

Le départ des Arabes permet la reconstruction de la cathédrale de La Seu d'Urgell, toute proche, et le jour de sa consécration, en 839, les Andorrans apportent à l'évêque le commandement de leurs six nouvelles paroisses, Andorre et Lòria, Canillo, Encamp, La Massana, Ordino et Santa Coloma[11].

Au IXe siècle, le petit-fils de Charlemagne, Charles le Chauve, nomme le comte Sunifred I de Cerdagne-Urgell comme suzerain d'Andorre[12]. Le 27 janvier 1133, Ermengol VI, un descendant du comte, donne ses terres andorranes au diocèse d'Urgell, à la tête duquel se trouve l'évêque d'Urgell. Les Andorrans acceptent la nouvelle suzeraineté lorsqu'ils prêtent sermon à l'évêque, en 1186 et 1199.

[modifier] Les paréages

Les évêques d'Urgell imposent rapidement et sans mal leur pouvoir sur l'Andorre. Mais l'environnement politique de l'époque, dangereux, les conduit à craindre la perte de leur territoire. En effet, les seigneurs catalans ne cessent de changer leurs alliances et s'opposent de plus en plus fermement au pouvoir religieux.

Ainsi, le 19 juillet 1159, l'évêque Bernard Sanç signa un traité avec le seigneur Arnaud de Caboet, un noble catalan[13]. Ce traité confirmait la souveraineté de l'évêque sur l'Andorre en même temps que le pays devenait un fief des Caboet. Cependant, les deux signataires ne se soutiennent pas vraiment, notamment parce que les Caboet étaient cathares[14].

En 1185, les droits de suzeraineté des Caboet sur l'Andorre passent à la famille de Castellbó, autre maison catalane. Quelques années plus tard, en 1208, Ermesenda de Castellbó i Caboet se marie à Roger-Bernard II de Foix, l'Andorre revient donc à la maison de Foix[15].

Stelle commémorant le paréage de 1288
Stelle commémorant le paréage de 1288

Le temps et les alliances entre seigneurs n'atténuent pourtant pas les divergences entre les détenteurs des droits sur l'Andorre et les évêques d'Urgell, qui ne s'entendent pas avec les comtes de Foix[16].

En 1278, le conflit est finalement résolu par la signature d'un paréage (pariatge), partageant la souveraineté d'Andorre entre les deux seigneurs, Monseigneur Pere d'Urg et Roger-Bernard III de Foix, qui deviennent coprinces d'Andorre[17]. Le paréage, une institution féodale reconnaissant le principe de l'égalité des droits partagés par les deux voisins, a donné au petit État son territoire et sa forme actuelle. En retour de la protection des deux seigneurs, les Andorrans devaient payer un impôt, la Qüèstia. Celle-ci consistait à un paiement en nature, le pays étant trop pauvre pour fournir de l'argent ; ainsi, les Andorrans offraient chaque année généralement aux deux souverains du pain, du lait, quelques légumes et du fromage de llesca[18].

Quelques temps après la signature du premier paréage, le comte Roger-Bernard III de Foix profite de lacunes pour faire construire un château sur le Puy Sant Vincenç, d'où il peut contrôler l'évêque[19]. Ce dernier exige donc un deuxième paréage. Il est signé en 1288 et, tout en confirmant le premier[20], il oblige les signataires à s'entretenir et à obtenir le consentement de l'autre avant la construction d'un système défensif en Andorre[21].

[modifier] La fin du Moyen-Âge

La Maison des Vallées (Casa de les Valls), le Parlement d'Andorre, construite au XVIe siècle
La Maison des Vallées (Casa de les Valls), le Parlement d'Andorre, construite au XVIe siècle

Le comte Mathieu de Foix-Castelbon revendique la succession de Jean Ier d'Aragon, mort en 1395 sans héritier. Mais Martin, le frère du défunt, s'oppose à et les deux se lancent dans une guerre, que la maison de Foix perd après dix-huit mois de combats. L'Andorre est envahie par l'Aragon en 1396, et Matthieu de Foix ne récupère la principauté qu'à la fin de la guerre.

En 1419, les Andorrans demandent aux deux coprinces le droit de créer une assemblée ; celle-ci est accordée et la première séance se tient le 11 février de la même année. Cette assemblée, baptisée Conseil de la Terre (Consell de la Terra) affirme l'indépendance et l'originalité de l'Andorre tout en donnant des droits aux chefs des grandes familles andorranes, puisqu'ils peuvent élire leurs représentants[22][23]. Cette assemblée est souvent considérée comme l'un des plus anciens parlements d'Europe.

[modifier] L'époque moderne

[modifier] La Renaissance

En 1479, dix ans après le mariage des Rois catholiques, Ferdinand II d'Aragon et Isabelle Ière de Castille, se marient à leur tour Gaston IV de Foix-Béarn et Éléonore d'Aragon. La maison d'Albret, qui possède la Navarre, le Béarn et le Bigorre, hérite donc du comté de Foix, de Caboet, de Castellbó et donc de l'Andorre.

En 1512, l'Andorre est de nouveau occupée par l'Aragon, à la suite de troubles entre la maison de Navarre et celle d'Aragon. En effet, lorsque Catherine de Navarre est couronnée, les souverains d'Aragon revendiquent le trône en exigeant la loi salique puis envahissent les terres de Catherine. Le successeur de cette dernière, Henri II de Navarre, signe la paix en 1513 mais se résigne à ne garder que la Basse-Navarre ; il récupère en même temps ses droits sur l'Andorre.

Henri II de Navarre se marie à Marguerite de Valois en 1509, le mariage donne naissance entre autres à Jeanne d'Albret. Cette dernière se marie en secondes noces en 1548 à Antoine de Bourbon, parent du roi de France, et met au monde Henri III de Navarre.

[modifier] Le XVIIe siècle

Henri IV de France
Henri IV de France

Lorsque Henri III de France meurt sans héritier en 1589, Henri III de Navarre devient roi de France, sous le nom de Henri IV de France. L'Andorre se retrouve alors avec le chef de l'État français pour coprince. Henri IV fait donc signer en 1607 un édit qui fixe officiellement et définitivement le titre de co-princes d'Andorre au roi de France et à l'évêque d'Urgell[24].

Le successeur de Henri IV de France, Louis XIII, accepte le titre de coprince, comme le font ensuite ses héritiers. L'Andorre est alors la seule survivante des États pyrénéens apparus sous Charlemagne et le désintéressement de la France et de l'Espagne lui permet de garder encore son indépendance[25]. Cela s'explique surtout par la grande pauvreté des Andorrans et de leur principauté, qui ne renferme aucune grande richesse exploitable.

La situation unique de l'Andorre lui vaut tout de même d'importants avantages, ceux accordés par les grandes puissances aux pays neutres et sans armée. Elle bénéficie en effet d'un régime économique spécial, qui permet la libre circulation des biens aux frontières de la principauté et l'Espagne et la France accordent aux exportations andorranes des taxes très faibles[26].

[modifier] Le XVIIIe siècle

Au début du XVIIIe siècle, l'Andorre parvient à maintenir se neutralité lors de la Guerre de Succession d'Espagne[27]. Cette guerre, qui opposa la France, la Bavière et la Couronne de Castille à une importante coalition européenne menée par l'Autriche, mis fin par la défaite du second camp à l'autonomie de la Catalogne, alliée aux Habsbourg. La principauté d'Andorre échappa donc par sa neutralité à une possible annexion par l'Espagne ou la France, vainqueurs, et confirma pour les siècles à venir son absence dans la politique européenne.

L'Espagne, en supprimant progressivement tous les privilèges de la Catalogne afin d'uniformiser les législations au sein du pays, change son régime fiscal et frappe tous les produits importés d'une taxe qui correspond à 10 % de leur valeur. Or comme le commerce andorran vivait à l'époque grâce à l'exemption des taxes sur les importations[28], les habitants de la principauté sont donc violemment hostiles à la réforme espagnole, qui anéantissait leur économie. Finalement, après de longues négociations, l'Andorre obtient de l'Espagne un accord spécifique, la Sentència Manutenció, en 1738. Ce traité rétablissait l'exonération des taxes sur les produits exportés d'Andorre[29].

Maison traditionnelle andorrane
Maison traditionnelle andorrane

En 1758, Antoni Fiter i Rossell, un docteur en droit originaire d'Ordino, publia le Manual Digest, dans lequel il consigna toutes les traditions andorranes[30]. Ce livre est un témoignage précieux de l'Histoire d'Andorre, puisqu'il contient aussi la copie de nombreux traités historiques, certains datant du Moyen-Âge.

En 1763, un autre important ouvrage pour l'Histoire de la principauté paraît. Il s'agit du Politar Andorrà du prêtre Antoni Puig, né aux Escaldes. Celui-ci s'est appuyé sur le Manual Digest afin de conserver d'autres usages andorrans de l'époque, notamment au niveau administratif[31].

La population andorrane, en raison de son isolement et des dures conditions de vie, ne connaît pas la croissance démographique de l'Europe des Lumières et est estimée à 3 000 habitants tout au long du XVIIIe siècle[32].

À l'époque, la société était partagée en deux principaux ordres, les feux (focs), membres des grandes familles, dont les enfants, les « heureus » et les « pubilles », peuvent hériter, et les maisonnées (casalers), composées du peuple et dont les enfants doivent quitter le foyer paternel pour gagner leur vie[33].

Le pays connaît néanmoins une petite révolution industrielle et sociale à la fin du XVIIIe siècle. En effet, l'installation de forges emploie les travailleurs issus des casalers, qui ne sont plus obligés d'émigrer. Mais ces changements apportent de nouveaux problèmes, car les foyers casalers deviennent largement majoritaires sur les focs, qui se sentent menacés[34].

Ce déséquilibre social provoque une crise, qui nuit beaucoup à la vie du minuscule État. Mais la principauté est encore plus durement touchée par la Révolution française, qui bouscule l'ordre féodal[35].

[modifier] L'époque contemporaine

[modifier] De 1789 à 1814

Tout d'abord, le pouvoir révolutionnaire français ne reconnaît pas le statut de coprincipauté, en grande partie à cause de la Qüèstia, l'impôt que payaient les Andorrans comme acte féodal de soumission aux coprinces[36].

La suppression des privilèges en France ôte à la principauté ses franchises et sa neutralité et l'Andorre se retrouve pendant quelques temps avec un seul coprince, l'évêque d'Urgell[37].

Le drapeau andorran en usage de 1806 à 1866
Le drapeau andorran en usage de 1806 à 1866

En 1806, alors que la France est devenue l'Empire de Napoléon Ier, les Andorrans demandent à l'empereur de rétablir enfin les droits de la principauté et de se reconnaître comme coprince. Napoléon accepte et les liens entre la France et l'Andorre sont maintenus pendant la Restauration par Louis XVIII[38].

L'empereur des Français intervient une autre fois dans l'Histoire andorrane, lorsqu'il divise la Catalogne en départements, en 1812. L'Andorre est alors inclue dans le département du Sègre[39], dont la préfecture était Puigcerda[40]. Cette entité disparaît avec le départ des troupes françaises d'Espagne en 1814. L'Andorre retrouve sa souveraineté la même année, lors du Traité de Paris[41].

[modifier] De 1814 à 1914

Au cours du XIXe siècle, l'Andorre commence à se faire connaître de l'étranger et affirme son indépendance, alors que le nombre de micro-États diminue d'année en année, en partie à cause des unifications de l'Allemagne et de l'Italie. Tout d'abord, elle est visitée par quelques touristes ; certains d'entre eux, charmés par la richesse naturelle et historique, écrivirent ensuite des livres sur la principauté. D'autres ont célébré l'Andorre par des opéras, comme Jacques Fromental Halévy, qui fit jouer pour la première fois Le Val d'Andorre en 1848 à Paris ou Joaquín Gaztambide, qui fit représenter El Valle de Andorra en 1852, à Madrid. La connaissance de l'Andorre resta tout de même encore longtemps limitée aux régions proches de France et d'Espagne[42].

La neutralité de l'Andorre est plusieurs fois menacée par la Crise de Succession d'Espagne, qui se déroule de 1833 à 1846 puis a des répercussions jusqu'en 1874[43]. Cette guerre civile opposait les carlistes, qui soutenaient la loi salique et s'opposaient à Isabelle II, et les libéraux, qui soutenaient la reine. L'Andorre devenant à l'époque une terre d'asile pour des réfugiés de l'un et l'autre camps, l'invasion pure et simple de la principauté aurait pu être décidée par le pouvoir afin de capturer des révolutionnaires.

En plus de ce risque, l'Andorre doit à nouveau affronter des troubles politiques internes au milieu du XIXe siècle. À l'origine des problèmes se trouve la rivalité entre le pouvoir français et le pouvoir espagnol, qui cherchent l'un et l'autre à prendre le dessus, mais aussi le refus du progrès par l'évêque d'Urgell, Mgr Caixal. En effet, celui-ci est hostile aux changements sociaux et à la démocratisation de la politique andorrane[44].

Le représentant du peuple de l'époque, le Síndic Guillem d'Areny i Plandolit, propose finalement à l'évêque un projet, la Nova Reforma. Ce dernier accepte enfin et signe le texte en 1866, il est suivi par le coprince français, Napoléon III, en 1868[45]. Le changement majeur apporté par la réforme est l'élargissement du droit de vote à tous les chefs de famille ; il n'était auparavant accordé qu'aux notables[46][47]. La même année, l'Andorre abandonne son drapeau jaune et rouge et adopte le drapeau actuel[48].

Pourtant, la réforme n'atténue pas longtemps les troubles, car les successeurs de Caixal s'opposent encore plus fermement aux réformes. La société se divise finalement en deux camps, qui mènent une lutte permanente, l'un est favorable au coprince épiscopal, l'autre au coprince français[49]. Les affrontements font naître une révolution en 1881[50], mais celle-ci ne se solde par aucun progrès politique notoire.

En revanche, le pouvoir judiciaire entame sa stabilisation en 1899. La justice de droit commun est alors assignée à des juges seuls, les conflits de voisinage aux notaires, et la justice criminelle échoue au Tribunal des Corts. Les trois instances mettent au point en 1907 un système d'uniformisation judiciaire, cette réforme est encouragée par le coprince épiscopal, Joan Benlloch i Vivó, qui vient à l'époque d'être nommé[51].

Au début du XXe siècle, l'Andorre commence lentement à changer de visage et se modernise peu à peu. Ainsi, pour rompre avec son isolement, une première route carrossable relie l'Andorre à l'Espagne en 1913.[52]. Un an plus tard est officialisé l'hymne national El Gran Carlemany (Le grand Charlemagne)[53]. Cet hymne est composée et jouée à l'occasion d'une cérémonie honorant la Vierge de Meritxell, que le Pape Pie X venait de faire Sainte Patronne des Vallées d'Andorre[54].

[modifier] De 1914 à 1945

Après 1914, l'Andorre poursuit ses changements et une deuxième route, en direction de la France, est construite en 1933. La première moitié du XXe siècle voit également l'installation de l'électricité et la mise en place de la radio en 1935. À cette époque, les autorités andorranes prennent conscience du potentiel touristique de leur pays et la première station de ski est construite en 1934[55].

En 1928, l'Espagne crée un service postal entre l'Andorre et elle ; cela l'engage à imprimer les premiers timbres andorrans. La France fait de même en 1931[56].

Ces changements interviennent alors que l'Andorre connaît au niveau politique et social de graves problèmes, qui conduisent néanmoins à une démocratisation radicale.

Tout d'abord, le Conseil de la Terre, appelé depuis 1866 Consell General, accorde le 17 juin 1933 le suffrage universel masculin ; peuvent voter tous les hommes de plus de 25 ans. Cette décision, poussée par de violentes manifestations, n'est pas du goût du Tribunal des Corts, l'instance judiciaire principale. Il accuse le Conseil de désobéir aux coprinces et le destitue[57].

Le coprince épiscopal est alarmé par l'ampleur que prennent les événements et se dépêche de demander l'aide du coprince français. Albert Lebrun, Président de la République française de l'époque, envoie alors, le 8 août 1933, un groupe de gendarmes qui ont pour mission de rétablir l'ordre et de mettre fin à la résistance du Conseil destitué afin que des élections puissent se dérouler dans le calme. Les gendarmes, dirigés par le colonel René Baulard, quittent la principauté le 9 octobre 1933[58].

Drapeau de l'Andorre sous Boris Ier
Drapeau de l'Andorre sous Boris Ier

Un an plus tard, alors que le pays est encore sous le choc des événements de 1933, l'Andorre connaît de nouveau des troubles. Le 6 juillet 1934, Boris Skossyreff, un aventurier russe, promet au président du Consell General, Pere Torres Riba, de l'argent et l'amélioration économique à condition de le proclamer Roi d'Andorre. La chambre est rapidement acquise et lorsque le vote est soumis aux députés, seulement un d'entre eux, M. Cinto, vote contre Boris Skossyreff. Ce dernier, soucieux de préserver le paréage de 1278, se rend à l'évêché d'Urgell où il informe le coprince épiscopal de la situation. Dans le même temps, le coprince français fait savoir qu'il considère comme valide la décision du parlement et qu'il n'ordonnera aucune intervention.

Boris Skossyreff, devenu Boris Ier, est vite considéré comme le vrai souverain d'Andorre par la population, qui voit en lui un bienfaiteur capable de moderniser radicalement le pays. Il désire notamment développer l'Andorre en la transformant en un paradis fiscal. Le 9 juillet 1934, un gouvernement provisoire se constitue, le roi le charge de rédiger une Constitution et proclame la liberté politique, religieuse, d'opinion et de presse.

Le règne de Boris Ier est écourté par la Garde Civile espagnole, qui prend le parti du coprince épiscopal. Le 14 juillet, les forces de police entrent en Andorre et arrêtent le roi, qui est destitué puis envoyé à Barcelone. Il est suite envoyé à Madrid puis exilé au Portugal. Les viguiers, délégués des coprinces, sont placés sous contrôle espagnol et le président du parlement est déchu.

Le projet d'une Constitution est abandonné mais le pays conserve les mesures sur le droit de vote instituées en 1933.

Billet de deux pesetas andorranes édité en 1936
Billet de deux pesetas andorranes édité en 1936

Lors de la Guerre d'Espagne, de 1936 à 1939, puis lors de la Seconde Guerre mondiale, l'Andorre reste totalement neutre et accueille des réfugiés. La période de 1936 à 1945 est donc relativement calme, marquée en 1937 par de graves inondations et la dernière exécution de la peine de mort en 1943[59]. En 1936, l'effondrement du cours de la peseta espagnole conduit le Consell General à éditer temporairement sa propre monnaie, imprimée à Toulouse. L'Andorre n'a en effet jamais eu sa propre monnaie et a toujours utilisé de facto les devises françaises et espagnoles et faisait frapper des pièces particulières, au taux de change fixe, comme Monaco.

Des troupes allemandes stationnèrent à la frontière française, au Pas de la Case, de 1944 à 1945 et sans autorisation épiscopale, mais la neutralité de la principauté n'est jamais violée[60].

[modifier] De 1945 à 1981

Les années 1950 ne sont pas marquées par le changement, qui ne commence qu'à la décennie suivante. Vers 1956, la population andorrane s'élevait à 5 300 habitants[61], ce qui ne diffère guère des 3 000 habitants du XVIIIe siècle.

Mais à partir de 1960, la population andorrane ne cesse de croître et elle s'élève déjà à 12 199 habitants en 1964. Cette évolution est due à la subite et radicale modernisation du pays. En effet, le ski devient alors une source de revenus sûre qui encourage le pays à devenir une destination touristique de masse, encore favorisée par les taxes quasi inexistantes. Le retour de jeunes andorrans partis étudier à l'étranger permet l'apparition d'une élite entreprenante et qualifiée, qui fonde des entreprises et croit au progrès de la principauté. En 1968 est ainsi ouverte la Caixa Andorrana de Seguretat, caisse d'assurances maladie, et sont inaugurés le services de télex et de téléphone[62].

Signe de sa reconnaissance comme un État à part entière, l'Andorre reçoit officiellement le président français Charles de Gaulle en 1967. Il est le premier coprince français à se rendre dans la principauté depuis le Moyen-Âge et la population lui réserve un accueil chaleureux[63]. En 1970, le droit de vote est étendu aux femmes et trois ans plus tard a lieu la première rencontre des coprinces, à l'époque Joan Martí i Alanis et Georges Pompidou, depuis le XIIIe siècle[64] ; à cette date, la population avoisine les 19 000 habitants[65].

En 1978, Escaldes-Engordany se sépare d'Andorre-la-Vieille et devient la septième paroisse andorrane[66]. La même année, le Président français Valéry Giscard-d'Estaing et l'évêque d'Urgell célèbrent en Andorre les 700 ans du premier paréage.

[modifier] Depuis 1981

En 1981 aboutit une réforme institutionnelle envisagée à la fin des années 1970 visant à démocratiser la politique andorrane et à normaliser le pays, qui est encore soumis aux paréages médiévaux.

La réforme envisage la création d'un gouvernement et la suppression définitive du Conseil de la Terre, qui devient officiellement Conseil Général (Consell General). Les deux nouvelles instances permettent la séparation des pouvoirs législatifs et exécutifs. Après élections, Òscar Ribas Reig devient le 14 janvier 1982 Chef du gouvernement d'Andorre[67]. La même année, en novembre, l'Andorre est victime de terribles inondations, qui causent la mort de plusieurs personnes[68].

Òscar Ribas Reig démissionne en 1984, mais la réforme institutionnelle est poursuivie en 1985 sous le mandat de Josep Pintat-Solans ; le droit de vote et l'âge de la majorité sont redéfinis, ainsi, tous les Andorrans de plus de 18 ans peuvent désormais voter. En 1986, la population andorrane atteint les 46 967 habitants.

En 1989, Òscar Ribas Reig est rééllu chef du gouvernement et envisage en 1991, la rédaction d'une Constitution. En même temps, l'Andorre conclut des accords commerciaux avec la Communauté économique européenne. De nouveaux accord sont signés en 1992. Un an plus tard, le 14 mars 1993, la Constitution est adoptée après référendum. Le Oui a remporté 74,2% des suffrages exprimés[69].

La Constitution entre en vigueur le 4 mai 1993, après avoir été signée par les coprinces. Elle octroie immédiatement à l'Andorre une reconnaissance internationale ; la principauté est enfin reconnue comme un État à part entière. L'Andorre fait ensuite son entrée à l'ONU et adhère progressivement à différentes agences des Nations unies. L'Andorre accède le 10 novembre 1994 au Conseil de l'Europe. La reconnaissance internationale de l'Andorre est également bénéfique au catalan, qui est donc langue offcielle d'un État indépendant et Òscar Ribas Reig l'utilise pour son premier discours à l'Assemblée générale de l'ONU.

Òscar Ribas Reig finit son second mandat en 1994 et Marc Forné Molné remporte les élections en décembre. Le mandat de ce dernier est d'abord marqué en 1995 par la création d'Andorra Televisió, première chaîne andorrane et par la réforme de l'acquisition de la nationalité andorrane. Avec l'arrivée massive d'étrangers dans la principauté suite à l'essor économique, les personnes de nationalité andorrane se trouvaient largement en minorité. La réforme permettait donc l'obtention de la nationalité après avoir résidé en Andorre pendant au moins 25 ans (la période a été abaissée à 20 ans en 2004)[70]. Néanmoins, les étrangers représentent encore aujourd'hui 77 % de la population de la principauté[71].


[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens internes

[modifier] Bibliographie

[modifier] Liens externes

[modifier] Notes, sources et références

  1. www.andorramania.com - Histoire de l'Andorre
  2. (en)www.andorramania.com - Histoire
  3. www.andorramania.com - Histoire de l'Andorre
  4. (en)www.andorramania.com - Histoire
  5. (en)www.andorramania.com - Histoire
  6. (en)www.andorramania.com - Histoire
  7. www.andorramania.com - Histoire de l'Andorre
  8. Site de l'ambassade andorrane en Belgique - Histoire de l'Andorre
  9. Site de l'ambassade andorrane en Belgique - Histoire de l'Andorre
  10. Site de l'ambassade andorrane en Belgique - Histoire de l'Andorre
  11. www.andorramania.com - Histoire de l'Andorre
  12. Site de l'ambassade andorrane en Belgique - Histoire de l'Andorre
  13. Site de l'ambassade andorrane en Belgique - Histoire de l'Andorre
  14. (en)www.andorramania.com - Histoire
  15. Site de l'ambassade andorrane en Belgique - Histoire de l'Andorre
  16. Site de l'ambassade andorrane en Belgique - Histoire de l'Andorre
  17. www.andorramania.com - Histoire de l'Andorre
  18. (en)www.andorramania.org - Histoire
  19. www.coprince-fr.ad - Éléments de l'Histoire de la principauté d'Andorre
  20. Site de l'ambassade andorrane en Belgique - Histoire de l'Andorre
  21. www.coprince-fr.ad - Éléments de l'Histoire de la principauté d'Andorre
  22. www.andorramania.com - Histoire de l'Andorre
  23. Site de l'ambassade andorrane en Belgique - Histoire de l'Andorre
  24. (en)www.andorramania.org - Histoire
  25. (en)www.andorramania.org - Histoire
  26. (en)www.andorramania.org - Histoire
  27. www.andorramania.com - Histoire de l'Andorre
  28. Site de l'ambassade andorrane en Belgique - Histoire de l'Andorre
  29. Site de l'ambassade andorrane en Belgique - Histoire de l'Andorre
  30. (en)www.danstopicals.com - Timbre reproduisant la page de garde du Manual Digest
  31. (en)www.andorramania.org - Histoire
  32. Site de l'ambassade andorrane en Belgique - Histoire de l'Andorre
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